- Brutalité, asservissement, haine et don, puis... la gangrène d'un poison sans remède.
Les images fluides et floues d'une faible lueur d'espoir dans une vie d'éternelle passion, du plaisir avide de la communion des intimités, de la jouissance, des désirs ardents d'un feu sans fin, renaissaient comme un phénix hurlant. Le désert se dessinait sous des steppes arides et brûlantes. La chaleur poussée à des sommets interdits pour la vie avait éradiqué le moindre animal, l'essence végétale. Les terres du chagrin portaient le nom de la folie des peuples, de ces batailles sans fin englouties par des dieux du temps indomptables. La vision devenait faible, si faible, l'enfant des ombres le désirait plus que tout maintenant, comprenant tout le sens de son existence terrible, du purgatoire infligé.
L'éther, douce volupté pour une petite mort, une paix de l'âme quémandée avec toute la fragilité de ses épaules meurtries, un souffle haletant et plus rapide, encore un peu de vie, la faucheuse cette fois, était amoureuse. Un genou à terre, les mains croisées sur la cuisse encore assez forte pour soutenir le poids de la défaite, il laissa se détruire le « glamour » protecteur, celui qui montrait aux regards indiscrets, le voile opaque. Le rôdeur secoua la tête comme pour retarder l'inconcevable, sa peau se consumait comme une poussière d'illusion, comme un rêve, s'éparpillant sous le souffle mordant d'un vent trop chaud.
La nature de l'ange se découvrait petit à petit sous l'épais nuage incinérateur. Puis il se dissipait révélant des blessures innombrables, pourpres, sur sa peau cobalt, lisse de son aura faible. Les yeux imperceptibles dans les ombres immortelles de son visage semblaient s'ouvrir, sa poitrine se gonflait par saccade, ses doigts se crispait en tremblant, sous le sang séché, coagulé avant d'avoir pu abandonner cette chair sans avenir. Une chute lente sur le coté, ses dernières forces l'abandonnèrent, les ailes de jais de la taille de celle d'un griffon le recouvraient dans un dernier soubresaut d'agonie. Le dos se déchira sous des coups de fouets invisibles, une flagellation, infligeant le supplice, de la main d'un marionnettiste fou. L'ange de l'ombre se recroquevillait et endurait un peu plus, toujours un peu plus. Le tatouage disparaissait lentement, la femme vampire ne tenait plus qu'un dessin enfantin entre ses mains et non l'homme-bête étrange.
- Relève toi, je suis si proche...
Les plumes noires s'arrachèrent sous la gueule béante d'un chien des enfers venu de la brèche du plan astral. La dernière expiration, le dernier battement de coeur ; les lèvres s'entrouvrirent, un peu de sang s'en libérait, je délirais...
- Prends ma main, elle est vérité, amour, mon amour je t'offre la vie sans condition.
Le linceul flottait à l'horizon et se rapprochait dans une démarche funeste. Les songes étaient encore présents et voraces d'omniscience. Je percevais de mon rêve mortel une silhouette féminine, une démarche si sûre et adroite, une main se posa sur moi, le temps s'arrêtait...
- Ne pense ni à moi, ni à toi mon ange, mais à nous.. nous.
Des baisers, sans pouvoir les compter, ils me recouvraient avec toute la démence d'une envie sans restriction. Le silence s'imposait et régnait en maître, tissant les liens naissants entre deux êtres. Mon visage était si lourd, pourtant je voulais la voir, la contempler, elle qui m'était interdite encore. Fine, d'une beauté exotique sans pareille, des cheveux ondulants et des yeux de la couleur de mes ombres, des lèvres à faire frémir tout désir impudique, elle me regardait en souriant. En moi la vie reprenait ses droits sans que je ne puisse le contrôler, le lui devais-je ? Le devenir est avare de réponse et lui, il est difficile de le tromper...
- Simple femme, ou Déesse dans tes songes, je suis la fille des sables brûlants et j'aspire à te voler des sourires pour être heureuse, de vivre.
Je la percevais nue et offerte, un corps parfait, jeune si jeune et pur... Je humais sa virginité comme un démon, jubilant d'une proie sacrifiée sur l'autel de la corruption, je n'avais qu'une envie omniprésente ; prendre sa vie et son sang par mes morsures obscènes en son intimité non voilée. De mon appétence, mes lèvres se régalait déjà d'elle, ma langue happait ses fluides intimes comme une eau de jouvence, je buvais la vie...
(Je te l'avais promis, pour toi ma « chérie »)
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"Je n’obéis à aucune règle, aucune injonction...
Si je dois honorer un contrat, je décide
seul, pour qui et quand ! "
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