Il rencontra un jour un enutrof de la guilde, avec qui il noua au départ une réelle amitié. Ils s’entraidaient. Et puis, cette amitié devint une rivalité. Cette rivalité devint jalousie. Qui devint à son tour Haine. Mais il restait avec lui, ils s’amusaient toujours, du moins, pendant un certain temps.
Il fut témoin de moult agressions de la part de Bonta et d’anges qui s’attaquaient à des petites personnes à six ou sept. Les deux villes étaient pareilles. Mais il avait une aversion pour les anges. Ils le répugnaient. Ils se disaient être « bons » mais il se comportait comme des Bontariens avides de pouvoir. Bib était tiré entre les deux camps. Il quitta le camp de Bonta.
Il courut vers chez lui, là où il habitait quand il n’était encore qu’un pauvre jeune Crâ. Il avait promis. Il toqua à la porte. Il entendit des pas réguliers qui s’approchaient. La porte s’ouvrit. Il vit apparaître son père, qui avait vieilli.
- Bonjour, dit Bib.
- Bonjour, dit le vieux xélor qui avait perdu quelques bandelettes, On se connaît ?
- Tu ne me reconnais dont pas… C’était prévisible. Ça fait si longtemps…Papa…
- Oh ! T…Tu…B...Bib ? balbutia le père.
- Oui ! dit Bib, ravalant ses larmes.
- Je…Entre !
Bib entra dans son ancienne maison. Elle n’avait pas changé, toujours la même. Ils discutèrent un moment, le père s’écartant toujours du sujet quand on parlait de sa femme. Bib fut direct, il lui demanda où était passé sa mère. Le xélor prit sa respiration, puis continua lentement.
- Ta mère a eu du mal à supporter ton départ, tu sais…Toutefois, nous avons continué notre vie, en espérant te revoir un jour. Tu ne le savais pas à l’époque, mais nous avions choisi deux camps opposés. Ta mère était une Brakmarienne et moi un Bontarien. Un soir, des anges sont passés dans toutes les maisons en capturant toutes les ailes rouges. Ta mère les arborant avec fierté, s’est faite capturer, et elle a été condamnée, car en plus elle vivant avec moi, bontarien. Je n’ai rien eu, ‘fin…
Bib commença à pleurer. Une haine l’emplissait. Comment des Bontariens pouvaient commettre de telles atrocités ?
- Je… Les anges ne m’ont pas laissé comme ça, continua le xélor, ils sont venus ici, un jour. Je n’ai pas pu refusé de les laisser entrer. L’un d’eux avait un gâteau que j’ai eu la joie de goûter en premier. C’était du blopisier…empoisonné. Il agit très lentement, et je vais bientôt partir.
- Je ne sais pas quoi dire, répondit Bib avec des hoquets. J’espérais tellement vous revoir tous les deux ensemble et que l’on puisse se voir…Je ne peux pas faire quelque chose pour toi ?
- Non malheureusement.
L’enutrof cherchait visiblement ses mots et il avait du mal à contenir sa peine.
- Je vais m’en aller, dit Bib. J’espérais sortir plus heureux de cette maison. Mais je suis content de t’avoir revu, même si je n’aurai entendu que des mauvaises nouvelles. J’espère que ces « hommes » arriveront à te soigner.
Il sortit, stoïque, de la maison. Une haine emplissait son cœur. Il n’en parla pas à sa guilde. Il commença à marcher sans directions au premier abord…puis vers Brakmar.
Il observa un instant Brakmar, se demandant comment pouvait-on vivre dans une pareille ville. Il chercha la milice. Au bout d’une vingtaine de minutes, il réussit enfin à l’atteindre. Il rentra et parla au chef de la milice.
- Bonsoir, dit Bib, Je viens ici pour me présenter à la milice de Brakmar.
- Hmpf.
Le dit "chef" le dévisagea un instant.
- ‘Soir. J’crois que t’as pas vu l’affiche. Déjà c’est pas pour faibles. Et ensuite faut me ram’ner dix dagues d’boisaille.
Bib sortit de la milice, et vit un marchand juste devant la milice qui vendait quelques dizaines de dague. Il rentra dans la milice et montra les dagues à Oto.
- Ça vous va ? demanda Bib.
- Mouais… Tu vois le chafer là ? Tue le et tu les auras, tes ailes rouges, grommela le milicien.
Bib prit sa pelle à deux mains, et assena un grand coup sur le crâne du chafer qui s’effondra aussitôt.
- Alors ? s’impatienta Bib.
- Mouais. Tu peux rejoindre la milice. Mais ne t’attends pas à des faveurs de notre part.
Oto formula des paroles incompréhensibles, et Bib sentit pousser en lui des pics qui le faisaient gémir de douleur.
- C’est le prix à payer pour porter les ailes, ricana Oto.
- Adieu, dit bib.
Il but une potion incolore et disparut. Il était fier de ses ailes et il repartit tuer quelques bestioles pour se défouler. Il courut sur l’île des Wabbits, alla vers le cimetière.
Il arma son marteau et tapa un grand coup sur le sol ce qui projeta quelques wabbits squelettes en arrière. C’était son passe-temps. Il croisa en chemin l’enutrof avec qui il passait son temps dans le passé. Ils avaient les mêmes passe-temps. Il rencontra une jeune xélorette, et ils continuèrent la marche ensemble, se séparant quelques fois quand ils apercevaient des wabbits seuls.
Un jour, l’autre enutrof, avide de pouvoir, voulait que cet endroit reste pour lui seul. Il proposa donc à Bib d’agresser la jeune xélorette afin d’avoir plus de « places ». Bib sauta sur lui et lui assena un grand coup de marteau qui le fit tomber à terre. Il le plaqua au sol sur le dos et l’obligea à avaler une potion qui le fit retourner en Amakna. Furieux, cet enutrof, ami de Bib au départ, quitta la guilde.
Bib ressentait une colère tellement profonde...Et ses cornes qui s’enfonçaient un peu plus en lui à chaque « victoire »… Il tua quelques wabbits, mais sentant la force le quitter, il alla à la taverne du Chabrulé, où il passa le restant de la nuit. Il réfléchit sur ce qu’il avait fait. Il regrettait, au départ. Et puis, il se dit qu’il protégeait ceux qui comptaient pour lui. Il ne dormit pratiquement pas, commençant à s’endormir au lever du soleil.
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