[BG] gluecifer

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Enfance et Jeunesse

La nuit tombe sur notre belle province …
Bien au sud d’Amakna, dans ces terres si sombres et désertes, on peut trouver un cimetière sombre et désolé … Si vous y allez, les soirs sombres où les mulous hurlent de désespoir, peut-être y croiserez vous une ancienne disciple de Sadida, qui a depuis renié tout Dieu, toute croyance …
Son histoire, et celle de sa famille, sont l’objet de ce parchemin que vous pensiez être un mot pour vous rappeler les bières à ne pas oublier en cas de sécheresse.

Son histoire débute par la rencontre de deux êtres complémentaires : une brave Osamodas nommée Roknroll et son fidèle époux, un Sacrieur alcoolique. On ne pouvait croiser un couple aussi bien assorti : en effet pour un Sacrieur, le fouet d’une Osamodas est le meilleur des supplices. Le couple coulait des jours heureux en Amakna, entre tournée de bières et bons mots échangés entre deux câlins. Le jeune couple avait recueilli une belle Sadida, qui très tôt s’était fait remarquée par son prestige. En effet, dès son plus jeune âge, elle était devenu une grande combattante, loyale, tout en gardant l’humour, dû certainement à l’éducation de ses parents. Si je choisis de taire ce nom, c’est pour qu’elle puisse enfin trouver la paix et le repos qui lui est dû.
Donc cette sublime enfant grandissait très vite, et était très attachante. Elle avait quelque chose de divin dans ses actes.
Par un beau jour de printemps, Roknroll trouva un petit berceau avec un petit bébé bleu et joufflu qui dormait paisiblement. Elle ramena le berceau en sa demeure, et très vite, la première enfant du couple prit le bébé sous son aile. Elle lui apprit à manier la ronce, et même si la plus jeune manquait de dextérité, elle ne pouvait être qu’encouragé par la grandeur et le charisme de son aînée.
Même quand celle-ci était absente, la petite jeune l’attendait, lisant et relisant ses notes dans l’attente d’être un jour assez forte pour vivre de palpitantes aventures à son tour.

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Or un jour, cette petite Sadi, qui commençait à prendre son envol, se rendit au Cimetière d’Amakna, dans le but d’assassiner un couple de Vampires, qui venaient de tuer les jeunes enfants de ses voisins. Sur place, une Crâ malicieuse lui vint en aide, et au moment de l’assaut final, elle lui fit cette remarque troublante : « Tu ne trouves pas qu’ils te ressemblent ? Pour une Sadida, tu ne dois pas être enfant de la nature ! »
Elle ne savait pas qu’elle venait de mettre le point sur une dure réalité. Troublée la petite Sadida alla s’entretenir avec la sage Roknroll, qui lui avoua qu’elle avait très tôt deviner qu’elle était fille de Vampires. Parfois les parents cachent certaines vérités, quand elles peuvent influer le comportement. Par cet aveu, la Sadi souleva le mystère de son nom … Gluecifer … Gluecifer … En réalité, elle avait du être nommé Lucifer .. Roknroll, avec sagesse, avait voulu lui éviter les désagréments d’un tel nom, et surtout, éviter qu’elle tombe dans le côté du Mal. Déjà qu’elle se faisait du soucis pour son aînée, qui elle semait la terreur avec son sourire et ses poupées démoniaques. Mais la jeune Glue n’avait pas la même force ni la même grandeur de sa sœur, cela la tuerait probablement.

Après ces révélations, la vie continuait tranquillement pour la petite famille. Glue trouvait dans la Mine un refuge formidable, et s’y enfermait de plus en plus. Histoire de ne plus être honteuse de ses origines, si voyantes, si déstabilisantes… D’autant plus que ses cousins et cousines Sadida ne lui ressemblaient pas… Son seul contact avec l’extérieur fut bientôt sa sœur, toujours si proche, si merveilleuse, et toujours plus admirable.

Hélas le bonheur ne dure pas … Alors que cette sœur, si aimée, était à l’apogée de sa beauté et de sa forme, les Dieux, jaloux d’une telle enfant, l’assassinèrent brutalement, semant le chaos, et la désolation dans le cœur de tous ceux qui aimaient cette belle enfant.

Son père se suicida. Roknroll, ne sortait plus que pour travailler. Laura Soho, la tavernière venait de perdre ses deux meilleurs clients.

Glue, face à ses drames, se réfugia une fois de plus dans sa Mine, bien décidée à ne plus affronter le monde extérieur, et peut-être songeait telle à se laisser mourir, tant la vie sans sa sœur sur cette terre lui était impossible…
Alors elle minait sans relâche, elle abandonna toute croyance, les Dieux lui ayant pris tout ce qu’elle avait de plus cher. Elle refusait de s’entraîner à nouveau, puisque chaque pas dans nos contrées lui rappelait douloureusement le sourire de sa sœur tant aimée…

Mais un jour, alors qu’elle était bien décidé à en finir, elle rencontra un groupe d’amis, assez drôles et enjoués pour lui faire oublier un peu sa douleur … Petit à petit, elle reprit confiance et espérait de jours meilleurs. Elle tomba amoureuse d’un Ecaflip et ce dernier lui fit découvrir tant de choses qu’elle ne faisait que s’émerveiller.
Finalement, elle commença à se sociabiliser, certes, bien tard, mais l’horizon se dégagea, et elle rencontra plein de nouvelles personnes, dont toute cette guilde formidable, ainsi que des cousines et cousins Sadida qui la comprenaient et soudain, Glue avait l’impression d’être enfin quelqu’un.

Un beau jour, elle épousa son bien-aimé… et la suite de l’histoire, c’est maintenant qu’elle se construit …

L'instinct
Le soleil se couchait sur la province. Au nord des Plaines de Cania, perchée sur un rocher, Glue contemplait le couchant sur le village d’Amakna. Le visage serein, elle absorbait les derniers rayons du jour comme si c’était la dernière fois qu’elle voyait l’astre lumineux.
Dans quelques jours, elle recevrait son dernier don de Sadida. Après tant d’années d’effort, elle achevait son entraînement, et connaissait pratiquement tout l’enseignement de Sadida. Pourtant, elle était nerveuse, et ne savait pas vraiment si elle était capable ou si elle méritait la dernière poupée, cette petite créature si déstabilisante.
Glue soupirait. Encore un effort, deux ou trois journées à malmener tout ce qui bougeait dans les longues plaines, et Sadida lui apprendrait l’incantation ultime. Des larmes lui brouillèrent la vision. Où pouvait il être à cette heure ? Etait il en bonne santé ? Pensait il à elle, le soir, quand il se relaxait entièrement, après les efforts d’une longue journée ?
Les derniers mois n’avaient pas été simples pour Glue. Après quelques années d’un bonheur idyllique, son époux, son seul amour, était parti. Il avait quitté Bonta sans un mot, sans même embrasser une dernière fois son épouse.
Les premiers jours, Glue l’avait cherché à chaque coin du continent, puis désespérée, elle avait commencé à agresser tous les Ecaflips qu’elle rencontrait. Hélas, cela ne calmait pas sa peine, et elle se sentait simplement encore plus confuse. Alors elle rassembla ses affaires, affûta son bâton, rassura le petit Leni, et prit la route des Plaines, où elle massacra des Kanigrous pour tenter du penser à autre chose. Parfois elle redescendait sur Bonta, pour embrasser les siens, et saluer ses amis. Quand elle était en meilleure forme encore, elle allait en Amakna saluer sa meilleure amie, la belle Sedna, qui l’épaulait beaucoup dans cette épreuve.
Hélas, le temps passait, mais son bel époux ne revenait pas, et sa tristesse ne la quittait pas non plus.
Glue avait songé un instant à tout quitter, ou mieux se laisser mourir. Après tout, à quoi lui servait la vie si elle était seule ? Mais elle ne pouvait pas. Pas avant d’avoir acquis l’intégralité des connaissances de Sadida. Car elle pensait à sa sœur. Si elle abandonnait maintenant, elle la déshonorerait à tout jamais. Sa sœur la contemplerait et lui dirait : « regarde toi, dans ta souffrance, rebondis ! Tu t’en fous des autres, bas toi ! »
Alors Glue se battait. Elle avait enfin connu l’Insolente, celle qui faisait trembler le sol, et en était fière.
Glue, perchée sur son rocher, repensait à tout cela… Elle se savait persévérante, mais trop souvent, la solitude lui pesait. Sa Sedna lui avait dit de l’oublier, de retrouver un homme, après tout, beaucoup la courtisaient, mais elle ne pouvait s’y résoudre. Glue avait toujours fuit les hommes, le seul à qui elle avait ouvert son cœur, c’était le sien.
Alors elle continuait de vivre dans l’espoir qu’un jour il lui revienne… Un soir dans les plaines, alors qu’elle venait d’arracher la vie à deux énormes Kanigrous, il lui apparut, dans toute sa beauté, le sourire aux lèvres, la félicitant pour sa progression, et la facilité avec laquelle maintenant elle abattait ces grosses bêtes, elle qui ne pouvait même pas éventrer un scarafeuille lorsqu’ils se sont connu. Glue ne savait pas si c’était lui, ou si son imagination lui jouait un mauvais tour, mais se blottit dans ses bras. Elle s’emplit de sa chaleur et de son odeur, sachant bien qu’il ne resterait pas. Il lui fit l’amour, et ils restèrent enlacés toute la nuit. Elle s’endormit heureuse, d’avoir retrouvé les bras de son homme. Au matin, il avait disparu, sans un mot, comme la fois précédente…

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Ses poings se serraient. Elle reprit son bâton, renfila ce maudit sac qu’il lui donnait un air de guerrière féroce, et reprit le chemin du combat. « Il reviendra » marmonna Glue. « Il serait le premier à connaître ma dernière invocation, je me le jure. J’irais le chercher si il le faut. »
Elle sentait qu’elle perdait son équilibre. Que ses grandes ailes blanches commençaient à se salir. L’instinct meurtrier, inscrit dans ses gênes, se ravivait avec sa douleur.
Il y avait longtemps que Krystal n'avait pas arpenté cette partie là de la bibliothèque d'Amakna. Elle aimait beaucoup lire les mémoires des habitants de sa contrée d'adoption.

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Alors qu'elle fouinait à la recherche de nouvelles lectures, elle tomba avec surprise et surtout plaisir sur un parchemin écrit de la main même de son amie, la belle sadidette gLuecifer. Elle s'empressa de le lire.
A mesure que sa lecture avançait, le sourire que lui avait procuré sa découverte disparaissait de son visage. Des passés malheureux elle en connaissait hélas beaucoup, elle même n'avait pas été épargnée... mais de là à imaginer un tel passé pour son amie... si pleine d'entrain...
gLuecifer...Lucifer... la similitude de ces deux noms elle l'avait déjà remarqué, sans toutefois en faire part à la principale concernée. Que cela cache une telle vérité... Krys en était boulversée. Plus d'un serait devenu fou en l'apprenant, et son amie était quelqu'un de tellement merveilleux...
Oh et puis zut ! Après tout ça changeait quoi ?
Krys rangea le parchemin soigneusement et quitta la bibliothèque, tout en se promettant de serrer bien fort son amie dans ses bras la prochaine fois qu'elle la verra. Afin de lui rappeler qu'elle était aimée, elle la fille de vampire, et combien elle était humaine.
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Période Sombre

Agressions, attaques diverses et variées remplissaient à présent son quotidien. La Sadi était plus que tourmentée. Oublié ses vœux de bonne conduite, oublié son comportement passé de pacifiste accomplie. Gluecifer n’était plus que haine et rancœur. Seuls ses amis pouvaient lui arracher un sourire.
Il y a un mois de cela, dignement, elle et les siens s’étaient réunis pour célébrer la mémoire de son cher Cirsnow. Depuis, après avoir réglé les quelques affaires liées à cette perte, elle errait, hagarde, entre Bonta, Amakna, et même quelques fois Brakmar.
Ses amis et frères de guilde avaient du mal à communiquer avec elle, elle refusait en bloc toute compagnie, toute discussion. Quelque part, au fond d’elle, sans le vouloir vraiment, elle les préparait à un départ inévitable.
Un soir, après avoir passé une journée plutôt lugubre, s’étant efforcée de rester aimable malgré la stupidité des personnes qu’elle avait croisé, elle prit la route de Sidimote, cueillant des centaines de fleurs sauvages sur son chemin.
La nuit tombait déjà, et elle tâtonna jusqu à un petit passage isolé, que malgré elle, elle n’avait pas oublié. Les lettrines, sur la stèle, étaient quelques peu effacées par le temps. Elle souffla dessus, passa délicatement sa main sur la pierre froide pour en enlever la mousse et la saleté accumulée et déposa les fleurs. « Ma tendre amie, ma sœur, bientôt … »
Les yeux pleins de larmes, elle s’enfuit dans la nuit, remontant vers le nord, vers Bonta, vers son foyer.
Cette nuit là elle ne parvint pas à trouver le sommeil. La maison de la Principauté n’était pas très loin de la sienne, et Glue était tentée d’aller voir si quelqu’un là bas était éveillé pour lui tenir compagnie. Hélas, la demeure des Ambre était vide. Du moins, tout le monde devait dormir. Accablée, elle s’assied à la grande table, qui avait connu mille et un banquets, prit un parchemin et une plume, et elle chercha ses mots …
« Mes amis, mes petits, ma famille,
Je suis si désolée d’en être arrivée là. Je ne pensais pas vous écrire ça un jour, mais je n’ai pas le courage d’affronter votre regard. Pardonnez moi, et gardez pour seule image celle des moments de joie, quand tout allait bien pour nous. Quand dans cette demeure raisonnait le roulement chaleureux de vos rires.
Peut-être nous reverrons nous un jour, mais voyez vous, je n’ai plus le courage de continuer ainsi. Prenez soin de vous, des petits, ne laissez pas les gens extérieurs à notre cercle prendre le contrôle de vos vies. Et surtout restez les mêmes. Que chaque jour qui passe soit fête.
Je n’ai pas de mots pour vous dire à quel point je suis désolée, et à quel point vous me manquerez.
Affectueusement,
Votre Glue. »

Glue, nerveusement, hésitait à laisser ce mot. Pourrait elle aller au bout de son geste ?


Vers l’avant


Louazel, une Eniripsa de la Principauté, avait un don de voyance depuis l’enfance. Don très particulier, car elle ne sentait que le malheur qui s’abattait sur les personnes dont elle partageait un court moment une intimité quelconque.
Ce soir-là, la petite fée était nerveuse et ne trouvait pas le sommeil. Quelque chose la retenait. Soudain, elle eut comme un flash. Près de sa couche, dans la grande maison de guilde, Glue avait laissé une amulette récemment. Etrangement, le petit et fragile médaillon, que Cirsnow avait confectionné avec de petits fragments de pierres précieuses, se mit à rayonner d’une lumière bleutée. Ni une ni deux, Louazel interpréta ce signe : il lui fallait trouver Glue. Elle courut jusqu à la demeure de la Sadi, qui fermait sa porte, recouverte d’une longue cape sombre.
Elle lui sauta au cou, Glue gênée, la pria d’entrer cinq minutes, prétextant qu’elle sortait miner quelques cailloux, profitant de la tombée de la nuit. Louazel lui prit les mains, et lui annonça qu’elle allait officiellement prédire à la taverne tenue par anotherJack. Glue la félicita, et lui offrit une tasse d’un breuvage à base de plantes. La petite eni entra alors en transe, devant les yeux ébahis de Gluecifer, et lui dit à peu près ces bribes de phrases :
« Gluecifer … tu ne dois pas sombrer, pas maintenant… Le Prince d’Ambre doit trouver le chemin de sa demeure, toi seule dois le trouver par les liens sacrés qui vous lient… la mère au fils… Tu le croyais mort, mais il n’en est rien … Tes deux hommes sont vivants, Glue … Tu dois les retrouver… »
Gluecifer était décomposée. Son passé enfoui venait de lui ressurgir en pleine face. Elle demanda à louazel de préciser ses dires, surtout à propos du petit …
« Tu l’as cru mort, vous étiez jeunes, mais il est bel et bien vivant … Une vieille femme s’en occupe comme une mère, elle le couvre de tout son amour. Il est en pleine forme. C’est un beau garçon … Dans la foret, tu le trouveras. Une cabane au milieu de rien. Une vieille femme qui élève dignement un enfant. A des jours de marche de Bonta… Suis ton cœur. Tu le trouveras. »

Louazel sortit de sa transe, tout à coup effondrée, elle ne comprenait pas grand chose à ces mots, sortis de sa propre bouche.
« Qui est ce Prince, Glue ?
- Il y a bien longtemps lou … avant notre mariage … je l’ai caché aux yeux de tous, mais nous avions eu un enfant … Seulement deux jours après sa naissance … le bébé a disparu. »
En larmes, elle reprit difficilement sa respiration.
« Les choses n’étaient pas aussi simples qu’aujourd’hui. Nous étions bien jeunes, et personne ne m’avait encore accepté. Je n’étais qu’une enfant, finalement, assez misérable. Bref nous n’avons jamais réussi à retrouver l’enfant. Et plus tard, en la mémoire d’Engheran, nous n’avons jamais envisagé de continuer la descendance des Princes d’Ambre.
- Il est temps alors, lui souffla louazel. Prend ton sac ma Glue, va chercher le petit. C’est ton fils. Il doit te connaître. Trop d’enfants ici naissent seuls, sans la chance d’un jour connaître ses origines, et tu es bien placée pour le savoir.
- Tu as raison … avant de partir. j’avais laissé un mot à la maison. déchire le je t’en prie, ne les inquiète pas. Je pars dès maintenant. »
La Sadi prit un baluchon, y entassa quelques vivres, et plia soigneusement une très jolie cape, où le blason des Princes d’Ambre avait été brodé. Le fils de Cirsnow rentrera en Roi, pensa t elle. Ils avaient laissé trop de temps, et maintenant, elle allait retrouver son enfant.
Mère.

Deux jours qu’elle marchait. Sans discontinuer. Juste elle avait pris le temps de discuter avec les deux seules personnes qu’elle avait croisé, au moins pour se rassurer sur ce qu’elle pourrait croiser en chemin. Mais de toutes façons, rien ne l’arrêterait cette fois ci. Elle était devenue une femme vaillante, et surtout, elle n’avait plus rien à perdre désormais. Retrouver Engheran lui donnerait peut-être une vie nouvelle, pleine d’espoir, enfin elle pourrait transmettre son savoir à ce petit être. Et lui apprendre à rester droit. Et à suivre ses instincts. Comme son père qui avait préféré la compagnie d’une Sadi qui n’en était pas une, à la sécurité d’une épouse de grande lignée.
Elle commençait à fatiguer, seul l’espoir de retrouver le petit la maintenait debout.
Comme elle arrivait dans une petite clairière, elle entendit comme le martèlement d’une hache sur un tronc. Son cœur battait. Si il y avait des bûcherons, enfin verrait elle des habitations, et peut-être, la chaumière dont parlait louazel ?
Le son guidait ses pas, et bientôt, stupéfaite, elle tomba sur le bûcheron, qui n’était qu’un jeune féca. Elle l’appela, et il vint vers elle, un brin étonné.
« Vous êtes perdue, miss ?
-Non. Enfin. Je sais pas vraiment si je suis sur la bonne route en fait … Peut être allez vous m’aider
Elle soupira
-Je l’espère. On dirait que vous êtes fatiguée, miss.
- Je marche depuis deux ou trois jours, je cherche une chaumière, dans cette foret. Enfin j’espère que c’est celle-ci … Habitée par une vieille femme, qui élève seule un enfant … Un bébé Ecaflip.
- Hmm. Peut être cherchez vous la vieille Ejmanieh. Elle habite pas très loin enfin c’est relatif... Avec un jeune Eca … un peu plus jeune que moi. »
Elle le supplia de laisser son ouvrage et de la conduire chez cette femme, et le jeune Féca ne se fit pas prier plus longtemps, sentant que la jeune femme était au bord de tomber.

Ils marchèrent rapidement, lui cisaillant ça et là les ronces pour que le passage soit plus aisé pour Gluecifer. Il avait rarement vu des étrangers, et encore moins une femme seule, habillée de riches étoffes. Il désigna de la main une vague cabane, faites de bric à brac et de morceaux de bois enlacés.
Gluecifer déglutit. Et si c’était bien son enfant, qui habitait ces lieux ? Elle souriait déjà à cette issue heureuse, au moment où fièrement, elle repasserait la Grande Porte de Bonta, son fils près d’elle. Son fils. Elle n’avait pas envisagé cette possibilité depuis des années.
Elle remercia le féca, réajusta sa lourde chevelure, en essayant de se redonner une certaine constance, mais elle avait bien du mal à ne pas vaciller.

Elle s’approcha de la porte, le cœur flanchant au moindre tressaillement. Enfin elle se décida à frapper à la frêle porte de bois ; Doucement, elle s’ouvrit, et un petit Ecaflip, tout jeune, apparut sur le seuil. Gluecifer sentit qu’elle allait s’effondrer. C’était bien Lui. Engheran. Il n’y avait pas de doute. Il avait le même port altier que Cirsnow, malgré son jeune âge, et la dévisageait d’un air hautain. Il portait ses traits, elle le reconnut en lui au premier regard.

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« Jour m’dame, vous désirez ? Je crois que vous n’êtes pas du coin ?
- En effet jeune homme. Glue lui sourit nerveusement. Puis-je parler à … votre mère ?
- J’ai pas d’mère. Mais je peux appeler tantine.
- Faites donc ! »
Le petit Eca la fit entrer et disparut dans le fond de la pièce. Son regard circula, et bien que la chaumière semblait pauvre et fragile de l’extérieur, il en ressortait beaucoup de chaleur, et de joie, dans cette cabane si simple. Pourtant le mobilier était désuet. Une vieille table en bois toute usée, deux pauvres chaises nues, pas d’ornement. Juste la chaleur d’une cheminée, sur des murs faits de lattes de bois.
Celle que le petit appelait tantine fit son entrée dans la pièce. Gluecifer comprenait d’où venait le bien-être qui se dégageait de cette habitation. La petite bonne femme rayonnait. Elle fit des grands gestes, armée d’un sourire, et mit Glue à l’aise en moins de deux minutes. Le petit se cachait derrière le vieux jupon froissé de la femme ; Glue, fébrilement, demanda à cette dernière si il était possible qu’elles se parlent, seules. Sentant le ton grave, et la détermination de la jeune Sadi, la petite bonne femme prit le petit bout d’Eca par la main, et lui demanda d’aller chercher du branchage dans les bois environnement.
Ensuite elle s’installa en face de la jeune femme, non sans avoir servi une bonne boisson chaude à base de plantes et d’écorces, celle qui remet d’aplomb après les grandes batailles, pensa Glue.
« - Mon petit, je vois à votre mine que vous n’êtes pas ici par hasard. Souvent je me suis demandée quand viendrait ce jour en fait. »
Elle posa sa vieille main ridée sur la pâle main de Glue.
« - Bien oui … murmura cette dernière. Laissez moi me présenter tout d’abord… Je suis Gluecifer d’Ambre. Je suis des terres de Bonta, si vous connaissez un peu, c’est la Cité qui domine les plaines au nord d’Amakna, à quelques jours de marche d’ici…
- Je vois oui … même très bien. J’ai longtemps vécu en Amakna, mon petit. Le sang, les voleurs, les combats, les morts, les souffrances. Je les ai bien trop vu.
Elle hocha la tête et soupira, plongée dans un passé bien lointain à présent.
- Je tiens à me présenter convenablement, que vous compreniez le but de ma visite. »
Gluecifer lui raconta alors son enfance, dorée et croustillante, puis sa quête d’identité, le drame qui aussi allait la bouleverser à jamais : la mort de sa sœur, puis le fait de revivre un peu quand elle fit la rencontre des membres de la Principauté. Et enfin elle lui décrit son grand amour, unique et énorme. Presque trop grand pour elle.
Et elle lui raconta leur drame à eux deux. Le petit bout de rien, leur petit morceau d’amour. A la fois une surprise, puis une attente. Et la méchanceté des gens, qui lui firent comprendre qu’elle n’était pas digne de ce prince.
Et finalement la disparition de l’enfant, à peine né.
Elle fit une pause. Se ressaisit et continua.
Elle lui raconta les mois de doute, l’apprentissage éreintant du combat. Les joies courtes, et les longues peines qui ont peuplés ses jours. La parfaite alliance qu’elle formait avec Cirsnow. Les jeunes de la Principauté qu’ils formaient.
La disparition de son homme aussi. La douleur de se retrouver seule à nouveau, alors qu’enfin elle s’était trouvé une place. Enfin elle se sentait exister. La déprime, et les soins de louazel et Miah, et enfin les révélations de louazel.
« C’est pour cela que je suis ici. Si Engheran est en vie, je voudrais assurer au minimum ce qu’il nous reste. On m’a tout pris aujourd’hui. Mon fils … J’aurais voulu qu’il ne soit pas trop tard pour être liés. J’étais si jeune … Nous ne savions pas où le chercher. J’espère que vous me comprenez, madame.
- Ejmanieh mon petit, appelle moi ainsi. Bien sur je te comprends. La haine qui circule en Amakna est telle qu’elle nous touche tous un jour ou l’autre. Maintenant je vais te raconter mon histoire. »
Le temps qu’il reste

Ejmanieh toussa, et se mit à conter sa vie.

« J’étais bien jeune que je servais déjà les autres. Mes parents étaient déjà au service d’une vielle famille Amaknéenne, et quand je fus âgée de quinze ans, ils m’embauchèrent à mon tour. Je trimais pour eux des années, et un jour je fus chargée du foyer d’un de leurs fils, un jeune homme délicat, mais qui, à la nuit tombée, troquait ses riches étoffes contre le costume de ceux qu’on appelait Roublards. Grande époque !
Elle sourit.
Cependant, pas mal de ses amis trouvèrent la mort. D’ailleurs votre sœur dont vous parlez, me rappelle une jeune fille très belle, qui inspirait la crainte même au plus hargneux de la région. Bref. Mon patron se réfugie à Brakmar, et ne sortit plus de cette Cité. De là bas, il organisait une certaine résistance. Et il avait quelques adeptes, je dois reconnaître. Bref les années passèrent, les jeunes brakmariens défilaient, je les connaissais tous, eux aussi, on se respectait.
Un jour, hélas, mon patron fut assassiné lors d’une attaque des Bontariens.
Un jeune eni, que j’avais déjà croisé quelques fois, vint me voir, assez agité, un nouveau né enveloppé dans de beaux tissus dans ses bras. Il m’expliqua que ce petit avait perdu ses parents lors de l’attaque, et qu’il serait préférable que je l’élève. Si possible loin de ces contrées, que les bontariens le recherchaient. Si j’avais su…
J’ai donc quitté Brakmar, escortée de quelques combattants, et ils me construirent cette chaumière, où dignement, j’ai élevé votre petit. Que j’ai nommé Casino. »

Elles se regardaient. Victimes toutes deux de ces rivalités.
Gluecifer, d’une voix faible, lui révéla que cet Eni en question est le frère de son mari. Qu’il a disparu sans laisser de trace il y a quelques années. Qu’il crevait de jalousie, car son frère était respecté et à la tête de leur fratrie. Tout s’expliquait enfin. Le fils enlevé par son oncle. Quelle trahison… Ejmanieh lui sourit.
« Emmenez votre petit. Sa place est près de vous, dans les hautes terres Bontariennes. Ne laissez pas le temps vous éloigner encore plus de lui.
- Venez avec nous alors. Nos demeures sont grandes. Je ne peux vous arracher à lui. Il ne comprendrait pas, et je trouve cela injuste également.
- Tout ceci est tellement loin. Je suis âgée maintenant.
- Vous trouverez votre place chez nous, j’en suis certaine. »

Ejmanieh prépara alors leurs maigres bagages. Le petit rentra. Posément, elle lui expliqua qui il était, comment s’est passé son enlèvement. Casino regarda sa mère. Et se serra contre elle.


Quand ils franchirent les portes de Bonta, c’était déjà la nuit. De la demeure de la Principauté, les lumières scintillaient. Gluecifer poussa la porte, et dit « C’est moi ! ».
Miah, Louazel, Léon et Pupa étaient présents. Ils se bousculèrent autour d’elle et virent les deux à la porte. La petite vieille, et l’enfant. Habillés de hayons. Seul le petit portait une belle cape, affichant les armes de la famille d’Ambre.
Un peu intimidés, les deux furent incapables de parler. Mais les amis de Glue les réchauffèrent de bonne parole et d’accolade.
Puis Miah, tout sourire, dit juste à Glue : « Il est revenu. Il est chez lui. Il t’attend ! »

Cris de joie. Larmes. Gluecifer prit le petit dans ses bras, et courut jusqu’au quartier des Bijoutiers, où résidait Cirsnow.
Elle poussa la lourde porte. A la table, il était seul. Son visage émacié s’illumina, et ils échangèrent un long baiser. Puis elle lui dit.
« Je reviens d’un long voyage …
Elle ouvrit la porte.
- Cirsnow, je te présente ton fils. Oui c’est Engheran. Mais appelle le Casino. »

Le petit bout d’Eca et sa grande réplique se contemplèrent. Puis le petit sauta dans les bras de celui qu’il allait appeler Papa.

Après beaucoup de paroles, de câlins, et un repas bien fourni, Cirsnow fit monter sa petite famille à l’étage, et transmis sa Razielle au petit. Le symbole d’une lignée.
« Je t’apprendrais tout mon fils. Tu seras un grand Ecaflip. »
Ils rirent.
Des jours doux et paisibles s’annonçaient. Tous réunis, enfin. Plus de chagrin, plus d’amertume. Juste la saveur et le goût de quelque chose s’apparentant au bonheur.
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