[BG] Mémoires fragmentées.

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CHAPITRE I
Histoire guildesque.



(Extrait du "Grand livre d'Arkham Circle", 6 Juinssidor 637, auteur: anonyme)



Il était une fois, dans la jolie province d’Amakna, un groupe d’aventuriers braves et valeureux. Leurs cœurs étaient aussi purs que leurs intentions, et faire régner la paix leur seul dessein…

Regarde autour et chuchote:

Non mais vous n’allez pas croire un truc pareil quand même??! Ca c’est la version officielle, homologuée par la Dofus Guild Corporation, rien à voir avec la vérité, qui, comme tout le monde le sait, est ailleurs.

Alors voila.
Il était une fois, en effet, un groupe d’aventuriers considérés comme les pires loosers que Hécate n’ai jamais porté. Leur vie se résumait à une interminable série de défaites et d’échecs, de coups reçus, et de fuite face à l’ennemi.
Mais le destin sourit parfois, même aux plus médiocres d’entre nous.

Une nuit, une parmi tant d’autres, ils cuvaient à la taverne, se lamentant sur la mort de leur dernier percepteur.
L’un d’eux, tentant de se faire un oreiller avec la Gazette d’Astrub, eu tout de même la présence d’esprit de jeter un œil au titre et de leur lire l’article qui allait changer leurs vies.
« Hééééééééé !!!!!! Beuherghhhhhhhhhmondebouarrrrrrrdemainouaissssssssborgggggggh ».
Puis il vomit.

Pour des raisons de compréhension, je vous traduis ici sa lecture.

« Oyez, oyez ! Demain à l’aube, une vie d’aventure s’offre à vous ! Suite à la découverte d’un nouveau monde parallèle, que nos scientifiques ont nommé Sumens, il y’a fort à parier que ce dernier va connaitre une grande vague de migration, blablabla. »

Le lendemain matin, malgré un mal de tête persistant, la plupart d’entre eux se mirent sur le départ, avec une seule certitude: leur vie ne pouvait être pire ailleurs.
Ils changèrent de forme et de nom, et apprécièrent avant tout les joies de l’anonymat. Personne ne leur jetait de détritus, et à vrai dire, cela était reposant.

Les premiers mois dans ce monde ne furent pas pour autant glorieux mais ils s’entraînèrent sans relâche. Pour certains, cela consistait à tuer tout ce qui bougeait, surtout si c’était plus petit qu’eux, pour d’autres c’était s’attacher pieds et mains à leur ateliers.
C’est vrai, ceux là, on les a un peu obligés.

Septange arriva, les feuilles mortes aussi. Oui, celles qui te rappellent à mon souvenir. Mais je m’égare.
Donc Septange arriva, et l’ordre qu’ils avaient créé commençait à se faire connaitre. Ils pouvaient enfin voler les plus faibles, défiler au zapp, avoir dans leurs rangs des guerriers dont la réputation de gobeurs de flans aux blops n’était plus à prouver.

Pendant ce temps, nos amis couraient main dans la main au ralentit sur les plages de Sufokia, se roulaient dans l’herbe verte d’Amakna, toujours au ralentit, c’est plus classe. La belle vie en somme.
Cela aurait sûrement pu durer longtemps encore, mais c’était sans compter sur la nature profonde des descendants des douze dieux de Dofus.
L’insatisfaction, les conflits d’intérêts, le besoin de reconnaissance en font aussi partit. Si bien que leur union, si solide, commençait à s’effriter à mesure que leurs pouvoirs grandissaient. Pas d’histoire d’anneau cependant, à peine une sombre histoire de Koliet Acloux disparu d’un coffre.

Et ce qui devait arriver, arriva. La rupture. Certains partirent, d’autres s’accrochèrent au navire, d’autres encore s’en foutaient et continuaient à s’entraîner à courir au ralentit. Le temps passa, chacun mena sa vie de son coté.

Flovor arriva. Passe l’automne vienne l’hiver, et que la chanson de Prévert. Mais je m’égare encore.
Flovor arriva donc, apportant avec lui un étrange personnage : Amadeus Arkham.
Il réunit les plus anciens membres de la première communauté et leur raconta son histoire. Il en avait assez de soigner des fous poursuivis par des chauves souris et les terres d’Amakna l’avait charmé car son péché mignon était de regarder les artisans anglo-saxons travailler. En effet, il aimait le craft en anglais.
Il proposa à nos aventuriers de retenter l’expérience, de se réunir à nouveau, sous ses ordres.

L’utopie de cette communauté serait de réussir à allier libertés, envies, et intérêts personnels et collectifs. Ce n’est pas gagné, je ne vous le cache pas, mais nos amis, quand ils ne glandent pas à la taverne, y travaillent. Quand aux motivations d’Amadeus à gérer cette communauté, elles nous restent, à ce jour, inconnues.
CHAPITRE II
Enfance.




(Extrait du journal intime de Miho, non daté.)


Depuis toute petite déjà je me savais différente d’eux, les petits êtres aux ailes blanches immaculées. Nous partagions la même ville, rien de plus. J’entendais les chuchotements et je voyais les regards se dérober quand je passais dans la rue.

La raison?

Il me fallu peu de temps pour la connaitre, je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais douze ans à l’époque.
Le mois de Descendre arrivait tranquillement avec son froid à vous glacer les os. Cette nuit la, ma mère avait encore fait la tournée des tavernes de Bonta, buvant jusqu’à son dernier kama. J’étais tapie sous mon lit, attendant dans la peur qu’elle rentre et déverse sur moi sa haine du monde.
Evidemment ce soir la, comme tout les autres, ça ne manqua pas. A peine la porte franchie, elle hurla mon nom. Elle retourna la maison jusqu’a me découvrir, et me roua de coups de pieds.

Je restais mutique et pétrifiée jusqu’à ce qu’elle prononce ce qu’elle n’avait encore jamais osé me dire :

« Sale bâtarde, tu n’es qu’une sale bâtarde, du sang de démon coule dans tes veine, j’aurais du te tuer dés ta naissance ! »

En entendant ce mot, en prenant conscience de ma nature, la peur s’envola. Je ne réfléchissais plus à cet instant, mon instinct avait pris le dessus. Alors qu’elle continuait de répendre sur moi son flot de rancune je me saisi d'un sertisseur posé non loin de moi et lui plantait tout doucement en plein cœur.
Elle ne cria pas, ni ne bougea, elle me fixa juste de ses yeux horrifiés alors que j’enfonçais la lame plus profondément. Mon premier meurtre. Je me souviens encore de l’odeur du sang et de la sensation délectable de sentir la chaleur de la vie quitter un corps.
CHAPITRE III
Paternité.





(Cette lettre nous fut vendue par un ivrogne de la taverne du Chabrûlé, nous pensons qu’elle fut rédigée lors de la bataille des Landes de Sidimotes qui fit rage en Descendre 611. Son auteur, d’après la description, serait Celebrimbor Anca, bibliothécaire de Brâkmar de 596 à 609)



Mon enfant,

Tu ne me connaitras jamais, grand bien t’en fasse.
Mais sentant mon heure venir, je ne peux, comme tout à chacun, que me retourner vers mon passé et regretter mes erreurs. Et l’envie de laisser une trace, ne serait ce que dans ta mémoire est plus forte que de plonger à jamais dans l’anonymat des morts pour Brâkmar.
Une erreur de plus, je le sais, mais celle-ci sera ma dernière.

Je ne m’excuserais pas pour mon absence, je ne sais même pas si tu verras un jour le soleil, mais si tel est le cas, tu comprendras peut être. Je vais ici me contenter de te raconter ce qui m’a mené à ta possible création.

Je fus durant longtemps gardien du savoir de Rushu, régnant seul sur mon petit royaume qu’était la bibliothèque de ma cité. On m’avait nommé à cette place non pour mon érudition, mais pour ma droiture et ma subordination au pouvoir.
De plus je venais d’une famille noble, soi-disant descendante de grands démons, et il fut décidé que mes doigts se saliraient dans l’encre et non dans le sang.
Alors qu’Oto Mustam, cette raclure infâme avait pour devoir de former nos jeunes brâkmariens à l’art du combat, j’étais chargé pour ma part de les éduquer à la haine aveugle envers Bonta, à laver leur cerveau de toute humanité envers les ailes blanches.
Je répétais des inepties à longueur de journée afin de former de dociles combattants, de la même manière que je fus moi-même formé dans ma jeunesse.

Mais le soir venu, un autre travail m’attendait.
Je devais relire les archives de la ville, les classer, et brûler tout ce qui aurait pu laisser sous entendre un quelconque lien entre la cité blanche et la cité noire.
Mon travail était simple et répétitif, jusqu’à ce que je me mette à lire.
Je veux dire, à lire vraiment. Entre les lignes, avec mon cœur, et ne plus me contenter d’un œil froid posé sur ces écrits.
Je m’usais les yeux à la lueur de la bougie à déchiffrer les lettres d’amour entre les paysannes bontariennes et les guerriers brâkmariens, lettres trouvées le plus souvent sur la dépouille de ces derniers après leur exécution pour insoumission.
Je me plongeais avec délice dans les mémoires de Lagerf Hilde qui relataient que dans les temps anciens, Jiva et Hyrkul furent à même de se comprendre et de vivre en paix.
Je me délectais des correspondances cyniques entre les chefs des cités ennemies, souhaitant, l’un comme l’autre, continuer à attiser la haine afin de garder le pouvoir suprême sur leur peuple.

Mais l’erreur est le mot clé de ma vie. Faisant preuve d’une naïve témérité, je me décidais à ne plus brûler ces traces. Elles avaient pour moi le goût de la liberté, elles qui allaient à l’encontre des intérêts de ma ville. Je les gardais précieusement sur moi, narguant ainsi mes chefs, porté par une rébellion d’adolescent. C'est étrange, mais ce moment fut le plus jouissif de ma vie.

Ma manœuvre ne mis que peu de temps avant d’être découverte. Dénoncé, je fus jeté en prison en attendant ma mise à mort. Je ne sais pas si ce fut un bien ou un mal, mais les dirigeants décidèrent que ma peine ne serait pas l’exécution. Ils me marquèrent au fer rouge de l’emblème de Brâkmar et m’envoyèrent au front afin de participer à leur guerre stérile.

Je te passerais les détails sur nos conditions de vie au front.
Le froid, la faim, la haine exacerbée, tout ceci est vrai, et bien plus que tu ne pourras jamais te l’imaginer.
Mon état physique se dégradait de jour en jour, et mon esprit divaguait. J’étais obsédé par ce lien intime qui unissait Brâkmar et Bonta, et avant de mourir, je ne souhaitais qu’une chose, pouvoir moi-même renforcer ce lien, comme un dernier pied de nez à mes dirigeants corrompus.
L’occasion se présenta de manière inespérée, sous la forme d’une jeune bontarienne perdue dans ces contrées lointaines, et forcée de s’éloigner de sa ville pour je ne sais quelle raison.
Je lui volais sa virginité, non dans le but de la faire souffrir, mais pour que naisse peut être un jour ce qui serait pour moi le lien entre ces deux cités.
Laisser une trace indélébile de notre passage ici bas, toujours la même histoire.
Alors que je t’écris, mon espoir, ma descendance, ta mère repose à l’abri à mes cotés. Je la regarde et je sais que sa vie est maintenant gâchée. Mais certaines causes valent plus qu’une simple vie.

Je m’en retourne maintenant avec mes camarades, j’entends les bruits sourds de la bataille qui commence. Je m’en vais mourir car plus rien n’a de sens.
Je ne sais pas si tu auras un jour cette lettre, mon fils, ma fille, mais sache que tu m’as sauvé avant ma mort.
CHAPITRE IV
Adolescence.





(Extrait du journal intime de Miho, le 2 apérirel 626.)



Encore un jour sans.
Un jour à porter ses fichues potions dans tout les ateliers de la ville, pour Môôônsieur le maître alchimiste...
J’ai même pas eu assez de pourboire pour payer mon maître d’arme. S’il pense vraiment m’endurcir en me faisant faire ses tâches ménagères et ses courses, je vais lui dire où il peut se les mettre moi…
Et moi qui pensais que les filles seraient vues différemment ici, pas comme dans cette ville d’emplumés, tu parles, c’est pareil !
Tout ces fils de riches commerçants qui crache à terre à mon passage et me reluquent comme si j’étais une marchandise. Toutes ces gamines débiles, gâtées jusqu’à l’os, qui se foutent de moi, paradant au zapp dans leurs dernières tenues.

Ah si seulement je pouvais à nouveau…Mais j’ai promis.
Mon maître connais mon histoire, ou du moins les quelques bribes dont j’ai moi-même connaissance. Il m’a fait jurer de ne plus commettre de meurtres tant que je serais sous sa tutelle, en échange de quoi il se renseignerait pour obtenir des informations sur mon père.

Je me tais donc, j’attends patiemment mon heure.
Qu’est ce qui me motive tant dans cette volonté de connaitre mes origines ?
Le fait de ne jamais, non jamais, vouloir ressembler à ma mère… De chercher une autre image à laquelle m’identifier? De donner un sens à la colère qui me ronge ? De comprendre d’où me vient cette pulsion de mort ?

J’ai bien essayé à nouveau d’ôter la vie, en cachette, sur les chachats errants, mais sans grande satisfaction. Je n’ai pas ressentit ce plaisir de la première fois. Il leur manque cette lueur dans les yeux quand la fin est inéluctable, cette lueur…d’humanité.
En attendant je m’entraîne sans relâche. Le kanedojo est devenu ma seconde maison. Je frappe, je frappe, et je frappe encore ces épouvantails désincarnés jusqu’à ce que mes mains saignent trop pour pouvoir porter mon bâton, jusqu’ à ce que ma tête soit vidée de toutes ces questions.

Et puis il me reste ça. La plume, le parchemin.
Le bâton soulage mon corps, et la plume soulage mon âme, je les laisse s’exprimer librement, sans barrière.
Le meurtre est il donc la seule chose qui soulagera mon cœur meurtri ?

Mon maître dit que je n’ai pas encore accès à l’immensité du monde, que je n’en vois qu’une toute petite partie à travers mes yeux d’enfants.
Patience me répète-t-il toujours. Tant de questions sans réponse qui se mélangent.
Je crois…Je crois que j’ai peur.
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