[Maudith]

Un hurlement vient de déchirer la nuit. Se peut-il vraiment qu’il soit sorti de ma propre poitrine ?

Ma tête n’est que douleur. Mon cœur cogne si fort que je le sens qui résonne jusqu’au bout de mes doigts crispés. La gorge nouée par la peur et mise à vif par la violence de mon cri, je peine à reprendre mon souffle.

J’ai encore rêvé d’elle…


Elle s’approche de moi, ombre qui se glisse derrière les fines tentures de ma couche. Je la perçois plus que ne la vois, je la sens plus que ne l’entends. D’une main délicate, elle écarte les pans de tissu qui me dévoilent soudainement la splendeur d’un corps que l’on croirait sculpté par une main divine.

Elle s’approche de moi, drapée dans un nuage de senteurs enivrantes. Mon âme est touchée par sa grâce et, comme si soudain s’étaient ouverts à moi les plus grands Mystères de la foi, je commence à ressentir les prémices d’un puissant désir. Un souffle providentiel fait frémir les fines soieries qui ne masquent que faiblement ses rondeurs splendides, sublimées par la lumière vacillante des lampes à huile.

Elle s’approche de moi, comme mue par ce souffle devenant brise miraculeuse qui, répondant à mon désir croissant, écarte l’étoffe et me permet d’entrevoir l’un des Seigneurs de mon adoration. Un feu céleste prend possession de mon ventre avide de ses vertus.

Elle s’approche de moi, si belle qu’on l’absoudrait sans hésiter de tous ses pêchés pourvu qu’elle pêche encore… et encore… Ses lèvres généreuses au dessin si parfait s’entrouvrent. Les mots qu’elle soupire chantent à mes oreilles de voluptueuses louanges portées par des vents divins. La chaleur irradie tout mon être et je sens monter en moi des élans de fervent partage.

Elle s’approche de moi, son regard me promet l’accès aux plus hautes sphères du Paradis. Sa peau diaphane rappelle l’albâtre des statues glorifiant le Tout Puissant dont elle se fait la messagère, distillant les promesses d’un avenir meilleur. Je ne suis plus que brasier attisé par l’ouragan de mes sens…

Elle s’approche de moi et me touche. Et le voile de la grande supercherie se déchire soudain, faisant place à l’amère et repoussante réalité. La blancheur de sa peau est celle des idoles païennes et ce sont les flammes des Enfers qui rongent mes entrailles à cet instant. Sublime traîtresse, vile déesse, elle tente perfidement de m’attirer hors du Chemin par ses charmes maléfiques. La terre s’ouvre au-dessous de moi, ses lèvres purpurines découvrent un sourire carnassier. Me voici pris au piège des apparences, trompé par la faiblesse de ma foi, au bord d’un gouffre sans fond qui inexorablement m’attire. Je me débats, je lutte, je prie, je hurle…


J’ai encore rêvé d’elle… Comme toutes les nuits. Elle, vile tentatrice, maîtresse de mes fantasmes inassouvis, symbole du vice qui me ronge. Elle, dont le regard chargé de promesses vient désormais hanter mes nuits et souille mon âme par les artifices du malin.

Ma tête n’est que douleur mais ne sera bientôt qu’un souvenir dans la souffrance qui étreindra bientôt délicieusement tout mon corps lorsque le cuir mordra ma chair à vif. Mon cœur cogne fort et rythmera bientôt mon châtiment. Ma gorge vibrera bientôt au son des psaumes que mon souffle court portera jusqu’aux Cieux.

Et lorsque j’aurai assez souffert, lorsque mon corps aura été purifié, alors viendra le moment d’absoudre mon âme. Car Mitra pardonne à ceux qui dispensent sa parole et mettent fin au règne des faux dieux perfides.

Bientôt je retournerai à Tarantia. Je retrouverai cette fille au détour d’une rue. Et par la grâce du Tout Puissant, je la purifierai.


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Un faux BG puisque je ne compte pas jouer ce type de personnage. Juste pour le plaisir...
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