[Skidda]

Mon histoire

Voilà plus d'un an que Skidda est partie de son village et, pendant une grande partie de cette période, sa vie ne s'est résumée qu'a survivre. Les premiers mois furent un cauchemar et elle ne serait plus en vie sans avoir rencontré une âme bienveillante . Un tauren, un chaman tout comme elle; il lui apprit comment chasser, comment reconnaître les plantes médicinales et il l'aida dans son apprentissage à communiquer avec les esprits. Quelques semaines après, elle reprit sa route et à ce moment la vie lui apparut sous un autre jour .


Un après-midi, alors que notre chamane errait sans but, elle aperçut trois formes menaçantes au loin, près d'un bâtiment . Après s'être approchée, elle reconnut les formes : des créatures abjectes nommées razormane qui tambourinaient la porte du bâtiment. Skidda cria afin de leur faire savoir qu'elle était là (question d'honneur) et, avant qu'ils ne puissent réagir, lança un sort puissant qui tua celui du millieu. Ces monstres s'élancèrent alors sur elle mais la chamane fut plus rapide et invoqua un totem pour les éloigner afin de préparer un autre sort. Malheureusement, une des bêtes résista et ataqua par surprise. Après un bref combat, le second s'effondra dans un bruit sourd. Le totem détruit, voyant un autre de ses frères tomber et la silouhette de l'arrivante enduite de sang, le troisième fuit en la maudissant . Sitôt le razormane disparu, la porte s'ouvrit, laissant place à un jeune orc trapu .

- Eux partis? Ah ouf d'habitude , grand frère est là pour nous protéger mais lui parti à la ceuillette pour potion. Mais moi avoir oublié de dire merci à ma sauveuse . Comment moi pouvoir vous remercier ? Attendez...vous lanceuse de lumières brûlantes ? Alors moi avoir quelque chose pour vous.

Avant meme que Skidda puisse réagir, l'orc disparut dans la masure . Elle entendit ensuite toutes sortes de bruits et de jurons. Peu après, l'orc (avec quelques bosses en plus) réapparut avec un épais grimoire.

- Ca à mon frère, lui ne s'en sert plus mais moi heureux de vous offrir. Cadeau tenez, tenez, moi dire au revoir et merci .

Et encore une fois , avant que la chamane réagisse, la porte claqua la laissant seule. Elle ranga le livre sans l'examiner et reprit de nouveau sa route.

Ce fut seulement le soir qu'elle commença à y prêter attention. C'était un énorme tome regroupant toutes sortes de magies, aussi bien druidiques que chamaniques. Elle pensa à la réaction du frère de l'orc en apprenant qu'il venait de perdre un si précieux livre mais replongea rapidement à sa lecture . Les 3/4 du livre n'interessèrent toutefois pas Skidda, étant donné que les sorts chamaniques étaient soit déjà appris, soit bien trop puissants. Il en fut un qui attira particulièrement l'attention de la lectrice :"Forme de loup".

- Oui père m'en a déjà parlé mais je n'étais pas encore prête. Peut-être que maintenant...

Elle lut le paragraphe déstiné à l'apprentissage de ce sort puis, sentant la fatigue l'emporter, elle ferma le livre. Une prière silencieuse à notre mère la terre plus tard, elle s'endormit.

Le lendemain , Skidda arriva près d'une forêt et, après quelques centaines de mètres à l'interieur de celle-ci, la chamane trouva une source et profita pour s'en abreuver. Elle allait boire une deuxième fois lorsqu'un hurlement la paralysa d'effroi : c'était celui d'un loup et pas de n'importe quel loup... Dans une taverne, Skidda avait entendu une conversation entre deux trolls qui les décrivaient tels des démons.
Malheureusement les cris venaient de derrière et notre exploratrice ne pouvait donc pas revenir sur ses pas. Elle eut alors l'idée d'utiliser le sort fraîchement appris : la forme du loup. Elle savait que, sans l'odeur de la meute, elle ne pourrait se confondre avec eux mais au moins elle irait plus vite. De mémoire, elle marmonna la formule. La chamane eut alors une sensation étrange, indéfinissable et, lorsqu'elle ouvrit les yeux, Skidda put admirer l'effet de l'enchantement mais un autre cri, beaucoup plus proche, la ramena à la dure réalité. En une fraction de seconde, la louve partit à toute vitesse dans la direction opposée. La chasse venait de commencer .

Une vingtaine de minutes venait de s'écouler depuis qu'elle avait commencé à courir mais les cris se rapprochaient de plus en plus. Skidda avait pourtant tout essayer : courir dans une direction puis revenir sur ses pas et aller dans une autre, prendre les chemins les plus tortueux possibles et même parcourir un ruisseau mais rien n'y fit. Les traqueurs n'en étaient pas à leur première chasse et ça se voyait. Skidda ne pouvant plus continuer ainsi, elle fit subitement volte-face, en profitant pour reprendre des forces. Les loups ne tardèrent pas à arriver mais s'arrêterent eux aussi et la chamane comprit rapidement pourquoi .

- Mais bien sûr, pensa-t-elle, ils en profitent pour se reposer alors que, si j'ai le malheur de baisser ma garde, ils me sauteront dessus. Conclusion , plus j'attends, moins j'ai de chances de m'en sortir. La chamane voulut s'adresser à l'esprit du feu afin de l'aider au combat mais, au dernier moment, elle demanda plutôt l'esprit de la vie, pour éviter ce combat qui gaspillerait des vies. Aussitôt la prière terminée, le regard de la louve se troubla et elle s'évanouit rapidement, laissant son corps sans défense à ses poursuivants.

C'est un bien étrange spectacle qui s'offrit à la chamane lorsqu'elle se réveilla. Au début, elle ne se souvenait plus de grand-chose, comme si un rêve l'avait traversée mais, lorsque Skidda (qui était toujours en forme de louve) vit une quinzaine de ces animaux l'encerclant, elle se demanda ce qui se passait. Avant que la louve ne put faire quoi que ce soit, un grand et majestueux loup s'avanca, un morceau de viande en bouche. Il s'approcha lentement puis, doucement, déposa la viande aux pieds de Skidda. A ce moment là, toute l'assemblée se dispersa, retournant à ses activités quotidiennes. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle comprenne qu'elle venait d'être integrée dans la meute .

Les mois qui suivirent furent peut-être les plus intéressants de sa vie. Malgré le manque de communication, elle apprit vite à se débrouiller et plongea dans le quotidien d'une louve. Le loup qui lui avait offert la viande n'était autre que le mâle dominant et elle aperçut vite qui était la femelle dominante: une forte louve qui n'hésitait pas, à chaque occasion, à justifier sa position. Skidda observa beaucoup, comme par exemple leur comportement social: pour la nourriture, les dominants se rassasiaient avant les louveteaux. Les autres finissaient mais il y avait assez de nourriture pour satisfaire chaque membre convenablement. Elle assista également à un duel entre la dominante et une autre louve qui visait sa place mais celle-ci ne résista pas longtemps. Cet exemple refroidit ensuite l'ardeur des autres femelles pendant de longues semaines. Notre chamane put même participer à une chasse. Elle aurait pu apprécier mais voir le regard de la proie lors de ses derniers instants fut insoutenable .

Les journées se passèrent sans trop de problèmes jusqu'à ce que, un jour, les loups habituellement calmes se drèsserent en reniflant. Ce fut un moment de stress et la tension était palpable. Tout à coup, toute la meute commença à courir dans des directions diffèrentes et Skidda put entendre avec horreur des cris gobelins .
Apparemment, les habitants du village en avaient assez et avaient organisé une chasse afin de se débarraser d'eux. Bien que surprise, il ne fallut pas longtemps à la chamane pour réagir et commencer à courir à son tour . Elle ne s'arrêta pas avant de ne plus entendre les cris et en profita alors pour se reposer. Un grognement éclata non loin de là. La chamane repartit à toute vitesse en essayant toutefois de ne pas se faire remarquer. Elle arriva rapidement sur place et ce qu'elle vit lui glaça le sang : un gobelin armé d'un dague s'approchait du loup dominant, complétement épuisé par la course. En un éclair, la louve bondit d'entre les fougères, essayant d'atteindre la nuque du gobelin mais, malheureusement pour elle, il était vif et évita de justesse l'attaque. Il riposta à son tour mais manqua sa cible; Skidda en profita pour mordre son poignet, ce qui lui fit lâcher son arme. Elle mordit alors d'un coup sec la gorge du petit être et celui-ci mourrut sans bruit.
La louve se tourna alors vers le loup et l'aida à se relever; si il avait été un humanoide, on aurait surement pu voir dans son regard de la reconnaissance. Le loup put remarcher convenablement et alla de l'avant, montrant le chemin. Ils arrivèrent de nouveau à l'endroit où ils résidaient et ce fut une grosse surprise pour Skidda de voir la meute, presque au complet, se rassemblant à la vue de leur chef. Alors, dans un grand silence, ils partirent chercher un endroit plus paisible où vivre. Skidda ne les suivit pas, lassée de cette vie et, à cet instant, quelque chose d'extraordinaire se produisit. Tous les loups se retournèrent et la regardèrent comme s'ils avaient compris qui elle était vraiment puis, après un long silence, cet étrange regroupement se remit en route. Skidda en fit de même mais se retourna pour prendre la sienne .


Les jours qui suivirent ne furent occupés que par de longues méditations, notamment sur cette étrange aventure. Skidda est désormais convaincue que la fin n'était rien d'autre qu'un message: "trouve une famille". Retourner dans son village après tant de choses vécues ne serait pas envisagable et ce fut d'un pas assuré que Skidda alla à la recherche d'informations pour dénicher une "famille" qui l'acceuillerait.

Skidda ne souhaite pas que l'histoire contée aille dans l'abysse des souvenirs. Elle profite donc du fait qu'elle avait fugué avant l'âge adulte des taurens: son nom sera Silverwolf, en souvenir de cette meute qui fut pour elle....une famille .