Alors que le soleil commençait, à l'horizon, à décline, et que, dans les champs, les hommes fourbus s'épongeaient le front de la sueur de leur dur labeur en appréciant, à sa juste valeur, l'apaisante fraicheur d'une bise venue du large, une jeune femme continuait, avec force vigueur, de faucher les épis de blés dorés. Son attention fut attirée par deux paysans au teint hâlés qui travaillent non loin d'elle. L'un deux laissa tomber sa faux, puis, après avoir prestement avalé de longues gorgées d'eau de la gourde qu'il avait décroché de sa ceinture.
" J'm'en va moudre tout ça pis jm'en va rentrer chez moi, voir la femme et les petits, dit-il à son camarade. Té, vont encore crier la faim ceux-la mais j'ai point de quoi les nourrir ma foi.
- Crédieu mais pourquoi ? questionna le camarade en question.
- Bé l'autre jour vla que j'rentre à l'maison pis j'les entends qui veulent manger.
- Ca mange mais ça rapporte point sa pitance, ajoute le second paysan.
- Ouaip. Mais j'avais point à leur donner. Juste du grain mais z"en voulaient point. On est point des bêtes p'pa, qu'i disaient.
- Sont t-i pas difficiles les gosses d'nos jours ? questionna d'un air convaincu l'autre paysan.
- Pour sur. Alors j'partons en ville pour trouver d'pain. Mais point de pain, bernique. Ou cher. J'sais point quoi faire
- Bon dieu qu't'es bête, pourquoi tu prends donc point ton grain pour faire d'pain ?
- Bé j'sais point l'faire moi, j'suis point boulanger.
- T'es quand même ben bête, t'as qu'a t'associer avec un boulanger qu'a besoin de grain. T'échange ton grain cont' d'pain.
- Vindieu, c'est point bête ça, j'vais faire comme ça"
Et, se saisissant de sa récolte du jour, le premier paysan s'en prit la direction du moulin. De son côté, la jeune femme avait tout écouté de la conversation et conclua, elle aussi, qu'il s'agissait là d'une excellente idée. Et peu de temps après, on la vit et on l'entendit demander, à travers le brouhaha de la foule se pressant autour de l'incontournable fabrique de pain, si un boulanger désirait s'associer avec elle, dans le but de s'entraider entre artisans de valeur, elle fournissant le grain en quantité désirée, avec comme récompense un peu du fruit du labeur du boulanger.
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Voilà si vous êtes boulanger et que vous trouvez jamais matière à travailler... ou trop chère... n'hésitez pas à me contacter. Je fournis en toutes farines et tout grain, malt et chanvre exceptés

contre quelques miettes de pain