Enfance et Jeunesse
La nuit tombe sur notre belle province …
Bien au sud d’Amakna, dans ces terres si sombres et désertes, on peut trouver un cimetière sombre et désolé … Si vous y allez, les soirs sombres où les mulous hurlent de désespoir, peut-être y croiserez vous une ancienne disciple de Sadida, qui a depuis renié tout Dieu, toute croyance …
Son histoire, et celle de sa famille, sont l’objet de ce parchemin que vous pensiez être un mot pour vous rappeler les bières à ne pas oublier en cas de sécheresse.
Son histoire débute par la rencontre de deux êtres complémentaires : une brave Osamodas nommée Roknroll et son fidèle époux, un Sacrieur alcoolique. On ne pouvait croiser un couple aussi bien assorti : en effet pour un Sacrieur, le fouet d’une Osamodas est le meilleur des supplices. Le couple coulait des jours heureux en Amakna, entre tournée de bières et bons mots échangés entre deux câlins. Le jeune couple avait recueilli une belle Sadida, qui très tôt s’était fait remarquée par son prestige. En effet, dès son plus jeune âge, elle était devenu une grande combattante, loyale, tout en gardant l’humour, dû certainement à l’éducation de ses parents. Si je choisis de taire ce nom, c’est pour qu’elle puisse enfin trouver la paix et le repos qui lui est dû.
Donc cette sublime enfant grandissait très vite, et était très attachante. Elle avait quelque chose de divin dans ses actes.
Par un beau jour de printemps, Roknroll trouva un petit berceau avec un petit bébé bleu et joufflu qui dormait paisiblement. Elle ramena le berceau en sa demeure, et très vite, la première enfant du couple prit le bébé sous son aile. Elle lui apprit à manier la ronce, et même si la plus jeune manquait de dextérité, elle ne pouvait être qu’encouragé par la grandeur et le charisme de son aînée.
Même quand celle-ci était absente, la petite jeune l’attendait, lisant et relisant ses notes dans l’attente d’être un jour assez forte pour vivre de palpitantes aventures à son tour.
Or un jour, cette petite Sadi, qui commençait à prendre son envol, se rendit au Cimetière d’Amakna, dans le but d’assassiner un couple de Vampires, qui venaient de tuer les jeunes enfants de ses voisins. Sur place, une Crâ malicieuse lui vint en aide, et au moment de l’assaut final, elle lui fit cette remarque troublante : « Tu ne trouves pas qu’ils te ressemblent ? Pour une Sadida, tu ne dois pas être enfant de la nature ! »
Elle ne savait pas qu’elle venait de mettre le point sur une dure réalité. Troublée la petite Sadida alla s’entretenir avec la sage Roknroll, qui lui avoua qu’elle avait très tôt deviner qu’elle était fille de Vampires. Parfois les parents cachent certaines vérités, quand elles peuvent influer le comportement. Par cet aveu, la Sadi souleva le mystère de son nom … Gluecifer … Gluecifer … En réalité, elle avait du être nommé Lucifer .. Roknroll, avec sagesse, avait voulu lui éviter les désagréments d’un tel nom, et surtout, éviter qu’elle tombe dans le côté du Mal. Déjà qu’elle se faisait du soucis pour son aînée, qui elle semait la terreur avec son sourire et ses poupées démoniaques. Mais la jeune Glue n’avait pas la même force ni la même grandeur de sa sœur, cela la tuerait probablement.
Après ces révélations, la vie continuait tranquillement pour la petite famille. Glue trouvait dans la Mine un refuge formidable, et s’y enfermait de plus en plus. Histoire de ne plus être honteuse de ses origines, si voyantes, si déstabilisantes… D’autant plus que ses cousins et cousines Sadida ne lui ressemblaient pas… Son seul contact avec l’extérieur fut bientôt sa sœur, toujours si proche, si merveilleuse, et toujours plus admirable.
Hélas le bonheur ne dure pas … Alors que cette sœur, si aimée, était à l’apogée de sa beauté et de sa forme, les Dieux, jaloux d’une telle enfant, l’assassinèrent brutalement, semant le chaos, et la désolation dans le cœur de tous ceux qui aimaient cette belle enfant.
Son père se suicida. Roknroll, ne sortait plus que pour travailler. Laura Soho, la tavernière venait de perdre ses deux meilleurs clients.
Glue, face à ses drames, se réfugia une fois de plus dans sa Mine, bien décidée à ne plus affronter le monde extérieur, et peut-être songeait telle à se laisser mourir, tant la vie sans sa sœur sur cette terre lui était impossible…
Alors elle minait sans relâche, elle abandonna toute croyance, les Dieux lui ayant pris tout ce qu’elle avait de plus cher. Elle refusait de s’entraîner à nouveau, puisque chaque pas dans nos contrées lui rappelait douloureusement le sourire de sa sœur tant aimée…
Mais un jour, alors qu’elle était bien décidé à en finir, elle rencontra un groupe d’amis, assez drôles et enjoués pour lui faire oublier un peu sa douleur … Petit à petit, elle reprit confiance et espérait de jours meilleurs. Elle tomba amoureuse d’un Ecaflip et ce dernier lui fit découvrir tant de choses qu’elle ne faisait que s’émerveiller.
Finalement, elle commença à se sociabiliser, certes, bien tard, mais l’horizon se dégagea, et elle rencontra plein de nouvelles personnes, dont toute cette guilde formidable, ainsi que des cousines et cousins Sadida qui la comprenaient et soudain, Glue avait l’impression d’être enfin quelqu’un.
Un beau jour, elle épousa son bien-aimé… et la suite de l’histoire, c’est maintenant qu’elle se construit …
L'instinct
Le soleil se couchait sur la province. Au nord des Plaines de Cania, perchée sur un rocher, Glue contemplait le couchant sur le village d’Amakna. Le visage serein, elle absorbait les derniers rayons du jour comme si c’était la dernière fois qu’elle voyait l’astre lumineux.
Dans quelques jours, elle recevrait son dernier don de Sadida. Après tant d’années d’effort, elle achevait son entraînement, et connaissait pratiquement tout l’enseignement de Sadida. Pourtant, elle était nerveuse, et ne savait pas vraiment si elle était capable ou si elle méritait la dernière poupée, cette petite créature si déstabilisante.
Glue soupirait. Encore un effort, deux ou trois journées à malmener tout ce qui bougeait dans les longues plaines, et Sadida lui apprendrait l’incantation ultime. Des larmes lui brouillèrent la vision. Où pouvait il être à cette heure ? Etait il en bonne santé ? Pensait il à elle, le soir, quand il se relaxait entièrement, après les efforts d’une longue journée ?
Les derniers mois n’avaient pas été simples pour Glue. Après quelques années d’un bonheur idyllique, son époux, son seul amour, était parti. Il avait quitté Bonta sans un mot, sans même embrasser une dernière fois son épouse.
Les premiers jours, Glue l’avait cherché à chaque coin du continent, puis désespérée, elle avait commencé à agresser tous les Ecaflips qu’elle rencontrait. Hélas, cela ne calmait pas sa peine, et elle se sentait simplement encore plus confuse. Alors elle rassembla ses affaires, affûta son bâton, rassura le petit Leni, et prit la route des Plaines, où elle massacra des Kanigrous pour tenter du penser à autre chose. Parfois elle redescendait sur Bonta, pour embrasser les siens, et saluer ses amis. Quand elle était en meilleure forme encore, elle allait en Amakna saluer sa meilleure amie, la belle Sedna, qui l’épaulait beaucoup dans cette épreuve.
Hélas, le temps passait, mais son bel époux ne revenait pas, et sa tristesse ne la quittait pas non plus.
Glue avait songé un instant à tout quitter, ou mieux se laisser mourir. Après tout, à quoi lui servait la vie si elle était seule ? Mais elle ne pouvait pas. Pas avant d’avoir acquis l’intégralité des connaissances de Sadida. Car elle pensait à sa sœur. Si elle abandonnait maintenant, elle la déshonorerait à tout jamais. Sa sœur la contemplerait et lui dirait : « regarde toi, dans ta souffrance, rebondis ! Tu t’en fous des autres, bas toi ! »
Alors Glue se battait. Elle avait enfin connu l’Insolente, celle qui faisait trembler le sol, et en était fière.
Glue, perchée sur son rocher, repensait à tout cela… Elle se savait persévérante, mais trop souvent, la solitude lui pesait. Sa Sedna lui avait dit de l’oublier, de retrouver un homme, après tout, beaucoup la courtisaient, mais elle ne pouvait s’y résoudre. Glue avait toujours fuit les hommes, le seul à qui elle avait ouvert son cœur, c’était le sien.
Alors elle continuait de vivre dans l’espoir qu’un jour il lui revienne… Un soir dans les plaines, alors qu’elle venait d’arracher la vie à deux énormes Kanigrous, il lui apparut, dans toute sa beauté, le sourire aux lèvres, la félicitant pour sa progression, et la facilité avec laquelle maintenant elle abattait ces grosses bêtes, elle qui ne pouvait même pas éventrer un scarafeuille lorsqu’ils se sont connu. Glue ne savait pas si c’était lui, ou si son imagination lui jouait un mauvais tour, mais se blottit dans ses bras. Elle s’emplit de sa chaleur et de son odeur, sachant bien qu’il ne resterait pas. Il lui fit l’amour, et ils restèrent enlacés toute la nuit. Elle s’endormit heureuse, d’avoir retrouvé les bras de son homme. Au matin, il avait disparu, sans un mot, comme la fois précédente…
Ses poings se serraient. Elle reprit son bâton, renfila ce maudit sac qu’il lui donnait un air de guerrière féroce, et reprit le chemin du combat. « Il reviendra » marmonna Glue. « Il serait le premier à connaître ma dernière invocation, je me le jure. J’irais le chercher si il le faut. »
Elle sentait qu’elle perdait son équilibre. Que ses grandes ailes blanches commençaient à se salir. L’instinct meurtrier, inscrit dans ses gênes, se ravivait avec sa douleur.