<ORBE> Une ombre dans la nuit [BG]

Répondre
Partager Rechercher
Le claquement ténu se répercutait sur les pavés de la cité de Stormwind, rompant le silence qui entourait la ville et ses habitants endormis. Seuls les Gardes, vigilants, opéraient leurs rondes, faisant tinter leurs bottes métalliques sur le sol, projetant leurs ombres au fur et à mesure de leurs patrouilles. Semblant prendre une direction plus précise au fur et à mesure qu’il se faisait plus proche, le son n'était pas encore parvenu jusqu’à eux ; en pleine journée, il n’aurait pas attiré l’attention, surtout pas dans le Quartier des Nains, où tout n’était que fumée et bruits de forge tant que le soleil brillait. Mais la nuit, tout était silencieux et calme, et toutes les races de l'Alliance dormaient paisiblement.

Une ombre jaillit soudain du tunnel conduisant au Tramway des Abysses, et les claquements occupèrent la place déserte, rebondissant sur les hauts murs épais, emplissant le silence de la place ; elle glissa, se rattrapant de justesse à un réverbère, et tomba à genoux. La clarté du réverbère fit briller une seconde les souliers ferrés qu'elle portait et un bout de sa cheville découverte, sur laquelle serpentaient plusieurs traînées de sang. Elle étouffa un gémissement et se releva péniblement, mais la douleur fût la plus forte, et elle porta une main à son côté. Adossée au réverbère, genoux à demi fléchis pour répartir le poids de son corps, l'inconnu tourna la tête de droite à gauche, comme s'il se repérait, ou vérifiait qu’on ne la suivait pas. Son regard s’arrêta sur l’ouverture du tunnel accédant au tram, et il s'avança légèrement, sortant de l'obscurité un visage encapuchonné dont seule la bouche, petite, paraissait. Les lèvres à demi-ouvertes, le blessé haletait visiblement, quand sa mâchoire se crispa brusquement , le laissant échapper un nouveau gémissement sourd qui le fit se ramasser sur lui-même, étreignant son abdomen. Aucune trace de Garde pour lui venir en aide. De toute façon, il serait immédiatement arrêté, surtout quand ils s’apercevraient de l’état dans lequel il se trouvait… Non il n’avait pas de temps à perdre, seule la délivrance de ses informations comptait, le temps lui manquait trop. Inspirant fortement, il se redressa lentement, s’écarta du lampadaire et retourna dans l’ombre de la rue.

Pas le temps de me faire arrêter, se répéta l’ombre. Elle retira doucement ses chausses bruyantes et courut, ramassée sur elle-même, le long des larges rues désertes et tranquilles. Au croisement menant aux canaux et sa destination, elle s'arrêta un instant pour reprendre son souffle, et leva les yeux vers le ciel dégagé ; son regard s'attarda un moment sur la voûte céleste avant de se détacher avec un soupir. Lentement, elle avança sa tête encapuchonnée dans le tunnel d’accès, et n’eût que le temps de se rejeter en arrière, le corps instantanément baigné de sueur froide, alors que les deux Gardes parvenaient à sa hauteur et la dépassaient, se dirigeant dans la rue opposée. Par la Lumière, je dois me dépêcher, se morigéna l’inconnu. La chaude et poisseuse présence du sang qui imbibait maintenant une bonne partie de sa tunique sous sa main pressée, lui rappelait que le temps était compté. Se ramassant sur lui-même, l'inconnu s’engagea dans le passage, mi-courant mi-marchant, s’appuyant régulièrement contre la froide paroi. Arrivé à l’extrémité, s'assurant prudemment que la voie était libre, il remonta la dernière rue.. Tentant d’éviter un étal couvert, il buta dans une roue qui traînait là, perdit l’équilibre, tituba, essaya de se rattraper et s’abattit sur une surface gazonnée. Un jardinet. Reprenant son souffle, le visage dans l’herbe, le blessé leva les yeux sur le symbole de la ville de Stormwind et de la puissance humaine, la Cathédrale, qui le dominait et se dressait imposante à son regard trouble. Trouble… Sensation de vertige intense, la sueur glacée plaquait ses habits contre sa peau, contraste avec le fluide vital qui recouvrait pratiquement tout son côté droit de sa consistance et de sa chaleur, et la vue qui commençait à lui manquer… Froid, sommeil, vertige… Pas question, pas maintenant. Allons, debout. Lèves-toi ! Si tu faillis, tout est perdu ! Ses propres admonestations le forcèrent à se redresser péniblement, prenant appui sur le sol, puis à l’arbre, poussant petit à petit ses jambes et agrippant le tronc pour se redresser. Tour de garde ? Relève ? Il aurait probablement dû y avoir des Gardes devant les grandes portes ouvertes sur l’édifice… Non ? Il ne savait plus, et peu lui importait maintenant, il touchait au but. Titubant, son bras droit maintenant pendant à son côté, la jambe droite menaçant de plier sous lui, il gravit lentement les marches, serrant les dents et le poing gauche sous les élancements que l’effort, répercuté par ses muscles, causait à son corps meurtri. Il parvint au palier supérieur, et entra.

La chaleureuse lueur des candélabres imprégna en lui l'assurance qu'il était enfin arrivé à destination, et allait pouvoir déposer son fardeau. Le message. Le message ! Eandrël… Cyruline… Koda… J’y suis presque… Attendez-moi encore un peu… L’Archevêque était insomniaque et le recevrait de toute façon… Encore fallait-il parvenir jusqu’à lui… Le message… L’inconnu se traîna hors de l’entrée pour entrer pleinement dans l’Abbaye, et la lumière violente lui fit lever les yeux, protégeant ses pupilles meurtries. L'entrée n’échappa pas aux Gardes veillant la nef, qui n’hésitèrent pas une seule seconde et se précipitèrent sur l’étranger.
- Au nom du Roi, arrête-toi, manant ! Qui es-tu et que viens tu faire ici à cette heure et dans cette tenue ? Réponds !
Aggripant l'épaule de l'interpellé, l'un deux le secoua rudemment, arrachant un cri perçant au blessé comme se rouvraient ses blessures. L’Archevêque, qui se rendait dans la bibliothèque adjacente à la nef de l’Abbaye pour ses nocturnes recherches, entendit le cri et s’immobilisa un instant ; le gémissement plaintif qui s’ensuivit, semblant porter toute la douleur du monde, le remua. Saisissant son bâton, il fit demi-tour, remonta le couloir et se rua vers le trio.
- Gardes, que se passe-t-il ? demanda-t-il en arrivant à leur hauteur. Dépassant celui qui cachait la scène, le religieux ne put empêcher un bref mouvement de recul à la vision qui s’offrit à lui : une personne dont la robe et la pelisse capuchonnée étaient affreusement imbibés de sang, laissant une longue traînée pourpre sur le tapis azur. L’Archevêque hésitait sur la conduite à tenir quand son regard tomba sur la main droite ensanglantée, semblant pulser doucement, et écarquilla les yeux, reconnaissant l'objet ; se ressaisisant instantanément, il parla brièvement :
- Ekhön, va quérir la Grande Prêtresse, dépêche-toi ! Rapporte également de l’eau brûlante et des onguents. Vite!
Le Garde lâcha le blessé pour exécuter ces ordres, quand une voix claire et tremblante l’arrêta :
- Monseigneur, c’est… inutile, je dois vous dire… Ecoutez moi, je…
Rassemblant ses forces, le prisonnier se dégagea de la poigne de l’autre Garde, et rejetta son capuchon en arrière de sa main gauche, raffermissant son port de tête et découvrant une cascade de cheveux noirs qui retombèrent sur ses épaules :
- Cay… Cayrïn Theweld, Eminence… Nous avons été trahis… Des morts-vivants… Eandrël… Cyruline… Koda … sont morts… Moi seule ai … réchappé à l’attaque, nous avons été… démasqués et infiltrés… Je suis venue vous… le dire… L’Ordre de l’Orbe a failli… Vous deviez le savoir… Nos Gardiens les ont … retenus le temps que je puisse m’enfuir… pour vous en avertir. Vous devez… reconstituer l’Ordre… La mission… assignée… doit… continuer... Certains ont pu... tuer suffisamment et s'enfuir... comme convenu. Zira... c'est elle maintenant... Zi...
La jeune femme inspira un grand coup, portant la main à son cou et écarquillant ses yeux, puis s'effondra en avant, laissant échapper une grande épée des replis ensanglantés qui tomba sur le sol en tintant bruyamment. L’Archevêque, lâchant son bâton, réceptionna la malheureuse dans ses bras et la coucha doucement à terre, sous le regard perdu des plantons dont la situation avait échappé. La jeune femme frémit dans les bras du vieil homme, et sur un dernier effort, tâtonna le sol de la main jusqu'à y trouver la garde de son épée ; regardant alors le vieil ecclésiastique de ses yeux voilés, elle raffermit sa prise, sourit, et expira doucement. L'Archevêque demeura figé, guettant un souffle, mais plus rien n'habitait le corps de la vaillante paladine.
- Adieu, Cayrïn, fille de la Lumière… Toi et tes Sœurs avez fidèlement servi le Roi et l’Alliance… Votre perte est une profonde blessure pour nous tous. L’Ordre continuera, votre sacrifice, un de plus, ne sera pas vain.
Le vieil homme caressa doucement le visage de cette femme morte pour ses convictions et les siens, écarta doucement les mèches collées en travers de ses joues, et lui ferma les yeux ; puis il détacha doucement sa main enserrée sur la garde de sa fidèle épée, la joignit avec l'autre sur sa poitrine, ne faisant pas attention au sang qui les maculait et tâchait sa propre robe, constatant que l'anneau de l'Ordre, passé à l'index droit, avait été épargné. Il lui baisa doucement le front, se redressa, avisa une oriflamme de l’Alliance qui pendait prêt de lui, la détacha d’une brève secousse, et l’étala doucement sur le cadavre qui en épousa lentement les formes, s’imprégnant immédiatement du sang répandu.
L’Archevêque de l’Abbaye de Stormwind fit signe aux deux Gardes d’emporter la malheureuse sacrifiée, qui la soulevèrent avec respect avant de l'emporter précautionneusement. Il considéra tristement, songeur, la flaque de sang qui souillait le beau tapis bleu, seul signe de la scène tragique qui venait de se jouer et qui n'avait pas duré plus de quelques minutes. Eandrël, Cyruline, Koda et Cayrïn… Les quatre responsables de l’Orbe… Si Cayrïn est venue dans cet état jusqu’ici, seule, c’est que leurs Gardiens ont péri également… Quel gâchis… L’Ordre de l’Orbe est décapité, ou pis peut être, anéanti… Je dois faire envoyer des hommes là-bas. Zira est une novice, même si la plus prometteuse... Que va-t-elle faire ?
Las, le vieil homme releva ses yeux délavés pour croiser ceux de la Grande Prêtresse accourant, dont l’interrogation muette ne reçut en guise de réponse qu'un lent hochement de tête.
Première fois que je lis un background écrit par toi Cleindori, et finalement, je pense que je ne m'attendais pas à ça , j'aime beaucoup, ça donnerait presque envie de rejoindre l'Ordre.

Sinon, je te conseille de laisser ton BG ici, et de faire un post HRP Recrutement / Conseils dans la partie générale, où il y aura bien plus de réponses

Mais très bien, bonne chance à vous , et c'est une bonne nouvelle que d'accepter des hommes dans la guilde maintenant, bon, ils sont encore au status de gardien(chien), mais c'est pas mal quand même
Je trouve l'idée d'accepter des hommes chez les ORBES excellentes, je ne pense pas que les gardiens se cantonnent à un rôle de chien (oui je sais Dunvel tu plaisantais ).

Au contraire cette idée me fait penser à la complémentarité Homme/Femme présentée dans le livre The Da Vinci Code, l'idée de jouer un homme gardien dans l'ORBE un peu comme un chevalier de l'ordre des templiers ne me déplairait pas (je ne spoilerai pas le livre, donc je n'en dirai pas plus )

Bref, un projet sympa, j'adhere totalement, en esperant qu'il y aura un server RP/PVP et que les ORBE iront dessus

Je postule
A noter que dans l'oeuvre de Robert Jordan qui semble ici être la source première d'inspiration, la relation entre une Aes Sedai et son Lige n'a rien d'un simple rapport Maîtresse/Serviteur ou Dominant/Dominé.

C'est un lien beaucoup plus profond, beaucoup plus fort, plus particulier (en fonction des Ordres).

Ca peut être très intéressant à jouer au niveau RP. Je me laisserais bien tenter si cette ambivalence est présente dans la guilde et perçue correctement.
Voilà, j'ai retravaillé le texte, l'étoffant un tout petit peu et supprimant les cassures rythmiques et les nombreuses répétitions inutiles.

Dohar : chiche ? Et au lieu de dire des conneries, si tu lisais ! On va sur le serveur RP
Dunvel : pourtant... Voilà les deux (seuls) que j'ai écrit, le premier restera inachevé, le second pour mon retour sur SWG. Enfin là n'est pas le sujet
http://orbe.host-dream.com/swg/index.php?showtopic=517
http://orbe.host-dream.com/swg/index.php?showtopic=1110
Je note pour le général, je le fais.
Kadraan Gor : je lis tellement que parfois je ne sais pas si j'ai réellement une idée novatrice ou si c'est repris de mes souvenirs de lectures... En tout cas pour l'adaptation WoWienne je pensais effectivement à Wheel of Time mais également à Da Vinci Code. Je suis évidemment d'accord sur le rapport Aes Sedai / Liges, étant protecteurs, amis, amants, professeurs, selon la couleur de l'Ajah. Pour le moment je vois celà d'une manière relativement simple, mais nous sommes là pour en discuter si le concept t'intéresse

Il est de toute façon évident que le rôle de Gardien ne sera pas celui du domestique !

La discussion HRP se poursuit ici :
https://forums.jeuxonline.info/showt...20#post8564720
Dohar : Attention, dans les petites lignes du contrat il est clairement stipulé que ton rôle induit le fait que tu deviennes un fier et glabre eunuque.

Sympathique BG Cleindori
nt nt nt

Pas possible ça, je vais négocier le contrat alors, je n'accepte pas cette clause abusive

Au contraire, l'amour fait partie de l'état de méditation transcendental absolu, le Nirvana quoi (Cf The Da Vinci Code) donc pas d'eunuque non mais !!!
L'histoire est prenante, par contre, je suis peut etre neuneu et j'ai pas tout compris, mais....pourquoi tu alternes tout le temps le il/elle?
C'est assez deboussolant je doit bien admettre, figure de style ou bien?

Mais style descriptif tres agréable, on s'imagine dans l'ombre a suivre la scène....
Un inconnu = il.
Une ombre = elle.

Vu que l'on sait que sur la fin que la personne est en fait elle. C'est donc certainement une figure de style comme tu dis. (même si je suis pas sûr que l'on puisse appeler ça ainsi, mais bon moi et le français... )


Ah et au fait très joli texte Lanfy.
II - Renaissance
Première partie

Zira posa doucement les lourds volumes péniblement descendus de la bibliothèque en soupirant, et repoussa les mèches collées à son front moite de sueur ; une volée de poussière jaillit dans l'atmosphère, sous l'oeil scandalisé du Frère bibliothécaire. La jeune femme se retourna, arborant son plus éclatant sourire :

- Je vais continuer seule à présent, je vous remercie pour votre aide, sans laquelle jamaiiiis je n'aurai pu faire tout celà, affirma-t-elle avec un ample geste de la main, désignant ce qui était auparavant la propre et tranquille petite bibliothèque de l'Abbaye de Northshire, dont maintenant la plupart des livres, grimoires et recueils jonchaient le sol ou les degrés, devant un Frère hébété. Cette journée avait pourtant bien commencé comme à l'habitude, les habituels apprentis venant s'encquérir du savoir des anciens et s'entrainer au combat autour de l'édifice, quand la tornade était arrivée et avait décrété avoir besoin de disposer de sa précieuse bibliothèque. Tout s'était relativement bien passé, jusqu'au moment où la jeune femme avait foncé au sommet de l'Abbaye pour en redescendre avec une échelle, entreprenant alors de déloger les lourds volumes de leurs étagères, certains visiblement très vieux et rarement compulsés au vu de l'impressionnante poussière volant à chaque déplacement, malgré les soins attentifs du responsable du lieu. Il avait fallu l'interviention du Marshall pour que le bibliothècaire, devenu comme fou, cesse enfin de secouer l'échelle tel un arbre fruitier.

Et voilà maintenant qu'elle lui redemandait de quitter la pièce ! Buté, tous voeux de compassion et de félicité oubliés, le religieux fixait la prêtresse comme une succube un mâle indifférent à ses charmes, bien décidé à savoir de quoi il était question. Il croisa les bras.
- je reste, vous aurez sûrement besoin de moi, ne serai-ce que quand vous nettoierez ce foutoir...
La jeune femme écarquilla les yeux et porta les mains à ses lèvres. Ravissantes, du reste, pensa fugacement l'écclésiastique.
- Frère ! Quel mot employez-vous ! Je.. je suis choquée !
L'interpellé rougit une seconde et grogna une excuse.
- En attendant, je reste.
- Je vous assure, je ne voudrais pas vous retenir...
- Inutile. Qu'est-ce que vous cherchez exactement dans ma bibliothèque ?
- Qu'est-ce qui vous fait croire que je recherche quelque chose, Frère ?
Le bibliothécaire haussa un sourcil, et balaya à son tour la pièce de la main.
- Ceci ?
- Vous être très observateur, vous savez.
- Merci.
- Bon...

Zira s'approcha doucement, le sourire toujours plaqué aux lèvres, jusqu'à arriver à la hauteur de l'oreille de l'homme. Toujours souriante, elle susurra :
- Maintenant, tu as vingt secondes pour prendre tes cliques et tes claques et me foutre le camp d'ici, toi, ta robe et un bouquin assez gros pour faire croire que tu t'occupes pendant que j'ai à faire ici. Si tu n'obtempères pas, je me verrai contrainte d'évoquer, lors de ma prochaine visite à l'Archevêque, ce que tu peux bien fabriquer là-haut, quand le Frère procède à la vinification, avec la succube de la Maitresse des Démonistes...
Zira se tût, attendit quelques secondes puis fit tranquillement demi-tour, reportant toute son attention sur les rangées semi-vides et poussiéreuses qu'elle avait libéré, pivotant la tête pour évaluer la situation . Elle vit à la limite de sa vision le bibliothècaire quitter hâtivement la salle, tête basse, et sourit à nouveau.

Bien... Logiquement, ce doit être ici, si j'en crois les notes de Mère Cyruline... La jeune femme prit les trois livres qu'elle avait trompeusement négligemment mis de côté, dont le titre et la lourdeur du volume devaient décourager tout éventuel lecteur, même le plus érudit. D'abord positionner l'Histoire de Gugan le Gnome unijambiste, puis le Recueil de Poèmes Trolls, et terminer par La Cuisine Naine... Tu parles que personne ne lirait de telles horreurs... Elle retrouva les fines marques incrustées dans le bois de l'étagère, et procéda à la combinaison. Sans drame, une petite ouverture coulissa dans un léger grincement. Zira balaya la pièce du regard mais ne trouva rien. Elle s'approcha des murs, regarda dans les bibliothèques, rien. Elle leva alors les yeux vers les escaliers et ses yeux pétillèrent : une cache se révèlait dans la plinthe. S'assurant que personne ne venait vers la grande salle ouverte à tous, elle monta les quelques degrés, s'agenouilla et passa sa main dans la cavité, refermant sa main sur des enveloppes cachetées à la cire et trois petits livrets. Les enfouissant dans une de ses fontes, elle referma doucement la cache, retourna à l'étagère et dégagea les trois faux recueils, puis les dispersa parmi les autres écrits. Réajustant le sac sur son épaule, la jeune prêtresse se recoiffa sommairement, lissant ses cheveux roux mi-longs sur ses épaules, et quitta la pièce d'un pas rapide. Elle salua en souriant le Marshall vigilant d'un signe de tête, remonta le petit couloir et ressortit de l'Abbaye. Le soleil lui éblouit un instant les yeux, qu'elle cacha de sa main.

Maintenant, que la fête commence !
Journal de Zira

Hier s'est tenue la première réunion de l'Ordre en l'Abbaye du Northshire, choisi pour sa relative tranquillité et pour une raison un peu plus "mystique", peut être, puisque je sais maintenant qu'il existe un lien important entre ce lieu et notre Ordre.

A deux exceptions près, nous étions tous présents ; la plupart, recrutés isolément, ne s'étaient encore jamais vus, même la majorité représentée par les Elfes de la Nuit. Quand je suis arrivée, une vive discussion était engagée, certains ayant visiblement un peu de mal avec notre seul Nain, d'autres rappellant à l'ordre les railleurs, et tout celà en bon groupe bien visible devant l'Abbaye... J'ai vivement calmé le jeu, nous sommes entrés et nous sommes installés dans la pièce du fond attenant à la bibliothèque.

Quel sentiment de fierté à nous voir ainsi tous réunis ! Le premier contact me semble s'être plus ou moins bien déroulé, malgré quelques esprits réfractaires aux plus simples règles de bienséance ; j'espère que sur ce point les choses iront en s'améliorant, difficile d'accorder une mission de confiance à quelqu'un qui ne sait pas tenir sa langue quand il le faut, en sécurité.

Les points essentiels de l'Ordre ont été évoqués. Montée sur la table pour mieux être entendue, j'ai énoncé une partie de mes découvertes d'après le journal de Mère Cyruline.

- l'Ordre fut fondé au cours du Premier Age, dans un but non pas d'attaque ou d'opérations de reconnaissances comme beaucoup eurent à le faire, mais de sauvegarde des principales "frontières", en observant du côté ennemi, et en patrouillant du côté ami
- l'Ordre est dirigé par la Mère mais doit exécuter la volonté d'une entité inconnue, probablement hautement placée dans l'Alliance. Depuis le temps, les indices tendent à penser qu'il s'agit d'un poste institutionnel, dont la charge de la connaissance de notre existence passerait de successeur en successeur... A approfondir.
- la Mère de l'Ordre fut toujours une Prêtresse. A seulement trois occasions, ce fut une Prêtresse d'Elune, donc une Elfe de la Nuit, qui en assura la tenue. Une Prêtresse humaine dédiée au culte de la Lumière fut désignée le reste du temps.

Ce dernier point me concernait au premier chef. Suivant actuellement une formation de Prêtresse, et ayant repris jusqu'à présent la destinée de l'Ordre, je ne pouvais rester insensible face à cette coincidence du destin. J'y vis là le signe que j'exerçais la mission pour laquelle j'étais née, et j'exposais mes vues à l'ensemble des nôtres. Un rapide tour d'horizon ne vit s'élever aucune protestation. J'ai donc officiellement pris le rôle et le titre de Mère de l'Orbe. Si jamais notre mystérieux commanditaire est contre, celà sera un excellent moyen de se faire connaitre, en admettant bien sûr, qu'il soit au courant de la situation qui est la nôtre... Si oui, pourquoi n'a t il encore rien fait pour aider.

Celà soulève également le problème de notre sécurité. Je n'en ai rien dit, mais quand je suis arrivée sur les lieux après avoir été avertie du massacre, il n'y avait plus rien, les corps avaient tous disparus. Nous parlons là d'une soixantaine de morts, dont certains faisaient partie des plus fines lames d'Azeroth ou des plus hauts pratiquants des Arcanes, et tous avaient combattu la Horde et la Légion Ardente. Non seulement ils sont tous morts, mais encore ne restait-il aucune trace de cette boucherie. Quelqu'un a donc tout nettoyé, qui, pourquoi ? Pour le moment, la piste d'un assaillant nombreux et organisé prévaut. Pourquoi ? Celà reste à déterminer.


J'ai ensuite abordé un point plus terre à terre, mais qui concernait directement chacun de nos membres : la parité Soeur / Gardien.
Cette parité a été mis en place dans des temps de guerre totale, ou la sauvagerie et l'obscurité règnaient. Il en est tout autre aujourd'hui. Si le temps n'a pas mis la désuètude de ce fonctionnement axé sur le sexe avant les compétences en évidence, la mort de la quasi-totalité de ses membres l'a fait de manière frappante, montrant le point faible du système : une rigidité et un cloisonnement tellement restrictif qu'aucun son ne pouvait percer au-dehors, dans tous les sens du terme.

Voici donc les nouveaux cycles au sein de l'Ordre :
- noviciat
Cette période permet l'apprentissage de la profession du Novice ou sa maitrise ; elle lui apporte aussi l'occasion d'évoluer parmi nous et d'apprendre à connaitre ses confrères et consoeurs.
L'enseignement de Novice est un enseignement commun pendant la première période. Lors de la seconde, il faudra choisir entre l'enseignement d'Emissaire, orienté infiltration, négociation, études, et l'enseignement Protecteur, orienté intendance, approvisionnement, défense, attaque.
De cette période de choix découle la sélection concertée de son alter ego : les futurs Emissaires et les futurs Protecteurs devront trouver à qui s'affilier et ce, pour la vie.
Le noviciat prends fin sur une épreuve entre les deux membres et la Mère, où l'aptitude d'évoluer ensemble en situation devra être certifiée. A la réussite de cette épreuve, sera remis le tabard de l'Ordre, symbole de leur réussite, de leur appartenance et de leur rang.
- Emissaire
Le rôle de l'Emissaire est d'observer et apprendre avant tout. Retirer des informations tactiques ou stratégiques, mais également sur les comportements, les présences en place, ce genre de chose. L'Emissaire est également un recruteur actif qui observe les gens et décèle les éléments propres à être utiles à l'Ordre.
Les Emissaires sont appellés Frères et Soeurs.
Leur devise : "Agir sans férir ni périr"
- Protecteur
Le rôle du Protecteur est avant tout de protéger et accompagner son Emissaire. L'approvisionnement en armes, munitions, éléments nécessaires à leurs missions, apporter son soutien tactique et stratégique à son Emissaire, servir de garde du corps et dans certains cas extrêmes, de bouclier, est le quotidien du Gardien et de la Gardienne. Le Protecteur ne se tient pas forcément traditionnellement à deux pas en arrière de l'Emissaire, mais saura selon la situation privilégier ou non la démonstration de sa présence face à des situations diverses.
Les Protecteurs sont appellés Gardiens et Gardiennes.
Leur devise : "Nu est le dos sans Protecteur".


Voilà pour ces nouvelles règles, plus au goût du jour, à mon sens.
Deux Novices étaient prêts, au jour de la réunion, à passer leur examen final. A cause du peu d'effectif que nous avions à leur entrée, aucun d'eux n'a encore défini sa voie, et n'a désigné d'Emissaire ou de Protecteur : il va encore falloir un petit moment tampon pour que ces nouvelles mesures entrent en place et soient effectives.

Le dernier point, et non des moindres pour nous tous : j'ai trouvé un moyen pour que, malgré les distances incommensurables de notre monde, nous restions en contact en permanence. J'ai fais la connaissance à Auberdine, alors que j'y effectuais une mission pour un de mes Maitres, d'un réfugié de Gnomeregan complètement ivre qui prétendait avoir inventé une "machine" pour "communiquer", baptisée sobrement bigobox. Intriguée, j'effectuais les quelques réparations nécessaires au prototype et à mon grand étonnement, celà fonctionna. C'est une espèce de machine rectangulaire, plutôt lourde mais qui tient dans la main, pas plus grande que la garde d'une bonne épée à une main. Saisissant immédiatement toute la portée de la chose, j'engageais le gnome à n'en parler à personne et lui acheter son invention. Trop tard me répondit-il, j'ai déjà mandaté des gens pour le réparer, comme vous. Je réussis à le convaincre de prétendre à ces gens que ce n'était finalement rien du tout, au prix faramineux d'une cuite à l'auberge du coin. Vue la portée stratégique de la chose, c'est peu cher payé. J'ai pu reproduire plusieurs Bigobox à l'identique malgré ses composants pour le moins étrange et disparates, et en fournir chacun de nos membres ce soir. Après une petite période de test et d'adaptation, j'eu la satisfaction de voir que tous les Novices avaient compris le fonctionnement, et aucun n'a hurlé au boycott, surtout chez les Elfes de la Nuit, dont j'appréhendais un peu la réaction face à ceci.

Sur ces mots, nous terminions la réunion. Certains d'entre nous sommes allés terminer la soirée dans une auberge naine très festive, d'autres sont rentrés dans leurs contrées.

Ah, j'oubliais. Afin de préserver notre secret, notre couverture officielle est celle d'un Ordre Ecclésiastique sous l'autorité de l'Eglise de Stormwind, étudiant les us, coutumes, et savoirs de chacun des peuples qu'abritent la terre d'Azeroth et de Kalimdor. Celà vaut également, pour les peuples de la Horde. C'est un réel but que sont chargés d'accomplir nos membres, mais pas une finalité.


Je suis éreintée. L'Ordre doit être stabilisé, difficile d'établir comment des gens qui ne se connaissent pas du tout et ont tant d'origines différentes, vont évoluer ensemble. De plus, cette prédominance des Elfes de la Nuit m'inquiète, il nous faut plus de diversité.
Plus qu'à écrire ces nouveaux fondements et à les faire appliquer, à présent.
Expansion

- Voici la liste des recrues de ce soir, dit Zira en tendant une petite liste à Malean, Novice Protecteur de l'Orbe. L'impertubable Elfe de la Nuit haussa un sourcil à la vue de la dizaine de noms inscrits de la ronde écriture de la nouvelle Mère de l'Ordre. Je sais, reprit-elle amusée, c'est beaucoup d'un coup.
- Ne faudrait-il pas privilégier la qualité à la quantité ? releva l'austère Novice.
- Ils présentent tous des qualités que je recherche pour remonter l'Ordre, répliqua la jeune femme. Des Paladins, nous n'en avons pas ; des druides expérimentés, pouvant calmer les ardeurs de ceux que nous avons en ce moment, un peu trop fouillis et fougueux à mon goût, ce qui pourrait leur coûter cher en-dehors de cette enceinte ; nous doublons nos guerriers, nous accueillons notre premier mage ; la plupart sont jeunes, exceptés les Elfes bien sûr, mais montrent certains caractères qui, développés, feront d'eux de dignes Emissaires et Protecteurs.
L'Elfe grogna.
- Bon, j'ai convoqué par une lettre tout ce petit monde à la Tour d'Azora, dans la Forêt d'Elwynn. Le vieux sorcier me doit un service depuis que j'ai, comment dire, réglé ses conflits avec un de ses collègues. Il y aura peut être un peu de passage, mais rien de bien important, ce que je dirais étant de toute façon globalement incompréhensible de qui n'aura pas suivi la discussion depuis le début. Rendez-vous là bas à 21h et assurez-vous que l'endroit est sûr, et que personne ne les a suivi. Soyez discret et ne vous faites pas voir, jusqu'à mon intervention.
L'Elfe s'inclina légèrement.
- Parfait, Dame Zira.
Demeurée seule, Zira travailla à la rédaction de quelques codex encore inachevés. L'heure approchant, elle rassembla quelques affaires dans ses fontes, et pris le sac des nouvelles bigobox à l'intention des futurs novices, avant de se diriger vers le transport de gryphons le plus proche.

Le temps du voyage s'écoula, la déposant dans la Cité de Stormwind. Sortant de l'imposante cité, elle prit plein Est, en direction de la Tour, prenant bien soin de passer par la forêt en évitant soigneusement la route. Arrivée à quelque distance du bâtiment, elle se dissimula derrière un arbre, de manière à garder en vue l'entrée et ses abords immédiats. Elle saisit sa bigobox et chuchota :
- Malean ? Quelle est la situation ?
Un silence, puis un chuchotis :
- la plupart sont là. Louvia fait les cent pas. Aucun ne semble étonné de ne pas être le seul présent. De ma liste, il manque Kuma.
- Il est pourtant l'heure... Attendons un peu.
- Ils commencent à s'impatienter on dirait... Ils redescendent.
- Effectivement, ils sont dehors, comme prêts à partir... Mais que fait donc le dernier ? Ah, ils devaient simplement prendre le frais, les voilà qui entrent à nouveau...
Un petit moment passa, et la réponse arriva :
- Probablement parce que le dernier est arrivé, le voilà parmi les autres.
- Fort bien me voilà.

La Prêtresse rangea son instrument, puis sortit de l'ombre de la forêt pour entrer dans la Tour. Arrivée au pied de l'escalier de bois, elle tomba sur un Elfe de la Nuit, semblant attendre. Elle lui sourit, ils échangèrent quelques mots, l'Elfe paraissant visiblement troublé et décontenancé. Elle l'engagea à monter l'escalier et les différents étages avant d'enfin parvenir au sommet.
Là étaient rassemblés la plupart des recrues qu'elle avait personnellement convoqués. Elle nota qu'il en manquait une poignée, il restait cependant une quasi-dizaine de personne présentes et visiblement, interrogatives.
- Bien le bonsoir. Je me présente, Zira, et je suis la personne que vous attendiez. Et voici Malean, Protecteur de l'Ordre, dit-elle en souriant, alors que l'Elfe de la Nuit sortait de sa dissimulation, bras croisés et dos au mur, surveillant l'accès à l'étage.

Pendant l'heure qui suivit, la jeune rousse révéla l'existence de l'Ordre, ses prérogatives, son histoire, passée et récemment tragique, et la nouvelle issue qui s'ouvrait à tous. Les questions furent peu nombreuses mais ciblées, et malgré quelques hésitations et égarements bien compréhensibles, le moment de rallier l'Ordre ne vit aucun détour de la part des personnes présentes.

L'Ordre croit à nouveau ; mais pour assurer sa cohésion et son existence, il doit s'assurer de la fidélité et du travail de ses membres, ainsi que de leur discrètion et motivation. Va-t-il en être ainsi ? Les évènements à venir donneront les réponses.
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés