[Kirin Tor] Le gouffre cruel,

Répondre
Partager Rechercher
Le gouffre cruel,

Je ne pouvais contenir l'émotion qui me submergeait devant ce spectacle que l'on me faisait subir. J'étais au bord d'un gouffre béant, sombre, s'enfonçant dans les profondeurs des abîmes. On pouvait y voir ces âmes damnées se jeter sans force et sans vie, dans un vacarme de gémissements plaintifs. Je restais au dessus du sol, en lévitation pour ne pas poser mes pieds sur les vomissures putrides et les déjections démoniaques.

Je la regardais impuissant, une lueur de vie dans ses yeux qui pleuraient son amertume. Cette lumière au milieu des ténèbres, une proie facile dans ce sinistre spectacle morbide. Ses ailes étaient recroquevillées sur son dos, meurtries de plaies profondes. Son fluide divin s'écoulait peu à peu, elle saignait de la lumière, appâtant ainsi les démons des grands gouffres, attirés comme des insectes. Elle s'agrippait tant bien que mal, aux quelques racines et aspérités de la pente, elle semblait bien faible et se traînait difficilement contre la paroi pour sortir de la bouche des enfers.

Son regard aux milles questions me parlait :

- Laisse moi affronter cette épreuve de ma vie, laisse moi voir si je suis digne de refaire surface, n'interviens pas. Si je ne suis pas capable d'aimer encore, laisse moi partir au fond et recouvre moi de terre.

Je recevais le message sans pouvoir lui répondre, je n'avais pas ce pouvoir. Mes bras s'écartaient les mains tournées vers le ciel en signe de rédemption. Je gonflais ma poitrine en levant la tête, mes nerfs étaient à vif. Je serrais les dents comme si j'allais endurer les pires souffrances d'une vie qui n'était pas mienne.

Soudain mon corps se raidit, je sentais les lacérations de griffes et de dents. Mon sang rougeâtre giclait au travers des agressions invisibles sur mon armure. Mon corps d'albâtre se couvrait peu à peu de mon essence vitale. Je poussais un hurlement, je stigmatisais sur moi ce qu'elle avait enduré dans ce gouffre cruel, dans sa vie passée. C'était insoutenable et pour la première fois de ma vie je posais un genou à terre, de faiblesse, sans me soucier des conséquences. Ma main à son tour me faisait défaut et retenait mon corps qui tombait lourdement sous les coups, la lévitation disparaissait avec ma concentration fragilisée. De mes yeux plissés, perlait une larme de sang qui se fracassa sur le front de l'ange plus bas.

Ma bouche articulait quelques mots inaudibles, les lèvres retroussées par la douleur de la chair à vif, jamais personne n'avait touché aussi profondément mon âme par sa tristesse :

- Tu me demandes... de vivre ton agonie... De te regarder partir... au fond si tu n'y arrives pas... Peut être de te perdre à jamais... Qu'ai je donc fais pour me voir infliger cette torture insoutenable mon amour ? Je criais de désespoir, j'avais envie de mourir pour faire cesser ce supplice...

La haine a toujours été mon remède, mon onguent de résurrection. Mes poings se serraient, je me redressais sûr de ma force. Je calmais la douleur par la décision que je venais de prendre, la lueur bleutée naissante recouvrait maintenant tout mon être. La volonté de me révolter faisait naître des effluves lunaires sur ma peau, j'ordonnais aux ombres de m' obéir, c'était mes victimes, mes esclaves...

Je coupais dans mon cerveau la notion d'équilibre et lentement je tombais vers le gouffre sans fin, je fermais les yeux pour épanouir mon sens auditif qui me guidait jusqu'aux battements de son coeur. Une chute courte, l'air nauséabond venait gifler ma pèlerine et ma capuche s'envola pour libérer ma longue chevelure Elfique. Je stoppais ma descente près de l'ange blessé dans une position accueillante. Je lui ouvrai mes bras, mon regard interrogatif cherchait des réponses...

- Tu as connu l'amour des hommes et des bêtes, alors que tu méritais celui d'un Prince...

M'inclinant légèrement vers l'avant, je tendais une main ouverte juste à coté de la sienne. J'avais peur qu'elle se sacrifie en me voyant soumis, par mes rêves d'harmonie.

- Je viens te sauver Ange de mes rêves, prendras tu ma main ? Me donneras tu le nom d' Avenir ?


---


Ce texte à été déposé à la bibliothèque du donjon de Stormwind par Môr'haun,
__________________
"Je n’obéis à aucune règle, aucune injonction...
Si je dois honorer un contrat, je décide
seul, pour qui et quand ! "

Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés