La Flamme de Grenth

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Parce que bon, c'est bien joli que je fasse les critiques d'autres récits, mais autant laisser le loisir à mes victimes de donner leur avis sur les miens.



« … Sans être incompétent, Dalric n’en est pas moins insupportable, et il devrait remercier Grenth d’être le dernier à pouvoir coordonner ses Nains, ou je ne donnerais pas cher de sa personne… Et pas que par mon opinion…



Le siège dure depuis maintenant trois semaines et quatre jours, mais les dégâts sont plus matériels qu’humains. La Citadelle est parée aux éventualités telles que celle-ci et les vivres ne manquent pas encore. Les femmes et enfants qui ont refusé de combattre restent dans les habitations ou dans les petites cavernes qui, chaque jour, s’agrandissent à coups de pioches. Cela créé des habitats sommaires, mais les Nains semblent s’y plaire. Conception aberrante du minimum vital s’il en est…




Dalric m’a appris qu’Ulroh LanceSang, le commandant en second du Sommet de Pierre, supervisait lui-même le siège. J’ai vu ses yeux briller quand il m’a présenté les façons dont il aimerait le tuer… Cela m’amène à penser que les Nains de Deldrimor et le Sommet ne sont pas si différents, en définitive ; les uns haïssent les autres, et inversement. Il n’y a aucune pitié ou compassion d’un coté ou de l’autre.


Et je suis là, moi, Felia Maeli, dans la Citadelle de Granit, à tenter de repousser les assauts du Sommet contre l’une des plus formidables forteresses des Nains. Brenchnar Martelfer, le frère de Jalis, Roi des Nains, m’a demandé, au nom de mon serment de défendre la Tyrie, d’aider les réfugiés de la Citadelle. Sans aimer sa manipulation de ma promesse, je dois avouer qu’il a joué finement, en attirant de nombreuses troupes ici. Il n’y a pas que la garnison de la Citadelle, il y a également un contingent humain, qui était stationné au Campement de Deldrimor, commandé par la moniale Mahal. Ses archers sont de loin bien plus efficaces que les Nains, qui n’ont que des haches de lancer ou des caillasses à opposer aux balistes des Nains de Dagnar.



J’ignore si les autres Chevaliers sont au courant de la situation ou de ma position, mais cela n’a que peu d’importance ; la Citadelle a ce défaut d’être trop retiré au cœur des Cimefroides, et aucune aide extérieure n’est envisageable avant plusieurs semaines. Ce document fera foi des évènements qui se seront déroulés, quelque soit la fin que nous connaîtrons. J’ose espérer que le Sommet ne trouvera pas... »



Un énorme fracas retentit dans la Citadelle, allant jusqu’à faire trembler la table sur laquelle la Nécromante écrivait. La fiole d’encre se renversa lorsqu’un second tremblement se fit sentir. Elle empoigna sa Coupecarne posée sur la table et sorti de la pièce.

Une poignée de Nains courraient en tout sens dans la cour, et Felia n’eut pas le temps d’apercevoir le rocher virevolté dans les airs. Deux Nains se retrouvèrent sous un amas de pierre, un court filet de sang s’échappant de sa base.



« Dalric ! Hurla-t-elle en l’apercevant dans un coin de la forteresse. Ils vont passer à l’assaut ! Amenez toutes vos troupes à la porte, je m’occupe des hommes d’Hama et je resterais sur le mur ! Dépêchez-vous !

-Ce n’est pas à vous de prendre ce genre de directives, Nécromante. La Citadelle a été placé sous ma direction. Répondit-il calmement.

-Par Grenth, fermez-la et faites ce que je vous dis, si vous tenez à votre Citadelle ! »



Puis elle s’élança sur les marches menant à la petite zone habitables, les monta rapidement et ouvrit violemment la porte des quartiers des soldats. La plupart commençaient déjà à s’équiper, attachant leur ceinture ou remettant les flèches dans les carquois. Les moines finissaient leurs prières et rajustaient leur bure en s’approchant de la porte, Maha à leur tête.



« Le Sommet de Pierre, Maha… Ils vont tenter leur plus grosse attaque aujourd’hui, ils savent que la Citadelle peut tenir plus longtemps que leurs forces. J’ai envoyé Dalric aux portes avec ses Nains. Nous, nous devons aller aux murs et tenter de les repousser.

-Entendu, Felia. » Répondit la moniale avant d’encourager son contingent et de leur montrer du doigt plusieurs positions à atteindre.



Les Nains s’activaient dans toute la Citadelle, à la recherche d’armes, de cottes de mailles, ou d’ordres de leurs supérieurs. Felia, préférant montrer un visage apparemment calme et serein, fit le tour de la forteresse, afin de d’amadouer la nervosité de tous et de ne pas accentuer la terreur. Elle croisa un petit garçon, roulé en boule dans un coin, grelottant de froid et de peur.

Elle décrocha le fermoir de sa cape des Chevaliers et en couvrit l’enfant, avant d’appeler une Naine afin de prendre soin de lui. Elle avait d’autres choses à penser que de s’occuper d’un gamin, de toute façon.

Elle rejoignit les escaliers menant au mur Nord-Ouest, plusieurs archers lui passant devant à toute vitesse. L’un d’eux tourna les yeux vers elle, et, toujours dans le but de ne pas attiser l’effroi, elle lui sourit légèrement, comme pour lui signifier que tout irait bien.



Elle arriva enfin sur le mur, et, posant l’extrémité de sa Coupecarne dans le sol neigeux afin de s’appuyer sur le bâton, elle risqua un regard vers les contrebas où se tenaient les Nains d’Ulroh. Elle ne pouvait savoir combien ils étaient, les flancs de montagne en cachant une bonne partie. Promenant son regard sur l’armée ennemie, affairée à lancer rochers et flèches sur la Citadelle, elle écarquilla les yeux devant un spectacle horrifiant : ils poussaient et tiraient une énorme charge représentant un sanglier vers la Citadelle. Ils amenaient vers la porte le plus monstrueux bélier que les Nains n’avaient jamais vu.
« La porte ! » Hurla-t-elle à l’attention des Nains de Dalric. Ceux-ci se plaquèrent violemment contre l’unique ouverture de la Citadelle, qui, après quelques instants, trembla de toute sa largeur et fit chuter les Nains qui voulaient la retenir. La masse du bélier était impressionnante et la porte n’allait pas tenir bien longtemps.



« Suivez les ordres de vos supérieurs, regardez celui qui est à coté de vous, et assurez-vous que tout va bien pour lui. Prévenez les moines s’il y a un blessé ! » Cria-t-elle dans l’air glacé à l’attention de tous les soldats sur le mur. Un ordre perfora le silence qui s’ensuivit et une volée de flèches partit vers les Nains du Sommet, qui répondirent par des jets de balistes et de haches de lancer.

Felia regarda autour d’elle et soupira quand elle comprit qu’il n’y avait aucun autre Nécromant présent. Il lui faudrait assumer seule les fonctions de sa profession dans ce siège et elle doutait d’une telle capacité de sa part. Mais elle incanta néanmoins une série de sortilèges qui frappèrent les Nains qui s’affairaient à installer des échelles aux pied des fortifications. Plusieurs d’entre eux chutèrent dans la neige, se tordant de douleur, d’autres virent leur peau partir en déliquescence, sous les yeux horrifiés mais remplis de détermination de leurs camarades.



Les premiers assiégeants parvinrent au sommet des murailles, leur hache menaçant ceux qui oseraient s’approcher. Les archers reculèrent afin de laisser la place aux guerriers qui devaient refouler les nains au bas des murs.

La Nécromante abandonna la partie du mur d’où elle se tenait et emprunta le pont qui faisait la jonction entre les deux parties. Elle put ainsi regarder en contrebas et voir la porte trembler une nouvelle fois, sous la pression croissante du bélier. Des zébrures sillonnaient le bois et personne ne pouvait dire combien de temps elle tiendrait.

A son arrivée sur la partie gauche du mur, un des guerriers tomba dans un râle, une flèche fichée dans l’œil. Bien que mortellement blessée, il était encore en vie, et un des moines s’approcha de lui, se préparant à extirper la flèche et à le soigner si cela était encore possible. Elle s’approcha vivement du prêtre et lui fit signe de reculer. Elle empoigna alors l’épée du guerrier au sol et lui trancha la gorge, avant de se relever et d’incanter un sort. Les soldats environnant se sentaient revenir des forces peu à peu.



En relevant les yeux vers le moine, elle put y lire l’horreur et la colère.

« Il allait mourir de toute façon. Dit-elle en guise d’excuse.

-Vous n’en savez rien ! J’aurais peut-être pu le sauver, si vous m’aviez laissé le temps ! Dwayna seule peut dire quand s’arrête la vie !

-Tu te trompes. L’Appel de Grenth est ce qui prévaut sur tout, même sur ta pathétique déesse. Ce guerrier rejoindra le Dieu des Morts et il y sera heureux… Pour autant qu’il ait suivi Grenth…

-Vous êtes un monstre doublé d’une folle ! Hurla-t-il avec violence. Vous ne suivez que votre instinct et vous répandez le ma… »

Une flèche l’atteint à la tempe, et il s’effondra dans la neige, baignant dans son sang.

« Voilà qui, je crois, me donne raison. » Dit-elle en souriant avant d’invoquer deux serviteurs squelettes à partir du cadavre.



Un terrible fracas retentit dans la Citadelle, et des cris de souffrance, couplés à ceux de joie, l’accompagnèrent. La porte de la forteresse avait cédé, et l’armée d’Ulroh s’apprêtait à donner son ultime attaque contre elle. Sous les cris annonçant qu’il n’y aurait nulle pitié, les Nains du Sommet de Pierre avançaient.
« Attaquez, Sang Pur ! Réduisez ces misérables traîtres à l’état de cadavres et d’esclaves ! Nous vaincrons, Nains du Sommet, car nous sommes les plus forts ! »

C’est en ces termes qu’Ulroh LanceSang mena ses troupes contre les soldats gardant l’entrée de la Citadelle.

« Nous allons être débordés ! Repliez-vous vers la cour, je vais tenter de les retenir le plus longtemps possible ! » Hurla Felia à l’intention de la moniale qui finissait de soigner un blessé, avant d’acquiescer et d’ordonner à ses hommes de redescendre.

La Nécromante agrippa fermement son bâton et rejoignit le pont reliant les deux parties de mur. De là, elle surplombait la porte de la forteresse et pouvait aisément apercevoir quel flanc menaçait de flancher devant l’assaut nain.



Elle ferma les yeux, et sentit ses pieds s’affranchir de la gravité. Ecartant les bras, elle entra en transe.

« Grenth, Seigneur des Morts et de l’Outremonde, je T’appelle, moi, Felia, la plus fidèle et la plus loyale de Tes esclaves. En ce jour de grand péril, donne moi le pouvoir de vaincre mes ennemis. Pourrait-il être innombrable, pourrait-il être courageux comme cent hommes, qu’il ne pourrait rivaliser avec Ta puissance. Tu es le Maître de cet Univers et de tous les autres, rien ne T’échappe et tout Te revient. Daigne accéder à ma requête, je Te sacrifie avec joie ce qui T’es de plus cher ; la santé de Tes esclaves. Prends, prends à loisir, je ne serais qu’heureuse qu’en Te sachant rassasié. Je T’en supplie, Grenth, Seigneur des Morts ; donne moi le pouvoir. »



Une violente douleur l’assaillit en pleine poitrine. Comme les instruments de bourreaux trouvent les points les plus douloureux chez leurs victimes, la douleur de Grenth arrivait à chaque seconde comme une lame transperçant chaque organe. Elle rejeta la tête en arrière, toujours lévitant, courbant son échine d’un manière qui aurait du la mener à la fracture. Mais elle retoucha alors le sol, haletante. Mais quand elle se redressa, les personnes qui avaient suivi son incantation la trouvèrent, la savaient changée. Une aura à la fois noire et majestueuse l’enveloppait, elle paraissait plus grande, plus imposante. D’aucun murmurèrent que Grenth lui-même était venu réclamer son dû et prêter assistance à sa Nécromante.



Elle fixa de nouveau l’avancée inexorable des Nains d’Ulroh.

« Que périssent les Sangs impurs. »

Et elle donna un violent mouvement de bâton en direction des Nains, qui se retrouvèrent projeté en arrière, assommés.

« Que se lèvent de nouveau la Fierté de Grenth. »

Elle désigna de sa main libre le tas de cadavres qui s’était créé dans la zone de combat, et des dizaines de squelettes, zombies et goules se formèrent, créant un écran de combattants entre les deux troupes de Nains.

« Que les ennemis du Seigneur des Morts ressentent sa puissance. »

Elle incanta une série de sortilèges qui filèrent vers leurs cibles. Par poignée, les Nains mourraient, se tordaient de douleur, hurlaient en demandant grâce. Les insectes sortaient de terre pour les dévorer, certains étant encore vivants. Et à chaque mort, un squelette apparaissait à partir des os du cadavre.



« La Nécromante ! Hurla Ulroh en désignant Felia sur sa position en hauteur. Abattez la Nécromante ! »

Les Nains n’avaient plus la fougue de leur première charge, mais désormais, ils savaient d’où venait la menace, et ils voulaient venger leurs camarades, ou tout simplement punir une humaine d’oser s’élever contre eux.

Bien que consciente du danger, elle ne pouvait plus bouger, ou se mettre à l’abri. Elle reprenait difficilement sa respiration, plus occupée à tenter de survivre à son incantation qu’à trouver un chemin vers la cour. Les flèches commençaient à fuser autour d’elle, mais elle n’y prêta guère d’attention. D’une certaine façon, elle souhait qu’une d’elle l’atteigne, elle pourrait alors ressentir l’Appel de Grenth, le rejoindre et enfin goûter au tribut de sa dévotion et de ses sacrifices envers lui. Mais quelqu’un en décida autrement. Quelqu’un se jeta sur elle et la plaqua au sol, hors de portée des traits des Nains. Elle redressa la tête pour le voir ; il s’agissait de l’archer qui l’avait dépassé quand ils montaient les escaliers. Il lui sourit, de la même façon qu’elle auparavant, et lui murmura que tout irait bien, qu’il allait la sortir de là.

C’est là qu’elle perdit connaissance.



Elle rouvrit doucement les yeux. Une ou deux secondes s’étaient déroulées pour elle, mais elle était bel et bien hors de danger –du moins, pour le moment- dans un coin de la cour, à coté de deux moines qui étaient chargé de surveiller les civils.

« Restez ici, ma Dame. Lui dit l’un d’entre eux. Vous avez fourni un effort des plus honorables et salutaire. Nos soldats ont pu le temps de se regrouper et ils agissent maintenant efficacement.

-Je… Je dois les aider… Aidez-moi à me relever…

-Pas question. Vous resterez ici, vous avez besoin de repos.

-Ne discutez pas ! Faites ce que je vous dis ! Cria-t-elle avec une force que n’avaient pas soupçonnée les deux moines.

-Nous… Nous pouvons accélérer votre guérison, mais cela n’est pas tout à fait bénéfique pour votre corps. Il a besoin de repos et de temps, plus que de soins directs ou magiques.

-Hâtez-vous, vous dis-je. »

Elle se retrouva sur pied, les deux hommes récitèrent une incantation à Dwayna, et rapidement, les forces lui revirent. Elle tourna la tête vers eux et les salua d’un petit signe de tête, et courut vers la porte.



« Felia ! Que Dwayna soit louée, vous êtes là ! S’exclama Maha lorsqu’elle l’aperçut. Nos moines sont épuisés, ils n’arrivent plus à se concentrer assez pour guérir les soldats ! Nous devons nous replier, voire abandonner la forteresse, et nous regrouper dans les montagnes. Nous pourrons peut-être reprendre la Citadelle plus tard, mais dans l’immédiat, nous devons penser au peuple nain. Nous devons les sauver.

-Ne parlez plus jamais de fuite ou de repli, moniale ! Cracha Felia. Nous devons rester ici et assurer la défense de la porte, ou bien mourir. C’est à présent la volonté de Grenth, et nous devons nous y résoudre. »

Puis elle partit en courrant vers la zone de combat, et ramassa une petite épée abandonnée dans la neige.

« Moines ! Regroupez-vous à moi ! Vite ! »

La majorité des soigneurs parvinrent rapidement à elle, la questionnant sur les raisons de ce ralliement. Ne répondant rien, elle posa la lame qu’elle tenait en main sur son avant-bras et se trancha les veines d’un geste sec. Les moines, choqués, voulurent la soigner rapidement, mais elle les retint rudement.

« Non ! Buvez mon sang ! Il anéantira les effets de la fatigue. Dépêchez-vous ! »

Mais aucun moine ne bougea, trop choqués et interloqués pour tendre la main vers ce poignet sanglant. Elle attrapa alors les cheveux d’un des leurs, et le plaça violemment de sorte qu’il ingurgite quelques gouttes du liquide rouge. Il se releva, épongeant le sang qui lui coulait de la lèvre, et repartit vers le combat, apte à soigner, désormais.

« Dois-je vraiment vous forcer comme je viens de le faire, ou allez-vous enfin m’écouter ? »



Mais alors que les derniers moines finissaient d’ingurgiter le sang, un cri perça depuis la porte.

« Ils sont passés ! Retenez-les ! Ils sont passés ! »

Ecarquillant les yeux d’horreur, Felia aperçut la cause de l’échec des Nains à tenir la porte : le Sommet venait de lancer une charge de Belluaires qui écrasaient tout sur leur passage.

« Ecartez-vous ! Laissez-les passer ! » Hurla-t-elle à l’encontre des soldats qui se trouvaient sur le chemin.



La bataille continua alors dans la cour. Les hommes de la forteresse perdant peu à peu du terrain face au nombre impressionnant d’ennemis.

Felia se trouvait au cœur de l’affrontement, le poignet toujours en sang, incantant rapidement des sorts dans le vain espoir de faire reculer une partie des combattants.

C’est dans ce chaos indescriptible qu’une lance la transperça au ventre. Elle chuta dans la neige, sa Coupecarne fut projetée hors de sa main lorsqu’elle toucha le sol. Elle ne vit d’abord que les flocons de neige qui tournaient autour d’elle, mais bientôt, un visage de Nain apparut, tenant dans sa main une lance dont l’extrémité était ensanglantée. Le Nain l’approcha des yeux de sa victime.

« Tu sais à présent pourquoi on m’appelle Ulroh LanceSang, Nécromante. »

Il empoigna sa lance à deux mains, et la leva en l’air, dans l’intention de la rabattre une nouvelle fois pour le coup de grâce. Elle ferma les yeux, et sourit.

« Enfin… »



Elle rouvrit les yeux, et ne vit pas Ulroh au dessus d’elle. Elle le chercha du regard aux alentours, pour découvrir qu’il menait un combat contre Dalric. Elle sentit alors des mains se posé contre sa blessure, et, en tournant la tête, vit Maha, les yeux fermés, murmurer des paroles afin de la soigner.

La blessure se referma, et elle put rattraper sa Coupecarne, avec, dans ses yeux, le plein espoir de se venger. Maha la retint par le bras.

« Ne faîtes surtout pas ça. Ces deux-là ont besoin de ce duel, ils se haïssent trop pour permettre à un tiers de tuer l’autre. Dalric vous en trop si vous tuiez Ulroh à sa place. »



La lance siffla dans l’air, mais rata sa cible. La hache adverse avait pour but le crâne d’Ulroh, mais elle aussi passa à coté. Dalric était tout à fait conscient que son adversaire avait une allonge bien plus grande que lui, mais il avait confiance en ses propres capacités de guerrier.

Ulroh fit tournoyer son arme au dessus de sa tête, dans le but avoué de toucher Dalric au visage et de le projeter au sol. Mais celui-ci se baissa à chaque passage de la lance, raffermissant sa prise au sol. Et lorsqu’il jugea le moment opportun, il bondit vers Ulroh et lui planta sa hache dans l’épaule. Il hurla de douleur, mais voulut lui aussi atteindre son adversaire. Il fut trop lent, ce qui laissa le temps à Dalric de lui sectionner le bras.

Ulroh se retrouva au sol, haletant, mais fixant son adversaire d’un regard toujours rempli de haine.

« J’ai rêvé de cet instant depuis bien longtemps, dit Dalric, et j’ai imaginé bien des façons d’en finir avec toi. Mais je n’avais pas pensé à celle-là… Voici pour tous les Nains que tu as tués. »

Il trancha l’autre bras d’Ulroh.

« Voici pour tous les humains que tu as tués. »

Il sectionna alors une des jambes, le Nain hurla de plus belle.

« Et ça, c’est par plaisir personnel »

Il trancha alors le dernier membre, laissant Ulroh dans un état pitoyable se vider lentement de son sang.



Un cor résonna dans la vallée et dans la forteresse. Les regards de tous les Nains, du Sommet et de la forteresse, ainsi que celles des humains, se portèrent sur la porte enfoncée.

C’est alors qu’Héréloi Undol apparut, à la tête de ces cavaliers des montagnes.

La charge qui s’en suivit fut l’une des plus mémorables et des plus retranscrites de toute l’histoire des Cimefroides. Ainsi, la Citadelle de Granite fut sauvée par l’action conjuguée des Nains et des Humains.



« J’ignore si les autres Chevaliers sont au courant de la situation ou de ma position, mais cela n’a que peu d’importance ; la Citadelle a ce défaut d’être trop retiré au cœur des Cimefroides, et aucune aide extérieure n’est envisageable avant plusieurs semaines. Ce document fera foi des évènements qui se seront déroulés, quelque soit la fin que nous connaîtrons. J’ose espérer que le Sommet ne trouvera pas cet écrit, il est trop précieux pour être détruit.



A l’heure où j’écris, la Citadelle enterre ses morts et fête sa victoire. Une veillée funèbre est tenue dans les grottes où s’étaient réfugiés la population, qui accueillent maintenant les dépouilles des soldats morts. Il a été décidé qu’on ne ferait aucune distinction entre Nains et Humains, et qu’ils seraient tous enterrés au même endroit, sans rien pour les séparer.



A l’heure où j’écris, trois étendards flottent au dessus de la Citadelle de Granite : l’Etendard du Grand Nain, le Drapeau de Dwayna… et la Flamme de Grenth. »
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