[Orlanth Kerr]

Des vapeurs méphitiques, aux relents nauséeux, à la couleur glauque envoilent la scène d’un éclat olivâtre, surréaliste.
Sur un solide ponceau de pierre, la fratrie d'antan est de nouveau réunie. Semblables à deux statues antiques, ils s’observent face à face. Seules leurs ombres dansent un ballet lancinant, morbide guidées par les flammes mourantes.
Les souvenirs affluent, les larmes coulent le long du visage de Vera, une fière gnome massive. Ses épaisses mains, tannées par des années de dur labeur à la forge, tiennent avec hargne un imposant marteau, cadeau des nains qu’elle reçu à la fin de sa formation de guerrier. Vera, contrairement à ses semblables, n’était pas douée pour les sciences et endurait les railleries de ses petits camarades.. Elle s’exila donc et partie apprendre auprès des nains, quelque métier plus manuel.

En face d’elle se dresse la parodie de ce qui fut, jadis, un gnome. Désormais ce n’est plus qu’une abomination à la chair brûlée et irradiée. Son corps difforme est recouvert de loques souillées, puantes. Il pointe un regard mort et laiteux en direction de ‘l’autre’. Un rictus de froide inimité déforme son visage, dévoilant une dentition gâtée.
La chose avance de quelques pas en grognant, vomissant un mince filet de bile. Un souffle rauque, pénible s’échappe d’entre ce qui fut ses lèvres, désormais des plaies purulentes.
A son cou est suspendu un collier de rutile, un cadeau que Véra lui avait offert avant qu’elle ne quitte Gnomeragan.

‘Mon frère cela fait tant de temps…’ La voix de Vera est cassée par l’émotion, la tristesse. Mais l’abomination ne semble pas réagir, elle se contente d’observer sa proie en bavant.
‘Tu souviens tu de ce pont, Arus ?’ Interroge t’elle.
‘Enfant, c’est ici que nous nous retrouvions pour nous chamailler. T’en rappelles tu ?’
La chose arrête sa progression et semble vouloir se remémorer ces souvenirs anciens. Il se tape le crâne, comme si ce geste dérisoire pouvait l’aider.
Il tente de parler mais rien d’autre que des sons désarticulés jaillissent de sa bouche. Ses grognements se font plus menaçant, sûrement la frustration.
Du regard, Vera embrasse les lieux : tout a tellement changé … tout est devenu si différent, si horrible.
La gnome porte son attention vers son frère, elle doit l’aider, le délivrer de sa triste condition. Vera doit trouver la force d’accomplir son vœu : affranchir de leur malédiction tous ceux de sa famille qui furent atteints par les vapeurs toxiques. Les larmes assaillent son visage.
Arus sent que sa proie ne va pas se laisser vaincre facilement, il s’empare de son arme, une lame verdâtre et suintante puis, en un hurlement de haine féroce, le gnome se jette sur sa soeur. Le faciès inondé de larmes, cette dernière va à sa rencontre, le cœur brisé : elle aurait tellement aimé que son frère se souvienne des temps heureux.
‘Mon frère, tes souffrances ne seront bientôt plus ! Ce soir tu seras au coté de nos aïeuls. Tu festoieras en leur compagnie.’
En un fracas assourdissant les armes se rencontrent, s’entrechoquent. Malgré son physique, Arus est rapide, trop rapide. Il esquive sans mal les violents coup de marteau de sa sœur. Quant à Vera, elle remercie ses cousins nains de lui avoir fourni cet épais haubert de maille, plus d’une fois il détourne efficacement les coups mortels de son frère.
Le combat s’éternise, d’autres irradiés risquent d’être attirés. Dans la frénésie du combat, elle se souvient. Au cours de leurs luttes enfantines, Vera finissait toujours par vaincre son frère. Elle employait toujours la même ruse et à chaque fois Arus tombait dans le piège.
Vera baissa alors sa garde, dévoilant son poitrail. Arus réagit promptement et frappe d’estoc abaissant par la même occasion sa garde. La gnome encaisse le coup, par chance le haubert assume son rôle, elle s’en tirera avec une ecchymose.
Vera ne laisse pas le temps à son frère de refermer sa garde, elle le déstabilise en le repoussant de son maillet. Arus, déconcerté, recule de quelques pas en pivotant dévoilant son dos à sa sœur.
Sans perdre de temps, Vera frappe de toutes ses forces. En en un craquement sinistre son lourd marteau lui enfonce le bas des reins. L’abomination s’écroule sur le sol en hurlant de frustration. Sans perdre de temps, la gnome lui porte le coup de grâce. Le crâne de son frère explose sous l’impact….
Véra hurle alors sa souffrance et se laisse tomber au coté de son frère, elle touche délicatement ce qui reste de son visage et s’empare de son collier. La gnome se redresse doucement puis darde un regard vipérin en direction des profondeurs de la cité et crie de nouveau.
‘Mekgineer Thermaplugg !!! Vois ou ta félonie a mené notre cité, notre peuple ! Vois ce que nous sommes devenus !’ La fière gnome dresse vers le ciel le collier de son frère et poursuit.
‘ Sur cette parure et en l’honneur du Grand Artisan Mekkatorque, je jure de te traquer et de te faire payer ta traîtrise !!’
‘Je te le jure…’ Souffle t’elle le visage déformé par la haine et la tristesse. ‘Oui, je te le promets…Ton crime ne demeura pas impuni’

[Eudes/Tylur]

( Jolie )

(Merci pour nous faire part de ton histoire )

[Môr'haun]

très bon, j'aime beaucoup)