Il allait partir.
Déjà, sa silhouette descendant la colline lui vrillait le ventre en une incroyable appréhension. Ses épaules, son dos, sa démarche...
- Att... !
Pour une fois, la voix de la souris n'était pas assurée, prête à s'éteindre dans un hoquet.
Quelquechose se brisa en elle, elle ne saurait jamais sans doute ce qui débloqua ses pas vers lui, mais elle le fit.
Elle le rattrapa et un flot de paroles, entrecoupé d'une respiration haletante, sortit enfin d'entre ses lèvres.
Elle se livrait avec maladresse, elle n'avait jamais fait ça.
Mais il ne fallait pas qu'il parte. Surtout pas. C'était tout ce qui importait. S'il partait, elle serait de nouveau seule, dans ce gouffre sans fin, sombre et solitaire.
Elle se tut et dans l'attente de sa réaction, elle sentait son coeur se serrer.
Il resta.
Plus tard, autour du feu, elle s'amusa à faire comme il lui dit : fermer les yeux et raconter les images qu'elle voyait. C'était simple en fait, et amusant.
Sans le savoir, elle se réchauffa autant qu'elle le réchauffa.
Elle lui vola un baiser avant de repartir sur les routes.
Quelquechose de nouveau s'éveillait en elle. Un fol espoir. Une terrible force. Un étrange goût d'éternité...
Elle ne regardait pas que lui avec des yeux nouveaux.
C'est tout ce qui l'entourait, tout ce qu'elle était, tout ce qu'elle deviendrait qu'elle avait envie d'embrasser comme on embrasse la vie.
Elle ne se rendit pas compte qu'elle goûtait à un peu de bonheur...
Il faudrait qu'elle remercie Shoam et Yaëlle, elle se le promit. Avec l'Odre des Dragons, tout commençait réellement...
|