Un groupe de tigres blancs se déplace dans la savane. Tous sont différents, certains sont borgnes, d'autres laissent apercevoir de larges cicatrices qui parcourent leurs corps. Leurs yeux semblent parfois d'un blanc pur, parfois d'un rouge lumineux, mais aussi de différentes teintes de bleus, de verts ou encore de marrons.
La troupe voyage ainsi bien des kilomètres avant de trouver d'autres tigres mais également des lions ou encore des hyènes et des girafes. Agressifs envers aucun de ces animaux, les tigres essaient même d'en aider certains, blessés... Un éclair! Un flash, que se passe-t-il?
Ocaren se réveilla, en nage. La lune culminait dans le ciel étoilé, le campement était assoupi. Le Vénérable n'arrivait plus à trouver le sommeil depuis des semaines. Il reflechissait à ce qui s'était passé ces derniers mois et se posait de nombreuses questions. Il décida alors de se rendre dans la bibliothèque des somptueux et commença à relire d'anciens parchemins. Il débuta par ceux sur les Dieux Anciens et sur les élémentaires et sourit, heureux de se dire que grâce à lui, l'ordre originel pourrait peut-être être bientôt restauré. Il fixa alors le manuscrit fraîchement arrivé et son regard s'assombrit. Ce parchemin faisait état de Theradras, une princesse élémentaire. Elle se serait accouplée avec un Gardien du Bosquet, un fils de Cenarius, et aurait engendré les corrompus centaures. Ocaren ne peut comprendre comment une telle magnificence a pu engendré une telle progéniture... Certains parmi les somptueux pensent que cela venait du fait que ce soit contre nature ou encore que cette princesse était devenue elle aussi corrompue mais peu importe où se trouvait la vérité, tout ceci avait instauré d'autres doutes, en plus de ceux déjà existants, dans son esprit fanatique.
Il s'était replongé dans les livres profanes, dans les livres qui parlaient des esprits, de la nature, des dragons....dans ces livres que tous pensaient faux et mensongers. Tout ce qu'il y gagna ne fut que des doutes supplémentaires : et si la magie venait réellement de la puissance des Titans, et si les chamans ne communiquaient pas avec les élémentaires mais avec des esprits, et si les druides tiraient directement leurs forces de la nature existante et non de Therazane, et si réellement les Dieux Anciens ne feraient que semer la destruction sans rien restaurer, comme la Légion Ardente, et si.....
Ocaren s'assit et voulut stopper toutes ces pensées malsaines, la main droite sur son visage. Il n'y put rien et repensa à l'Ordre depuis ses débuts. Il repensa au défunt Shigorik, il repensa à la libération de Damrok, il repensa à l'accord premier, à la protection des tribus de la Horde contre les menaces. Il repensa à la déception qu'ils eurent en voyant qu'une grande partie de l'Alliance et même de la Horde ne pensait qu'à s'entretuer, en voyant que la paix n'était qu'une imbécile utopie. Il pensa à la puissance ressentie face aux élémentaires, face au royaume de Ragnaros. Il se souvint aussi de l'agressivité de ces mêmes élémentaires, que jusque là il justifiait comme étant de l'élément destructeur, car Ragnaros se trouvait seul, sans aucun équilibre. Mais Ocaren avait vu que les autres élémentaires pouvaient être eux-aussi malsains et violents envers quiconque.
Il ne savait plus quoi croire, plus quoi faire...
Tombé dans un état comateux, c'est Harrgo qui le trouva au matin, les livres profanes entre les jambes.
Que fais-tu Ocaren? Réveille toi!
Le tauren eut bien du mal mais tenta rapidement de dissimuler les manuscrits interdits, il tenta de prétexter qu'il avait besoin d'informations sur les croyances ennemies mais Harrgo le coupa :
Moi aussi Ocaren....moi aussi je les ai relus..Les élémentaires sauvront la non corruption, ils sauvront la nature pure....n'est ce pas?
Je crois bien que non...le sentier que vous avons emprunté semble nous mener, nous et tous ceux qui nous entourent, qu'ils le méritent ou non, à une totale destruction...si c'est une bonne chose ou non, je ne sais plus...je ne sais plus...je ne sais plus...
Des semaines avaient passé et la nouvelle mission officielle était à la fois de rechercher des textes sur les élémentaires mais aussi des informations sur les croyances différentes pour « mieux les manipuler ». En réalité, Ocaren, l'aveuglement passé, aidé par Harrgo qui ne semblait jamais avoir totalement cru aux élémentaires, essayait de retrouver un semblant de véracité entre cette doctrine vue et réalisée ces derniers mois et celles millénaires d'autres tribus ou espèces.
Ils commencèrent alors, petit à petit, à laisser entendre à tous les membres de l'Ordre, que les élémentaires n'étaient peut-être pas la seule voie ou vérité en ce monde, que leurs anciennes croyances n'étaient pas complètement invalides. A leur grand étonnement et désarroi, ils n'étaient pas les premiers à avoir eu des doutes et l'Ordre entier semblait ébranlé, proche de la disparition.
Des semaines passèrent ainsi, l'Ordre restait Somptua, de la Fureur Elémentaire vis à vis de l'extérieur mais il agissait de plus en plus étrangement face aux visiteurs. Il n'y avait plus un rejet si catégorique des gens ne pensant pas comme les somptueux; certains racontaient même en avoir vu aider des voyageurs, souvent en échange de services.
Petit à petit, la Parole ne fut plus colportée, la méchanceté moins acérée et les cultes non réalisés. Il fallut cependant encore plusieurs mois sans manifestations concrètes envers les Dieux Anciens ou les élémentaires pour que l'Ordre, après une réunion mouvementée, devienne....autre chose.
Ce soir-là, Ocaren avait réuni l'ensemble de la guilde et alla droit au but, il proposa les visions recueillies et promit de laisser libre toute croyance à chacun des membres, tant que celle-ci ne mettrait pas en danger la totalité présente. Il proposa de réitérer le fonctionnement des semaines précédentes mais en allant plus loin. Il voulait alors, avisé des conseils de plusieurs membres qui lui étaient proches, que l'Ordre devienne une Organisation pour un idéal commun. Il savait le retour vers la protection générale ou la volonté de paix impossible; il savait que les élémentaires n'étaient pas une solution, il savait aussi que les dragons ou les titans, encore moins la Légion ou Arthas, n'en étaient une non plus...
L'idéal commun proposé était alors celui de la prospérité de Somptua. Il proposait que chacun fasse selon ses convictions mais aussi selon ses propres volontés. Il souhaitait l'instauration de missions pour les membres, afin d'agir comme un organe régulateur face aux autres mouvements mais aussi afin de savoir s'enrichir quand cela serait nécessaire. Il voulait que la guilde devienne une organisation capable de s'adapter à son environnement entier, ni bonne ni mauvaise, pouvant faire preuve aussi bien de perversité que de générosité. Chacun pourrait alors proposer des missions, et d'autres les accepter ou les refuser. Les somptueux deviendraient des agents, des espions parfois, des combattants ou des marchands suivant les moments. Malgré cela, la hiérarchie connue, héritée de la Horde Somptueuse et non pas spécialement de l'Ordre de la Fureur Elémentaire, serait conservée : le chef resterait le chef, les Grands Prêtres ou Gardiens de traditions ses bras droits, les membres des agents. Le système assez démocratique serait conservé, toute proportion donnée et la loyauté portée au rang de principe primordial.
De cette réunion découla une approbation massive de tous, exceptées deux ou trois personnes. La première fut Kabbhal, orc démoniste qui ne pensait alors plus qu'à la puissance qu'il pourrait gagner en aidant les élémentaires. Il partit sans dire mot, promettant vaguement un vengeance prochaine. Le second fut Voojin mais le pauvre fou, qui pensait sa voix intérieure comme étant Ragnaros, répétait avant tout qu'il avait promis d'obéir au chef, que si Ragnaros l'avait amené ici, c'est qu'il y avait une raison. Il n'approuva pas mais il ne désapprouva pas non plus. Les somptueux décidèrent de le garder avec eux. Pour le dernier, les élémentaires l'avaient perdu il y a des mois de cela, alors qu'ils traversaient Durotar. Aucune nouvelle n'a été donnée depuis; certains pensent qu'il a trouvé une femme et a fondé une famille, d'autres pensent qu'il a trouvé la mort; à chacun sa version. Rogok n'est plus des somptueux en tout cas.
Le nouveau chemin semblait intéressant, Ocaren en fut persuadé au moment où il put apercevoir à nouveau un léger sourire, de soulagement ou de contentement, sur les visages de plusieurs des nouveaux somptueux.
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Frappe de toute ta force et ton poignet se brisera. Frappe sans conviction et le vent se jouera de toi.
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