[Darkane]

Voici le résumé du Grimoire intitulé "Magie et Acier", d'un auteur inconnu, que l'on peut trouver encore à ce jour dans la bibliothèque de Stormwind dans la partie réservée aux ouvrages traitant des différentes cultures. Cet ouvrage retrace la vie et la mort de ce célèbre couple d'humains qui a été à l'origine de la création de l'une des plus illustres des confréries encore en activité à ce jour: je parle bien entendu de la Guilde de la Magie et de l'Acier.

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Tout avait commencé de la manière la plus anodine et la plus banale qui soit: un matin d'hiver, à la bordure du petit village de Goldshire, la chaumière de la famille Fandelwin résonnait pour la première fois des pleurs de la petite Alexia. Ce foyer allait s'élargir avec l'arrivée, 2 années plus tard, d'un petit frère, Tomas, puis 3 ans plus tard d'une petite soeur, Felicy.

Toute la famille vivait des revenus que pouvait ramener la mère, obtenus en vendant les fruits et légumes cultivés dans leurs champs par leur père.
Toute petite, Alexia débordait d'énergie: on ne compte pas les fois où elle bouscula au cours de ses courses-poursuites mémorables les nombreux aventuriers qui traversaient le village, attirés par la grandeur de la grande ville, Stormwind, située non loi de là. Son frère Tomas, lui, était beaucoup plus réservé, à tel point qu'au début de sa vie, ses parents se demandaient s'il était normal. La petite dernière, Felicy, était beaucoup plus sage que son aînée et, si elle ne parlait pas beaucoup, était toujours prête à aider sa mère dans les tâches ménagères.

La vie continua son cours ainsi, Alexia accumulant les bleus et les bosses à l'extérieur, Tomas lisant dans son coin des ouvrages prêtés par sa maîtresse d'école, et Felicy, toujours souriante, aidant encore et toujours sa mère dans ses activités. Et les années passèrent ainsi, les unes après les autres...

Tous les étés, le village accueillait une grande foire. De nombreux stands se dressaient alors autour de la place du village, des bardes venaient chanter leurs chansons, des illusionnistes venaient épater la galerie de leurs tours... Cet événement rassemblait de nombreuses personnes, et beaucoup de "gens de la ville" descendaient de Stormwind pour y participer. Et évidemment, les quelques jours de foire étaient de grands moments pour tous les enfants du village, et la fratrie n'échappait pas à la règle!

Alexia passait beaucoup de temps du côté des arènes qui voyaient s'opposer entre eux les garçons du village et des alentours avec des épées de bois, tandis que Tomas aimait particulièrement regarder les tours des illusionnistes et que Felicy rejoignait les autres fillettes du village et allait s'extasier devant les stands des vendeurs de friches et autres vêtements.

L'année de ses 14 ans, Alexia s'inscrivit pour la première fois dans la compétition à l'épée. La compétition était dominée depuis 2 années déjà par Elder, le fils de 19 ans du plus grand propriétaire terrien du village, qui aimait particulièrement humilier ses adversaires et leur casser 2 ou trois côtes au passage. Et Alexia détestait profondément Elder, qui ne cessait de lui faire des allusions déplacées et de l'importuner.

A la surprise générale, Alexia vainquit son premier adversaire assez facilement: 10 secondes après le début du combat, son opposant se retrouvait désarmé d'une passe toute de fluidité de la jeune fille, et abandonnait la compétition sous les quolibets des spectateurs.

Son second combat allait être bien plus difficile: il fallut attendre près de 3 minutes pour que la jeune fille parvienne à déséquilibrer son adversaire, au terme d'un combat où son agilité était opposée à la force de son opposant. Mais ce dernier allait se faire prendre par une fausse ouverture dans la garde d'Alexia, qui profitait d'un gros coup dans le vide de son adversaire pour prendre l'avantage et le faire basculer au sol, mettant ainsi un terme au combat.

Il ne restait plus que 4 concurrents en lice. Et le tirage au sort désigna Elder comme prochain adversaire de Alexia... Lorsqu'il apprit la nouvelle, il se mit à ricaner et à provoquer la jeune fille, sous les rires de ses supporters. Tomas, averti par l'un de ses voisins, tenta de dissuader sa soeur de participer, mais celle-ci, les dents serrées, était bien décidée à faire ce combat, coûte que coûte.
D'emblée, le combat était déséquilibré: le garçon, plus haut que la jeune fille de près de 30 centimètres, et doté d'une force physique et d'une allonge bien supérieure, bouscula plusieurs fois Alexia, celle-ci ne devant à son extraordinaire dextérité de ne pas se retrouver au sol. Les coups assénés sur son bouclier secouaient à chaque fois la jeune fille, et l'issue ne semblait guère faire de doute. Elder se pavanait, sûr de son triomphe, et abreuvait la jeune fille de commentaires sexistes. Et c'est à ce moment que celle-ci parvint pour la première fois à toucher son adversaire, profitant de la déconcentration de celui-ci pour passer la garde du bouclier et toucher au torse le garçon. Un silence se fit alors autour de l'arène, tandis qu'Elder mettait la main sur sa blessure et la retirait pleine de sang. Ses yeux se tournèrent vers la jeune fille, le visage plein de haine. Et c'est dans ce silence anormal que le combat reprit: les coups se répétèrent sur le bouclier de la jeune fille, qui au prix de prouesses extraordinaires parvenait à chaque fois à les détourner: une seconde fois, une ouverture se dessina, et son épée alla atteindre la jambe du jeune homme, traçant un sillon sanglant en haut de celle-ci. La rage d'Elder ne connut plus de bornes, mais ce que ses coups gagnèrent en force, ils le perdirent en précision: Alexia se contenta désormais de laisser passer l'orage en esquivant habilement coup après coup. Le public, reprenant ses esprits, retrouva sa voix, et les encouragements de part et d'autres se refirent entendre. Peu à peu les coups d'Elder perdaient de la force, au fur et à mesure que celui-ci s'essoufflait. Et le moment tant attendu par Alexia se présenta: Elder baissa les bras l'espace d'un instant, et se trouva soudainement obligé de se défendre tant bien que mal devant les attaques pleines de finesse de la jeune fille - une, puis deux, puis trois fois l'épée toucha sa cible, blessant à chaque fois un peu plus la fierté du jeune homme. Il tenta bien de reprendre l'avantage, mais ses rares offensives étaient systématiquement contrées, et l'inimaginable se produit: son épée lui échappa à la suite d'un mouvement soudain d'Alexia qui parvint à atteindre le coude d'Elder: la jeune fille avait gagné!!! La foule ovationna cette-ci, tandis qu'Elder repartait, très en colère, entouré par ses amis qui tentaient de le réconforter et de le calmer.

[Darkane]

Epuisée, l'épaule meurtrie et toute courbaturée, Alexia ne put défendre ses chances lors de son dernier match : son adversaire, l'un des membres d'une confrérie établie à Stormwind, sut parfaitement profiter ce cette faiblesse et poussa la jeune fille à la faute en laissant faire le temps. En effet, peu à peu, Alexia sentait une grande lassitude l'envahir au fur et à mesure que la fièvre du combat précédent la quittait, et son rival se contentait de contrer ses initiatives les unes après les autres. Le combat finit sur une grossière erreur de la jeune fille, qui perdit son épée après un bien timide assaut et une facile parade de son adversaire. Ce dernier tenta bien de la consoler, mais elle était au bout de ses forces et dut se faire raccompagner par Tomas jusqu'à la maison familiale, qui ne lui avait jamais semblé aussi loin...
Lorsque son père rentra des champs et qu'il la vit dans ce état, il se contenta de hausser les épaules malgré l'enthousiasme mis par son frère à raconter cet exploit, se contentant d'un laconique "tu vois, je te l'avais bien dit que tu ne gagnerai pas". Vexée, Alexia alla se réfugier dans sa chambre, suivie par Tomas qui ne cessait, lui, de la féliciter, impressionné qu'il avait été par la virtuosité de sa soeur.
Lorsque le soir fut venu et que les enfants étaient au lit, 2 hommes frappèrent à la porte et demandèrent à voir "les parents de la jeune fille qui avait livré un si beau combat dans l'arène". Ils se présentèrent comme recruteurs de la Guilde des Combattants de Stormwind, et indiquèrent qu'ils avaient été surpris de voir comment la jeune fille avait combattu, et qu'ils se proposaient de prendre l'entraînement de cette recrue si prometteuse à leur charge, à condition qu'elle s'engage pendant une période de 5 années minimum à porter leur bannière au sein de leur association. Alexia dormait, mais Tomas put entendre toute la conversation: le refus catégorique de son père, puis la manière dont sa mère parvint à le faire peu à peu réfléchir sur l'opportunité pour eux d'avoir enfin une activité à proposer à Alexia, quelque chose qui puisse canaliser son énergie débordante et déboucher, pourquoi pas, sur une profession lucrative... Lorsque les 2 hommes repartirent, ils avaient la promesse que la décision reviendrait à la jeune fille elle-même, et que ses parents ne s'opposeraient pas à cette décision quelle qu'elle soit.
Tomas mit un temps fou à s'endormir, excité par la nouvelle et eut la plus grande difficulté à ne pas réveiller sa soeur pour lui annoncer l'extraordinaire nouvelle!
Lorsque finalement il s'endormit, c'était en voyant l'image de sa soeur en armure argentée combattre et repousser à elle toute seul les invasions des orcs, équipée d'une épée à 2 mains au halo bleuâtre qui décimait les rangs de ses adversaires les uns après les autres...
Mais au réveil, nulle trace de ses soeurs ni de ses parents dans la ferme. Ca n'était certes pas la première fois qu'il se trouvait tout seul, mais une prémonition le taraudait: quelque chose n'allait pas. Sans même prendre le temps de déjeuner, il sortit et se dirigea vers la place centrale, où les festivités continuaient de se dérouler. Mais personne n'avait vu qui que ce soit de sa famille depuis la veille. Il courut alors vers le champ familial, parcouru de frissons de peur irrationnelle, mais pas de traces de son père. Retournant vers sa maison, il s'avisa alors que la charrette qu'utilise sa mère pour aller à Stormwind était absente. Et en entrant dans la maison, il vit un mot, posé sur la table. Il prit le mot de ses mains tremblantes, et lut:
"Tomas, Alexia est malade, nous allons à Stormwind consulter une prêtresse. Tu as de quoi manger au cellier, ne nous attend pas avant ce soir tard. Nous avons amené Felicy avec nous. Bonne journée!"
Mais Tomas ne parvenait pas à se défaire de son angoisse, malgré le message anodin. Il déjeuna machinalement, puis se rendit à nouveau sur le lieu de la foire, sans parvenir à trouver un quelconque intérêt à ces festivités. Il faillit maintes fois prendre le chemin de Stormwind pour les rejoindre, mais il ignorait où se trouvait le temple et était un peu effrayé par cette grande métropole toujours pleine de monde.
Toute la journée se déroula ainsi, puis la soirée - mais son attente fut vaine, il céda au sommeil avant le retour de sa famille.
Le lendemain, ses parents n'étaient toujours pas rentrés.
Et lorsqu'en milieu de matinée il vit le magistrat de Goldshire monter péniblement le chemin qui menait à leur maison, accompagné de l'un des gardes aux couleurs de Stormwind et de la soeur de sa mère, tous avec une mine très grave, tout son corps se mit à trembler, et il dut se retenir à la balustrade pour ne pas tomber.
La terrible nouvelle qu'il avait tant redoutée devint réalité: hier soir, la charrette ramenant toute la famille de Stormwind a été attaquée par une bande de bandits sur la route, et ses parents ainsi que sa soeur Felicy ont été tués lors de l'attaque en se défendant, les chevaux volés et la charrette incendiée. En revanche, ils ne purent renseigner Tomas sur le sort de Alexia, ignorant qu'elle était partie avec eux. Le garde et le magistrat reprirent aussitôt le chemin du village pour aller se renseigner, laissant Tomas seul avec sa tante. Les flonflons de la fête parvenaient feutrés à ses oreilles, mais il ne les entendait plus. Pas plus qu'il n'entendait les paroles ni qu'il ne voyait les pleurs de sa tante: le mot "orphelin" occupait toutes ses pensée, les images de ses parents et de sa petite soeur se succédant dans son esprit au fur et à mesure que les souvenirs revenaient à la surface. Il entendit à peine sa tante l'inviter à la suivre chez elle, et la suivit docilement, complètement étranger à son entourage. Finalement, les larmes trouvèrent un chemin, et un immense sentiment d'injustice l'accabla: il s'effondra en pleurs, donnant enfin libre cours à ses émotions: il ne parvenait plus à arrêter les sanglots qui le secouaient, crise après crise. Ce n'est que lorsque le magistrat vint chez sa tante qu'il reprit le contrôle de ses émotions, et qu'il pût entendre que Alexia n'avait rien, qu'elle était en train de se reposer dans l'abbaye de Northshire, confiée aux bons soins des prêtres. Aussitôt, Tomas demanda d'aller la voir, ce qui lui fut refusé: sa soeur avait besoin de repos pour se remettre de son coup de fatigue, et il valait mieux éviter de lui apprendre la nouvelle avant qu'elle ne soit suffisamment rétablie. En attendant, le garçon pouvait rester chez sa tante autant qu'il faudrait: ils avaient toujours besoin de mains pour aider à la ferme... Et c'est ce qu'il fit durant 3 journées, lui qui n'avait jamais aidé son père au travail des champs: il se jeta à corps perdu dans le travail physique, oublieux des douleurs que ces efforts provoquaient sur son corps inhabitué à de tels efforts. Et quand enfin on lui annonça que sa soeur avait été informée et qu'elle avait demandé à le voir, il se rendit à l'abbaye, où il fut mené devant sa soeur. Palotte, les yeux rougis, toujours très faible, ils parlèrent plus de trois heures, évoquant les souvenirs heureux qu'ils avaient partagés avec ceux qui les avaient quittés: elle, fragile jeune fille de 14 ans, et lui, petit garçon soudainement arraché au monde de l'enfance.
Une semaine durant, il fit le voyage tous les jours à pied jusqu'à l'abbaye, et ils en vinrent à parler de l'avenir. Tomas raconta alors la visite des 2 hommes la veille de la tragédie, et la détermination qu'il lut alors dans les yeux de sa soeur le convainquit que c'était bien la voie qu'elle s'était choisie: son rétablissement fut alors spectaculaire, et le surlendemain elle se remit sur ses pieds et annonça qu'elle souhaitait mettre fin à son repos forcé et reprendre ses activités.
Elle mit toute sa détermination à parcourir sans aide tout le chemin de retour, et si ce n'est un léger moment de faiblesse passagère au début de la descente, elle serra les dents et parvint à portée de vue de Goldshire.
Un malheureux hasard voulut qu'à cet instant Elder, le jeune homme qu'elle avait battu lors de la fête, croisât leur route. Voyant l'état d'extrême fatigue de la jeune femme, et n'ayant toujours pas digéré la défaite, il la bouscula et la fit tomber sur les mains, tout en l'insultant et en lui donnant des coups de pieds. Furieux, Tomas voulut intervenir, mais d'un coup de poing magistral, Elder l'envoya valser sur le sol tout en continuant de piétiner Alexia, incapable de se défendre. Et soudain, Tomas sentit son corps envahi d'un pouvoir incroyable, son esprit cristallisant littéralement cette haine en une nuée éthérée qu'il projeta de toutes ses forces vers Elder en vagues successives, projetant ce dernier au sol, le faisant rouler jusqu'à ce que son corps percute violemment un arbre. Un affreux craquement retentit, et du sang se mit à couler au coin des lèvres de la brute.
Un voile rouge envahit les yeux de Tomas, et il perdit connaissance, complètement vidé par cet assaut d'énergie pure. Lorsqu'il rouvrit les yeux, ce fut pour découvrir qu'il était allongé à son tour dans l'abbaye de Northshire, et que sa soeur était à son chevet, l'air inquiet. Il lui fallut quelques minutes pour parvenir à se souvenir des instants avant sa perte de conscience, et d'autres minutes encore pour réaliser qu'il en savait pas ce qu'il était advenu d'Elder. Voyant l'air accablé de sa soeur, il comprit que son destin venait de basculer à jamais: il avait tué un homme. En effet, les prêtres n'avaient rien pu faire pour sauver celui-ci, et tout le monde se demandait ce qui avait bien pu se passer sur cette route: lorsque des voyageurs étaient arrivés sur les lieux du drame, ils ont trouvé Tomas évanoui, Elder agonisant et portant des traces d'une attaque d'origine magique, et Alexia rouée de coups sur le sol, de nombreuses côtes cassées. Alexia leur avait dit qu'ils avaient été attaqués par des bandits, et qu'Elder était mort en essayant de les défendre. Personne ne mit en doute à ce moment cette version des faits, mais Tomas ressentait très fortement le poids de sa culpabilité, et l'incompréhension devant cette force qui avait envahi son corps avec une telle violence, et qui avait entraîné la mort d'un homme.

[Darkane]

Aussitôt qu'il fût en état, les gardes de Goldshire vinrent l'interroger, associés à un enquêteur venu de la ville, nommé Alonis. Tomas confirma les dires de sa soeur, comme quoi des brigands les avait attaqués sur la route, et qu'il avait eu juste le temps de voir Elder arriver et se ruer sur leurs agresseurs, avant que lui ne soit pris dans un rayon magique émis par un sorcier qui lui avait fait perdre connaissance. Le froncement de sourcils de l'enquêteur à cette déclaration ne lui échappa pas, ni le regard suspicieux qu'il lui jeta à ce moment. Une fois ses déclarations notées, les visiteurs les laissèrent seuls dans la chambre. Tomas fondit alors en larmes, disant que c'était trop difficile pour lui de porter un tel fardeau, mais sa soeur trouva les mots qui l'apaisèrent, lui parlant de l'avenir qui les attendait lorsque cette affaire serait oubliée, et qu'elle-même excellerait dans ce métier des armes pour lequel elle voulait dédier sa vie. Elle lui expliqua alors que cet "accident" avait révélé la vraie nature du pouvoir qui sommeillait en lui: la Magie - et elle évoqua alors pour la toute première fois la possibilité d'une activité commune entre elle et lui, alliant le tranchant de l'acier à la puissance de la magie. Ils parlèrent ainsi durant des heures, imaginant toutes sortes d'événements durant lesquels leurs pouvoirs combinés vaincraient toutes les oppositions, et c'est sur ces visions glorieuses que finalement Tomas s'endormit, bercé par les paroles de sa soeur.
Le lendemain, les prêtres vinrent lui annoncer qu'il pourrait quitter les lieux quand il le voudrait: à leurs yeux, Tomas était guéri, vu qu'ils n'avaient pas su déceler de raison physiologique à son intense fatigue. Il décidé alors d'attendre sa soeur, qui lui avait annoncé la veille qu'elle repasserait prendre de ses nouvelles en début d'après-midi, à l'extérieur de l'abbaye.
Pendant quelques minutes, il observa les nombreux apprentis qui couraient dans tous les sens, souriant du sentiment d'urgence qui semblait tous les caractériser. Il apprécia pleinement ces quelques instants durant lesquels il n'avait rien d'autre à faire que de se reposer en sentant le soleil caresser son visage.
A nouveau, son esprit vagabonda par-dessus les collines avoisinantes et vogua jusqu'aux montagnes enneigées autour d'Ironforge, la citadelle des nains, là-bas dans le nord. Il fut rappelé à la réalité par une voix qui l'interpellait - et bondit sur ses pieds, paralysé de peur, lorsqu'il reconnut que la personne qui l'avait tiré de ses rêves éveillés n'était autre qu'Alonis, l'enquêteur venu de Stormwind... Son coeur battant la chamade, il réussit à bafouiller une formule de bienvenue, et se rassit aussitôt pour tenter de cacher ses tremblements, tout son corps encore sous le coup de cette décharge subite d'adrénaline.
Faisant mine de ne rien avoir remarqué, l'homme s'assit à côté de lui, et commença à lui parler de la beauté des paysages, et des problèmes qu'avaient les gens de l'abbaye à combattre les loups qui erraient dans les plaines alentour, mettant en danger les enfants, heureusement rares, qui venaient jouer dans les environs. Il n'attendait pas de réponse, se contentant de faire la conversation tout seul, ce qui permit à Tomas de reprendre ses esprits. Puis, peu à peu, son monologue aborda le sujet des bandits qui pourrissaient la vie des habitants de la région. Bien que cela ne se fit que lentement, Tomas commença à participer à la conversation, ne pouvant s'empêcher de trouver l'homme plutôt agréable: ils en vinrent à parler de l'accident survenu à ses parents et de la tristesse et l'indignation qu'il avait ressenties lorsqu'il avait appris ce nouveau méfait de leur part: en effet, depuis des mois, il était chargé d'enquêter sur ces fameux brigands qui s'appelaient eux-même les Défias. Leurs actions commençaient à inquiéter sérieusement les autorités à Stormwind, au point qu'ils songeaient à offrir des récompenses à ceux qui permettraient de donner des pistes pour les trouver et mettre fin à leurs agissements.
Soudain, il se tourna vers Tomas, et plongea ses yeux dans les siens. De sa voix douce et calme, il lui dit:
- Je sais que ce ne sont pas des bandits qui vous ont attaqués. Je sais aussi que c'est toi qui a tué Elder, en faisant usage de magie non maîtrisée. Et même si je crois deviner les raisons de cet acte, ça me pose un problème. Un gros problème.
Prisonnier des yeux de son accusateur, Tomas sentit les larmes monter, et ne put les empêcher de couler le long de ses joues. Après d'interminables secondes de silence, Alonis reprit:
- Ca me pose même plusieurs problèmes, d'ailleurs, tous plus ou moins liés. Le premier serait de laisser un assassin en liberté, bien que je ne te considère pas vraiment comme un assassin... Le second, c'est que c'est la première fois que la magie aurait été utilisée par ces bandits par ici, ce qui fait que je vais probablement avoir un mage qui va venir m'assister - et ça, ça m'ennuie. Parce que, lorsque ce mage va étudier les traces magiques du combat, il va inévitablement en tirer les mêmes conclusions que moi à ton sujet, et je vais passer pour un incompétent de n'avoir pas vu l'évidence. Et le dernier problème, le plus important à mes yeux, c'est de laisser un enfant de 12 ans jouer avec la magie sans personne pour lui apprendre à la contrôler.
Sur ces paroles, il détourna ses yeux, libérant ainsi l'emprise qu'il avait sur Tomas, et regarda au loin. Durant ces quelques instants de silence, le cerveau de celui-ci envisagea mille scénarios, allant de l'aveu à la négation, en passant par la fuite précipitée ou même l'élimination physique de cet enquêteur trop brillant... Mais pour finir, c'est d'une voix résignée qu'il répondit:
- Alors, qu'est-ce que vous comptez faire? Pourquoi ne m'avez-vous pas encore livré aux gardes?
Alonis hésita, puis reprit la parole:
- Eh bien... Il me semble que ces derniers jours ont été particulièrement malheureux pour ta soeur et toi, et je ne peux m'empêcher de ressentir au fond de moi une immense compassion pour tout ce qui vous est arrivé. Je ressens que vous méritez mieux que toute cette histoire, et je ne souhaite pas vous accabler davantage. Alors, tu vas rentrer tranquillement chez toi et reprendre des forces. Dans 2 jours, Elder sera enterré en héros, je compte sur ta soeur et toi pour faire un beau discours pour lui rendre hommage: à défaut de leur rendre leur fils, cette cérémonie atténuera un peu le chagrin de ses parents. Quant à moi, je vais devoir me rendre dans le Westfall, car ils subissent également des attaques ponctuelles et je commence à me demander si ces Défias ne chercheraient pas à y étendre leur influence. Je ne rendrai compte de l'attaque que vous avez.. subie... qu'à mon retour - à ce moment, les traces auront disparues et personne n'aura de raison de douter de votre version des faits. Par contre, ton cas continue de me préoccuper: je n'ai pas le droit de te laisser continuer à manipuler les énergies magiques librement, alors on va faire la chose suivante: dans une semaine, lorsque je reviendrai du Westfall, tu m'accompagneras à Stormwind. On ira ensemble voir au Quartier des Mages quelles sont les structures qu'ils mettent en place pour les orphelins ayant certaines prédispositions à la magie. Si ce que j'ai cru déceler en toi est bien la réalité, à savoir que tu as un potentiel immense dans ce domaine, je doute qu'ils laissent passer l'occasion d'avoir un apprenti si doué et si jeune, qu'ils pourraient modeler à leur guise!
Par contre, tu vas me faire une promesse, ou plutôt 2: la première c'est de ne plus JAMAIS jouer avec la magie avant d'avoir appris comment la maîtriser, et la seconde, c'est que si par hasard je n'étais pas de retour dans, mettons 2 semaines, tu te rendes avec ta soeur à la Tour des Mages à Stormwind pour voir avec eux comment ils peuvent t'enseigner cette maîtrise qui te fait défaut.
Alonis se leva, et regarda à nouveau Tomas dans les yeux. La franchise qu'il y lut lorsque ce dernier s'engagea à respecter cette promesse le fit sourire, et il remonta sur son cheval puis partit en direction de Stormwind, après un rapide geste d'au revoir de la main.

[Darkane]

Tomas resta assis de longues minutes sur le banc, longtemps après que l'enquêteur ait disparu dans le lointain. Son esprit revenait encore et toujours sur la conversation qu'il venait d'avoir, repassant sans cesse les différents moments de celle-ci. Il se sentait vidé de toute énergie, ne parvenant pas à se concentrer sur quelque sujet que ce soit. C'est presque au dernier moment qu'il remarqua que sa soeur se rapprochait d'un pas empressé. Aussitôt arrivée, celle-ci, tout essoufflée, lui demanda d'une voix inquiète:
- Tomas, je viens de croiser l'enquêteur délégué de Stormwind: qu'est ce qu'il venait faire ici? Il t'a parlé? Qu'est-ce que tu lui as dit?
Tomas ne répondit pas tout de suite, renforçant l'inquiétude chez sa soeur. Finalement, il répondit:
- Je n'ai rien eu besoin de lui dire: il avait tout deviné...
Avisant alors l'air affolé qui envahit le visage d'Alexia, il reprit aussitôt:
- Mais ne t'inquiète pas, il ne nous dénoncera pas!! Il doit partir dans le Westfall, et lorsqu'il reviendra, il doit m'amener à Stormwind pour voir s'il n'y a pas moyen de trouver des gens pour m'apprendre la magie!
Tomas raconta alors toute la discussion qu'il venait d'avoir, n'omettant pas de parler de la promesse qu'il avait faite. Peu à peu, le visage d'Alexia retrouva un certain calme. Ils décidèrent alors de rentrer chez leur tante, et sur le chemin parlèrent à nouveau longuement du rêve qu'ils avaient de travailler plus tard ensemble, alliant ainsi l'épée de la soeur à la magie du frère. Et si une personne avait été là pour entendre la conversation, elle aurait sûrement haussé un sourcil en entendant ces deux enfants tenir une discussion d'une maturité tellement inhabituelle à leurs âges...

Ils étaient tellement pris dans leur conversation qu'ils arrivèrent sans même s'en rendre compte à l'endroit où Elder les avait attaqués. Un frisson parcourut alors la colonne vertébrale de Tomas, et ses yeux se posèrent sur l'arbre qui avait mis une fin tragique à l'existence du malheureux jeune homme, ainsi qu'à l'endroit où lui-même s'était évanoui. Un jour après, les lieux étaient encore "irisés" des traces de magie, indécelables aux yeux des profanes mais tellement caractéristiques pour les sens des magiciens. Pour la première fois de sa vie, Tomas percevait ces traces à la lisière de sa vision, sans pour autant parvenir à leur donner un sens: elles attiraient son regard, mais disparaissaient aussitôt qu'il cherchait à les fixer, pour réapparaître dès que son attention était attirée ailleurs. Pensant alors avoir affaire à une espèce d'hallucination, Tomas n'y prit plus garde. Voyant les traces de sang séché au pied de l'arbre, les larmes vinrent à ses yeux: il se détourna soudainement et reprit le chemin, suivi par Alexia, restée muette durant ces quelques instants.
Ils traversèrent le village en silence, puis se rendirent chez leur tante, qui les accueillit chaleureusement.

Les jours suivants furent assez pesants, avec l'enterrement d'Elder. La jeune fille lui rendit un hommage qui, à défaut d'être mérité, n'en était pas moins très émouvant: évoquant les (rares) fois où Elder s'était comporté en bon compagnon pour terminer sur l'apothéose de son "sacrifice". Même si le jeune homme n'allait pas manquer à grand monde dans le village, les soi-disant circonstances de sa mort ainsi que la position de son père firent que de nombreuses personnes étaient venues l'accompagner dans son dernier voyage. Tout au long de la cérémonie, Tomas sentait la culpabilité l'oppresser - et au moment de l'inhumation, il éclata en sanglots, évacuant ainsi les tensions qu'il avait accumulées en lui. Cette détresse fut communicative, et de nombreuses larmes furent versées autour de lui. Tomas et Alexia posèrent sur la tombe une plaque sur laquelle était gravés les mots "Tu as donné ta vie pour nous. Nous ne t'oublierons jamais", puis peu à peu le cortège se dissipa. Elder avait eu un bel enterrement...

Une semaine s'était écoulée, et Alonis n'était toujours pas revenu. Entretemps, Alexia s'était rendue à Stormwind, et avait pris contact avec la Guilde des Combattants de Stormwind. Mais la personne assurant la réception n'avait pas entendu parler d'elle, et il lui fallut patienter de nombreuses heures toute seule, essuyant à chaque fois le regard curieux des arrivants, avant que l'un des membres de la Guilde ne vienne s'excuser auprès d'elle de cette attente, l'invitant à le suivre pour rencontrer l'un des membres à la tête de cette organisation.
Lorsqu'elle pénétra dans ce salon de réception, elle fut abasourdie devant le luxe qui le caractérisait: des fauteuils recouverts de soie rouge, une table taillée en une seule pièce et parfaitement polie avec des sièges tout en bois précieux, des dorures étincelantes un peu partout, de nombreux tableaux aux murs, et même une fontaine d'eau qui coulait dans un coin de la pièce!
Deux hommes l'attendaient, l'un d'eux assis derrière un superbe bureau, vêtu de vêtements probablement issus d'un très grand couturier, et l'autre debout derrière, habillé d'une armure dorée parfaitement entretenue bien que légèrement cabossée par endroits, et une épée longue couverte de runes battant son son flanc. Ils se présentèrent respectivement comme Jucius Longhorn, Comte de la province de Folanner et membre de la cour du roi, et Armand Coutelier, l'un des capitaines des Gardes de Stormwind. Ils lui dirent qu'ils avaient entendu parler de son exploit lors du tournoi à Goldshire, et qu'elle leur avait été recommandée par deux de leurs agents recruteurs qui avaient assistés aux combats.
Ils présentèrent leur guilde, subventionnée par le Roi lui-même et parmi laquelle se trouve une grande partie des membres de la Garde de Stormwind. Puis, le Comte invita la jeune fille à voir avec Armand les détails de son admission, puis les congédia tous deux, indiquant qu'il avait une réunion importante.
Armand accompagna Alexia le long de couloirs interminables sans lui parler, et c'est seulement parvenu dans une grande salle d'entraînement aux murs recouverts de boucliers et d'épées entrecroisées, au milieu de nombreux combattants qui s'entraînaient mutuellement ou contre des mannequins, qu'il lui adressa à nouveau la parole:
- Bien. Alexia. Comme tu peux le voir, ceci est une salle d'entraînement, où seuls les membres de notre Guilde ont libre accès. Grâce à la générosité du Roi, Dieu le bénisse, elle est pourvue des meilleurs équipements et des meilleurs professeurs que l'on puisse trouver à Stormwind. Faire partie de cette guilde est réservé à l'élite des combattants, j'espère que tu mesures l'honneur qui t'est offert. En tant que novice, bien évidemment, tu devras obéir à tes supérieurs, et tu seras soumise aux tâches qui te seront dévolues, que tu devras bien entendu effectuer avec diligence et efficacité: assistance au nettoyage et à l'entretien des locaux de la Guilde, délivrance de messages, et bien entendu entraînement quotidien pour la maîtrise de l'arme et du bouclier, exercices d'endurance et de résistance à l'extérieur, et j'en passe.
Mais avant tout cela, je veux me faire ma propre idée sur tes soi-disant talents: je ne te cacherai pas que lorsqu'on m'a dit qu'une jeune fille avait fait preuve d'une remarquable habileté à l'épée lors de la fête de Goldshire, ça m'a doucement fait sourire: il n'y a que 3 femmes parmi nous, et franchement... Elles sont loin d'arriver au niveau des meilleurs d'entre nous. D'ailleurs, tu ne trouveras pas une seule femme parmi les Gardes de Stormwind, car elles n'y ont pas leur place! Et ce ne sont pas des gamines comme toi mais des vétérantes. Mais bon, il paraît que je vais être surpris, alors si tu es prête, montre-moi ce que tu sais faire.
Armand s'interrompit et appela l'un des hommes qui s'entraînait face à un mannequin. Ce dernier, qui devait à peine avoir 18 ans, arriva aussitôt, l'air inquiet, et fut soulagé lorsque le capitaine lui demanda s'il voulait bien faire un combat amical contre la jeune fille. Il fut présenté comme l'un des novices, arrivé il y a près de 6 mois, fils très prometteur de l'un des membres importants de la Guilde (à ces mots le jeune garçon rougit de plaisir), et Alexia fut présentée comme une potentielle nouvelle recrue. Contrairement à son attente, le jeune homme n'eut pas le petit sourire qu'elle s'attendait à voir, mais il alla aussitôt chercher une paire d'épées courtes au fil aiguisé et brillant et en donna une à la jeune fille. Elle soupesa l'arme sous l'oeil attentif du capitaine en faisant des moulinets de son poignet, testant ainsi l'équilibre de la lame ainsi que sa tenue en main. Puis, elle posa ses affaires sur le sol et se déclara prête.
Le capitaine énonça les règles: interdiction de quitter le cercle de combat, de frapper au visage ou au-dessous de la ceinture. Les lames étant enchantées, nul besoin de retenir ses coups: aucune blessure mortelle ou sérieuse ne pouvait être infligée par ces lames, et des prêtres étaient là pour soigner les blessures légères.
L'issue du combat serait signifiée par le fait d'infliger une blessure sérieuse ou mortelle - auquel cas la lame disparaîtrait.

Le combat débuta dès que le capitaine en donna le coup d'envoi, après le salut rituel. Une fois de plus, Alexia était confrontée à une personne ayant une allonge supérieure à la sienne. Et une fois de plus, elle fit preuve d'une extraordinaire habileté, esquivant brillamment les attaques de son adversaire et forçant ce dernier à rester sur ses gardes. Une première fois, elle toucha son avant-bras mais ne put tirer avantage de cette situation, étant forcée de se protéger de la contre-offensive immédiate qui caractérisa cette première touche.
Une seconde fois, elle parvint à piquer l'abdomen de son adversaire, et le respect qu'elle lut dans ses yeux faillit lui faire perdre sa concentration. Heureusement, elle se reprit aussitôt et passa résolument à l'attaque. Contraint à la défensive, le jeune homme fut mis plusieurs fois en difficulté, reculant encore et toujours devant la vivacité des feintes de la jeune fille. Sentant qu'il se rapprochait dangereusement de la fin du cercle de combat, il jeta un coup d'oeil rapide derrière lui: cette fraction de seconde d'inattention était le moment qu'attendait Alexia, qui d'un geste soudain planta l'arme dans son corps, d'un seul mouvement tout en élégance...
La lame se volatilisa lors de l'impact, rendant ainsi son verdict: la jeune fille avait gagné!

Alexia tendit la main à son adversaire, qui la serra avec admiration tout en la félicitant. Elle nota au passage que beaucoup des personnes qui s'entraînaient avaient cessé leur activité pour les regarder, et ressentit à ce moment une grande fierté. Puis elle se tourna vers le capitaine, qui arborait un sourire en coin indéchiffrable.
Ce dernier prit la parole:
- C'est vrai que vous vous battez plutôt pas mal, et que j'ai été surpris. Je pense qu'en effet, on arrivera à faire de vous quelqu'un qui sache se servir avec succès d'une épée. Je vais donner les consignes pour votre préparation: soyez prête demain matin au chant du coq avec vos affaires pour un séjour d'une semaine, j'enverrai quelqu'un vous chercher. Ce séjour sera pris en charge par nos services, hébergement compris. Au terme de cette semaine, nous déciderons ensemble de la suite à donner à votre candidature.
Il s'interrompit alors pour prendre une feuille de papier sur laquelle il écrivit quelques lignes, signa, puis il la mit dans une enveloppe qu'il donna à Alexia, lui disant de se rendre à l'accueil et de donner cette lettre à la personne chargée de la réception. Il prit alors congé, et s'éloigna. Alexia le suivit, et transmit l'enveloppe au réceptionniste. Après avoir lu la lettre, ce dernier regarda la jeune fille d'un air surpris, et nota l'adresse de la jeune fille, lui répétant les consignes d'être prête le lendemain au chant du coq.
Lorsqu'Alexia sortit du majestueux bâtiment, elle avait une envie folle de chanter!