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Texte n°1 :

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La Bataille de La Passe Du Feu Noir


Il fait noir cette nuit, très noir. La lune surplombant les hauts sommets enneigés luit d’une lumière malsaine sur les terres du vieux monde en proie à la guerre, aux pillages, à l’infamie. Partout dans l’Empire, la guerre civile menace, sans parler de la ville de Praag, repaire des renégats du nord aliénés à la puissance du chaos. A l’Est, les nains essayent de retenir les barbares orques et gobelins venus du plus profond des Terres Arides. Ils ne tiendront pas bien longtemps sans notre appui et de nombreuses citadelles de montagne naines sont déjà aux mains de ces démons verts .C’est empreint d’une certaine mélancolie que je repense aux temps glorieux des races de l’alliance de l’ordre. Des années se sont écoulées et je pensais que grâce à Sigmar le bienveillant nous nous étions sortis de ce cauchemar. J'ai eu tort, je me retrouve encore ici, à cette fenêtre, scrutant le ciel et attendant un signe. Je ne crois pas que nous ressortirons indemnes de cette lutte. Dans ces méditations, un bruit venant de derrière m'alerte : Friedrich mon écuyer me faisait signe.

« Mon Seigneur, les émissaires elfes et nains sont arrivés »

Une petite troupe d’elfes et de nains s’était regroupée autour du château qui surplombait les plaines jaunies par le soleil d’Août du pays de Moot où nous nous étions établis la veille afin de contrecarrer l’avancée d’une troupe orque de deux fois notre nombre. Ils menaçaient La Passe Du Feu Noir. Tous les peuples étaient occupés sur leurs fronts respectifs. Je ne peux imaginer ce qui doit retenir Karl Franz, notre bien-aimé empereur, au nord-ouest de l’Empire, mais je sais que nous sommes les seuls remparts face à ce qui pourrait fondre sur les terres de notre patrie.


Les nains sont bien trop occupés à sauvegarder ce qui leur reste de possessions dans les montagnes, mais conscients du péril que la prise de La Passe Du Feu noir causerait, ils ont malgré tout dépêché un bataillon d’arquebusiers et quelques prêtres des runes. Les hauts elfes directement menacés par leurs frères sombres nous ont envoyés des mages et des maîtres des épées. Je commande l’ensemble des troupes avec à mes cotés ma garde de chevaliers du soleil flamboyant. Il était pour moi assez inquiétant de voir côte à côte les rancuniers nains et les arrogants hauts elfes alors que la guerre de la barbe est encore dans toutes les mémoires. Il est évident qu’il faudra que nos forces soient soudées demain et que nos rancœurs d’hier soient oubliées, au moins pour quelques heures.
Je repensais à cette lune rouge. Elle a du voir de nombreuses batailles, celle-ci ne sera pas la dernière, en tout cas demain, beaucoup de sang coulera !


Je ne dormis pas de la nuit, j’étais trop préoccupé. Impossible de savoir ce qui nous attendait de l’autre coté de ces montagnes. Quand l’aube apparut, je fis le tour du campement installé dans ce qu’il restait de la cour intérieure du château. Les soldats étaient anxieux, je me devais de ne rien montrer de mes sentiments. Le camp s’était organisé comme une ville éphémère avec ses quartiers pour chaque race. Les chevaliers aiguisaient leur lame impériale de 5 pieds de long, ornés de flammes d’or. On entendait les coups de marteaux des forgerons nains et le crépitement des feux de joie installés dans l’ensemble du camp. Il régnait une atmosphère étrange, comme si le temps s’était arrêté. Du soldat aux chevaux, du nain à l’elfe, tous avaient peur, la tension était palpable.


Je monte sur mon destrier aux couleurs scintillantes dans le soleil qui commençait à chauffer nos visages, je mets mon casque orné de plumes bleues et rouges. Je lance la marche avec un geste de mon épée vers la route qui mène à notre destin. Après quelques heures de marche forcée, nous voila face à l’imposante Passe Du Feu Noir, la limite entre notre terre bien-aimée et la fosse à purin dont sont issues les créatures les plus abjectes qu'il est possible de voir dans ce bas monde. Bien des armées s'étaient affrontées ici, des siècles d'histoire nous regardent ! Nous pouvons voir de la fumée s’élever de l’autre coté, signe du passage de notre adversaire. Soudain, j’entends les tambours dont le bruit sourd se rapproche. La nausée me vient. J’ordonne a chacun de former la ligne de combat.

Déjà, le sifflement des flèches ennemies se fait entendre et certains d’entre nous tombent tels des statues de pierre. Les maîtres des lames et les chevaliers se déploient rapidement avec de grands cris de courage. Les nains préparent leurs mousquets. Un bruit de tonnerre retentit, des ombres s’effondrent dans ce que l’on commence à voir de la première ligne d’une waaagh qui fond sur nous. Je suis déboussolé par le bruit intense de la bataille et la peur serre mes entrailles même si je sens Sigmar à mes cotés. Il est trop tard pour faire marche arrière. C'est un mélange de poussière et de soufre que je respire, la chaleur est suffocante.

Sur le flanc Est, derrière des volutes de poussières, des cris de bêtes enragées, de sangliers, de loups, alertent mes hommes d’une charge imminente de la cavalerie orque. Sortant dans l’ombre créée par la montagne, on les aperçoit enfin ! Leurs gueules hideuses, presque démentes ne montrent aucun signe de faiblesse. En ne perdant pas une seconde, j’empoigne mon épée. Un chevaucheur de loup gobelin armé d’un arc se précipite sur moi. Je pare sa flèche de mauvaise facture grâce à ma cuirasse et fait un tour circulaire avec mon épée, le loup est a terre, hurlant à la mort, ses deux pattes avant séparées de son corps. J’embroche son cavalier de part en part.

Je fais l'effort de relever la tête, déjà à bout de souffle. Le sang vert et gluant de ma victime me brûle les yeux. Noyé dans la foule, j’ai à peine le temps de regarder au-dessus de mon épaule, la bataille est rude et les lignes de combat se déforment.

L'armée de l'ordre est en difficulté, on peut voir s'abîmer à terre des plongeurs de la mort qui causent la panique parmi nos rangs. Les prêtres de runes forment des écrans de protection, les arquebusiers font un carnage parmi les premières lignes de gobelins, des membres volent, emportés par la force des projectiles .Les mages elfes s'occupent des archers ennemis qui périssent sous un déluge de flammes dans des cris déchirants produits par la puissance phénoménale des anciennes arcanes.

Des gobelins fanatiques, complément abrutis par la prise de champignons hallucinogènes s'apprêtent à heurter la ligne de maîtres des lames elfes, mais heureusement pour nous, ils font plus de dégâts dans leurs propres rangs que dans les nôtres.

Alors que la bataille fait rage, je vois au loin, le chef orque, menaçant, armé d’une énorme hache, chevauchant un massif sanglier. Des crânes humains en décomposition pendent à sa ceinture, j’en ai la chair de poule. Malgré tout, je me précipite vers lui. D’un coup de gantelet, il me repousse et fait tournoyer sa hache vers moi. Ma cuirasse absorbe le coup mais je suis blessé au bras gauche, je ne peux plus parer ses coups, ils sont trop puissants. Je suis à terre, je fais un roulé boulé pour esquiver un nouveau coup de hache. Je suis à la limite de la rupture. Par désespoir, je libère mes dernières forces dans un coup d’épée qui fait lâcher sa hache à mon assaillant. Au retour de l’épée, sa tête part et le reste du corps s’écroule en arrière, le sanglier repart à la charge, le corps de son maître sur le dos, je me baisse, brandissant mon épée. Elle le transperce, l'animal s'écroule à un pied de ma tête, une fois encore, Sigmar veille sur moi.

Nous avons eu le dessus, à l’image de mon combat, la bravoure de mes hommes ne s’est pas démentie. Bien que de nombreuses pertes soient à déplorer, l’alliance de l’infanterie humaine et elfe ainsi que le soutien des forces naines fut ravageur. Une clameur s’élève lorsque la victoire est assurée. Pendant des heures, nous poursuivons les quelques rescapés peaux vertes. La plaine est tachée de sang vert et rouge. Nous pleurons nos morts mais nous savourons la victoire. Déjà, je pense à la prochaine bataille ou j’espère que nous serrons toujours unis.


Puisse Sigmar veiller sur nous, ce n’est que le début !
Texte n°2

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Karak Azul était bruyante ce soir. La fête battait alors son plein et déjà une bonne centaine de nains ronflaient, çà et là, à demi-inconscient. Les nains étant tous occupés depuis de longues heures à vider les tonneaux de bière brassés pour l'anniversaire de leur roi à l'intérieur et à l'extérieur de la forteresse, ils ne se rendirent compte de rien jusqu'à ce que les premiers projectiles enflammés tombèrent du ciel. Un raz-de-marée de peaux vertes s'invita alors à la fête et se rua sur les pauvres nains désarmés. Comment avaient-ils pu être surpris à ce point ? Au loin, on pouvait voir se déverser les hordes orques de la mine qui faisait la fierté de Karak Azul. Ils avaient certainement du attendre l'heure du massacre à venir, patientant ivre du sang qui coulerait et dans lequel ils allaient se baigner allégrement. Les cornes de brume d'alarme se mirent alors à raisonner dans la vallée, reprises en cœur par celles de la forteresse. Le sang et la mort avait rempli l'air du champ de bataille en quelques minutes. Les gardes de la cité se jetèrent à l'aide des pauvres troublions emportés dans cette danse macabre où seul les armes rouillées des orques battaient la cadence. Un râle rauque couvrit les bruits de la bataille et sortit les quelques nains qui dormaient encore de leur torpeur, cuvant tout ce qu'ils avaient ingurgité. Une masse sombre surplombait le champ de bataille à une cinquantaine de mètres de hauteur. "Un dragon !" crièrent certains, affolés. Il semblait faire du surplace, attendant son heure. Ces cris eurent un effet terrible sur les pauvres nains éméchés et sema une panique sans nom.
Durak se réveilla la barbe encore trempée de bière en se massant les tempes. Les bruits de combat achevèrent de le réveiller. Autour de lui d'innombrables nains étaient déjà tombés. Un sourire se dessinait au fur et à mesure sur ses traits endormis. Le roi Kirik avait vraiment tout prévu pour son anniversaire, et un cadeau comme celui-là ne se refusait pas, pensa-t-il. Bien décidé à l'ouvrir lui-même, Durak se leva de toute sa masse de muscles dans un soupir, les contours des runes gravées sur sa grosse hache qui lui avait servi de coussin jusqu'alors encore en impression sur sa joue. Des orques couraient dans tous les sens, massacrant les pauvres nains désarmés dans un chaos indicible. Durak saisit au passage un gobelin par le cou qui avait eu le malheur d'attirer son attention et qui ramassait à même le sol tout ce qui brillait ou se mangeait. Il fit alors pivoter son poignée et brisa d'un coup sec les vertèbres de la répugnante petite créature qu'il jeta à ses pieds d'un air de dégoût. Une longue barbe avec de multiples nœuds tombait sur son énorme ventre couvert de tatouages d'un bleu profond et une grande crête rouge trônait sur le dessus de son crâne. Durak revint sur ses pas et lança un coup de pied dans la poitrine d'un nain presque identique à lui-même qui gisait sous une table. Celui-ci émit un grognement et se retourna dans son sommeil. Un orque borgne à une trentaine de mètres de lui beugla ce qui semblait être un ordre vers trois de ses compatriotes qui se retournèrent, le fixant de leurs yeux torves, la bave dégoulinant de leur gueules monstrueuses constellées de cicatrices. Durak se mit en position défensive après avoir mis un dernier coup de pied retentissant au nain sous la table.
"Hey ! Drumin debout sale fainéant ! Détrousseur de gnome lépreux !" cria-t-il. Celui-ci se retourna une seconde fois avec le même mépris. Les orques chargèrent, levant leurs épées de manufacture douteuse au-dessus de la tête.
"Tueur debout, c'est un ordre !" cria-t-il plus fort. Ses paroles trouvèrent apparemment un écho dans la caboche embrumée de Drumin, qui se leva précipitamment, se cognant la tête sous la table et la renversant comme si ça n'avait été qu'une broutille, ses deux haches magnifiques et étincelantes déjà en main, contrastant avec la crasse de son visage et de son corps. Durak éclata de rire à la vue de son frère émergeant d'un sommeil lourd d'alcool. Drumin ouvrit des yeux gros comme une choppe de bière à la vue des quatre orques chargeant leur position et lança une grosse claque amicale dans le dos de Durak.
"Merci de m'avoir réveillé, frérot. J'espère que tu n'as pas commencé sans moi ?" dit-il d'une voix rauque et caillouteuse.
Les tueurs sont une exception dans la hiérarchie des combattants nains et se délectent de la violence et de la rage qui transpirent à travers tous les pores de leur peau. Ils ne peuvent souffrir de la peur ou du doute en combat car pour eux et leur clan, ils sont déjà morts. Tout combat était une aubaine pour eux. Hélas pour les orcs, leur manque de discernement et leur folie meurtrière les empêchaient tout raisonnement logique et ces êtres hirsutes avec une longue crête orangée en guise de coiffure, ne possédant comme armure que leur peau ne leur rappelaient rien dans leurs souvenirs embrumés par la haine et le sang.
"Le premier à soixante quinze se fait abreuver toute la soirée," cria-t-il tout en chargeant les quatre orques qui leur faisaient face. Une hache vola au-dessus de son épaule et vint se figer dans le crâne de l'orque le plus proche qui tomba à la renverse. Les trois orques restant se regardèrent, décontenancés. Cet instant d'hésitation fut leur dernier. Durak était arrivé à leur portée et enfonçait déjà sa hache dans le ventre du plus massif des trois, le coupant en deux. Drumin, plus rapide à la course que son aîné, avait déjà extirpé sa hache du crâne de l'orque pour planter sa deuxième dans la tête d'un autre qui tentait de fuir, en un jet aussi magnifique et mortel que le premier. Durak se lança dans une roulade et écrasa sa lame dans le dos du dernier qui s'écrasa sur le sol.
Puis un nouveau rugissement couvrit les bruits du champ de bataille et des tambours se firent entendre. La seconde vague arrivait. Un groupe compact d'une trentaine de trolls entrait dans la danse au loin. De solides orques noirs les tenaient par des chaînes. Des marteliers se regroupaient pour leur faire face à une centaine de mètres d'eux, brandissant leur lourd marteau de guerre. Les portes de la forteresse s'ouvrirent en grand laissant apparaître deux lourds canons poussés par dix nains en armure. De lourds boulets de pierre s'abattirent alors sur les murs de la citadelle. Les catapultes orques crachaient leur potentiel de destruction.
Durak et Drumin se dirigèrent avec autant de célérité que pouvait leur apporter leurs courtes jambes vers les marteliers qui avançaient en rangs serrés. Les canons nains tonnèrent et déversèrent une pluie de projectiles explosifs de gros calibres sur les lignes ennemies par-dessus les trolls. Puis ces derniers chargèrent. Leurs marteaux expérimentaux constitués d'une lourde pierre juchée sur un énorme manche en bois dessinèrent de grandes arabesques dans l'air avant de s'abattre lourdement sur les marteliers qui tentaient d'esquiver ces attaques meurtrières et dépourvues de toute subtilité. Durak et Drumin se jetèrent dans la mêlée avec fureur pour se placer derrière les trolls, afin de les attaquer aux jambes pour les faire tomber. Mais les orques noirs se joignirent aussi au combat reconnaissant la teinte rougeâtre de la chevelure des tueurs nains. Karak Azul subissait un tir soutenu des catapultes orques et deux autres canons vinrent en renfort des deux premiers, de même que trois régiments de marteliers et un régiment de tueur nains qui avaient commencé les festivités à l'intérieur de la forteresse. Leurs cris de ralliement gonflèrent l'orgueil de Durak qui se retourna un sourire machiavélique aux lèvres pour voir ses compagnons de guerre de toujours venir à leur aide. Drumin, qui se battait à deux pas de lui avec deux orques noirs, parant et ripostant comme un diable, le regarda d'un air entendu. Un immense orque noir abattit sa grosse hache à deux mains sur Durak, qui pivota sur le coté juste à temps pour la voir se plantait dans le sol à quelques centimètres de son pied nu. Il se lança entre ses jambes et lui envoya un coup magistral derrière les genoux. Il se releva juste à temps pour esquiver le corps de l'orque noir chancelant et l'acheva en le décapitant d'un coup magistral, effrayant de puissance.
Un autre rugissement se fit entendre et attira son attention. Le dragon d'un vert sombre qui survolait le champ de bataille venait de plonger en direction des canons nains, les réduisant à néant. Il se précipitait maintenant sur les trois régiments de marteliers qui venaient en renfort contre les trolls laissant dans son sillage une trainée de morts. Drumin aussi observait la scène avec attention et se rua à travers les jambes d'un troll lui coupant les tendons au passage pour se diriger vers la forteresse. Durak lui emboîta le pas en infligeant une blessure mortelle dans le dos du troll tombé à terre.
Le dragon était vraiment monstrueux de part sa taille et la rangée d'épines saillantes çà et là. Il se régalait à broyer les rangs des marteliers à coup de crocs, de griffes et de queue. Durak et Drumin se lancèrent dans une course folle à sa rencontre ; plus qu'une centaine de mètres les séparait de leur proie. Leurs haches respectives luisaient d'une couleur verte émeraude qui devenait de plus en plus forte au fur et à mesure qu'il se rapprochait de la bête, les runes étincelaient malgré le sang dont elles étaient couvertes. Ils croisèrent le régiment de tueurs venus à leur aide pour décimer les trolls, un regard fou dans leurs yeux, chargeant comme des bêtes leurs ennemis jurés de toujours. Un immense orque juché sur le dos du dragon lançait des sorts destructeurs sur les marteliers, faisant rougir leurs armures et leurs armes. Les pauvres nains tentaient désespérément de les retirer, celles-ci étant devenues incandescentes, et paradoxalement maintenant leur tombeau.
Ce fut Drumin qui envoya la première attaque, jetant sa hache dans les airs en direction du chaman orque. Le dragon rua à ce moment-là afin de s'abattre de tout son poids sur les quelques marteliers survivants, épargnant ainsi son cavalier d'une mort certaine. La hache magique décrivit alors un arc de cercle dans les airs et revint vers Drumin qui la rattrapa au vol tout en continuant à courir. Durak se déplaça sur la droite se maintenant hors de vue du chaman. Le dragon pivota alors et fit face à Drumin, jetant un rugissement qui retentit de toute sa force sur le champ de bataille. Durak qui s'était déplacé dans le dos du dragon abattit sa hache sur la queue du dragon, la sectionnant nette comme si cela n'avait été qu'un bout de ficelle. Les runes vertes pulsaient et irradiait le visage de Durak qui n'était plus qu'un rictus de férocité. Le dragon ivre de douleur cabra. Drumin lança alors ses deux haches dans le poitrail de l'animal, là où la solide carapace de l'animal faisait défaut, pénétrant sa chair et atteignant son point vital. Le cœur explosa sous la force de l'attaque et le dragon s'écrasa de toute sa masse. Drumin esquiva de justesse le corps sans vie de la bête. Le chaman désarçonné s'écrasa sur le sol, hébété. Durak avait anticipé le lieu de sa chute et était déjà sur lui. Levant sa hache, il décapita sans aucune pitié le chaman. Le visage de celui-ci portait encore les signes d'une vive incrédulité lorsque Durak tapa du pied dans le crâne sectionné en direction de Drumin.
Ayant perdu leur général, une trompe sonna la retraite des forces orques qui se débinaient à vue d'œil dans un chaos total. Pourtant les deux compères avaient un air indéchiffrable figé sur leur visage, un mélange de lassitude et de tristesse.
Ils n'étaient pas morts au combat. Combien en faudrait-il encore pour qu'ils puissent trouver la paix ?

FIN
Texte N°3

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Jour de chance.

En ce jour funeste, Klaus savait pertinemment que lui et ses hommes allaient mourir jusqu'au dernier. La situation était clairement désespérée. Encerclés de toutes parts par les affreux serviteurs du Dieu-Corbeau, ils n'avaient aucune chance. A un contre cinq, ils devaient vendre chèrement leur peau et se préparer à entrer bientôt dans les Jardins de Morr. Les armures de leurs ennemis étaient vraiment terrifiantes, elles étaient couvertes de visages gémissants et hurlants, et leurs armes semblaient garnies de bouches affamées.

"Que Sigmar nous garde... ils chargent ! Levez les boucliers, pointez vos lances sur eux et priez Ranald !"

Les trente lanciers exécutèrent ses ordres, tremblants de peur. L'ennemi n'était plus qu'à quelques pas, et la terre vibrait sous le martèlement de ses bottes.

Nous allons nous faire massacrer, pensa Klaus. Il s'entendit soudain parler dans un dialect inconnu. Dans un geste réflexe, il leva les bras pour se protéger le visage, comme s'il avait pressenti ce qui allait se produire.

L'improbable se produisit alors. Un mur de feu de quatre mètres de haut se dressa tout autour des impériaux, brûlant la chair des chaotiques, les faisant cuire dans leurs armures hideuses. Le mur de flammes se dissipa aussi vite qu'il était apparu, mais les chaotiques étaient déjà en fuite. Les lanciers regardèrent leur sergent avec une expression de respect mêlée de crainte. Klaus ne comprit pas pourquoi ils fixaient tous ses cheveux. Certes il était roux, mais ce n'était pas si rare dans l'Empire. Par curiosité, il porta la main à son cuir chevelu mais ne sentit rien de spécial.

Surgi de nulle part, un homme vêtu d'un grand manteau sombre et coiffé d'un chapeau à large bord accourut vers lui.

"Félicitations, nous vous devons la victoire."

"Merci" répondit Klaus.

"Pas de quoi."

Disant cela, l'homme pointa un pistolet vers le cœur de Klaus.

"Je suis un répurgateur engagé par votre commandement pour faire régner l'ordre dans ce contingent ! Au nom de la loi impériale et de la sainte Église sigmarite, vous êtes en état d'arrestation ! Veuillez décliner votre identité et votre grade."

"Sergent Klaus Brennstoff, de Talabheim. Mais enfin... Qu'est-ce que cela signifie ?"

Le répurgateur sortit d'une de ses nombreuses poches un petit miroir ovale en argent, qu'il tendit vers Klaus. Ce dernier put constater que sa chevelure semblait en feu, mais étrangement il ne ressentait aucune brûlure.

"Cela veut dire que vous êtes un sorcier", dit le répurgateur, "et vous n'avez pas d'autorisation écrite des Collèges de Magie pour utiliser l'Aqshy, j'imagine ?"

"Eh bien... non... jusqu'à maintenant je n'avais aucune idée de mon..."

"C'est bien ce que je pensais. Vous êtes un autodidacte, et vous constituez une immense menace. Pratiquer la Magie sans autorisation est un crime passable de la peine de mort."

Le chien du pistolet émit un cliquetis.

"Non ! Attendez, je..."

Le coup de feu retentit. Klaus s'effondra dans l'herbe encore humide de la rosée du matin. Les bottes sombres et brillantes de celui qui lui avait tiré dessus furent la dernière image que les yeux de Klaus enregistrèrent avant que sa vie ne s'écoule par la large blessure de son cœur.

Les lanciers impériaux, hébétés, regardèrent un instant le corps de leur sergent étendu dans une flaque de son propre sang, puis levèrent les yeux vers le répurgateur, ne sachant que faire.

"Je prends le commandement de cette unité", les informa celui-ci en souriant. "On peut dire que c'est votre jour de chance."
Texte N°4

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La Foi efface le Doute

Seuls quelques rayons de soleil parvenaient à traverser la canopée de la forêt de Strinford en cette fin de matinée, mais ils illuminaient tout de même les cheveux bruns et raides du petit Eliott. Le jeune garçon examinait attentivement de ses yeux bleus le caillou qu’il tenait dans sa main droite. Imparfait avec sa surface torturée, et pourtant adapté pour son jeu favori. Le but était simple. En une tentative, le caillou devait traverser le grand cercle de bois pendu entre deux arbres à environ cent pieds face au garçon. Un lancé pour prouver à ses camarades que son habileté n’était pas que théorique, et qu’il comptait bien rester le champion de la bande.
Il leva les yeux vers le cercle de bois, se balançant, goguenard, entre les branches et semblant narguer intentionnellement Eliott. Soudain, le petit garçon fit les trois pas en avant réglementaires, et lança le caillou de toute sa jeune fougue. Fusant sous les arbres, le caillou passa le cercle comme guidé par un fil invisible. Déjà, Eliott se retournait vers ses compères, dos au cercle de bois, attendant leurs félicitations méritées. Puis le silence ébahi flottant sur le groupe fut brisé par le bruit métallique du caillou frappant… frappant quoi s’interrogèrent les gamins…
Etrangement, ce simple bruit sembla pénétrer au cœur des entrailles d’Eliott. Ce bruit sourd, isolé dans le sous-bois alors que les oiseaux s’étaient tus. Un bruit sombre. Ce furent finalement les visages tétanisés de terreur de ses camarades qui décidèrent Eliott à regarder dans son dos. Lentement, il pivota, forçant ses yeux à rester ouverts. Quelque chose dans son esprit lui murmurait que tout ceci n’était pas anodin, que lorsqu’il se retournerait entièrement, il verrait la Peur… Déjà il entendait ses amis courir vers le village, l’abandonnant ici, seul face à la Fin.
Enfin il le vit. Colossal, terrible, extraordinaire. Sa gigantesque épée plantée dans le gosier d’un jeune cerf, l’Elu du Chaos dominait l’environnement par la violence qui semblait émaner de son être, telle une odeur suffocante, un gaz mortel enserrant la gorge. Son armure anthracite, d’une complexité malsaine et chaotique, finissait de faire disparaitre le peu d’humanité qu’aurait pu laisser subsister sa silhouette humanoïde. Deux cultistes étaient à ses pieds, blottis contre ses jambières d’acier, ils y caressaient de manière obscène des gravures stylisées. Leurs yeux emplis de folie fixaient le corps d’Eliott. Mais le petit garçon ne pouvait y prêter plus attention, le regard de l’Elu était si démoniaque que ses pauvres yeux ne pouvaient s’en détacher. La Peur le prenait, elle l’étreignait tout entier. La Mort venait pour lui, maintenant.
« Elioooott ! Elioooott ! » Le cri de désespoir de sa mère semblait si lointain. Mais si fort d’amour qu’il suffit à rompre la paralysie d’Eliott. Aussi vite qu’il le pu, il tourna les talons et se lança dans la plus longue course qu’il n’eut jamais faite. Une course pour sa survie, une course pour revoir tout ce qui faisait de lui un petit garçon.
Pas le temps de regarder en arrière, il fallait courir vers le village. Stindorf était peut être un village isolé, mais c’était un point de passage fréquenté par des hommes de Justice et de Loi de l’Empire. Peut-être qu’un d’eux pourraient le sauver. Comment pouvait-il encore réfléchir à ce genre de chose ? Alors qu’il allait mourir d’un instant à l’autre. Etait-ce cela l’instinct de survie ? Cette transe où le corps et l’esprit donnent leur plein potentiel pour une ultime bataille ?
Eliott n’en pouvait plus. L’air lui brûlait la gorge, ses jambes brûlaient également. Peut-être était-il en flamme ? Non c’était impossible. Le froid habitait ses entrailles. Son cœur était congelé, comme si les longs doigts fins de la Mort elle-même y appliquaient leur étreinte glacée.
Ca y est ! Il arrivait aux premières maisons et il n’était toujours pas mort. Aucune lame noire n’avait tranché sa tête et déjà il voyait des adultes sur la Grand Place pousser des cris de terreur. Oui, il y avait bien un homme de grande stature parmi la foule, derrière le rideau de larmes qui coulait des yeux du garçon. Mais il ne bougeait pas, il ne se rapprochait pas pour venir le sauver. Impossible ! Il était encore si loin ! Jamais les jambes d’Eliott ne pourraient le porter jusqu’à lui.
Alors, par pur désespoir, Eliott se retourna. Il souhaita un instant qu’un Dieu, n’importe lequel, lui donne la force de résister au coup qui allait certainement le cueillir. Mais rien ne vint. Car il n’y avait rien derrière lui. Sa Terreur était totale, la Mort semblait avoir glissée sa main autour de sa gorge et pourtant, l’Elu et ses sbires étaient encore bien loin de lui. Il les avait même distancés. Mais rien de cela n’arrivait à chasser sa terreur. Son esprit et son cœur étaient comme deux petites souris acculées dans un coin par un terrible félin noir.
L’Elu du Chaos s’approchait lentement parmi les maisons, en direction de la place et d’Eliott. Les gens couraient en tout sens, totalement affolés. Certains se terraient dans des bottes de foins, même dans des flaques de boues. L’Elu semblait en avoir cure. Mais les deux cultistes n’étaient pas aussi calmes. Ils frétillaient littéralement derrière lui. Ils virevoltaient en fredonnant des psaumes impies et semblaient vouloir courir vers les pauvres villageois sans oser dépasser l’Elu. Leurs mouvements et gesticulations en devenaient chaotiques, ils s’écorchaient la peau avec une telle violence qu’ils commençaient à répandre une trainée de sang noir dans la boue de l’allée. Une vieille femme complètement désespérée se jeta à genoux au pied du chevalier impie et implora sa pitié.
« Je vous en prie ! Je vous en priiiiie… tuez-nous rapidement… Je ne veux pas la douleur… » Gémît-elle.
Etonnamment, l’Elu marqua une pause devant la femme et baissa ses yeux inhumains vers son corps chétif et ses guenilles rapiécées. Les cultistes arrêtèrent également leurs jérémiades. L’Elu planta son épée dans le sol à côté de lui et d’un geste, presque doux, releva la vieille femme de sa grande main gantée. La scène était invraisemblable. Puis il explosa de rire ! Un rire fou, dénué d’humanité. Il plongea soudainement sa main dans le corps sans défense de la vieille femme pour en ressortir presque aussitôt avec son foie.
« Je te donne la Douleur, car je ne donne que cela ! Femme ! Etreint-là cette douleur, consomme là pour le plus grand plaisir de mon Dieu… » L’Elu termina sa phrase dans un souffle rauque. Ses yeux s’illuminaient de plaisir et semblaient tirer leur éclat de la terreur même de la vieille femme, alors qu’elle s’effondrait au sol, sans vie.
Eliott recula de quelques pas. Il aurait pu être encore plus terrorisé si cela avait été possible, mais il n’entendait déjà plus les cris alentours, ni les ricanements qui s’élevaient des gorges déployés des cultistes. Pourtant il sentit le souffle chaud du Prêtre Guerrier sur son crâne. Il se retourna, pour recevoir en retour une forte gifle qui l’envoya valser sur le sol. Incapable de se relever, Eliott ne put que lever les yeux vers le Charisme vivant qui se tenait devant lui, le dominant de son regard inflexible. Le serviteur de Sigmar respirait la puissance et le contrôle. Le dégoût animait son visage alors qu’il rajustait son gant de cuir avant de reprendre son imposant marteau. Son armure de cuir et de métal était recouverte d’écrits sacrés et d’affiches de mise à prix. Un livre saint pendait à son côté.
« La Peur est le chemin qui mène au Chaos, vermine. Ressent la Terreur et ce chemin tu arpenteras. Souhaite l’aide d’un autre Dieu que Sigmar lui-même, et ton Esprit intéressera les créatures du Chaos. » Le Prêtre Guerrier cracha à côté d’Eliott. « Prouve-moi qu’il n’est pas trop tard pour sauver ton âme et fait face au Mal ! » Et il pointa son marteau en direction de l’Elu. Il se pencha ensuite vers Eliot et le prit par le col pour le remettre debout. « Avance, déchet ! Avec pour seule armure ta Foi en Sigmar, et pour seule arme sa Bénédiction ! » Sa voix devenait tonitruante, comme amplifiée par une ferveur immense. Cet aura toucha l’esprit d’Eliott, et sa terreur diminua jusqu’à que le garçon redevienne conscient de son environnement. Et il se sentit également capable non seulement d’avancer en direction de l’Elu mais aussi de ramasser une pierre et la lancer en direction du Chaotique, qui l’évita sans peine. Il était transporté par une sorte de folie, une sorte de volonté de croire qu’il n’était pas seul face à l’Elu, mais que Sigmar lui-même le soutenait. Son esprit avait du mal à suivre se retournement de sensation. La peur ne l’étreignait plus, son cœur n’étouffait plus sous la pression.
Eliott continuait d’avancer, mais plus il se rapprochait de l’Elu et des cultistes, moins cette sensation de soutien était forte. Aurait-il le courage d’aller jusqu’au bout ? Il sentit alors un mouvement en périphérie de sa vision et soudain vit passer le Prêtre Guerrier en direction de l’Elu, marteau brandit haut, livre saint ouvert.
« Par Sigmar ! Ne doute pas, avorton ! Ou c’est le début de la fin ! » Lança t-il à son encontre, juste avant de cueillir en plein ciel un des cultistes que venait de lui lancer puissamment l’Elu. Le chaotique s’écrasa sur le marteau de guerre en brayant pour ensuite planer jusque dans une grange adjacente à l’allée boueuse où commençait le titanesque combat. Déjà le marteau et l’épée s’entrechoquaient violemment. Eliott s’arrêta, hypnotisé par la puissance de l’affrontement. Un héros de l’Empire se battait seul contre les prémices d’une invasion annoncée. Le Chaos atteignait Strinford et devait s’arrêter là pour le bien des Hommes.
L’épée noire traversa le livre sacré de part en part. Un flot de lumière divine en sortie, le Prêtre Guerrier sembla la contenir de sa main, comme pour la réserver à une utilisation ultérieure. Pourtant le combat ne tournait pas en sa faveur. Son marteau avait beau s’abattre, l’Elu et son armure restaient impénétrables. Même, la lame impie s’enfonça dans le bras du serviteur de l’Empire. L’épée sembla crier de plaisir alors que le sang se répandait sur le sol. Un coup de pied bien placé envoya le Prêtre dans la boue sous le rire sarcastique de l’Elu. Pourtant l’homme ne perdait pas son sang froid. Il semblait attendre quelque chose. Alors que l’Elu se dressait au-dessus de lui, son épée terrifiante et hurlante pointée vers sa poitrine, le Prêtre Guerrier termina ce qui semblait être une prière en haussant puissamment la voix, couvrant un bref instant les hurlements déments de la lame du Chaos. Emporté par une soudaine lumière, l’homme virevolta dans les airs, une lame de lumière dans sa main, et l’abattît soudainement sur le cou de l’Elu. Sa tête tomba, et roula dans la boue. Le second cultiste fuyait déjà vers la forêt en poussant des hurlements déments. Le corps de l’Elu tomba à son tour et le Prêtre Guerrier se signa avant de se retourner vers Eliott.
« Va quérir le chef de ce village de pleutres ! Qu’ils préparent un buché, un grand ! Et si tu ne veux pas finir dessus avec cette… chose… et son serviteur, prépare tes affaires en vue de me suivre au siège de mon Ordre. Tu as vaincu la Peur, je te formerai à vaincre le Doute ! Tu feras parti de mon Ordre et je serais ton mentor, si tu t’en montre digne… vaurien ! » Le Prêtre Guerrier toisa Eliott de son regard profond, et se détourna pour ramasser son livre saint maintenant en deux partie.
Eliott resta bouche bée, jusqu’à ce que le Prêtre revienne vers lui.
« Ton nom ? »
« … Eliott Fircken…, fils de Piotr le Couvreur. »
« Fait ce que je t’ai ordonné, Eliott Fircken ! Apprenti de l’Ordre des Justes Investis ! »
Texte N°5

Citation :
"J’espère que vous ne voulez pas que je sois désappointé, n’est-ce pas ?"

Hralen n’aimait pas les méthodes de Gregor.

"Vous ne me connaissez peut-être pas, ici dans votre patelin d’bouseux, mais quand je suis très désappointé, il n’est pas bon de s’opposer à moi !"

Hralen, isolé de la douzaine de soldats qui suivait Gregor depuis Altdorf, s’était adossé contre le mur branlant d’une chaumière en mauvais état de ce minuscule hameau perdu au nord-est de Bohsenfels.

"Or, messieurs, je suis très désappointé !"

Hralen redressa quelque peu la tête et jeta un coup d’œil sur le Sigmarite et les pauvres âmes attroupées devant lui. Sept adultes (dont une seule femme !) et quatre garçonnets de six à dix ans peuplaient cette petite bourgade de forestiers. En tout, ils semblaient constituer quatre familles seulement. Or, les maisons manifestement toutes habitées étaient assez nombreuses pour le triple, au bas mot.

"Alors, je vais vous le demander pour la dernière fois : où cachez-vous Siegfried von Hollenstoffen ?"

Quelque chose clochait.

Hralen fronça les sourcils et fit abstraction de l’interrogatoire musclé de Gregor. Ses gueulantes gênaient ses réflexions. Or, l’inquisiteur de leur petit groupe était lui et non Gregor. Malheureusement, il était d’une nature trop solitaire et cette longue traque l’avait mentalement épuisé. Gregor désirait de surcroît tout régenter, de la moindre peccadille jusqu’aux interrogatoires les plus décisifs.

Dès lors, sans le vouloir vraiment, Hralen s’était naturellement mis en retrait et avait abdiqué en faveur du Sigmarite. Il était dorénavant difficile de renverser la vapeur…

"Nous savons qu’il s’est arrêté ici, alors où le cachez-vous ?!"

Hralen revint au présent comme Gregor venait de prendre par la gorge l’homme qui s’était présenté comme étant le bourgmestre du hameau. Il l’étranglait d’une seule main pendant qu’il continuait à marteler de son poing gauche la table que ses hommes avaient extirpée de la maison même du malheureux.

Reprenons, se dit-il.

La piste de l’ancien chevalier du Soleil Flamboyant s’était évaporé dans ce petit hameau anonyme, alors qu’ils n’avaient eu aucun mal à la suivre depuis de nombreux jours et ce, depuis Altdorf même. Siegfried les avait-il volontairement entraînés jusqu’ici, dans ce trou perdu isolé de tout et de tous ? Dans quel but ? Leur tendre un piège ?

Hralen ferma les yeux et soupira. Le caractère envahissant de Gregor l’avait véritablement épuisé. Il était sur les rotules, avait les épaules contractées, se sentait aussi vide que ce hameau…

Il fit jouer son épaule droite et ses articulations craquèrent. Au même instant, le poing de Gregor s’enfonça violemment dans le ventre du bourgmestre. Ce dernier s’effondra pendant que Gregor toisait avec morgue le reste de ces concitoyens, tous plus pâles les uns que les autres.

La peur dévorait leurs traits, certes. C’était indéniable. Mais en réalité, vers qui était-elle dirigée ? Vers Gregor et ses hommes, dont certains les entouraient comme des vautours des cadavres bien frais, jouissant de leur vulnérabilité ? Ou vers quelqu’un d’autre ?

Que savait-il, lui, sur Siegfried ? Chevalier émérite de l’ordre du Soleil Flamboyant, il avait depuis quelques mois ses entrées auprès de l’empereur lui-même. D’ailleurs, depuis cet instant, des rumeurs avaient commencé à circuler sur son compte. Elles criaient sur tous les toits qu’il était devenu un agent d’un dieu du Chaos !

Comme un feu de prairie en plein été, elles avaient rapidement enflé pour devenir incontrôlables. Au début, Siegfried restait coi et aussi inébranlable qu’un roc, mais quand elles se firent plus précises, quoi que particulièrement farfelues, il avait subitement disparu. Il avait pris ses cliques et ses claques et avait quitté Altdorf.

L’une d’elles était-elle véridique ? Pourtant, cette hypothèse semblait aussi improbable que ces dernières… Hralen ne put réprimer un petit rire en songeant aux trois histoires les plus écoutées et les plus répandues.

La première faisait de Siegfried le héros viril d’une secte masculine à la gloire de Khorne. Dans le sang et la bestialité la plus primaire, il célébrait des messes tout en possédant de fond en comble la jeunesse mâle de l’aristocratie d’Altdorf.

La deuxième le catapultait propriétaire d’une maison de petite vertu où orgies sauvages et débridées faisaient la grande joie d’une prêtresse de Slaneesh. Ils corrompaient la jeune bourgeoisie pour assouvir leurs ignobles appétits tout en remplissant leur coffre.

La troisième l’imaginait errant dans les cimetières de la capitale. Fantôme solitaire qui déterrait les cadavres à peine mis en terre afin de copuler avec leurs viscères. Pour la plus grande joie de Nurgle.

Toutes plus loufoques les unes que les autres.

En revanche, les trois avaient un point commun : une quelconque déviance sexuelle. Se pourrait-il alors que Siegfried eût fui avant que sa véritable perversion soit découverte ? Peut-être. Dans tous les cas, telle avait été son idée à l’origine.

"Pitié !" implora l’un des trois vieillards aux yeux caves, avant que Gregor ne le réduise au silence d’un puissant revers de son poing gauche.

Une dent sanglante s’échappa de sa bouche meurtrie et percuta le front du plus jeune des garçonnets. Sans grande force, certes, mais ce choc déclencha les pleurs du garçon.

Hralen n’en put plus lorsque l’un des soldats de Gregor corrigea le mioche avec le manche de sa hallebarde.

Avec force, lui.

Il s’arracha au mur de la masure, rajusta son chapeau sur son front et, sans un bruit, quitta l’unique place du hameau afin d’enquêter de son côté.

Les pleurs, les rires graveleux de certains des soldats de Gregor, les vociférations du Sigmarite lui-même furent quelque peu assourdis une fois plusieurs masures entre eux et lui.

Il commençait déjà à mieux respirer. Il se sentait moins oppressé. Moins étouffé.

Il redressa son visage mal-rasé vers le ciel nuageux de ce milieu de printemps. Une bise glaciale descendait des montagnes du nord. Légère, mais néanmoins mordante.

Un frisson incoercible le prit.

Puis, alors que son regard s’abimait encore sur les formes abstraites des nuages bas, le vol circulaire à l’ouest de trois oiseaux noirs l’attira. Il fronça les sourcils pour mieux les distinguer.

Des corbeaux ?

Derrière lui, les tortures avaient commencé comme l’unique femme, une vieillardes édentée à moitié sénile, hurla de douleur et d’horreur.

Il fit abstraction de ces cris pour se diriger vers le petit bosquet au-dessus duquel les corbeaux semblaient voler.

Il sortit des limites du hameau en sautant par-dessus une barrière vermoulue et allait continuer son chemin quand il perçut sur sa gauche le bourdonnement d’une multitude de mouches. Surpris, il dévia de sa trajectoire pour s’approcher d’un petit arbuste touffu. Il le contourna et l’odeur nauséabonde de la putréfaction attaqua aussitôt ses narines.

Il eut un haut-le-cœur, et se détourna du cadavre d’un gros chien. Sa main gantée devant le nez, il contracta ses sens et s’approcha, résolu. Son regard se porta aussitôt sur la boite crânienne du cabot qui avait littéralement éclaté. Il s’approcha encore, contournant l’arrière-train, se mit à genoux et inspecta plus précisément la tête.

Une balle. Une balle avait percé le front du chien.

Il était impensable que les habitants du bourg possèdent une arme à feu. Et il était également impensable qu’ils laissent un tel cadavre si proche de leurs habitations. Or, la mort n’était pas si récente… Il se releva subitement, la main sur la garde de son épée. Il s’éloigna du cadavre et jeta un coup d’œil tout autour de lui.

Inquiet, il l’était assurément. Il l’admettait volontiers.

Quelque chose clochait, oui.

Les corbeaux. Il fit face à l’ouest, mais les volatiles de malheur avaient disparu.

Dans le hameau, la vieille hurlait tellement qu’il se demandait si l’un des gardes n’avait pas fait fi de son âge et n’était pas en train de la violer.

Or, remarqua-t-il, hormis ces beuglements de détresse, la nature alentour était des plus silencieuses.

Siegfried leur avait-il tendu un piège ?

Il dégaina son épée, sa main gauche reposant, elle, sur la crosse de son pistolet. Il hésita. Que devait-il faire ? Revenir auprès de Gregor pour lui faire part de sa macabre découverte et pour lui ordonner d’abandonner ses malheureux ? Devait-il au préalable vérifier si d’autres cadavres ne se trouvaient pas dans ce petit bosquet à l’ouest ? D’ailleurs, ce hameau manquait de femmes. Où étaient-elles ? Mortes dans le bosquet ? Prisonnières ailleurs ?

En jetant un dernier regard autour de lui, il prit la direction du bosquet. D’un pas décidé, la main enserrant la poignée de son épée ferme.

Siegfried était dans les parages. Il le trouverait et le tuerait s’il avait commis les crimes qu’il imaginait.

Il ne lui fallut qu’une centaine de battements de cœur pour atteindre l’orée du bois. Il s’y arrêta, troublé par une angoisse incompréhensible. La nature était encore plus silencieuse ici qu’ailleurs, si cela était possible, remarqua-t-il aussitôt.

Il inspira longuement, puis pénétra dans le boqueteau.

Il eut tout de suite l’impression qu’il venait de franchir une porte sur un autre monde. Un monde statique, vide, silencieux. Un monde qui recélait derrière chaque arbre un prédateur immobile. Pourtant, le bois semblait vide.

Lorsque l’unique croassement grinçant retentit de devant lui, il ne put s’empêcher de sursauter. Puis, comme le silence avait engloutit cet unique appel aussi rapidement qu’il avait été émis, une chape de peur remonta sournoisement le long de sa colonne vertébrale.

Un appel ? Oui, voilà ce qu’était ce cri, il en était convaincu. Un appel pour qui ?

Pour lui.

Siegfried l’attendait, il en était persuadé.

Ravalant sa salive, son esprit anesthésié par ce silence irréel, il reprit sa marche avec moins de précaution. Son ennemi savait qu’il venait.

Il dégaina son pistolet.

Doublement armé, Hralen ne mit pas longtemps à atteindre la clairière.

Siegfried l’y attendaient. Torse nu, assis sur un trône fait de rocailles, de terre, de mousse et de corps humains, ses deux mains étaient posées sur la tête en putréfaction de deux femmes qui avaient dû être belle de leur vivant tandis que le reste de leur corps devait faire parti de l’abominable construction de bric et de broc.

Faisant abstraction du siège, des corbeaux qui picoraient les joues encore tendres des deux visages, de l’odeur omniprésente de putréfaction, des deux pistolets que Siegfried avait placés sur ses genoux, il détailla le tatouage qui prenait toute la large poitrine de l’ancien chevalier. Un corbeau aux ailes déployées.

"Gregor doit être déçu de ne pas avoir trouvé la moindre pucelle à se mettre sous la dent", parla Siegfried d’une voix dépourvue d’humour malgré son sourire carnassier.

Hralen releva son visage et son regard croisa celui de sa proie.

Non, de son prédateur, ne put-il s’empêcher de penser.

"Je savais que tu viendrais seul, ricana Siegfried. Tu ne pouvais que venir seul si on t’adjoignait Gregor."

Ses longs cheveux blancs cascadaient sur ses épaules et lui tombaient sur ses joues creuses, son nez busqué. Malgré cela, Hralen distinguait parfaitement l’amusement qui se reflétait au fond de ses prunelles.

Alors, l’évidence lui sauta enfin aux yeux. Siegfried ne travaillait pas seul. Quelqu’un à Altdorf même les avait choisis, Gregor et lui, pour cette traque. Pour tomber dans son piège !

"Tu as compris," commenta Siegfried d’une voix neutre, le visage soudain grave.

À ce moment-là, une multitude jusque-là invisible de corbeaux croassa tout autour de lui. Les croassements vrillèrent ses tympans, tambourinèrent à ses tempes. Il gémit d’une douleur aiguë, grimaça. Alors, il commit l’erreur de faire volte-face afin d’essayer de prévenir Gregor et ses hommes qu’ils avaient été piégés.

Dans ce vacarme assourdissant, il n’entendit même pas les deux déflagrations. Deux balles le percutèrent violemment dans le bas du dos. Il trébucha, vacilla, lâcha son pistolet, puis s’effondra à genoux, foudroyé sur place.

Il ne sut combien de temps il resta dans cette position, mais finalement sa volonté se raffermit et il planta son épée dans le sol pour se relever.

Les croassements se turent qu’il s’échinait encore à la tâche. La tête bourdonnante, son sang inondant ses chausses, il perçut enfin des pas derrière lui.

"L’host du Corbeau arrive."

Et il fut violemment frappé derrière la nuque.
Texte N°6

Citation :
Je me souviens très précisément de ma première rencontre avec la bière. Je venais d’avoir onze ans je crois, et à cette époque, mon père m’emmenait souvent faire un tour à la taverne lorsqu’il rentrait du travail. Il disait qu’il n’y avait pas meilleur endroit pour se reposer après une éreintante journée à l’atelier. Mon père était ingénieur artificier pour le compte de l’Armée et passait plus de dix heures par jour le dos courbé sur son établi, ses yeux sertis de lunettes grossissantes, fixés sur les petites pièces d’acier qu’il s’attelait à usiner de la meilleure des manières. Car pour lui, il n’y avait rien de plus important que son métier. Il mettait un point d’honneur à être reconnu comme le meilleur de sa profession. Ce qui ne veut pas dire qu’il l’était mais il avait au moins la satisfaction de se donner les moyens de l’être. C’était les premiers jours du Sigmarzeit, le temps était doux et l’on pouvait déjà sentir les prémices d’un été chaud et sec, qui permettrait aux récoltes de donner leur pleine mesure. Nous étions assis à une table de l’Auberge du Rocher Scintillant, avec mon père et plusieurs de ses collègues. Ensemble ils venaient de mettre au point un nouveau prototype de bombe à gaz qui rendait fluorescente la peau de toutes les races orques, et ce définitivement. En plus de donner aux Nains un avantage conséquent en cas d’attaques nocturnes, cette nouvelle ne manquait pas de les faire mourir de rire, et ils avaient décidés de boire un verre à la réussite de cette superbe invention.
C’est alors qu’elles apparurent. Six énormes chopes en terre cuite desquelles s’échappait une mousse onctueuse passèrent, non loin de notre table. C’était la première fois que je prêtais attention à ces chopes et à ce qu’elles pouvaient contenir. J’en avais pourtant déjà vu à plusieurs reprises, sans jamais vraiment les remarquer. Pour moi, c’était plutôt un truc de « grands », ça ne m’intéressait pas plus que ça. Mais aujourd’hui, quelque chose de nouveau avait attiré mon attention sur ces chopes. Etait-ce la bonne humeur ambiante qui régnait ce jour-là dans l’auberge ? Le rire gras de mon père à peine atténué par sa barbe fournie ? Ou bien était-ce juste un changement dans mon corps, dans mon esprit, un pan de l’innocence infantile qui venait de s’effondrer pour laisser place à la découverte de choses nouvelles et à l’intérêt de la curiosité ? Je ne le saurais sans doute jamais, toujours est-il que c’est avec un regard plein d’envie que je suivais ces chopes.
Je me tenais assis sur les genoux paternels lorsque je vis arriver du fond de la salle une serveuse grassouillette, portant sur son plateau nos commandes. Mes yeux ne pouvaient se détacher de cette mousse blanche et compacte, qui semblait danser au rythme des mouvements que lui imposait le bras potelé de la jeune femme. L’un des collègues de mon père dû se rendre compte de mon attention marquée car une blague grivoise portant sur le décolleté de la serveuse ne tarda pas à fuser. De nouveau, les rires gras se firent entendre. Mais une petite voix barbue me chuchota à l’oreille : « J’ai bien vu ce que tu regardais, fils. Peut-être que tu auras le droit d’en goûter ». Il avait compris ! Et j’en étais tellement ravi que je ris de bon cœur à la plaisanterie du collègue. Mon père m’avait presque promis de me faire goûter une gorgée de bière, comme s’il avait lu dans mon esprit que c’était aujourd’hui que j’en avais envie. S’il me l’avait proposé la dernière fois que nous sommes venus, je n’aurais même pas compris de quoi il parlait. Et demain qui sait, l’envie et la curiosité seraient peut être passées. Cela doit faire partie des choses que l’on ne peut ressentir que lorsqu’on est père. Ca illustre parfaitement le lien psychique qui unit les Nains de pères en fils et de générations en générations. Toujours est-il que mon cœur s’était légèrement accéléré à l’idée de tremper mes lèvres dans ce pot mystérieux.
Les minutes qui suivirent me parurent interminables. Les discussions s’engageaient sans que mon père ne me prête plus vraiment attention. Il éclusait tranquillement son breuvage et je remarquais avec appréhension que la chope était déjà vidée de moitié. L’espoir qu’il avait pu me donner s’évanouissait petit à petit et je décidais de le regarder fixement dans les yeux afin d’attirer son attention sur la promesse qu’il m’avait faite. Après plusieurs secondes d’un regard soutenu, il me remarqua enfin et eut ce petit sourire taquin que je ne lui connaissais pas. « Tu veux goûter ? » me demanda t-il. Les discussions s’arrêtèrent net et tous les regards de la table se tournèrent vers nous. Il posa la chopine devant moi et dit d’une voix qui n’accepterait pas de contestation : « Une seule gorgée ». Chez les Nains, la première gorgée de bière peut s’apparenter à une sorte de rituel de passage entre l’enfance et l’âge adulte comme il en existe sous d’autres formes, dans d’autres civilisations. Chez les Orques, cela peut être le premier tatouage, ou la première scarification. Chez les Elfes Noirs, ce serait plutôt le premier meurtre, ou le premier viol. Je me dis alors que j’ai de la chance d’être né Nain.
Me voila donc, assis sur les genoux de mon père, une chope de bière posée devant moi, et cinq paires d’yeux attentifs rivés sur le moindre de mes gestes. Mon cœur commença à battre la chamade et il allait falloir que je me décide rapidement. Sans plus tarder, je passais la main droite dans l’immense anse de terre cuite peinte et posais la paume de ma main gauche sur l’autre face, puis tentais de porter le tout, de façon plutôt fébrile, jusqu’à ma bouche. Mon père, voyant que je n’arriverais pas à le faire sans en renverser, m’aida en tenant le dessous de la chope de façon à ce que j’ai l’impression d’y arriver tout seul. Mon nez plongea dans la chope et ma respiration se teinta d’une odeur divine et déconcertante. Cet espace confiné dans lequel mon visage rentrait entièrement, m’apparut alors comme une caverne effrayante, où l’innocence de ma jeunesse pouvait se noyer à jamais. Je fixais le liquide doré qui se dirigeait lentement vers mon gosier. D’abord piquant légèrement le bord de mes lèvres, le nectar s’engouffra abondamment sur ma langue, saturant mes papilles de ses puissantes saveurs jusqu’alors inconnues. Des arômes de miel, de terre, de roche, d’écorce, d’humus, de tourbe, se mélangèrent sur mon palais en un instant suspendu durant lequel il n’existait plus rien d’autre que cette chope et moi. Je fermai la bouche et dégluti, posai la chope devant moi, et alors que tout le monde semblait suspendu à mes lèvres, dans l’attente de mon verdict, je décochais un sourire plein de satisfaction avant de demander à haute voix : « Encore ! ». La salle de l’auberge s’emplit alors d’un rire collectif qui doit toujours y résonner aujourd’hui. Tous les collègues de mon père me félicitèrent les uns après les autres, des gens que je ne connaissais pas me frottaient la tête ou m’applaudissaient pour me congratuler. C’est alors que mon père me demanda : « Alors ? Tu as aimé ? » Il connaissait déjà la réponse mais voulais l’entendre de ma voix. « Oui, merci papa. » lui répondis-je de façon franche et sincère, comme on le fait chez nous, les Nains.
Texte N°7

Citation :
Le début d’une horreur sans nom.

Il se réveilla en sueur. Il a oublié quelque chose. Il faut qu’il se souvienne, c’est une certitude.
Il tente de se rappeler. Son sommeil ressemble à un trou noir, à un puit qui ne révèle rien de ce qu’il contient.
Il reste couché dans l’obscurité, sans bouger et tend l’oreille. La respiration de sa femme est si faible, à coté de lui, qu’il la perçoit à peine.
Il le sait, un matin, malgré tout ce qui se prépare, il la trouvera morte près de lui sans qu’il ne s’en soit aperçu. Ou bien l’inverse. Un jour, l’aube impliquera que l’un des deux est désormais seul.
Il regarde à travers la fenêtre, le soleil n’est pas encore levé, le coq dort encore.
Pourquoi me suis-je réveillé ? se demande-t-il. D’habitude je dors jusqu’au levé du jour. Cela fait plus de quarante ans que c’est ainsi.
Il tend l’oreille dans le noir et soudain il est parfaitement conscient.
Quelque chose a changé, quelque chose n’est plus comme d’habitude.
Il tend l’oreille dans le noir.
La jument se dit-il. Elle ne hennit pas. C’est pour cette raison que je me suis réveillé. D’habitude est pousse des cris dans la nuit. Inconsciemment je l’entends et je sais que je peux dormir.
Il se lève avec précaution et traverse la chambre pour gagner la fenêtre.
Il regarde par la fenêtre. L’hiver approche, et bien qu’il fasse froid, il n’a pas encore neigé. Il plisse des yeux pour regarder en direction de la ferme voisine, celle des Droste. Le long bâtiment blanc et bas est plongé dans l’obscurité. Une écurie forme un angle droit avec la maison. C’est là que se trouve la jument. Celle qui chaque nuit se met à hennir d’inquiétude.
Il observe la maison des voisins, plisse les yeux essayant de percer les ténèbres de cette nuit d’hiver.
Hennis donc, pense-t-il, afin que je sache que tout va bien. La journée du fermier est déjà assez rude comme cela sans en plus rajouter ce problème.
Soudain, il s’aperçoit qu’il est en train d’observer la fenêtre de ses voisons. Quelque chose n’est pas comme d’habitude. Quelque chose n’a plus son aspect normal. Il en est certain, elle est ouverte. Voila près de trente ans qu’elle est fermée la nuit, pourquoi est-elle brusquement ouverte ? Et la jument n’a pas henni…
Elle n’a pas henni car le vieux Droste n’a pas fait son petit tour nocturne pour vérifier ses collets.
C’est mon imagination, se dit-il, j’ai la vue qui baisse, que pourrait-il arriver ?
Pourtant il se dit que ni Anna ni Gunte n’auraient oublié de fermer cette fenêtre.
Je n’ai qu’à m’habiller et aller voir, se dit-il, m’avancer jusqu’à la clôture séparant nos terres. Comme ça je verrai de mes propres yeux que je me fais vieux.
Pourtant il a froid. C’est le froid de l’angoisse qui s’insinue en vous.
Sans savoir pourquoi, il ouvre la fenêtre. Il tend l’oreille.
Puis il prend peur, une peur venue de nulle part. On dirait des cris humains. Les cris de quelqu’un qui cherche désespérément à ce faire entendre. Cela ne peut être que mon imagination, se dit-il. Mais sa peur n’a rien d’imaginaire elle.
Sa femme se réveille irrité.
- Qu’est ce que tu fais ? demanda-t-elle
- C’est la jument elle ne hennit pas. La fenêtre est ouverte.
Sa femme sort du lit et s’approche de la fenêtre.
- La fenêtre n’est pas ouverte, elle est fracassée. Il y a quelqu’un qui appelle au secours dit-elle.
- Que faisons nous ? demande-t-il.
- Va voir, dit-elle. Va les aider.
Malgré le danger, il s’habille en toute hâte.
Arrivé à la clôture, il s’arrête. Il le voit bien maintenant. La fenêtre a été fracturée. Il enjambe prudemment la clôture et s’approche du bâtiment blanc. Tout est calme.
A ce moment, il entend un nouveau cri. Une sorte de plainte très faible. C’est Anna.
Il se force alors à regarder par la fenêtre.
Anna est sur le sol, attachée à une chaise. Elle est maculée de sang. Puis il voit un pied de Gunte. Il ne voit pas le reste du corps.
Il revient vers sa maison.
- Qu’est ce qui c’est passé ? demanda sa femme.
- C’est les Droste, ils sont morts.
Une fois son chariot attelé, il partit en direction de Neues Emskrank, prévenir la milice locale.
Il fut reçu par un garde à bout de force, qui malgré tout avait écouté avec attention son discours bégayant.
Le garde savait quoi faire. Il alla de ce pas réveiller le lieutenant Hars Kieselguhr, un soldat au service de l’Empire arrivé il y a peut de temps pour former la milice et prévenir les dangers environnants.
Hars fut réveillé en sursaut.
- Que se passe-t-il ?
- Un paysan, répondit le garde. Il affirme que quelque chose de grave est arrivée dans la ferme de ses voisins.
Hars réfléchit très rapidement avant de se mettre en route, accompagné de quelques hommes de garde à cette heure là.
Que savait-il exactement ? Une femme ligotée ? Son mari inerte ? Il savait qu’il pouvait s’attendre à tout dans les temps qui court.
La petite troupe parvint à destination. En arrivant près des deux fermes, il vit alors un homme d’un certain âge qui venait vers eux.
En apercevant le vieil homme, il savait qu’il devait se préparer à quelque chose de désagréable.
J’ai appelé plusieurs fois sans réponse, leur expliqua le vieux fermier, mais sans réponse.
Hars et ses hommes pénétrèrent alors dans la ferme par la porte qu’ils venaient d’enfoncer. Aussitôt une odeur de Mort emplit l’air.
C’est là, répondit le vieil homme, dans la chambre.
Hars et les deux gardes rentrés avec lui se regardèrent. Ce qu’ils virent dépassèrent leur imagination. Et de loin.
La chambre des vieux fermiers était maculée de sang. Il y en avait même qui avait giclé au plafond.
La femme était affalée sur le sol, attachée sur une chaise. Il vit avec dégoût qu’elle avait était énucléé et éviscérée. Son mari, gisait sur le lit. Son crâne avait était défoncé. Son visage et son torse tailladés. Ses membres arrachés et accrochés sur une pique plantée au milieu de la pièce.
Hars Kieselguhr ne savait que faire devant tant de barbarie. Mais malgré tout il savait une chose. Les forces du Chaos étaient dorénavant présentes dans la région. Les marques de Tzeentch écrites avec le sang des victimes en étaient la preuve.
Une longue et interminable guerre entre l’Empire et le Chaos se préparait et donc l’issu de la bataille était incertain.
Texte N°8

Citation :


Chasse au corbeau.





"Sigmar, protège nous du mal, préserve nous de la ruine, donne nous la force de résister aux sbires de la destruction et du chaos.
Sigmar, protège nous du mal, préserve nous de la ruine, donne nous la force de résister aux sbires de la destruction et du chaos..."

Le vieux prêtre accompagné de ses fidèles moines répétait sans cesse cette prière depuis quelque minutes. Ils étaient tous agenouillés, leurs visages étaient apeurés, mais ils restaient tous tant bien que mal face à la statue de Sigmar qui ornait le centre du monastère.
La lumière qui émanait des vitraux perdit alors en intensité seconde après seconde, jusqu'à ce que l'obscurité envahisse totalement la sainte bâtisse...

C'est dans un bruit tonitruant que la lourde porte en bois éclata en morceau, laissant apparaître une imposante silhouette qui n'avait guère plus rien d'humain. Celle ci s'avança lentement tandis que d'innombrables plus petites la suivaient. Les hommes d'église constatèrent alors à leur grand désespoir qu'il s'agissait d'un élu du chaos, escorté par un tas d'immondices indescriptibles, formes grotesques aux organes pittoresques, des créatures qu'on croirait tout droit sorties d'un cauchemar. Celles ci lançaient d’étranges cris aigus, ce qui contrastait avec les croassements des corbeaux qui avaient envahit la salle depuis peu.

L'atrocité de la scène fut à son paroxysme lorsque deux des immondices se jetèrent sur un moine qui fut dévoré et découpé en moins de temps qu'il faut pour le dire.
Les pauvres moines qui n'étaient soit plus en âge de combattre, soit qui n'avaient jamais été entraîné au maniement des armes ne pouvaient rien faire. Il parvinrent tout de même avec la force du désespoir à avoir raison de quelque monstres, mais l'élu s'approchait calmement,et sûrement...

Les affreuses bestioles mordaient les humains qui résistaient de leurs multiples mâchoires.
L'élu attrapa alors le vieux prêtre par le col et le souleva d'au moins une trentaine de centimètres.
" Ton dieu ne peut plus rien pour toi maintenant, pitoyable créature, ton âme m'appartient désormais ! "

C'est alors qu'on entendit une détonation qui résonna dans tout le monastère. La main qui empoignait le vieil homme partit en éclats tandis que le guerrier du chaos se courba dans un râle de souffrance. Les monstres se faisaient pourfendre les uns après les autres sans qu'on puisse distinguer nettement leur assaillant. Le reste des créatures se jeta à l’unisson vers celui ci, mais sans succès. Elles avaient maintenant toutes succombé sous les coups d'une épée effilée.

Le porteur de cette lame sortit alors de l'obscurité. C'était un répurgateur:
Long manteau noir, arquebuse légère, multiples accessoires destinés à affaiblir le démon... Cet homme devait avoir environ la trentaine d'année mais en paraissait bien davantage. Des cheveux d'une blancheur morbide, une peau d'une pâleur inquiétante, de nombreuses cicatrices au visage et beaucoup d'autres détails qui lui donnaient un air inquiétant...

Le Guerrier du chaos affaiblit, une fois remis de sa douleur, se rua sur le chasseur de démon qui n'eut qu'à dégainer et tirer afin d'abattre son adversaire, d'une balle qui lui traversa le casque.

Le calme reprit alors ses droits... Mais le monastère n'avait plus rien d'un lieu saint.
Les vitraux étaient brisés, la statue décapitée, les murs tâchés de substances inconnues et le sol plein d'organes de monstre et de corps meurtris de moines.

Après une longue minute de silence, le vieux prêtre et les deux moines survivants s'approchèrent de leur sauveur afin de le remercier:

"Soyez béni, vous nous avez sauvé et avez protégé au péril de votre vie ce lieu saint ! S'il y a quoi que ce soit que nous puissions faire pour vous..."

Le répurgateur se tourna alors vers ses interlocuteurs et les fixa avant de leur répondre d'une voix caverneuse:

" Nul besoin de me remercier d'une quelconque façon, le destin est déjà assez cruel avec vous."

Les moines se regardèrent d'un air interrogatif.

" En effet, je suis dans le regret de vous annoncer que les morsures que vous avez reçu se propagent actuellement dans votre corps, si rien n'est fait, vous aurez l'apparence de vos anciens assaillants dans quelque minutes... Le poison atteindra votre esprit. Votre enveloppe charnelle et même votre âme seront alors au service du démon... "

Le répurgateur regarda alors le prêtre et ses deux compagnons dans les yeux.

" Afin de remédier à cela je vais devoir vous éliminer... Mais n'ayez crainte ! Je vous enduirais d'eau bénite avant de brûler vos corps, ainsi vos esprits auront le temps de rejoindre l'au delà en bonne et due forme."
Texte N°9

Citation :
Gunther Von Gotting


Le soleil d’un soir d’été continue sa descente le long de la mer, les ombres se rallongent et le vieil homme fixe au loin cette étendue d’eau salée, et ces coques de noix qui la parcourt.
Assis dans son fauteuil sur le balcon, il admire le calme relatif de cette ville de Magritta. Une larme coule le long de sa joue burinée par le temps, une certaine nostalgie l’accompagne durant ces longues soirées d’été et ce soir ne sera pas différents des autres. Il se réveille de sa rêvasserie quand les cris des enfants maintenant tout proche lui demandent quelque chose.

- « Grand Père, grand père, raconte nous ton histoire, tu sais celle avec des nains, des monstres et tout et tout ».
- « Je vous l’ai déjà raconté des centaines de fois les enfants, vous ne voulez pas une autre histoire, celle de »…
- « Non et non on veut cette histoire grand père ».
- « Très bien, très bien si vous insistez ».

Il était une fois, dans les lointaines contrées du nord, plus précisément dans l’empire. L’histoire d’un jeune chevalier, se nommant Gunther Von Gotting, il avait fait ses armes au sein de la confrérie des chevaliers du loup blanc dans la ville de Middenheim. Il y vécut ses années les plus belle, la ville était riche, sure et depuis longtemps déjà les terres alentours avaient été nettoyées de la vermine. Pourtant un jour tout cela changea, de terrible nouvelles furent apportée en ville. Une grande invasion menaçait l’intégrité de l’empire. Les premiers jours ces informations venaient de la part des colporteurs et autres marchand venu du nord puis de l’est. Le grand maitre de l’ordre séculaire des templiers du loup blanc fit envoyer des éclaireurs dans l’empire. Il fallut attendre peu de jour pour qu’il revienne. Les contrées du nord brulaient d’un incendie d’une ampleur terrible, les noirs nuages empestaient l’air d’une odeur mélangeant la noirceur du chaos aux chairs brulés des pauvres ères. Des colonnes de réfugiés venant de Kislev s’amoncelèrent autour de la cité. La ville ne pouvant accueillir toute cette population. Nombreux furent les Kislevistes à continuer leur chemin le long du Talabec en direction de la capitale impériale. Une escorte impériale arriva en ville plus ou moins en même temps que les premiers réfugiés. Les ordres religieux avaient ressenti une menace venant du nord. Suite à cette nouvelle l’empereur mandaient immédiatement la préparation des troupes dans les régions et ville de l’empire afin de rassembler les forces à la capitale dans moins une lune, passé ce délai les troupes feront mouvement pour contrer l’invasion. La ville de Middenheim envoya la quasi-totalité des chevaliers panthères soit environ 250 cavaliers, accompagné de l’armée régulière 5 000 hommes de rang et autre archer, les templiers d’Ulric envoyèrent notre jeune chevalier et quelques 500 autres compagnons d’armes. Le comte fit valoir la levée auprès des serfs et réfugiés et enrôla dans cette armée environ 15 000 paysans.
Le soir de la pleine lune, les troupes étaient prêtes autour d’Altdorf, l’empereur en personne mènerait les troupes à la victoire. De toutes les régions de l’empire les hommes avaient afflué, ainsi que des provinces et royaume souverain frontalier. L’ost humain était composé en tout et pour tout d’environ 120 000 paysans, 30 000 hommes de rangs, 2500 cavaliers et une petite centaine de pièce d’artillerie. Au lendemain de la pleine lune, alors que l’armée commença son mouvement, des régiments nains firent leur apparition quelques 5000 de ces fiers guerriers avaient quitté leurs montagnes à l’appel de l’empereur humain. Pourtant les montagnes étaient agitées par une recrudescence des assauts peaux vertes sur les cités naines.

Depuis le départ de Middemheim, la vérité c’étaient répandu sur les terres libres des hommes. Les hommes du nord c’étaient fortement rassemblé sous la bannière des sombres dieux du chaos. Les rumeurs couraient déjà sur des centaines de milliers d’homme et créature plus ou moins démoniaque. Nombreux furent les hommes qui paniquaient parmi le bas peuple. Chaque jour les chevaliers devait accomplir en plus de leur devoir un maintien de l’ordre, la panique c’était emparé de nombreux hommes. Des exécutions sommaires durent être appliqué afin d’éviter de propager et d’augmenter la panique actuelle. Ces mesures répressives eurent tout de même pour effet de calmer la paysannerie. Au fur et à mesure que l’armée remontait vers le nord, des nouvelles de plus en plus sombres arrivèrent, Kislev était tombé et le chaos se dirigeait maintenant vers le cœur de l’empire.
Une marche forcée fut demandée immédiatement, auquel répondirent avec ardeur les Kislevistes présent dans l’armée animée d’une haine sans précédent qui diminua la peur dans les rangs et motiva les hommes. Arrivée autour de Talabheim. L’empereur refusa de défendre la cité. Une bataille rangée dans les rues aurait été un massacre, un incendie aurait condamné la ville, ses habitants et les troupes, l’empereur ordonna de raser la proche forêt afin de favoriser ces troupes de tir. Il réquisitionna le reste des troupes impériales présent en ville, ainsi que nombre de citoyen. Les nains creusèrent des tranchées, firent monter des remblais ici et là, les arbres coupés alimentèrent jour et nuit les forges afin d’armer de la meilleur façon possible la population, le surplus de bois fut utilisé à confectionner des fosses à pointes dans cette plaine nouvellement crée.

Alors que les préparatifs de la guerre allaient bon train, les hordes du chaos faisaient leur apparition. Les hommes se préparaient au pire et à une charge immédiate. Pourtant les forces chaotiques s’alignèrent en ordre de bataille à distance raisonnable de la ligne de bataille prévu par les hommes. Les rumeurs ne mentaient guère, le tout confondus une bonne centaine de millier de fidèle du chaos faisait face au rempart humain.

Les rangs du chaos s’ouvrirent, hommes, femmes, enfants et vieillards furent projeté au-devant de l’armée du chaos. Alors que les forces impériales restaient stoïques devant cet événement.
Ce bouclier d’infortune dû se mettre en branle et courir en direction de la ligne de défense impériale.
Le chaos attendit un temps et lança sa charge brutale, éliminant les humains à la traine. Ces hommes couraient pour leur salut et rejoindre les leurs, pourtant toute la tragédie humaine se joua en cet instant quand les hommes mètre après mètre tombèrent et s’empalèrent sur les pieux aiguisé révélant ainsi de nombreux piège. La charge du chaos ne ralentit point. Les forces impériales mirent du temps à se reprendre devant ce triste spectacle.

FEU A VOLONTE, hurlèrent de concert les généraux impériaux. La tempête de feu, d’acier et de bois s’abattit sur les premiers rangs du chaos tuant par centaines des créatures et étouffant dans l’œuf l’espoir qui animait encore ceux qui courraient. Une dernière salve arriva avant l’impact. Notre chevalier Gunther s’enhardissait et ne rêvait que d’écraser ces créatures impies. Pourtant leur commandant leur avait intimé l’ordre de tenir la position, la mobilité de la cavalerie devait être exploité et permettrait de casser les flancs du chaos ou bien de contrer leurs homologues chaotiques.
Les chevaux hennissaient, rendus fou par les miasmes des démons, les cavaliers se faisaient violence pour tenir leur bête.
Puis l’ordre fut donné, un contingent de chevalier du chaos avait bifurqué pour venir dans notre direction. CHEVALIER, POUR L’EMPIRE, CHHAARGGGGEEEEEZZZZZ cria le maître de l’ordre, en échos les hommes lui répondirent son ordre. Les tourbes de terres virevoltaient autour des sabots des chevaux, la cavalerie avaient réduit son nombre de rang pour tenter d’envelopper la charge adverse. Les lances de cavaleries étaient abaissées chacune pointant en direction des forces ennemis.
L’impact fut terrible Hans fut décapité sur place, Karl à coté de moi se trouva à terre éventré d’une bien horrible manière, mon adversaire fut projeté quand ma lance transperça sa sombre armure…

-« Grand père, mais tu n’étais pas là bas ? »
-« C’est compliqué les enfants, c’est pour mieux vous raconter cette histoire, ne m’interrompez plus »

Je saisis le marteau de guerre à mon flanc et l’abattit avec force sur le plus proche ennemi, blessé mais pas tué l’ennemi riposta et cracha son sang noir au visage. Autour de moi les hommes tombaient dans des rictus de douleur. Ma masse rencontra le crane de mon ennemi et l’envoya une fois pour toute devant ces créateurs. Un guerrier du chaos surgit, tournoya sur lui-même son énorme hache trancha les membres antérieur de mon cheval, me laissant alors au sol, entouré de cadavre ou d’agonisant. Protégé par Ulric notre dieu, un ami vint à mon secours le tua avant qu’il ne m’achève.
Quand je pu enfin me relever notre escarmouche était quasiment terminé, nous avions essuyé de très lourde perte, mais la cavalerie ennemi étais hors de combat, les derniers survivant s’éloignèrent tant bien que mal.

Je tournai mon regard vers la bataille principal, la ligne de défense tenait, mais pour combien de temps encore, la position naine ne bronchait pas au premier coup d’œil. L’empereur tenait toujours le centre semble t-il. Mais ce n’était pas le cas des positions ou les paysans étaient en nombre. L’un des petits forts était déjà tombé. Nous n’avions plus le choix, les hommes se remirent en selle, je trouvais un cheval non loin de moi près de son regretté propriétaire. Et nous lançâmes notre charge. L’assaut dans les maraudeurs fut une bénédiction, leur faible armure ne put stopper nos marteaux et lances. A chaque cavalier qui tombait une dizaine d’adorateurs des dieux sombres périssaient. Une victoire mineur mais une victoire tout de même, c’est toujours cela de pris. Quand je pus enfin dégager ma tête de ce tumulte, le bastion impériale étaient encerclé de par et d’autre par les troupes les plus lourde du chaos. Notre action avait permis de libérer des troupes. Mais nous étions éreintés.
Les hommes reformèrent les rangs et les unités ainsi dégagés repartirent au combat dans l’espoir de dégager la position de l’empereur.

Je ne me souviens pas très bien de ce qui se passa par la suite, je me rappelle avoir reçu un choc au torse, de me trouver par terre d’avoir, l’impression de suffoquer. A mon réveil, j’étais allongé sur une paillasse, torse nu autour de moi les râles des blessés. J’hélais un homme qui passait entre les corps.

- « Holà l’ami, que c’est-il passé, la bataille, l’empereur, que c’est-il passé »
L’homme sourit et me répondit
- « Ne t’inquiète pas mon ami, l’empereur est sain et sauf, nous avons eu chaud mais l’ennemi a été repoussé les elfes sont arrivé de l’ouest au moment le plus intense de la bataille. Leurs mages ont balayés nombre de démon et leurs lames se sont enfoncées profondément au cœur de l’ennemi. »
- « Les elfes, alors ils sont venus ».
- « Et oui l’ami, ils ont quittés leur rivage pour nous soutenir, personnellement je pense qu’ils ont besoin de nous et ne pouvait laisser l’empire succombé après cette bataille. »
- « Merci mon brave et merci »

Je me recouchai. Après de longues semaines de repos…


Le vieil homme regarde autour de lui, les enfants ne l’écoute plus le sommeil les a emportées vers d’autres contrées. Il se lève et se dirige vers le salon. Un homme l’attend et lui adresse une mauvaise nouvelle. Le chaos est de retour dans l’empire, l’empire a besoin de nous.

- « Je ne suis plus le chevalier que j’étais, nous avons vaincu il y a des années. Mais maintenant c’est au tour de la nouvelle génération de les combattre, j’ai fait mon temps. »
- « Mais mon seigneur… »
- « Il n’y pas de mais, il y a juste l’envie de se reposer loin des conflits de l’empire et d’élever dans la paix mes petits enfants, mon fils donne déjà son sang pour l’empire. Vive l’empire mais sans moi »

Le vieil homme touche son torse et fait une vilaine grimace, le mal est toujours en lui-même une victoire amène parfois à la défaite face au chaos.



FIN
Texte N°10

Citation :
Assis sur les hauts remparts qui entourait la ville, il attendait.. Comme chaque jours, il s'était posté à la même place, attendant patiemment que les premières lueures de l'aube illumines les hautes montagnes qui protégeaient la région.
Doucement, les rayons du soleil chassaient les ténèbres des montagnes.. Il fixait, comme tous les matins les monts enneigés de ces montagnes qui dévoilaient ses immenses étendues blanches.
Il ne se lassait jamais de revoir cette image.. Lentement, il détourna son regard afin de contempler les étendues de forêts qui bordaient la somptueuse ville elfique, un léger vent se leva, agitant les feuilles des arbres, le sifflement produit par ce dernier se mêlait délicatement avec le doux chant des oiseaux, un moment unique, bercé par le son des cours d'eau.

Selnoris désirait revoir une dernière fois les magnifiques terres dans les quelles il avait grandit, car aujourd'hui, seule l'image de ces terres pouvait le rassurer pour ce qu'il allait endurer..
Il avait été choisi par le Haut-Conseil afin de se rendre avec un groupe de l'autre côté des montagnes, vers les Terres Sombres.. Ces lieux avaient pour légende d'être le berceau des Dragons, ces sublimes créatures volantes.
En réalité, ces terres ne sont qu'un vaste désert d'ossements où de violentes guerres opposes de puissantes créatures magiques aux hordes de monstres et de démons qui s'y trouvent.
Tous les vingt cycles lunaires, les grands dirigeants de la ville envoient des Elfes dans ces terres afin de s'assurer que les guerres qui opposes toutes ces créatures ne dépasses pas les frontières des montagnes et ne s'étendes pas au monde entier.
Chaque peuples de l'Ordre ont pour but de surveiller une des trois montagnes qui borde cette région. Les montagne enneigée sont surveillées par les Haut-Elfes, les Montagnes volcaniques par les Nains et tout le reste est surveillé par l'Empire.

L'heure approchait, les derniers Elfes quittaient l'armurerie, emportant avec eux le matériel et les armes qui pourraient les aider dans leur quête. Les ombres des hautes tours indiquaient que le soleil avait atteint son zénith, et que les dix Elfes qui constituaient le groupe devaient maintenant quitter la ville pour se diriger vers la montagne.
Tous regardèrent une dernière fois la ville avant de se mettre en route sous le regarde des Elfes qui étaient venus les encourager et leur dire ce qui pourrait être un dernier adieu.
Les portes de la ville se refermaient derrière eux, les laissant seuls face au danger qui allait les attendre.

Le groupe se mit en route vers les forêts qui bordaient la montagne. La région entière était recouverte de forêt luxuriante dans les quelles des dizaines de cours d'eau se faufilaient librement entre les arbres. Selnoris savait qu'ils leurs faudraient un peu moins d'une journée pour atteindre l'autre versant de la montagne. Durant leur trajet dans la forêt il s'arrêtèrent plusieurs fois afin de remplir leurs sacs avec les fruits qu'ils trouvaient.
Après quelques heures de marches ils arrivèrent à l'orée du bois et tous découvraient les collines qui formaient la base de la montagne. Le groupe continua son chemin vers la montagne tout en priant pour ne pas rencontrer de créatures.
Toutes les créatures qui vivaient dans les montagnes n'étaient pas forcement des bêtes sanguinaires. Il existant une espèce de canidé bien connu des Hauts-Elfes, les Loups de Lumière. Ces créatures vivaient dans ces lieux depuis la nuit des temps, rare étaient ceux qui en avaient rencontrer. D'après les légendes, leur nom leur vient de leur fourrure, un blanc si pure qu'il peux éblouir ceux qui le regarde. Rare étaient ceux qui avaient croisé ces somptueuses créatures.
Après avoir traversé les collines, le groupe fît une pause, deux Elfes montaient la garde tandis que les autres s'abreuvaient près d'une rivière. Après quelques minutes, ils se remirent en route. Selnoris était impatient de voir de ses propres yeux des dragons, mais l'idée qu'il pourrait mourir là bas ne l'encourageait pas.
Fur et à mesure qu'ils avançaient la température baissait, et des flocons commençaient à apparaître. Certains membre du groupe étaient partant pour faire une halte afin de se reposer quelques temps. Les rayons du soleils commençaient à disparaître et les forêts semblaient changer de couleur, comme si le printemps laissait place à l'automne, les feuilles passaient d'un vert pur à un orange brillant. Ce spectacle était unique, car les Hauts-Elfes n'allaient jamais dans ces montagnes. Après un moment de détente et de repos, le groupe se remit en marche. Les Lunes éclairaient leur chemin, les guidants à travers les ténèbres vers les sommets blancs.

Après quelques heures de marche dans les sentiers, le groupe trouva un abri ou passer la nuit. Ils s'organisaient afin de savoir qui allait prendre les tours de garde lorsque d'étranges bruits surgirent des environs.
Des bruits de pas irréguliers s'avançaient lentement vers eux. Deux Elfes décidèrent d'aller inspecter l'entrée de la grotte, lentement, ils avançaient, épée à la main. Après quelques inspections, tous deux retournèrent vers le groupe lorsque l'un des deux Elfes fut violemment plaqué contre la paroi par une force invisible. L'autre se précipita vers ce dernier qui étouffait. Fonçant vers la paroi, le second Elfe se stoppa net, il était immobilisé. Le groupe voulu intervenir, mais l'Elfe immobile fût jeté violemment contre le sol par cette force invisible. Voyant sont compagnon mourir, celui qui était plaqué contre la parois prit son glaive le lança droit devant, un cri perçant retentit dans la grotte. L'Elfe tomba à terre tandis que la créature invisible se montrait.
C'était un Enfant du Chaos de Tzeentch, d'immondes créatures ayant subies des dizaines de mutations sur tout leur corps.
Chaque pattes étaient différentes, une ressemblait à un serre d'aigle, une autre à un simple pique sanglant, une semblait avoir une mâchoire remplies de crocs tandis que la dernière ressemblait à un bras infesté de pustules. Son dos était couvert d'écailles qui allaient jusqu'au bas du corps et qui formait une queue d'où sortait d'immenses pics.
Près de la tête se trouvait une aile déchirée. Sous le corps de la bête avait poussé d'étranges crocs sortaient du ventre. Le tête restait la partie la plus répugnante du corps, une énorme mâchoire emplie de crocs irréguliers qui poussaient dans toutes les directions. Les yeux se comptaient par dizaines, et d'autres crocs poussaient sur la tête, comme une coiffe. Le corps entier de la bête était ensanglanté et des bouts de chaires pendaient sur tous le dos qui si là bête avait déchiqueté d'autres créatures avec sa carapace.
Le groupe saisit sa chance et se dirigea vers les deux Elfes pendant que la bête essayait de retirer la lame planté dans le cou. Des flèches furent décochées par les quelques archers qui allèrent se planter dans les pattes de l'animal. Ce dernier s'écroula, et les soldats profitèrent de cette occasion afin d'utiliser leur épées. D'horribles cris tantôt aigus, tantôt graves sortaient de toutes les gueules de l'animal qui se tortillait dans tous les sens essayant tant bien que mal de se défendre. D'autres flèches furent tirées frôlant les Elfes qui abattaient la bête. Après quelques instants les cris de la bête se turent. Tandis que la bête gisait dans une flaque de sang noire, les soldats allèrent s'occuper des blesser. L'Elfe qui fût jeté sur le sol était mort, l'autre était encore sous le choque et suffoquait.
Après une nuit de repos, le groupe se mit en route, passant une dernière fois devant la tombe du soldat mort au combat.

L'aube illuminait les montagnes, le groupe était près du passage qui leur permettra de pouvoir traverser. Durant leur voyage, ils ne croisèrent aucune bête du Chaos.. Quelques heures plus tard le groupe arriva enfin dans le col de quelques centaines de mètres. Tous regardèrent une dernière fois leur région qui semblait si petite vu d'ici, et ils entamèrent la marche à travers le col. La roche semblait creusée, comme si on avait volontairement fait ce passage pour les soldats. Après quelques instants de marche le groupe arriva en vu des Terres Sombres. Depuis ici ils avaient une vue d'ensemble de cette endroit. Les montagnes qui entouraient cette régions semblaient former un triangle. Malgré les nuages de poussières les Elfes pouvaient quand même apercevoir les troupes ennemis qui semblait ressembler à des fourmis, des milliers de fourmis qui se fonçaient dessus. Des lueurs de diverses couleurs apparaissaient quelques fois dans la masse. Le groupe ne pouvaient pas s'aventurer plus dans ces terres car le risque de survie était trop faible, même pour une armée entière.
L'ordre était de rester dans les montagnes durant un jour afin d'observer la bataille. Si l'une des factions de la bataille venait à disparaître, l'autre allait automatiquement chercher de nouvelles terres afin de combler sa soif de sang, et c'est pour cette raison qu'il fallait observer attentivement le déroulement de la bataille..
Les heures passaient, certains Elfes observaient tandis que la plus part montaient la garde. L'après-midi se passa dans le calme, et la nuit allait tomber.
Le soleil n'éclairait les Terres Sombre que durant l'après midi, et la nuit était beaucoup plus longue que la journée. Le groupe monta un camp pendant que le soleil éclairait encore un minimum les terres. Après quelques heures, les ténèbres avaient totalement englobé cette région, et aucune créature ne les avaient attaqués.

Soudain l'attention d'un Elfe fût capté par une lueur à quelques centaines de mètre dans la montagne. Elle avançait lentement, mais il faisait trop sombre pour savoir ce que c'était. La lueur continua d'avancer, mais disparu subitement. Ceci alerta les Elfes ce concentrèrent sur le lieu ou la lumière avait disparu. Une erreur fatale qui profita à une autre créature. Un Chien de Khorne surgît subitement de derrière un rocher, ce chien c'était glissé furtivement à travers la montagne pour s'approcher et attendre le moment propice ou il pourrait frapper ces proies.
Un Elfe qui faisait le guet décocha une flèche qui alla se loger dans le crâne du chien. Selnoris qui était assis à côté fût surpris par le réflexe du soldat.
La bête s'écroula sur le sol dans un rugissement perçant. Tout à coups, plusieurs hurlement se firent entendre à travers les sentiers rocailleux de la montagne. l'Elfe qui avait tiré la flèche ordonna à tout le groupe de fuir. Les Elfes se précipitèrent à travers le col afin de fuir. Les grognements étaient de plus en plus forts, soudainement trois chien apparurent sur les hauteurs. Les chiens se jetèrent sur les Elfes qui dégainaient leur épées. Selnoris et les autres continuaient de courir tandis que les autres tentaient de retenir les chiens. Ces bêtes n'était pas très résistantes, mais le vrai danger était qu'ils se déplaçaient par meutes entières.
D'autres surgirent par devant, des dizaines arrivèrent depuis les falaises, le groupe tenta de passer mais il devenait impossible de les combattre. Le groupe était encerclé et essayait de résister mais le flot continu de chien rendait la bataille perdue d'avance. Les sept membres tentèrent une percé à travers les molosses mais, l'armée de chien se jeta sur eux. Selnoris fût projeté par terre par deux chien, la bave du molosse coulait sur sont front, le choc l'avait sonné, et sa vision se troublait. Ses yeux se fermèrent lentement, tout en fixant le groupe qui essayait d'avancer dans la masse.. Un hurlement retentit soudainement, Selnoris voulu savoir d'où cela venait.. Une lueur sortie de derrière les rochers et se jeta sur les chien.. Il voyait les molosses fuir devant cette lueur, mais ses paupières se fermèrent complètement avant de pouvoir savoir ce que c'était..

Selnoris se reveilla quelques jours plus tard dans une pièce avec cinq autre de ces compagnons..
Un elfe s'approcha de lui et lui dit doucement : «Un loup...»
Un sourire illumina le visage de Selnoris qui se rendormit.
Texte N°11

Citation :
Quatre jours.
Quatre jours à courir derrière ces immondes bâtards.
Quatre jour d’une traque sans merci dans ces terres putrides.

Je me nomme Eridec, et mes frères Olic et Nurob.

Notre mission et seul but est l’éradication du mal sous toutes ses formes. Et dans cet exercice nous excellons.
Beaucoup nous considèrent comme des exaltés intégristes, des fous de Dieu manichéens capables de tout.
C’est possible !

Nous sommes la Trinité, une escouade d’élite, tueurs de sorcières et de démons.

La mort marche sur nos pas, la pitié ne fait pas partie de notre vocabulaire et aujourd’hui moins que d’habitude.

Nous sommes des répurgateurs.



Premier jour

Nous avons été envoyés dans le Nordland à la frontière de la Baronnie pour escorter une caravane de réfugiés, la missive est arrivée il y a huit jours, nous prévenant du départ prochain des paysans d’un village de la frontière dont j’ai oublié le nom.

Je ne voulais pas de cette mission, je suis un chasseur pas un guide.
Mon jeune frère, Olic a accepté sans hésiter. Une voie partout, Nurob doit décider.

Comme d’habitude.

Dans la Trinité il est Dieu et nous les archanges, on obéit sans broncher, il s’est imposé comme leader naturel et on a jamais cherché à contester ça.



On est arrivés trop tard, la caravane entière a été massacrée, la scène est à vomir.
On devait les retrouver au village, qu’est ce qu’ils foutent ici.
Femmes, enfants et vieillards massacrés, on reconnaît à la taille des corps, les têtes ne sont plus là.
Ca pue la magie noire, les corps violacés sont couverts de pustules, les charognards n’ont pas pu faire leur œuvre, les rats et corbeaux crevés jonchent le sol.
Poison !

La nouvelle mission est facile à deviner, on se regarde, on ne parle pas, la chasse commence.






Deuxième jour

On a bien fait d’emmener Uka, y’a pas meilleur que ce chien pour suivre une piste.
Les chevaux sont malmenés, ils ne tiendront pas si la traque s’éternise. Pas grave on en trouvera d’autres en route.
Rien ne doit nous arrêter.

Arrivés au village on comprend pourquoi la caravane ne nous a pas attendu.

La peste a frappé, c’est plein de mutants.
La poudre va parler.

La mécanique est parfaitement huilée, Uka me suit sans attaquer elle connaît son rôle, me défendre, ne pas mordre pour rien, cette putain de peste est contagieuse et j’ai pas envie de dresser un autre chien.
On avance en triangle, Nurob au centre un mousquet dans chaque main, aucun de ces monstres n’en réchappera, chaque tir fait mouche, les têtes explosent.
De chaque côté moi et Olic brûlons les maisons après les avoir visité.
Ne pas laisser une seule de ces charognes vivante.
Le feu divin fait son office, la purification commence.

C’est magnifique !!!

J’entre dans la dernière maison, Uka s’énerve, une trappe sous le tapis …
Une femme mal en point, elle a l’air malade, six gosses et un clebs.
Le mal ne doit pas se répandre, je referme la trappe, le feu fera le reste.

On continue, on sait que le travaille est bien fait pas la peine de vérifier.

Les chevaux ne vont plus tenir longtemps.



Troisième jour

Entrée sur les terres du chaos pas d’hésitation, pas de concertation nécessaire, ils doivent payer … ils vont payer.

Les chevaux n’ont pas tenu je le savait, on continue à pied, on a l’habitude.

La piste montre qu’on se rapproche, ici ils se sentent en sécurité ils vont prendre leur temps, on voit que la marche est moins pressée.

Grave erreur.





Quatrième jour

Bientôt l’hallali, la tension est palpable on sait qu’on va leur tomber dessus avant midi.
De la fumée, ils doivent manger. Ils parlent fort. Trop sûre d’eux.

Leur dernière erreur.

Ils sont dix d’après les traces, du trois contre un, rien d’inhabituel. L’effet de surprise est pour nous donc quatre de ces pourritures en moins rapidement.

Approche furtive, ne pas faire de bruit, faire attention aux pièges magiques.
Ils ont monté un camp, les têtes des paysans sont mises à sécher sur des piques tout autour.

On leur tombe dessus, ils n’ont rien vu venir, Uka broie la gorge du sorcier qui pend les têtes, Olic explose le crâne du second, je vise le troisième, il tombe, je tire … Bordel !
J’ai réagit trop lentement c’était pas ma cible, j’ai merdé.
Rattraper le coup. Recharger vite. C’est tendu y’en a un de plus que prévu.
Le chien s’attaque au dernier sorcier. Trop tard, il est sur son disque, il se retourne, Uka explose.

Les maraudeurs foncent sur nous, trois sur Olic, deux sur Nurob un sur moi.
Le mien tombe, pas le temps de recharger, foncer vers Olic, Nurob abat celui du duo le plus éloigné de lui l’autre est a portée de rapière, elle rentre dans le cœur, le maraudeur hurle, une bouteille d’eau bénite dans le fond de la gorge le fait taire.

J’arrive à temps, mon frère est au corps à corps avec les deux guerriers restants, l’autre est en train de flamber une torche plantée dans le poitrail.
Je sors un pieu, viser la nuque. Un coup parfait comme d’habitude.
Un mousquet crache, le dernier tombe.

Je suis soulagé, mon erreur n’a pas eu de conséquences trop graves, il va juste falloir dresser un autre chien, je m’en sort bien.

Ouch, une douleur violente, deux coups de feu, ils m’ont quand même pas tiré dessus, je regarde mon ventre un trou violet qui s’étend.
Putain ! le sorcier. Je l’ai oublié.

Dernière erreur.

Je connais ce sort, restera bientôt plus grand chose de moi, dans deux minutes je ressemblerai à ce qui reste du chien.

Je regarde mes frères, c’est fini ils le savent.


L’escouade va devoir changer de nom, sont pu que deux.
C’est con comme dernière pensée !

Y’a rien à faire, ils repartent, pas s’attarder, avec le boucan qu’on a fait on a du attirer du monde.

Un signe de tête en guise d’adieu.

Mission accomplie.
Le mal n’est pas passé.
Nous sommes des répurgateurs



FIN
Texte N°12

Citation :

Apres l’apparition de la peste chaotique, trois rois de l’Empire, des nations naines et des Hauts - Elfes, conscients de ne pas réussir l’exploit d’anéantir seul la menace, décident dans un grand Conseil des Sages d’unir leurs forces contre l’ennemi de plus en plus redoutable, cruel et féroce.
Voici le discours de Karl Franz, grand Empereur des armées, haranguant son peuple au nom de l’alliance…



Discours de l’Empereur Karl Franz à Altdorf
sur la création de l’ordre


« Dans notre Empire, glorieux et mutilé, Altdorf et ses environs sont témoins d'un des plus grands événements de l'Histoire. Nous attestons qu'ils en sont dignes. Si cette grande oeuvre se réalise, c'est parce que celle-ci doit répondre aux nécessités de notre temps telles que nous l’avons décidé conjointement avec nos amis des nations des Nains et des Hauts - Elfes.
C'est ici que, sur le sol des ancêtres, apparaîtra l’alliance ; l’alliance légitime, parce qu'elle repose sur l'intérêt et le sentiment d’union ; l'alliance suprême dont la souveraineté réelle sera dévouée du côté de la guerre, de la liberté et de nos innombrables victoires, tandis que la servitude n'en conservera que l'apparence et seulement l’apparence. La coalition triomphera de cette maladie qui profane l’âme de l’homme ! Nos intérêts universels seront capables de rétablir autour d’eux l'unité saine et l'unité impériale, d'assembler toutes les forces de notre monde, de porter la victoire à son terme, en commun avec nos frères.
Notre salut viendra d’un noyau bien au dessus de toute revendication et préoccupation de nation ou de race. Ces Hommes se dévoueront à la guerre, à la liberté et à la rénovation de notre intégrité ! Il faut avoir confiance en la force et en la ruse de notre puissante organisation aussi bien qu'en la victoire et en l'avenir, telles seront les moeurs de cette élite partie de rien et qui, malgré de lourdes pertes, devrait entraîner derrière elle tout l'Empire et toutes les puissances.
Mais, saluons ensemble l’assentiment immense de nos frères d’arme, de nos frères d’âme, leur volonté de survivre et de triompher, qui ont permis cet exploit unique mais indispensable s’il en est d’établir une marche commune. Cette famille que nous intègrerons ainsi que le pays nain et la nation elfe d’Ulthuan, dont le nom évoquera, tout autour de nous jusqu’à nos ennemis, notre désir insatiable d’un monde neuf, d’un monde sain et d’un monde débarrassé des répugnantes Peaux – Vertes, des pervers elfes de Naggaroth, et de nos anciens amis devenus cruels, sans vie humaine et qui, je le sais, étaient pour certains de vos amis ou de vos familles mais dont l’existence même est une profanation ! Notre grande alliance, je le dis et je le proclame devant vous, sera l’Ordre !
L’Ordre absolu, l’Ordre hégémonique, l’Ordre qui n’aura de cesse de lutter contre les nations destructrices tourmentées, avec rage, vigueur, fermeté et dignité ! L’avenir, comme nous le croyions auparavant, ne saura pas entre nos seules mains mais bel et bien l’apanage des trois plus grands royaumes de notre monde, trois royaumes unis et soudés pour combattre le mal jusque dans ses plus profonds bastions ! Notre lutte pourra prendre fin seulement si toutes les pensées damnées sont écrasées et c’est dans ce sens que nous irons, sans relâche, jusqu’à la victoire finale.
A ce doute, à cette angoisse de la mort et de la dépravation, une grande nation comme la nôtre ne doit céder à aucun moment. Si rude que soit notre marche, il serait indigne de nous et mortellement dangereux de la suivre d'un pas trébuchant. Les faibles peuvent s'épouvanter. Mais nous, nous sommes des hommes libres, capables de nous battre pour la survie et le salut, sans nous noyer de chimères : belle charogne de l’esprit !
La nouvelle guerre qui s’annonce va bouleverser les conditions de l'existence et de la puissance de l’Empire. Renouveau militaire, puisque nous dominerons le front ; renouveau des institutions puisque nous ne saurons plus seuls ; renouveau impérial, car, de la victoire découle les territoires ; renouveau extérieur, enfin, dès lors que nous aurons des alliés fiables, brillants et consensuels. Au milieu de la confusion de nos coeurs, rien ne nous importe plus que de regarder en face les causes profondes de son inquiétude, afin d'y voir clair sur le chemin qu'il lui faut suivre. Notre unité souveraine, alors qu'elle sera en proie aux pires difficultés, devra se surpasser ! Mais, cette prime ne sera possible que si vous le décidez car que serions nous sans nos peuples fidèles, vous êtes l’avenir et ensemble les peules nains, elfiques et humains vaincrons, surmonterons et enfoncerons dans les ténèbres les plus abyssales les ennemis pestilentiels de l’Ordre ! »

Karl Franz
Texte N°13



Citation :
Les chroniques de Zieg : Bataille de Karak-Kadrin

Nous allions perdre, c'était inévitable. Jamais la fin ne m'avait semblé si proche et déjà j'appréhendais le contact glacé et métallique de l'épée dans ma chair. Et alors que nous peinions à contenir les assauts de plus en plus brutaux de cette vague monstrueuse qui déferlait sur nous, j'en venais à me demander quelle folie m'avait mené ici.



J'aurais pourtant dû savoir qu'accompagner Zieg dans sa croisade était un acte suicidaire. J'abhorrais naturellement les fanatiques, et c'était le pire d'entre eux. Ce bœuf Norse bardé d'acier, haut comme un troll, avait voué sa vie entière à l'Empereur et lui obéissait aveuglement. Commandant la prestigieuse compagnie du Grizzly de l'Empire, il avait acquis une notoriété telle, que certains lui vouaient déjà un culte. Zieg l'immortel, glaive salvateur du Reikland, Pourfendeur du Chaos ou Fléau des Orcs ; autant de titres pompeux et démesurés. Pourtant aucun d'eux n'était usurpé, car Zieg, bien plus qu'une une force indomptable, était un meneur homme comme il en existe peu.

Plongé au cœur du tumulte, au plus profond de la mêlée, ce géant au cou taurin pouvait vociférer les ordres avec une telle véhémence, que sa voix rauque et puissante venait couvrir le fracas des lames et les hurlements. Son cri déclenchait la clameur guerrière de ses hommes, les plongeant dans une transe meurtrière. Animés par un instinct purement animal et ayant éradiqué toute trace d'humanité en eux, les guerriers Grizzly scandaient en cœur leur litanie de bataille, semant la mort dans les rangs ennemis avec une inouïe sauvagerie. C'était là sa vraie force, il inspirait le courage et la folie chez les siens et la terreur chez l'ennemi. Même les hordes du chaos craignaient cet ours venu du nord.



Mais aujourd'hui, nos troupes se faisaient décimer et j'apprenais à mes dépends que le courage ou la folie avaient leurs limites et que la peur ne pouvait rien contre une marée de monstruosités. Nous livrions un combat désespéré au beau milieu d'une tempête de neige. Les nains de Karak Kadrin, ne pouvaient plus assurer la protection de nos flancs ; ils avaient étés balayés par l'assaut combinés des hommes-bêtes et des hordes skavens, condamnant les forces impériales à lutter sur plusieurs fronts. Le moral des soldats, déjà sérieusement entamé, avait fini par être anéanti, lorsque qu'un Démon Cornu était apparu au cœur de la bataille, émergeant de l'enfer dans un nuage de souffre empoisonné. Et malgré la hargne contagieuse des Grizzly de Norsca, qui, dans une fiévreuse danse de mort étaient parvenus à s'engouffrer dans les rangs ennemis telle une tornade d'acier, nous avions abandonné tout espoir. Zieg nous avait promis cette victoire. Mais Zieg nous avait mentis et je maudissais ce fou. Alors que je combattais pour ma vie, je ne pus en cet instant réprimer un rire dément, hystérique.



« Trop tard » pensais-je, alors que je me débattais dans le blizzard déchainé. Oui, il était trop tard pour ruminer, trop tard pour avoir des regrets.

Lorsque le monstre nordique avait pris sa folle décision, celle-ci était devenue irrévocable. Personne au palais n'avait pu lui faire entendre raison car Zieg était au moins aussi redoutable à la cour que sur les champs de bataille, son visage anguleux, couturé de cicatrices dissimulant un esprit des plus vifs. Ses yeux gris acier, nichés sous de larges arcades, décelaient la moindre faille, même au travers des voiles opaques que tissaient les langues les plus habiles. Son intelligence était si aiguë et sa répartie si mordante, que son verbe incisif s'abattait tel un couperet, laissant les politiciens et beaux parleurs pantois, désarçonnés. Ce jour là, sa sagacité avait eu raison de ses plus fervents détracteurs, et arguant qu'une fois les cols envahis par l'armée du chaos, nous ne pourrions stopper le flot entropique qui se déverserait alors sur l'Empire, il sut convaincre l'assemblée et justifia sa campagne insensée.

Je le maudissais pour ne pas avoir écouté les parasites de la cour, ces conseillers joufflus engraissés de gibiers, ou ces petits nobles mielleux et ricaneurs lovés dans la soie.



Autour de moi, la bataille faisait rage. La compagnie des Loups de Kislev venait de se disloquer, et ses féroces guerriers étaient désormais autant de fourmis fuyant le pied écrasant de la Horde. Quant à son chef, le cruel Baron ; il avait fini embroché sur la lance barbelée d'un chevalier du chaos, devenant l'Etendard morbide d'une armée ivre de sang. La situation était critique et j'étais désormais tiraillé entre la promesse que j'avais faite et l'urgente nécessité d'agir. Les Grizzly tenaient toujours bon dans la mêlée, plus féroces que jamais, mais ce n'était qu'une question de temps avant que les Berserkers Norse ne cessent leur danse et ne finissent en charpie. Il était donc grand temps pour moi, de tenter ma chance, même si pour cela il fallait que je brise mon serment.



Cela faisait longtemps que je n'avais usé des arts obscurs, c'était la le prix à payer pour gagner la confiance de l'Empereur et mon rôle de sorcier s'était borné à la défense et l'assistanat. J'en étais réduit à contrer la sorcellerie ennemie et minimiser son impact, ou bien apporter mon expertise lorsque la magie noire était à l'œuvre. Zieg, pensait que les maléfices et sortilèges pouvaient corrompre l'âme guerrière de ses hommes et instiller la peur dans leur cœur. Pour lui, même cantonné à un rôle purement défensif, la présence d'un Sorcier, fût-il parmi l'élite de l'Empire, était bien plus un mal qu'un atout. Non, le Norse ne m'aimait pas, et sans que sa haine à mon égard fût ostentatoire, son aversion pour les gens de mon espèce marquait en permanence son faciès d'un rictus de dégout. Il ne pouvait le réprimer, c'était ancré au plus profond de l'âme de son peuple.



La pression sur nos flancs s'exerçait de plus en plus fortement et la puanteur du chaos empestait l'air. La mort sous sa forme la plus bestiale et malveillante continuait d'étendre son ombre sur nous et je sentais monter en moi, les litanies impies de Morr que mon esprit avait scellé il y a longtemps. La terreur avait fait resurgir les arts oubliés qui étaient en sommeil, tapis dans l'ombre de mon âme. Le plan de Zieg avait échoué, et il ne pouvait s'assurer la victoire sans mon aide. Inconsciemment, je commençai alors à entonner un chant séculaire et levai mon bâton vers un ciel assombri par la tempêté. Mon corps s'était mis à trembler convulsivement, envahi par ces forces ancestrales qui peu à peu se libéraient. Cette énergie galvanisait mon être, et plus que jamais je me sentais engoncé dans une gangue de chair, étriqué dans une enveloppe prête à exploser. J'avais envie de hurler. Les veines sous mes tempes tambourinaient avec force tandis que mes yeux irradiaient d'une chaleur volcanique. Puis les convulsions se firent tremblement et je pouvais presque sentir les os de mon corps céder sous cette force incontrôlable. La douleur étant devenue insupportable, je ne pus retenir un hurlement qui retentit avec une telle violence qu'il en déchira le ciel, son écho résonnant dans la montagne.

Finalement, la souffrance finit par disparaître, laissant place à un étrange bien être. Entièrement consumé par une puissance qui n'avait rien de ce monde, j'étais investi des pouvoirs de destruction de Morr , devenant son instrument, son bras armé. C'est presque mécaniquement, que je pointai alors mon bâton vers la horde vociférante qui dévastait notre troupe. L'enfer de déchaina sur l'ennemi.



Sang, sueur, cris d'agonies et flammes dévorant autant les hommes que les bêtes.

Possédé par l'essence du Dieu de la Mort, j'abattais aveuglement son courroux, sans distinction aucune, ivre de puissance. Autour de moi, le champ de bataille n'était plus qu'un brasier sur lequel je régnais. J'étais tel un diable fou dansant dans un nuage de cendre et de neige, avide de chair brulée. Ma barbe et mes cheveux s'étaient embrasés, ne laissant de moi qu'une silhouette vaguement humaine, fantôme parmi les flammes.

C'est alors que je l'aperçu. Il avait bondi de la mêlée, tel un tigre enragé. Ses muscles d'acier étaient tendus jusqu'à l'extrême, sa longue chevelure ébouriffée, échappée de son casque fendu, lui conférait un aspect bestial. Il n'avait plus rien d'un homme, ni même d'un ours. La bave écumait de ses lèvres et son regard azur brillait d'une haine démente. Il me fixait, et malgré la force qui m'animait, je sentis mon ventre se vriller de peur. J'étais une proie, sa proie. Zieg avait du sentir le déferlement de puissance et son instinct meurtrier l'avait fait quitter la mêlée pour le mener à moi. Alors que la confrontation me paraissait inévitable, je me préparai à l'impact.

Puis il s'élança. Il fonça vers moi avec une inouïe célérité, brandissant sa hache, fendant en deux au passage un skaven venu entraver sa course. Je psalmodiai rapidement une incantation de flamme, bien déterminé, à le transformer lui aussi en torche. Mais alors que j'entonnais rapidement le sortilège dans une langue impie, il disparu soudainement de mon champ de vision. Paniqué, je secouai la tête, le cherchant du regard ; pour constater avec effroi qu'il s'était littéralement envolé au dessus de moi et abattait son énorme couperet. Il poussa un grognement inhumain et frappa. Dans le même moment un geyser de feu jaillissait de mon bâton et je détournais le regard.

Son coup avait fait mouche, et le mien aussi.

Sa hache s'était enfoncée au plus profond de la chair, et le démon cornu qui était sur le point de frapper dans mon dos, poussa un cri strident.

Zieg , resta un interminable moment accroché à son arme, alors qu'il était littéralement engouffré dans un manteau de feu. Il hurlait, non pas de douleur, mais de haine. J'étais paralysé, ne comprenant que trop tardivement l'horreur de la situation. Ce n'est pas moi qu'il était venu chercher, et j'avais pris sa vie au moment ou il sauvait la mienne.

Le géant du Nord et le Démon finirent par tomber ; couple improbable unis dans un linceul de flammes.

Foudroyé par cette vision, et ne pouvant plus contenir un tel bouillonement d'énergie dans ma frêle enveloppe, je sombrai et m'évanoui.
Lorsque mes yeux s'ouvrirent le jour se levait. L'aube faisait courir son manteau de lumière sur une mer carmin jonchée de cadavres, ses rayons se réfléchissant sur les lames et armures figées dans glace.

Nous étions une poignée à avoir survécu et nous errions, hagards, parmi les corps. Malgré le froid mordant, le sol gorgé de sang brûlait encore du feu de la bataille. La totalité des forces du chaos avait été détruite ; nous avions gagné. Je pensai à Zieg avec amertume, car sans lui rien n'aurait été possible. Sans son insistance, Sigmar sait qu'elle funeste sort aurait été réservé à l'Empire, si la horde du chaos, n'avait pas été stoppé dans les cols Karak-Kadrin. Pourtant, il était mort de mes propres mains et j'aurais à porter ce deuil jusqu'à mon trépas. Malgré mon serment, j'avais fait appel à ce savoir honnis, souillant mon âme d'une marque indélébile. Oh bien sur, je n'allais pas supporter ce fardeau bien longtemps car inquisiteurs et répurgateurs allaient se charger de moi, et auraient tôt fait d'effacer la corruption à coup de tisons brûlant et autres engins de torture. C'était la le destin réservés aux hommes comme Zieg ou moi-même ; le sacrifice pour la survie de tous. Nous étions tout deux des martyrs, mais alors que son nom serait à jamais porté aux nues, le mien au contraire serait traîné dans la boue des siècles durant. Je me mis assis et nichai ma tête dans mes mains maculées de sang séché, et pour la première fois de mon existence, j'explosai en sanglots.
Texte N°14

Citation :
Hommes de Sigmar !
Je lis dans vos yeux la crainte de l'ennemi.
Je lis dans vos yeux que vous ignorez comment combattre ces monstres, Hommes de l'Empire, j'ai les réponses à vos questions.
Nous les combattrons avec le fer, nous les combattrons avec courage, mais avant tout, nous les combattrons avec notre foi en Sigmar !
Magnus le Pieux, à la Bataille des Portes de Kislev

Ces paroles sont les premières et les dernières qui auront résonné dans mon esprit depuis une lune.
J’ai quitté mes terres pour rejoindre les troupes de l’Empire et combattre l’invasion barbare. Mon humilité me trahit. Mon épée me protège avec justesse et ma conviction est grande ; je suis fidèle à mon Empire. Le voyage jusqu’au campement m’a semblé interminable et chaque pas n’a fait que me rapprocher un peu plus de ma sombre destinée.
A mon arrivée, les sergents nous ont attribués à des détachements comme on trie le bétail. Les visages blafards et meurtris que j’ai croisé ont traduit l’abomination qui me tend les bras. Ici, l’entraînement sert à préparer son corps à la souffrance qu’il va subir, non plus à manier le fer avec agilité. Ma peur a grandit à mesure que les soleils se sont succédés et les mots quotidiens que nos supérieurs clament sans cesse sont ceux de Magnus le Pieux, à la Bataille des Portes de Kislev. L’hommage à Sigmar nous réunit aux aurores et crépuscules, mettant nos corps et nos esprits à l’unisson des fers et des flèches qui danseront bientôt avec nos ennemis.
Les lueurs de l’aube ont pointé trop tôt ce matin. Les peaux se couvrent de métal, les têtes se protègent, mais les cœurs saignent avant même qu’un alliage se forme entre l’adversaire et soi. La crainte qui se lit dans les regards est semblable à celle de la bête que l’on abat. Les cors résonnent. La bataille nous sommes. La cadence parfaite des marches des détachements est comme le reflet des battements dans nos poitrines. La route est courte cette fois, le temps semble se hâter. Le front est sous nos pieds.
L’indignation est mère de ce qui se présente sous mes yeux. L’Ennemi combat avec force et vigueur. Il progresse vite, mutilant le moindre corps étranger. Sa lame acérée perce les chairs et saigne les gorges. Il achève les blessés avec sadisme et perversion en savourant le spectacle du cadavre qui se tord face à la mort qui l’emporte. Les premières lignes tombent.
A nouveau les paroles de Magnus le Pieux résonnent. Les sergents nous envoient lutter décidant de ce fait de l’heure de notre perte.
Je progresse entre les lignes ennemies, mon esprit me quitte, la survie guide mes gestes. Mon épée résiste, elle va à bout des corps repoussants de l’ennemi. Elle déchire les membres, réduit les corps en lambeaux de chair. Le sang coule sur ma lame, il nourrit ma haine, et me rend plus brave. Je ne veux pas accompagner la dame noire ce soir.
La rigueur de l’Empire laisse place à un chaos où les fers se mêlent, les rangs se dissipent, les cadavres s’entassent. Les unités se brouillent. Les feux des mages illuminent le ciel noir, décor de cette macabre scène. Les membres ennemis se consument sous les pluies incandescentes des sorciers flamboyants. Les barbares vacillent. Leurs corps difformes sont tranchés tel l’animal qu’on égorge. Je transperce ces êtres mutés avec pour seule force le venin de la vengeance qui coule dans mes veines.
Malgré l’hostilité qui me porte, l’éreintement me submerge, je ne vois pas la lame qui vient sur moi. Je la sens traverser mes entrailles. La douleur est trop vive qu’elle éteint mes sens. Je n’entends plus le ricanement cruel du barbare qui m’achève, mais je sens son souffle sur mon front à mesure qu’il enfonce son mal en moi. La vue me quitte, un voile fin recouvre l’horreur ambiante dans laquelle je baigne. Je tombe. La chaleur des corps inertes sera mon lit funèbre. Ma dépouille s’ajoutera aux vies sacrifiées. Les paroles de Magnus le Pieux me bercent vers cette nuit infinie. Je suis un Homme de Sigmar. Je suis un Homme de l’Empire.

Texte N°15

Citation :
Le Répurgateur.


Markus Valkendorf tenait fermement la crosse de son pistolet, pointé droit sur le front de la jeune fille. Il ferma l'oeil gauche, plus par habitude que pour améliorer sa visée, car à cette distance-là, il était impossible qu'il la rate. En outre, il était persuadé que ses balles étaient guidées par Sigmar lui-même pour se loger dans les hérétiques. Les hérétiques du genre de cette traînée, de cette sorcière, de cette abomination! Oh, oui, elle avait bien essayé de se défendre, de dire qu'elle n'était que guérisseuse! Foutaises! Les seuls guérisseurs tolérables étaient ceux qui dispensaient les bienfaits de Sigmar, les prêtres. De plus, il avait très tôt décelé en elle la marque de l'infâmie, traduisant son appartenance au Chaos. Elle avait les yeux vairons, un bleu et un vert. Un signe qui ne trompe pas, probablement une mutation de Tzeentch.
Il la maintenait au sol en écrasant son pied sur le torse frêle de la fille. La force de l'homme l'empêchait de se débattre, et elle se savait condamnée. Un bref rictus, déformé par la haine, se dessina sur le visage du Répurgateur alors qu'il pressait le détente. Une violente détonation se produisit, accompagnée d'un épais nuage de fumée noire.

La fumée se dissipa. Le cadavre de la jeune fille gisait au milieu de sa propre chaumière, à l'endroit où l'impitoyable Répurgateur était venu la débusquer, accompagné de quelques villageois, plus venus pour assister au spectacle que pour aider le Répurgateur. C'était Klaus, le fils du forgeron, qui avait fait appel à Markus Valkendorf. La jeune guérisseuse avait violemment refusé ses avances, et il en avait pris ombrage. Markus ne s'était pas fait prier pour se déplacer, en entendant qu'une sorcière tourmentait les habitants d'un village situé presque sur sa route. Et quand Markus se déplaçait, les hérétiques trépassaient, en général dans la souffrance. Il avait cependant été magnanime avec celle-là, à cause de son très jeune âge, à peine seize ans, et lui avait infligé une mort rapide. Elle était qui plus est d'une beauté remarquable, et en d'autres circonstances, d'autres temps, Markus aurait été sensible au charme de la jeune femme. Mais il fallait être intransigeant avec les hérétiques, et les détruire tous quels qu'ils soient, même les plus séduisants éléments. Surtout les plus séduisants éléments. Combien d'âmes avait-elle corrompues, cette sorcière? Combien d'hommes avait-elle damnés? Combien d'enfants avait-elle écorchés vifs, bouillis et dévorés avant qu'il ne mette un terme à sa vie de débauche? Aucun, d'après le témoignage de la majorité des habitants, mais elle avait vraisemblablement embué leurs esprits avec de sombres maléfices.
Markus rechargea son pistolet et l'enfonça dans l'étui prévu à cet effet, qui pendait en bandoulière, en travers de son torse. Il renversa quelques meubles de la modeste chaumière de la « sorcière », et s'empara de quelques objets de valeurs, bijoux et piècettes, qu'il enfourna dans une des poches de son long manteau de cuir. Il prélevait toujours un petit butin, pour couvrir ses frais, et, bien entendu, pour le culte. Il se saisit alors de la torche que portait Klaus, qui l' avait accompagné jusqu' à la maison de la jeune fille, et la lança sur la chaume, qui prit feu presque instantanément.

Il serra la main de Klaus, en lui rappelant que Sigmar veillait désormais sur ce village et qu'il avait chassé les forces obscures à l'oeuvre ici, et se remit en route vers sa destination initiale, Nuln. Il était à la fois inquiet et heureux de retourner à Nuln. Inquiet, car on l'avait appelé d'urgence en ville. Il redoutait qu'elle ait sombré dans les ténèbres et la décadence. Mais il était heureux car il était né et avait grandi à Nuln. C'est là qu'il avait intégré la prestigieuse Ecole d'Artillerie Impériale. Il se destinait à être artilleur, comme son père avant lui. Jusqu' au jour où le canon qu'il dirigeait avait explosé dans un fracas terrible. Tous les servants avaient péri, sauf lui. Il avait prit un large éclat du fût du canon dans le crâne. Dès lors, Sigmar lui apparut en rêve régulièrement, comme pour lui rappeler qu'il lui devait la vie. On dit, à l'Ecole d'Artillerie, qu'il avait perdu la raison, mais Markus savait que là-haut, son dieu l'observait. Il décida donc d'arrêter sa formation d'artilleur, et, pour remercier Sigmar de lui avoir sauvé la vie lors de l'explosion du canon, de lui dédier sa vie. Depuis dix-sept ans maintenant, il sillonait l'Empire pour détruire le Chaos et tuer les hérétiques. Il faisait partie du dernier rempart de défense contre les Dieux Sombres. Il était Répurgateur.
Texte N°16

Citation :
Une certaine vision du bonheur


Il ôta son gant droit et le jeta au sol. libérée de l'étreinte du cuir, il agita la main pour rétablir la circulation contrariée et constata avec soulagement qu'il ne tremblait pas. Malik s'était souvent demandé quel handicap supplémentaire pourrait lui infliger la peur. Il connaissait désormais la réponse. Ses doigts se refermèrent délicatement sur le manche de sa hache que cette matinée d'hiver avait rendu délicieusement froid. Il resta un petit moment sans bouger pour reprendre son souffle, calmer son angoisse, et laisser grandir en lui le profond sentiment d'excitation qu'il avait senti naître au contact du fer glacé. Son état ne le dérangeait plus; certaines sensations ne peuvent s'oublier. On disait autrefois qu'il pouvait vaincre n'importe quel ennemi les yeux fermés. Aujourd'hui cette idée le faisait sourire. Sa longue carrière sur ce poste frontière au service de l'empereur lui avait forgé une réputation qu'il avait soudainement perdu quelques semaines auparavant. Il n'aurait pas du être là et il le savait. Malik prit une profonde inspiration et fut immédiatement envahi de senteurs et de sonorités qui lui étaient depuis longtemps extrêmement familières. Conscient de la subjectivité du bonheur, il était parfaitement à même d'identifier le sien: l'état d'ivresse dans lequel le plongeait ces stimuli ne lui laissait aucun doute. Ce pays l'avait vu naitre, et désormais, il le verrait mourir pour sa préservation. La stratégie officielle de Karl Franz était de ne pas perdre le poste frontière, mais Malik était en profond désaccord. Pour lui, chaque parcelle de la Terre du Nord foulée par les hordes du Chaos était une souillure insupportable qui méritait la hargne au combat la plus absolue. C'est pour cela qu'il avait conduit ses hommes plus loin que prévu, dans un lieu dont il n'aurait pu souffrir la perte.


Malik ne put s'empêcher d'éclater d'un rire sans joie: la magie de l'endroit contrastait terriblement avec le sérieux de sa situation actuelle. Ses compagnons l'imitèrent nerveusement, mais il savait que seul son état lui permettait de saisir la cocasserie du moment. A deux mètres, trois peut-être, les ennemis restaient silencieux, mais la cadence de leur odieux ronflement trahissait l'excitation et la volonté morbide d'en finir au plus vite. La horde ennemie formait un cercle et Malik avait d'abord été surpris de constater que son petit groupe en constituait le centre. Il percevait les regards affolés de ses compagnons d'infortune. Sans doute lui reprochaient-ils la naiveté qui les avait conduit tout droit à une mort sans gloire, inutile à l'Empire. Sans doute étaient-ils désormais de l'avis de ceux qui avaient voulu l'écarter. Il regrettait à cet instant de ne pouvoir les rassurer, de ne pouvoir leur communiquer le fabuleux bien-être dans lequel il s'était surpris quelques secondes auparavant. Malik savait qu'il devait gagner leur confiance. Contrairement à eux, il était volontaire pour défendre la frontière Nord et ceci n'avait pas manqué d'élever les plus odieuses rumeurs à son sujet. Ces gens là ne pouvaient pas comprendre et il aurait été parfaitement inutile de leur en vouloir. Ils n'étaient d'ailleurs pas, pour la plupart, des habitants de la Terre du Nord. La seule chose importante à cet instant était de mourir en repoussant les animaux qui leur faisaient face, en s'assurant que leur sang profane nourisse longtemps les terres sacrées qu'ils avaient osé considérer comme conquises.

Le souffle des ennemis se fit plus rapide et des cris rauques parcouraient leur formation. Un sourire mauvais étira le visage mutilé de Malik. La confrontation était imminente et il se sentait bien. Il savait qu'il était suicidaire d'attendre la charge adverse. Elevant sa hache, il fendit l'air brutalement en la faisant tournoyer, espérant que ses hommes comprendraient ses intentions, ce que les bruits de fourreaux ne tardèrent pas à confirmer. Autour d'eux, les monstres fulminaient de rage et semblaient également se préparer au combat. Le corps surchargé d'adrénaline, Malik s'élança droit devant lui.
Il ne percevait pas les bruits de la bataille, ni les mouvements de son corps. Il ignorait pourquoi il frappait à un endroit plutôt qu'à un autre. Il savait simplement qu'il ne pouvait pas perdre; que la rage qui déformait ses traits n'avait pas d'équivalent dans le camp adverse. Il se sentait bien. Il n'entendait ni ne voyait les pertes infligées et subies mais il savait que le rapport de force s'était inversé. Le surnombre ennemi n'était plus du tout un problème. Malik avait désormais le sourire aux lèvres. En cet instant, afficher un visage plus neutre lui aurait demandé un effort considérable qu'il se refusait à fournir. A mesure qu'il frappait, son esprit se dissociait de sa grossière enveloppe corporelle. Il ne ressentait plus la douleur, Il était autre: léger, joyeux, extrêmement à l'aise. Il prenait plaisir à la lutte, son handicap n'existait plus durant ces instants de violence acharnée.


C'est alors qu'il survint, l'événement. Pas de doute possible, tout avait changé. Les cris de douleurs s'étaient estompés puis avaient totalement disparus. Un silence insupportable ramena brusquement Malik à la réalité. C'était fini. Non. Il recula, la respiration haletante. Il ne voulait pas quitter la félicité provoquée par ces quelques minutes de bataille. Il tourna la tête de droite et de gauche à la recherche desespérée d'un mouvement hostile. A nouveau, il ne voyait rien. Il ne pouvait percevoir que le silence, prisonnier de son enveloppe charnelle diminuée, incapable d'assister à la victoire, incapable de contempler la contrée qu'il venait de préserver. Il lacha sa hache et tomba à genoux, passant la main sur ses paupières et maudissant la lame orque qui, quelques semaines plus tôt, lui avait ôté la vue. il posa ses mains sur la terre chérie, espérant trouver le réconfort. Des larmes coulaient sur ses joues et il savait qu'elles étaient rouges.

Texte N°17

Citation :
« Un réveil »



Je me réveille.



Il est tôt. C'est aussi bien. Je suis déterminé. C'est au levé du jour que ma chasse sera la meilleure. Ma chasse, ma vengeance, ma colère reprennent. J'avais abandonné, j'avais fui, las de combats sans fin. Mais cela a changé.



Avec ces jours d'entre saisons où les brumes tardent à se lever, je vais reprendre les chemins pour offrir une mort silencieuse aux malheureux qui croiseront ma route. Mes errances me conduiront peut être de nouveau vers des lieux plus peuplés que mes montagnes. Cela sera je le souhaite l'occasion de croiser d'anciens compagnons de bataille qui ont eu le courage et la ténacité de poursuivre la lutte contre nos ennemis. Des ennemis que j'ai laissé vivants et triomphants sur les ruines de ma terre.



J'avais tout abandonné comme un lâche. Ma guilde, mes compagnons, ma femme, ma demeure, mes butins, mes trophées, ma colère … tout. Aujourd'hui je vais tout reprendre. Et j'en aurai bien plus. Plus de butins, plus de morts. Par-dessus tout, plus de morts. Ils se remémoreront la douleur de mes traits, tourneront le dos au déluge de mes flèches s'abattant sur eux. Ils maudiront mon nom comme je maudis leurs vies et leurs infamies. Ils redouteront la brume comme annonciatrice de ma venue. Leurs peines seront me bercer pour oublier la lâcheté de ma fuite.



Plus vite, plus fort, plus nombreux, si je veux pouvoir sortir de ma brume protectrice et me remontrer au grand jour sans une once d'honte, ils devront être plus nombreux à périr, mes coups devront frapper plus forts, et mes flèches devront tomber plus vite. Le chemin de mon retour sera long, je vais devoir arpenter nos terres en long et en large pour redonner à mon nom sa grandeur.



Et plus mon nom sera porté haut par mes faits, plus ces infâmes elfes noirs goûteront l'amertume de la défaite. J'enfoncerais leurs visages pervers dans la fange de ces porcs d'orcs. Même si cela me demande de combattre aux cotés des nains et des humains. Ils ne méritent que peu ma présence dans leurs rangs. Je ferai fie de leurs faiblesses et de leurs insignifiances pour me servir d'eux comme des armes pour abattre encore plus de traîtres. Ils me permettront d'avancer plus loin dans les terres ennemies. Là où je pourrais semer milles morts.



Pour que chacun puisse de nouveau redouter ma présence, la hampe de mes traits seront peints de rouge. Rouge comme le sang qu'ils feront couler en transperçant les membres des félons et des monstres du Chaos qui se dresseront devant moi. Rouge comme ma colère. J'irai au plus profond de leurs terres s'il le faut pour les harceler, les pourchasser, les débusquer dans leurs tanières, leurs grottes, leurs forts, leurs capitales. Aucune cache, aucun mur, aucune porte ne pourra stopper mes flèches, ma rage et ma colère. Rien ne m'arrêtera, pas même la mort.



Je suis un guerrier fantôme.

Je chasse.

Je tue.

Je suis seul.


Je suis réveillé.
Texte N°18

Citation :
Il fait nuit, vous déambulez dans les rues d'Altdorf et vous croisez sur votre chemin une taverne, au même instant une envie irrésistible de vous désaltérer vous assaille. Vous ne pouvez résister à la tentation et poussez la lourde porte en bois de l'établissement. Lorsque vous pénétrez dans la taverne, vous remarquez un vieil homme debout sur une estrade. Toute la salle a les yeux rivés sur lui. Vous commandez un verre de vin auprès de la serveuse et vous vous installez à une des tables. Le vieil homme qui jusqu'à présent était resté silencieux se décide enfin à bouger les lèvres, vous tendez l'oreille.

"Laissez moi vous conter une histoire oubliée de tous, que seuls les vieillards comme moi peuvent connaitre. Il s’agit de la bataille de Magritta. Cette histoire se déroule en l'an de grâce 1457 pendant les Croisades menées par l'Empire contre l’Arabie dans une cité portuaire, à l'extrême Sud de l'Estalie, nommée Magritta."

L'orateur marque un temps d'arrêt pour s'assurer qu'il capte entièrement l'attention de son auditoire. Au même moment la serveuse dépose sur la table, devant vous, un verre de vin. Vous vous en emparez et buvez une longue gorgée. Vous écoutez toujours le vieil homme mais vous vous sentez bizarre. Les bruits autour de vous s’estompent peu à peu. Est-ce le vin qui vous fait cet effet ? Vous n’entendez plus que la voix du vieil homme. Votre vue se trouble, la taverne disparaît, vous fermez les yeux quelques instants. La voix du conteur n’est maintenant plus qu’un simple murmure. Vous ouvrez à nouveau les yeux…

Vous êtes juché, en armure de combat, sur un destrier caparaçonné. L'atmosphère est pesante, des odeurs acres de sable et de sang vous parviennent jusqu'aux narines, vous transpirez dans votre armure de plaques sous la chaleur que dégage le soleil, de longues volutes de fumée noire s’échappent tout autour de vous. La ville est à feu et à sang.
Haroooooooooooo, Harooooooo ! Vous entendez au loin le son d’un cor de guerre. L’armée impériale vient de rompre les rangs face aux assauts répétés des troupes arabéennes, c'est la débâcle, l’ordre est donné. Il faut se replier au coeur de la ville, autour du temple et tenir la place quoiqu’il en coûte. "


Vous entendez au loin les officiers arabéens aboyer leurs ordres aux troupes qu'ils commandent, dans une langue qui vous est totalement inconnue.
Les assaillants se rapprochent inexorablement. Vous faîte pivotez votre monture sur elle même et regardez autour de vous. Vous êtes entourés de tous les cotés par l'ennemi. Vous jetez un regard en arrière et vous réalisez que les murs du temple de Myrmidia se dressent derrière vous. La statue de la Déesse de la Guerre contemple la scène de son regard impuissant. Vous et les chevaliers qui ont pu se replier jusqu'ici, êtes dos au mur et vous avez l’intime conviction que c’est votre dernier combat. Vous serrez davantage les reines dans vos mains et attendez le signal pour jeter toutes vos forces dans un assaut final et désespéré. La tension est palpable, votre destrier lance un hennissement nerveux. Vous avez toutes les peines du monde à le maintenir. Alors que l'ennemi se fait de plus en plus proches vous prenez un ultime instant pour vous recueillir. Vous regardez le visage de cette Déesse. Toutes vos prières se portent vers elle.

Dans un bruit étourdissant les lanciers arabéens chargent dans votre direction. Vous levez votre épée au ciel et tombez lourdement au sol. Votre monture vient de vous désarçonnez en se cabrant et s'enfuit apeuré au triple galop. Un des vôtres vous aide à vous remettre sur pied. La première vague de lanciers est déjà sur vous. Le combat est imminent.
Vous taillez d'estoc à gauche à droite dans ce mur de chair et d'acier, vous tranchez le bras de votre adversaire direct qui s'écroule au sol dans un cri d'effroi et de douleur tout en contemplant avec des yeux exorbités, le geyser de sang qui s'échappe de son bras raccourci, votre voisin a eu moins de chance que vous, il gît à terre dans une marre pourpre, le ventre crevé par une lance. Un second combattant se précipite sur vous. Il est stoppé net par votre lame qui vient de fendre son crâne. Vous avez à peine le temps de parer le coup suivant qu’un cimeterre venu de nulle part se fraye un chemin au travers de votre cotte de maille et finit sa course sanguinolente dans votre cuisse. Un long filet rouge coule le long de votre jambe. Vous laissez échapper un cri de douleur, vous sentez vos forces vous abandonnez. Votre cuisse est recouverte de sang."

Vous sentez une main vous secouez l’épaule. Vous êtes en sueur. Vous reprenez peu à peu vos esprits, vous venez de rêver tout éveillé et vous êtes à nouveau dans la taverne. Le conteur s’est arrêté et toute la salle vous jette des regards de travers. Vous palpez votre cuisse, elle est humide. Vous regardez votre jambe, elle est recouverte d’un liquide rougeâtre. Est-ce du sang ? Etes vous blessé ? Cela semblait tellement réel. Vous commencez à paniquer. Vous jetez un regard sur la table. Votre verre est vide, il s’est renversé sur vous. Vous réalisez alors que ce n’est que du vin. Vous poussez un soupir de soulagement.

Un des spectateurs se lève et réclame la suite de l’histoire.
"Que s’est il passé ensuite pour ces chevaliers ? "

Vous vous levez à votre tour et prenez la parole.
"Alors que l'armée arabéenne commençait à les submerger, une vive secousse ébranla le temple faisant lourdement chuter l'imposante statue de bronze à l'effigie de la déesse Myrmidia sur le général en chef ennemi, l’émir Wazir le Cruel protégé par ses hommes d'élites appelées la Garde du Cimeterre Noir. Réalisant que leur chef venait de mourir écrasé, l’armée arabéenne battit en retraite, laissant le temple et la ville aux mains des rescapés. Pour les chevaliers survivants cela ne faisait aucun doute. Ce jour là, la Déesse Myrmidia avait entendu leur prière et était intervenue en personne pour les sauver. Lorsqu’ils rentrèrent au pays, ils érigèrent au cœur de Talabheim un temple en l’honneur de la Déesse Myrmidia et fondèrent l’Ordre des Chevaliers du Soleil Flamboyant."

Le conteur visiblement étonné ne peut s’empêcher de vous questionner.
Mais comment savez vous tout cela jeune homme ?

Vous fixez le vieil homme dans les yeux et lui répondez.
"Je le sais parce que j’étais à la bataille de Magritta… "
Texte N°19

Citation :
Fatalité.

Ce sont des mercenaires, des ombres qui errent de batailles en lieux de débauche, de la vie à la mort.

Le cortège avançait fébrilement, menant un dernier combat pour rentrer chez soi, en bravant la route boueuse et les bourrasques de vent qui projetaient la grêle sur la colonne en marche comme autant de projectiles meurtriers, crachés par les dieux. Jusque sur les routes, ils étaient la lie de la société, les rebus qu’on voulait voir au plus vite s’éloigner. Et là, le ciel lui-même leur faisait comprendre toute l’antipathie qu’on avait à leur égard. Mais pour ceux qui avaient sillonné les routes du Vieux Monde de long en large, pris part aux combats les plus sanglants, s’étaient extirpés des situations les plus périlleuses, eux qu’on recrutait pour la besogne ingrate, souvent en première ligne, âmes de peu de valeur dont on payait la chair une fortune, qu’on se réjouissait presque de voir mourir avec soulagement, ceux-là, refusaient de se soumettre. Alors, dans le brouhaha assourdissant des grêlons qui frappaient le sol, s’abattaient sur eux et percutaient les bâches des chariots, la compagnie qu’on aurait cru obéir à la cadence imposée par le tonnerre comme on bat le tambour aux galères, avançait inlassablement.

Les pieds s’embourbaient dans une mêlasse épaisse qui exigeait un effort à chaque pas, arrachant des halètements équivoques, alors que les chariots eux-mêmes nécessitaient d’être poussés pour aider les chevaux à les tirer. On n’y voyait pas plus loin que son nez, les arbres couvrant déjà un ciel d’une noirceur abyssale, alors que la pluie dressait devant leur regard un voile aveuglant. Et nul n’aurait osé lever les yeux, au risque de mourir noyé ou d’avoir le crâne fracassé.

Il y avait dans ce retour de campagne une odeur de fatalité comme si, même à l’approche d’une permission tant méritée, où chacun allait pouvoir oublier en dépensant sans compter une solde qui serait bien vite dilapidée, le destin devait s’acharner encore pour leur rappeler que l’éclaircit n’est jamais qu’un bref moment entre deux tempêtes dans leur vie. A mesure qu’ils progressaient, le chemin devenait presque impraticable et le poids de leurs vêtements imbibés d’eau, rajoutait considérablement aux efforts à déployer pour poser un pied devant l’autre.

En tête du cortège, le capitaine semblait transpercer l’obscurité de son regard. Les ombres dansantes, l’agitation des branches qui vomissaient alors des trombes d’eau accumulées plus haut dans la cime des arbres, les illuminations quasi divines des éclairs qui sublimaient dans des moments éphémères et figés, le décor au travers duquel ils traçaient leur route, étaient autant d’images, réminiscences de leurs dernières campagnes. Il se remémorait de manière fugitive, la mort de ses derniers compagnons d’armes, du sang versé pour des guerres que les grands de ce monde entreprenaient comme on organise la fête des moissons, avec l’esprit mercantile et l’espoir de se tailler chaque année une part un peu plus grosse dans le gâteau du Vieux Monde. Alors qu’aux frontières de celui-ci, les hordes chaotiques des dieux de la Destruction et de la haine, venaient s’écraser par légion sur les remparts fébriles et déjà longuement éprouvés, défendus par quelques héros désespérés, convaincus de mener là, un combat vain, pour gagner une échéance avant la fin de tout. Car même serrés à la gorge, les humains, les nains et d’autres peuples encore, trouvaient le temps de se disputer des lopins de terres, des richesses diverses et variées, nerfs de la guerre, pour lesquels ils donneraient tout, sauf leur confort, pourvu que leur vie, souvent bien avancée se finisse dans les meilleurs conditions et peu importe leur descendance.

Mais cela Malheur, capitaine de la Compagnie des Loups d’Ostland, s’il en avait conscience, s’en contrefichait éperdument. Mourir demain contre le Chaos ou mourir aujourd’hui dans une guerre opposant l’homme à l’homme, la différence se faisait dans le prix qu’on lui paierait pour combattre et cela seul, ainsi que quelques autres facteurs, lui imposaient un choix. Qui étaient-ils eux, mercenaires, pour s’intéresser à l’avenir du Vieux Monde ? Savoir leur vie en danger ? Leur descendance en péril ? Cela pouvait-il avoir un écho sensé dans l’esprit de ceux qui étaient rejetés de tous, qui avaient tout perdu pour ou par la folie de ce monde ? Finalement, le jeu n’était-il pas de savoir plutôt si à leur tour, ils pourraient défier la vie et remporter une manche ? Alors, ils sillonnaient le monde, engagés par les plus grands et les plus riches, pour répondre à leurs caprices du pouvoir ou aux nécessités d’une situation délicate, contre de l’or. L’or, la seule richesse pour laquelle l’homme se damnerait tant et tant que le Chaos n’en serait plus qu’un reflet finalement éphémère de l’atrocité dans laquelle l’humanité se complaisait, jamais satisfaite de ses biens, convoitant toujours ceux des autres, jusqu’à jalouser son propre sang.

Alors que la compagnie semblait à bout de force, un hennissement déchirant vint troubler la progression. Les bêtes commencèrent à s’énerver et les montures des officiers piétinaient sur place. L’instinct vint extirper dans les tripes des hommes, un sursaut d’énergie pour affronter l’insondable danger. La colonne s’était arrêtée et un sentiment étrange, un malaise s’empara de la compagnie, jusqu’aux animaux eux-mêmes. Si la corruption chaotique était fluctuante et que toutes les terres frontalières étaient plus où moins contaminées, il y avait là quelque chose d’insidieux et de malsain. Les chiens grognaient furieusement et malgré les ordres de leurs maîtres, les bêtes ne se calmaient pas.

Un éclair vint pourfendre le ciel et offrir un spectacle qui glaça d’effroi la compagnie qui resta pétrifiée de stupeur pendant des secondes qui parurent interminables. Aux alentours, tout était dévasté ; les arbres calcinés jonchaient le sol, alors que les ruines encore fumantes trahissaient l’ampleur du brasier qui avait fait fureur. Les bâtisses éventrées offraient à la vision des mercenaires, leurs panses béantes, où des cadavres éparpillés jouaient des scènes immobiles, dans des attitudes terrifiées. Ici et là, on pouvait voir des bêtes décharnées comme dévorées et la route avait imprégné la couleur du sang pour ne plus s’en défaire. L’obscurité retomba et l’image du spectacle macabre n’eut pas le temps de s’imprimer dans la mémoire des hommes, que déjà, un autre éclair raviva la scène. Et ce fut pour clore un chapitre déjà insoutenable. Des créatures difformes, aux couleurs criardes et irréelles, aux regards pervers ; horreurs vivantes que seuls des démons avaient pu enfanter, apparurent dans le décor atroce. Là-bas, l’une d’entre elle se redressa alors qu’elle était plongée quelques secondes auparavant dans les entrailles d’un cadavre d’enfant. Un peu plus loin, une autre fit retentir un cri strident et sinistre.

Les premières d’entre elles chargèrent. La monture de Malheur fut attaquée au flanc et à l’encolure. Dégainant son épée il fendit la tête de l’assaillant dont le sang vint éclabousser son visage. Il chuta lorsque son cheval se cabra avant de s’affaler au sol. Se ressaisissant il hurla ses premiers ordres.

« AUX ARMES ! EN RANG SUR TROIS LIGNES !»

Le cor retentit brutalement dans la nuit pour donner l’alerte. Les mercenaires formèrent trois lignes de front de part et d’autres des chariots. Ils se regroupèrent du mieux qu’ils le purent malgré la confusion, pour encaisser l’assaut des créatures démoniaques.


«DETACHEZ LES CHEVAUX DES CHARIOTS ! ET PIEDS A TERRE !»

Les sergents répercutaient les ordres qu’on entendait à peine tant le vacarme était assourdissant. Les cris de ralliement retentissaient alors que la pluie faisait le bruit de la mitraille. Les chiens aboyaient sauvagement en réponse aux beuglements torturés des démons. Une boule de feu ardente traversa la ligne de vue. Elle percuta de plein fouet une créature qui s’embrasa et s’écroula. Le choc de la charge frénétique des ennemis fit résonner les boucliers.

«RESSEREZ LES RANGS ! PAS DE BRECHE !»

L’éclat des armes qui percutaient mortellement l’ennemi, trouva un écho dans le râle de ceux-ci. Ici et là des mercenaires s’écroulaient, frappés par des sphères scintillantes que projetaient les démons. A peine étaient-ils tombés que les combattants étaient tirés à l’écart du combat pour être remplacés par d’autres. La compagnie réussit tant bien que mal à retrouver sa coordination au prix de plusieurs minutes d’un calvaire pendant lequel de nombreuses pertes étaient à déplorer. Lorsque les sergents firent rapport de l’état et de la formation des lignes, Malheur brailla alors de nouveaux ordres.

«ARBALETRIERS ET ARCHERS EN SOUTIEN ! ON TIENT LE CONTACT ! CREVEZ MOI CES HORREURS !»

La compagnie reprit peu à peu le dessus et lorsque les lignes de vue furent complètement dégagées et qu’aucun mercenaire ne risquait d’être un obstacle, les mages s’en donnèrent à cœur joie. Les sortilèges destructeurs illuminèrent la nuit et un véritable carnage commença. Les boules de feu et les explosions de magie éventraient la masse grouillante des démons. Le combat devint alors moins inégal. Les créatures démoniaques firent entendre des hurlements insoutenables. Ils accusaient la douleur des flammes magiques et des flèches ardentes. Au contact, la compagnie s’était transformée en une carapace de boucliers, hérissée de piques, sur lesquelles venaient s’empaler les horreurs maléfiques. Les heures s’écoulaient et le combat se poursuivait, rythmé par les ordres braillés qui s’élevaient dans la bataille.

«FLANC GAUCHE EN DEBORDEMENT ! AVANCEZ LES CHARIOTS JUSQU’AU REMPART EST !»

La cohésion revenue, les mouvements étaient plus fluides et la compagnie agissait de nouveau comme une meute. Après avoir assuré leurs arrières, ils concentrèrent leur force pour jouer habilement du terrain et prendre le dessus. Dès lors, il n’y eut plus de perte dans les rangs et l’assaut des créatures diaboliques faiblit.

«TENEZ BON ! ILS BATTENT EN RETRAITE !»

En effet, les créatures firent marche arrière et disparurent peu à peu dans les sous-bois. Elles avaient été réduites à accepter une défaite improbable, alors que tout les avantageait auparavant. Mais dans ce combat bestial, l’instinct de survie des loups d’Ostland avait été le plus fort. La pluie avait cessé et le vent ne sifflait plus dans les branches des arbres. Le calme revenu, on n’entendait plus que les gouttes qui chutaient des arbres et le ruissellement de l’eau dans les ruines. La compagnie haletait, extenuée. Les premiers soins ne tardèrent pas à être apportés aux blessés. On rassemblait par la même occasion, les corps atrocement mutilés des mercenaires tombés au cours du combat. Pourtant, malgré l’accalmie, Il était hors de question de rompre les lignes de défense. Ils durent veiller toute la nuit, abrités derrière leurs boucliers et leurs lances. Ils puisèrent ainsi dans leurs dernières forces. Le moindre bruit mettant alors leurs nerfs à l’épreuve. Ils tinrent ainsi la position jusqu’à ce que le soleil soit sorti de sa grotte sous la terre, et vienne embraser le ciel pour étendre sa clarté au monde et réveiller les vivants.

Malheur ne dormit pas de la nuit. Et au petit matin, il observa alors une scène de désolation comme peu l’avaient touché jusqu’alors. Car cette fois-ci, les ruines étaient celle de leur ville de rattachement : Wolfenburg. La cité avait été réduite en cendre, mise à feu et à sang, passée à saque. Leur ville, leur point de chute, là où, entre deux grandes campagnes ils venaient chercher du bon temps, trouver le repos mérité et dilapider leur solde dans l’insouciance. Ils venaient de perdre leur seul repère terrestre, là où ils avaient rencontré la famille à laquelle ils avaient donné leur vie ; la Compagnie des Loups d’Ostland.

Ce sont des mercenaires, des ombres qui errent de batailles en lieux de débauche, de la vie à la mort… qui n’ont pour toit que la voute céleste, pour foyer le théâtre de la guerre et pour lesquels il n’existe aucun répit et beaucoup de misères.
Texte N°20

Citation :
UNE NUIT DANS PRAAG


Ce soir en me promenant dans les ruelles sombres de notre ville de Praag … ville en ébullition, remplie d’hommes en armes, d’archers, de mages et même de nains, tous attendant l’armée du chaos qui sera ici dans quelques jours.
Je n’étais pas né lorsque la dernière invasion eut lieu, ni même mon père, il reste quelques nains pour se souvenir de ça.

Mais je repense à une fameuse nuit où bien des années auparavant je fus confronté au chaos à l’intérieur de nos murs. Non pas par des déments pensant qu’ils vont avoir la vie éternelle en torturant leurs voisins ou quelques sectes prônant la fin du monde, non, par une chose.

Par une nuit glaciale, nous vîmes une femme arriver à notre poste de garde.
Elle tremblait et ne semblait pas pouvoir parler. Elle était en état de choc.
Elle portait des vêtements bourgeois et semblait encore en age d’enfanter.
Elle avait les cheveux bruns, elle était petite et assez mince. Ses yeux marron étaient hagards.
On l’a fit s’asseoir près de notre feu. Elle était gelée mais le plus bizarre était qu’elle avait du sang sur elle sans aucune blessure. Enfin de ce que l’on pouvait voir…
Après bien des palabres, et une fois assise, Ivanov et moi-même, les deux seuls de la milice qui soient de gardes dans ce quartier, on avait réussi à lui arracher ces quelques mots.

- Allons madame, qui êtes-vous, que vous est-il arrivé ?
- Mon mari a disparu.
- Comment ça ?
- Vous devez aller là-bas, il est en danger !
- Mais où cela madame ? Vous avez rencontré des bandits ?

Elle se mit à pleurer. Nous attendîmes patiemment qu’elle aille mieux pour continuer son interrogatoire.

- Madame, madame, si vous ne nous dites pas ce qu’il s’est passé, nous ne pourrons pas vous aider.
- Ca a pris mon mari.
- Qui ça madame ? Le sang que vous avez sur vous vient de lui ?

Elle regarda ses vêtements et fondit en larmes.

- Et bien toi, tu sais t’y prendre, dis je tout bas à l’attention de mon collègue.
- Ca va ! Comment aurais-je pu le prévoir, on n’est pas médecin ou prêtre.
- Madame, voulez-vous que je demande à un prêtre de venir ? De quelle religion êtes-vous ?

Après quelques minutes, elle s’arrêta de pleurer. Et elle nous regarda l’un après l’autre.

- Vous voulez quelque chose à boire ? Elle nous fit signe de la tête.
Ivanov prit dans ses affaires un alcool de contrebande qu’il avait saisi quelques heures plus tôt et qui, par nos soins, était presque vide.

Elle prit la bouteille d’alcool d’Ivanov, se mit à en boire et finit par vider la bouteille.
- Eh madame arrêtez !



Elle commença à parler comme un automate, une personne qui avait craqué et qui restait en état de choc. J’avais vu ça lors d’une descente de toutes nos forces chez un boucher qui avait tué sa femme devant ses enfants. Les regards de ces bambins étaient les mêmes que celui de cette femme.


- Je me nomme Andréa, je suis de passage avec mon mari dans Praag pour affaires ; ce soir nous avons décidé de visiter votre ville, et nous voulions voir les bâtiments antérieurs au siège des tribus du nord, ceux qui avaient résisté à leurs machines de guerre. Nous nous promenions près du Théâtre de Schuttlespeder. On s’était dit en le voyant comme ça que ce devait être fabuleux d’assister à une représentation de Geheimann ou à un récital de Zeugunerkle. Nous étions en train de discourir de l’aspect de la salle, la couleur de ses sièges, les marbrures sur les balcons, la qualité du velours des rideaux. Nous nous étions éloignés du centre de Praag, lorsque nous remarquâmes que les rues avaient un aspect plus vétuste, plus ancien que celles que l’on avait prises auparavant. Nous décidâmes de rebrousser chemin, on nous avait dit que les rues n’étaient pas sures en dehors du centre ville à la tombée de la nuit. Nous ne retrouvâmes pas notre chemin et nous débouchâmes sur une rue étrange. Elle se nommait Nierdertrachtigstrasse, je me souviens de son nom car la pancarte était rouillée et ne pendait plus que par une extrémité.

On ne voyait plus grand-chose, il n’y avait personne, pas de lumières aux fenêtres et avec le crépuscule qui approchait, on devait se diriger à tâtons, tant la rue était mal entretenue.

Elle n’était pas pavée, la boue collait à nos chaussures et c’était épuisant d’avancer comme cela, surtout avec la peur de faire une mauvaise rencontre. Il commençait à ne plus faire très chaud, le vent s’était levé depuis quelques minutes et ça devenait vraiment pénible.

J’étais assez angoissée à l’idée de tomber sur un coupe jarret. A un moment donné, Rodolphe chuta et manqua de peu de m’entraîner avec lui.

Il se releva en jurant et moi je contemplais, horrifiée, la cause de sa chute. C’était un homme, enfin, les restes d’un homme à même le sol, sur le dos. Il avait les bras devant lui comme s’il était tombé de tout son long. Il avait les mains et la tête enlevées.

- Comment ça madame ? On lui avait coupé ?
- Je ne sais pas, ils n’étaient plus là… il y avait une substance poisseuse là ou devait se trouver sa tête… je mis quelques instants à comprendre que c’était du sang. Rodolphe me prit par le bras et colla une main sur ma bouche. J’ai pensé à ce moment là qu’il allait me salir avec sa main maculée de boue. C’est fou comme certaines idées vous traversent l’esprit. Il enleva précieusement sa main en me disant de ne pas crier.

Il regarda le mur de la maison qu’indiquait la position du corps. Elle était à quelques pouces du cadavre. Il m’indiqua de la main une tache sur la façade. On la distinguait assez mal.

Le mur semblait brûler, on voyait de la fumée sur la façade mais on aurait dit qu’elle était emprisonnée dedans. Des visages apparaissaient et se mettaient à crier puis s’évaporaient ? Tout cela commençait à éclairer la rue.



Mon mari me dit de garder le silence, il s’approcha du mur et le toucha de sa main.
Il est tiède me dit il. Et là, le mur sembla s’animer et aspira la main de mon mari. Celui-ci se mit à hurler de peur. En quelques instants, il fut plaqué contre la façade et finit par être aspiré totalement. Je restais là, dans la rue, seule. Je l’appelai… en vain. Tout d’un coup je vis le mur se recouvrir de visages de nouveau mais cette fois ci ils hurlaient, c’était une cacophonie qui semblait m’appeler.
Parmi les voix, il y avait celle de mon mari. Elles me promettaient des choses, des plaisirs inavouables.
Je me suis mise à courir, j’entendais des mots dans ma tête. Tous les murs des maisons me semblaient prêts à vouloir m’avaler… Je vous ai trouvé par hasard.

Nous gardions le silence.
- Vous me croyez folle c’est ça ?
- Ecoutez madame, nous allons attendre que les hommes de ronde reviennent et nous allons aller voir cela, d’accord ?
- Il faut y aller maintenant, il est peut être blessé, s’il vous plait !
- Tout ira bien, ne vous en faites pas, je pense savoir où cela se trouve, dis je.
- Tu ne vas pas y aller seul quand même, il faut être à plusieurs
- Ne t’en faits pas, j ai grandi pas loin de la bas.
- D’accord, je préviens le capitaine dès qu’il arrive.

Nous attendîmes quelques heures, le reste des miliciens revenant d’une ronde particulièrement agitée et en compagnie de quelques fouteurs de trouble venant passer la nuit dans nos geôles.

Je reportais l’histoire à mon capitaine. Un homme de haute stature, parlant peu mais agissant de façon énergique pour garder un semblant de calme dans notre périmètre.
Après s’être tiré la moustache plusieurs fois, il décida d’aller voir cela avec deux hommes.

Bien des heures plus tard, nous constations leurs disparitions.
Le matin, un des plus anciens miliciens qui n’était pas de factions cette nuit là, apprit la nouvelle. Il alla prévenir l’église de Sigmar et nous demanda de ne pas bouger avant qu’il revienne.

Plusieurs prêtres se présentèrent chez nous pour qu’on les guide au lieu dit.
Les prêtres portaient tous un gros marteau de guerre, et certains avaient des cicatrices qui ornent normalement les visages d’hommes d’armes et non pas de prêtres…. J’avoue que je ne prie pas assez mais depuis ce jour là, je ne loupe plus un office.

Nous arrivâmes le matin même et ne trouvâmes aucune trace, si ce n’est sur le mur des taches de sang presque évaporées.

Les prêtres nous demandèrent de maintenir la foule en dehors d’un périmètre suffisamment loin pour ne pas les affoler, et de ne pas toucher à quoique ce soit de cette maison. Je ne sus ce qu’il se passa après si ce n’est des hurlements et des gémissements qui retentirent ! Nous vîmes de la fumée s’échapper de par-dessus les toits et nous entendîmes bientôt un crie ne pouvant être issu d’aucune gorge humaine, un mélange de haine pure et d’agonie. Plus tard, je sus que deux prêtres périrent dans une lutte pour purifier la maison.



Alors que je me renseignais, un des prêtres me dit tout bas :

- Le chaos est partout mon fils, et lorsque l’armée de Asavar Kul le désavoué fut anéantie par Magnus le pieux, une partie de sa malfaisance est restée ici. Il arrive qu’elle prenne possession de personnes ou même d’objets comme cette maison qui sont alors prêts à détruire toute vie.
Nous devons utiliser toute notre foi ainsi que la magie à notre disposition afin de détruire la source du mal.

- Mais il y en a beaucoup de ces manifestations ?
Les manifestations sont rares mais elles existent. Praag a été prise et envahie bien des fois par le chaos... si bien que sa marque impure reste toujours dans ces lieux.


Depuis ce jour, je reste sur mes gardes, je me suis acheté à grands frais un pendentif en forme de marteau, symbole de Sigma. Même avec cela, lors des patrouilles de nuit, je ne peux que frémir et repenser aux hurlements que j’ai entendus. Vais- je les réentendre de nouveau avec cette armée qui s’avance ?
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