Des ronces dans les chocapics

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*S'avance timidement, quelques feuilles à la main, s'éclaircit la gorge. puis envisage sérieusement de faire demi-tour... finalement prend son courage à deux mains, ses feuilles dans l'autre, et se lance*
- Certains conteurs que j'ai ouï en ces lieux ont bien plus de talent que moi. J'espère que vous aurez la patience d'écouter la modeste histoire que j'ai composée. C'est la première fois que je m'essaie à cet exercice. Je n'en ai écrit que le début, et je ne sais où ma plume me conduira, ni si la muse de l'inspiration me permettra de finir. aussi soyez tolérant envers mes maladresses. merci d'avance

"Le vent agitait doucement les feuilles. L'air avait la fraîcheur lumineuse des matins de printemps. La journée s'annonçait belle. Laurila rassemblait posément les quelques objets qui constituaient sont léger paquetage. Elle recouvrit de terre les dernières braises de son feu de camp, et reprit la route.
Elle marchait du pas souple de ceux qui arpentent inlassablement les plaines et les forêts. Elle n'arriverait pas à destination avant bien des jours et, de toutes façons, rien ne pressait.
Un mouvement furtif dans les buissons lui rappela qu'il faudrait songer à attraper de quoi manger ce soir. Le repas de midi ne serait constitué que de quelques baies et d'un peu de pain complet, pris en marchant, mais elle aimait se restaurer d'une viande rôtie lorsqu'elle s'arrêtait pour la nuit. Or, une fois passée la rivière Blanche, la forêt ferait place à la plaine où la chasse pourrait s'avérer plus difficile: les animaux de ces grands espaces ouverts sont souvent prompts à la fuite et rapide à la course, et bien peu d'obstacle permettaient une approche discrète. En forêt, en revanche, le gibier, bien que plus petit et plus secret, était plus facile à surprendre, pour peu qu'on prît garde au sens du vent."
"Replaçant son sac sur ses épaules afin qu'il n'entravât pas ses mouvements en s'accrochant dans les branches basses, Laurila quitta le chemin et s'engagea dans le sous-bois. L'arc à la main, sa progression s'était faite silencieuse. Elle avançait parallèlement au sentier, s'en éloignant un peu. En général, cela suffisait à assurer le repas du soir. Un couple de jeunes tofus bien tendres ou quelques larves feraient parfaitement l'affaire.
Un déplacement furtif la mit en alerte. Encochant sa flèche, elle se coula dans le hallier, en direction du bruit. Ce mouvement, pourtant discret, alarma la créature qui prit la fuite dans un grand bruissement de feuillage. Laurila avait pourtant eu le temps d'apercevoir un animal de la taille d'un beau boufton et un pelage blanc et noir.
Qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Le fuyard ne ressemblait à rien de ce qu'elle avait rencontré au cours de ses pérégrinations. Elle relâcha la corde de son arc. Pas question de le tuer avant d'en savoir plus. L'observation d'une créature rare, peut-être même inconnue, pouvait constituer une source appréciable de kamas. Sans parler de la capture d'un spécimen vivant."
* Jette un coup d'oeil à l'assistance
- Il est encore du monde ? Heu, désolée pour le retard, ces derniers n'ont guère été propices à l'art de la plume. Mais je reprends...
*
" Laurila remplaça la flèche de chasse à la pointe lancéolée et acérée par une flèche de capture dont l'extrémité munie d'une boule de cuir de boufton est destinée à assommer la proie sans trop l'abîmer. Elle se lança sans plus attendre à la poursuite de la curieuse créature. Dans sa fuite, celle-ci avait laissé des traces faciles à suivre, et Laurila ne tarda pas à l'apercevoir, à soixante pas devant elle, tapie sous un buisson. Il s'agissait maintenant d'approcher suffisamment pour assurer son tir, les flèches de capture, alourdies par la boule de cuir, ne permettant pas un tir très précis, même pour une disciple de Crâ.
Mais approcher un animal aux abois est un art difficile. Le moindre mouvement de branche, le plus petit craquement de brindille et c'est à nouveau la fuite éperdue. Il ne reste plus alors qu'à reprendre la traque. Avec une patience infinie, née d'une longue pratique, Laurila se coula d'ombre en ombre, grignotant petit à petit la distance qui la séparait de sa proie. Enfin, elle était à bonne distance. Pour faire bonne mesure, elle prépara un sort de flèche glacée qui ralentirait les réflexes de la bête, juste avant que la flèche de capture, bien tangible celle-là, ne l'atteigne."
"Une soudaine saute de vent lui fournit l'occasion qu'elle attendait. Le balancement des branches masquait ses mouvements, et dans un enchaînement rapide et fluide de gestes, elle lança le sort et tira la flèche. L'animal se dressa sur ses pattes arrières puis s'abattit dans un buisson.

Laurila bondit vers les broussailles. Il fallait être rapide car la proie ne resterait pas groggy longtemps. Mais lorsqu'elle écarta les branches, elle resta un instant pétrifiée de stupeur. Pas de créature mystérieuse ! Mais un tout jeune sadida qui essayait gauchement de se remettre sur ses jambes. Retrouvant ses réflexes de chasseresse, elle lui attrapa le poignet au moment où il allait détaler. Mais elle manqua de le lâcher lorsqu'une ronce lui cingla le bras. Elle empoigna alors le petit à bras le corps, pour l'empêcher de se débattre et de lancer un nouveau sort. L'odeur rance de sa toison emmêlée était abominable. Bon sang, depuis combien de temps cet enfant était-il livré à lui-même ?

Le gamin se contorsionnait désespérément pour lui échapper. Laurila se trouva un moment désemparée. S'il s'était agit d'un animal, elle lui aurait déjà lié les pattes, ou l'aurait fourré dans un sac de cuir. Mais elle ne pouvait pas faire subir ce traitement à un enfant, et elle ne savait trop quoi faire d'autre. En désespoir de cause, elle tenta de le calmer en lui parlant doucement et en lui caressant le dos. Au bout d'un moment, le petit cessa de se débattre mais il tremblait maintenant de tous ses membres. Il est mort de peur, pensa-t-elle, qu'est-ce que je peux faire ? Pour Laurila, l'expérience en matières d'enfants se limitaient aux gamins qui s'attroupaient, les yeux écarquillés, devant les peaux qu'elle ramenait de ses chasses et qu'elle devait protéger des jeunes mains fouineuses et souvent malpropres. Elle resta un moment indécise, puis, des brumes lointaines de sa petite enfance remonta un souvenir au trois quart oublié: la chanson du petit boufton gris que lui chantait sa mère lorsqu'elle avait du mal à s'endormir. Elle se mit à bercer le petit sadida en chantonnant la comptine. Le petit corps se détendit enfin, et soudain, l'enfant jeta les bras autour de son cou, enfouit son visage dans sa gorge et se mit à pleurer à gros sanglot.

Il fallut un long moment avant qu'il ne se calme enfin et consente à lâcher Laurila. Elle put alors l'examiner à loisir. C'était un très jeune garçon, à peine plus qu'un bébé. Et pourtant il devait y avoir un moment qu'il était seul car il était d'une saleté repoussante. Sa peau, constellée de griffures et de croûtes disparaissait sous la crasse. Sa chevelure, et la toison, encore courte, qui lui couvrait déjà le visage étaient toutes emmêlées et collées par la saleté. Un décrassage en règle s'imposait.

A bien y réfléchir, Laurila ne se sentait plus très propre non plus, l'odeur nauséabonde du petit corps malpropre semblant maintenant imprégner tous ses vêtements.

«- Crâ ! dit-elle à haute voix, je pue autant qu'un bouftou ! »

L'enfant tressaillit au son de sa voix, mais ne chercha pas à s'enfuir.

«- Bon, on va trouver un ruisseau et se décrasser tous les deux. D'accord ? »

Il la regardait, mais rien ne semblait prouver qu'il avait compris. Poussant un soupir, et sans lâcher le poignet du petit, elle se releva, ramassa ses affaires éparses et remis son sac à l'épaule. Ce mouvement éveilla la douleur dans son bras gauche. S'examinant, elle constata que la ronce lui avait laissé une belle estafilade. Ce n'était rien à côté de ce que lui aurait fait un adulte, mais il fallait la soigner.

«- Comment est-ce que tu as fait ça ? Tu es bien trop petit, non ? »

Les grands yeux noirs la regardaient toujours mais aucune réponse. Cet enfant était-il muet ? Haussant les épaules avec résignation, Laurila l'entraîna à la recherche un cours d'eau."
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