Lueur.
Il fait froid, froid, froid.
Noirceur.
Il fait chaud, chaud, chaud.
L'Ombre avide apparu.
La Lune livide disparu.
La Bête.
C'est Elle.
Grandiose, écrasante.
Recouvrant de ses ailes le Monde de noir.
La Peur.
Eternelle.
Horrible, terrifiante.
Avalant de sa gueule les vains espoirs.
Misérable petitesse devant l'incommensurable,
Vermisseau insignifiant face à l'innenvisageable,
Je me noie dans les flammes.
...
Je me réveille en sursaut, le cerveau en charpie, pleurant, suant, suffoquant.
Encore ce cauchemar qui me hante, de plus en plus souvent, maintenant presque chaque nuit.
Je n'en peux plus.
Je ne sais pas si je tiendrai un jour de plus.
Il est peut-être temps pour moi de nourrir la Terre, de ne faire plus qu'un avec la Nature..
Les cernes sous mes yeux sont lourdes, pesantes comme le pas d'un diablosaure, et m'entraînent presque à bas de ma fidèle monture. Je flatte l'encolure de ma tigresse, Zhé'allah, pour essayer de me tirer de ma léthargie. Son pelage soyeux contraste avec le martellement dur et sporadique à l'intérieur de ma tête.
Je sais qu'elle sent.
Je ne peux rien cacher à son instinct, à la complicité qui nous unit depuis des lunes et des lunes...
J'aurais voulu jouer une dernière fois avec elle, en me transformant en guépard... Je me souviens, fut une époque, de toutes nos folles course-poursuites à travers les forêts, à louvoyer entre les arbres, à bondir parmi les monts enneigés, le vent cinglant notre fourrure mais ne parvenant pas à la traverser. Ou encore à se prélasser au soleil, sur un rocher, laissant la chaleur nous envahir doucement... partageant ce bonheur de se sentir exister.
J'aurais aimé tout cela.
Mais c'est impossible maintenant.
Même verser une larme m'est douloureux.
J'arrive enfin là où le début de la fin commence.
...
(A suivre ?)
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