Points de vue multiple

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La lumière qui filtre à travers le feuillage le réveille lentement. Il se retourne sur le dos, le bras devant les yeux. L’herbe est douce et fraîche.

Elle est partie sans le réveiller, mais sa présence flotte autour de lui et l’enveloppe. Son doux parfum sucré. Il porte ses mains à son nez. Elles en sont imprégnées.
A son bras, elle a accroché un petit bandage rose, celui qu’elle a utilisé pour sa joue, celui qu’elle a lancé sur lui, les yeux chargés de larmes.
Il reste ainsi, souriant et paisible, pendant qu’une partie de son esprit commence déjà à s’éveiller, et a prévoir des actions, des mensonges, des stratagèmes…

La douleur le prend totalement au dépourvu, lui coupant le souffle, tétanisant tous ses muscles en un spasme. Sa vessie échappe à son contrôle, ses yeux s’écarquillent, il ne peut ni crier, ni même gémir, tant sa gorge est crispée.

Son dos vient de s’ouvrir de l’intérieur. Il sent les pattes travaillaient avidement à déchirer sa chair. Il sent les filaments prendre feu dans ses nerfs. Il sent une partie de son énergie vitale lui être arraché, avec une bonne part de ce qu’il pense être son âme.

Puis le souvenir s’efface. Et la voix se fait entendre à l’intérieur de son esprit. Une voix de femelle drow, d’une incroyable et angoissante perfection. Une voix envoûtante, sensuelle, cynique. Sans mépris, mais écrasante de supériorité.

« Et bien, mon petit mâle, mon charmant navire ? Tu ne m’avais pas déjà oublié, n’est-ce pas ? »

Une étrange menace filtre, qu’il ne comprend pas. Son corps se couvre de sueur. Il claque des dents. Il ne peut rien contre cette peur foudroyante qui s’abat sur lui.

« M’abandonner dans cette arène… Dans ce bois misérable… Et aucun des tiens pour m’accueillir, de plus. Ta petite prêtresse lutant contre moi au lieu de me vénérer… »

Un mélange de tristesse feinte et de colère quand elle parle de sa s½ur. Il reprend un peu de contrôle, se prépare à la défendre...

« Inutile. Tu vas venir à moi. Tu vas tout me raconter. Et tu vas me nourrir. Si tu me sers bien, peut être que j’accepterai de pardonner, et de redevenir votre gardienne. Après tout, je ne peux rien te refuser, mon petit amant… »

La voix est chaude et cajoleuse désormais, mais il ne connaît que trop bien le rôle des amants d’une araignée.
Pourtant, il se lève et s’arme en silence. Puis, en suivant ses instructions, il part à la recherche de sa toile, en quelque lieu obscur et secret.

* * *

Des semaines qu’il est parti, sans un mot d’explication. Des semaines qu’elle lui interdit de contacter les siens, qu’elle lui interdit même de s’adresser à quelqu’un d’autre qu’elle.

Chaque nuit, il sort chasser. Dans les rues de Luna, dans les rues d’Umbra, dans la campagne… Chaque nuit, il emporte la victime qu’elle choisit. Mâle, femelle, enfant. Tous beaux. Tous de race différente.
Il doit la ramener vivante, et en assez bon état pour qu’elle puise se débattre. Puis il s’occupe de faire brûler la carcasse vidée de ses fluides, pendant qu’elle nettoie ses croquets, ses longues pattes, ses poils soyeux et immenses…

Des fois, il la masse, ou lisse les poils, ou nettoie les griffes de ses pattes. Etre si prêt d’elle est à la fois excitant et horrifique. Il doit laisser filtrer juste ce qu’il faut d’émotion. Pas assez, et elle ne s’amuse pas. Trop et elle s’excite. Par trois fois déjà, elle l’a mordu avec ses immenses crochets plein de venin. Les trois fois, elle a contrôlé son humeur à temps pour le soigner. Mais il suffirait qu’elle se lasse, et…

Le reste du temps, il lui parle. Il répond à chacune de ses questions, sans rien dissimuler. Quand elle estimera en savoir assez, elle sortira de son repaire, pour réveiller ses s½urs. Peut être le laissera-t-elle en vie, alors. Ou bien il sera son dernier repas avant la route.

Il pense parfois à Xune, qu’il a du abandonner dans une période aussi dangereuse, avec juste la promesse futile de revenir vivant. Il pense à la colère de Kerath, qui doit le faire chercher pour rendre des comptes. Il évite de penser à Eau, sachant qu’elle peut à tout moment espionner ses pensées. Il espère juste que tout ira bien pour elle.

Xune est-elle inquiète ? Va-t-elle bien ? Est-elle à l’abris du conflit qui couve ?
Va-t-elle laisser Kerath s'occuper des problèmes les plus dangereux?

Mais qu'il pense trop à sa s½ur agace l’immense araignée. Il s’enfonce dans un sommeil sans rêve, fait d’épuisement et de ténèbres. Un sommeil semblable à la mort.


Xarne,
Chevalier Noir de Lolth
La prêtresse se tient contre lui, douce et chaude. Son Léger parfum se mêle à celui de l'herbe et des fleurs. Son souffle est calme, sa peau par endroit mouillée d'une fine sueur. Pleine de tendresse, elle lui parle à l'oreille:

"La nécromancie est très présente sur ces terres. Et depuis longtemps sans doute. Les maîtres de ces terres sont peut-être tous morts depuis longtemps, et continuent de régner sur les vivants.
Mais ils ne sont pas plus obéissants que toi, même si tu as caché mon bandage pour pas qu'elle le trouve. Et tu dois te réveiller parce qu'elle l'a trouvé justement.
réveilles-toi."

"Allons, réveilles toi, petit esclave..."

Xarne ouvre les yeux et se fige aussitôt. A moins d'une mètre de son visage, huit yeux noirs comme la nuit le regarde. Les gigantesques crochets sont sortis de leurs gaines, luisant faiblement, immenses seringues noires et courbes.

Elle le domine de toute sa taille, ses quatre pattes avant passées derrière la tête du drow. Un fin cocon de soie bloque ses jambes et un de ses bras. Elle a la pause de l'araignée qui a fini de tisser un cocon et se prépare à dévorer la proie.

Les pensées fusent dans son esprit. Elle va le tuer, maintenant. Il avait déjà deviné que cela se passerait ainsi. Il est trop tôt pour mourir. Que fera-telle de Xune? Que fera Xune? Il lui a fait cette promesse. Il veut la revoir. Elle se remettra. Pas comme ça, pas sans lui avoir dit adieu.
Trouver un moyen. Vite.
Trouver quelque chose.

Les huit yeux le regarde calmement. Elle a relié les fils à deux de ses pattes. Si il avait paniqué, ou s'était débattu, elle l'aurait dévoré. Telles sont les lois naturelles.
Mais il reste immobile. Elle sent son esprit s'agiter, trop vite pour qu'elle saisisse les pensées, mais ce n'est pas de la panique.
Elle ne frappe pas, et rentre ses crochets. Elle en est étrangement contente. Cela devait être comme cela, cela est bien. Lolth est satisfaite.

Elle a rentré ses crochets. Son attitude a changé. Le danger semble moins proche, même si elle peut encore le mettre en pièce dans un moment de colère. Elle ne va pas frapper, mais jamais il n'est passé aussi prêt de la mort. Il va pouvoir revoir les yeux de Xune. Tenir sa promesse. La revoir, prendre sa main...

Elle arrive à saisir une pensée, plus longue, plus forte que les autres. Des yeux roses. Il pense à la petite prêtresse. D'un coup de griffe, elle le libère du cocon, et lui entaille le flanc en profondeur par la même occasion. Elle est de nouveau agacée. Il devrait la craindre, et la révérer, mais même en ce moment il pense à cette drow. Elle a envie de lui arracher la tête. Ou de lui offrir la tête de sa soeur, pour l'entendre hurler sa douleur.

Mais elle n'en fera rien. C'est ce trait qui le rend si intéressant. Cela et son désir de pouvoir, sa fascination pour les forces cosmiques, sa quête de pouvoir. Et étrangement, les deux sont si liés, cette passion pour sa soeur et son besoin de puissance...

Elle se recule de quelques pas et le regarde saigner. La plaie est profonde, mais elle ne devrait pas trop l'affaiblir. Elle n'a pas besoin de le soigner.

Elle s'écarte de lui. Le coup a été brusque, et il a senti une de ses cotes se plier sous l'impact. Le sang coule lentement. Il n'a pas peur. Il a enfin un réel espoir de survivre. Elle s'est retenue de le tuer par trois fois, mais la tension n'était jamais passé. Elle pouvait recommencer, n'importe quand.
Là, il sent que c'était la dernière fois. Que le jeu de la terreur est fini. Il a survécu à l'épreuve. Il se lève calmement pour aller chercher la proie, une enfant enfermée dans un sac. Il marche en ignorant la douleur. Elle ne l'atteint pas. Un simple message sans importance. Cette blessure ne le terrassera pas. Rien de doit le terrasser. Il va survivre, il a survécu, il est déjà plus fort.

Elle l'observe avec un certain plaisir. Il ne laisse rien voir de sa blessure, il ne marche pas comme une proie blessée. Il va lui apporter docilement la proie, comme si rien ne s'était passé, comme s'il n'avait pas senti être la proie un instant avant. Dans l'esprit du mâle, la confiance est totale, sa force de caractère intacte malgré les jours d'angoisse, malgré toutes les menaces.

L'épreuve s'arrête. Elle a des choses à lui dire, et des choses à apprendre.
Il a survécu.

Xarne,
Chevalier Noir de Lolth
Le jeune mâle relit à nouveau la missive reçu de Xune.

Ses yeux percevant les idéogrammes complexes et son cerveau en effervescence cherchant le sens caché de ses parole.

Voilà deux lunes que Xarne à disparu....

Voilà plusieurs lunes qu'il piétine n'arrivant à mettre la main sur aucune de ses proies.

Qui est le mystérieux informateur de Eau Vive ? Serait-ce... non si jamais sa théorie se vérifie, il devra ... soit les tuer tous les deux pour protéger l'empire drow naissant, soit trahir les siens en ne révélant pas ses informations.

Tandis que s'échafaudent stratégie et contre-stratégie dans la tête de la Sentinelle, ils repensent aux mots de la prêtresse couchés sur la missive ; des mots qui bien qu'empreint de douceur lui promettent un mort douloureuse et lente si jamais elle décide qu'il ne lui ait plus utile.

Elle à bénit sa franchise. En prononçant ses théorie accusatrice, Ahakon savait qu'il risquait gros... mais ... il était vivant et il avait placé ses premiers pions.

La retraite de la Matrone favorisant ses projets, il se devait d'agir vite et promptement.

Bombardé Sentinelle en chef pendant l'absence de Noir il jouissait d'un plus grande liberté de mouvement.

Mais il semblait être maudit : attirant toujours sur lui l'attention d'une prêtresse ou d'une autre.

Ses pas dans les ruelles de Luna l'amenèrent devant la banque centrale. Il s'apprêtait à déposer quelque piécettes durement gagnées quand il entendit les pleurs.

Un attroupement et une femme en larme, hurlant à qui mieux mieux sur la disparition de sa progéniture.

Fronçant les sourcil, le drow sortit son calepin et y retrouva des détails troublants d'autres disparitions...

Qui était derrière tout ça ? Un nécromant ? un Fou ?

Une note lui fit sentir la chair de poule remonter le long de sa colonne vertébrale : les disparitions coïncidaient avec .... non ! Certainement le hasard ! Il repensa a son sort probable si ses conclusions déplaisaient à Xune.

Il rangea cette nouvelle théorie dans un coin sombre de sa mémoire, mais ne l'effaça pas pour autant : cette information pourrait se révéler utile en temps opportun...

Ahakon,
l'Ombre qui marche
Eau Vive réfléchissait. Beaucoup de choses s'étaient à présent passés et elle se demandait ce qu'il allait advenir. La fatigue tirait ses yeux, les cauchemars étaient revenus. Elle repensait à Xarne qui avait fait renaître en elle ce drôle de sentiment mêlé de peur et d'incertitude.

Drôles de visions... Lui appartenaient elle? Cela elle ne le savait pas. Des souvenirs sans forme l'assaillaient sans répit.

Ou était Xarne? Cela non plus elle ne le savait pas. Elle regarda Lileath, plongée dans ses études. Voici déjà plusieurs jours que Eau suivait également des études de magie mais aucun progrès notable ne semblait faire leur apparition. Malgré tout, une autre chose semblait grandir à partir de ce dur labeur.

Beaucoup de questions sur de nombreuses zones d'ombres faisaient surface. Qui pouvait bien l'aider à présent. Elle trouvait trop changé la seule personne qui aurait pu lui être d'un grand secours pour qu'elle aille lui demander conseil. Un autre nom lui vint alors à l'esprit.
Gontrand...
En espérant que celui ci ne la rejette pas, elle irait le voir. Pour des réponses.. Que seul lui pouvait connaître...

Doucement elle saisit une de ses dagues faites par Thérie et l'envoya avec une grande adresse au milieu de la table du salon. Elle se ficha dedans avec une précision et une puissances toutes calculées.

Ou était Xarne..
Beaucoup de choses restaient à éclaircir...


Dame Eau,
Baronne de Vive
Il s'approche lentement de la faille dans la muraille.
Depuis le siège des orcs, elle a été en grande partie comblée. En grande partie, mais pas entièrement.
Il tient les objets dans ses mains fermés, il prononce les quelques paroles, il ouvre en grand le passage.

La forme fantomatique se glisse sans difficulté dans la maigre fissure. Il glisse ensuite le long des murs, sans réellement craindre d'être vu par les gardes, forme ténébreuse au milieu des ténèbres.
Ce soir, elle veut un garçon. Un petit demi-elfe, de moins de 40 kilos.
Il lui faut une heure pour repérer un petit mendiant qui correspond à ces critères. Il se souvient vaguement avoir parlé à l'enfant, il y a bien longtemps. Il était avec Nydiek... Cela semble si loin. Nydiek... Xune... Comment va Xune?

Il se reprend rapidement. Pas maintenant. Il chasse pour Elle. Il ne va pas tout gâcher maintenant. Il touche presque au but. Encore un peu, et elle reviendra les protéger. Il pourra aller voir sa soeur, la tête haute. Il aura réparer une chose importante. Oui...

Il murmure les mots, et reprend son corps physique. L'enfant est à quelques pas, mais trop prêt de la lumière, de la rue... Il attend encore un peu. L'enfant s'assoie dans la poussière, lui tournant le dos. La lumière, la rue, le risque...

Il bondit et l'attrape sans ménagement, lui déboîte une épaule en le maîtrisant, lui enfonce un morceau de bois dans la bouche, l'empêchant de hurler. Mais ses bras manquent de force. Il dort trop peu, ne mange presque rien. Le venin l'use encore un peu, ses cotes le brûlent. L'enfant envoie la tête en arrière, le percutant au plexus. Un instant il relâche sa prise, et le mioche des rues bondit, la vie chevillée au ventre...

"In Sar!"

L'enfant s'écroule, terrassé par la douleur, les yeux exorbités. Tous ses nerfs viennent d'être écorchés puis recouverts de sel. Il ne peut plus respirer, ses membres tremblent compulsivement. Il voit la créature de cauchemar qui s'approche de lui. Un être armé d'une armure poussiéreuse, recouverte de fils immenses, comme des cheveux fins et gluants, qui le suivent dans ses mouvement comme une traîné spectrale. Sa peau est grise sombre, ses cheveux, sous le voile de toiles d'araignée, sont blancs comme la neige. Et ses yeux... Pas des yeux, des trous béants plein d'un feu rouge comme l'enfer. Il le voit s'approcher de lui, et sent sa fin arriver.

Celui qui parfois se rappelle son nom de Xarne se baisse pour attraper l'enfant. Dans l'emportement de la chasse, il a oublié toute précaution. Il est en plein milieu de la petite rue, éclairé de trois sources de lumière différente. Il se baisse, et sur sa droite, il entend soudain une voix.

"Longue Nuit, frère..."


Xarne,
Chevalier Noir de Lolth
Caché dans les ombres, le mâle essaye de contenir son impatience.

Pour le moment il est obligé de rester immobile, mais bientôt cette limite sera franchie !

Il le sait !

Les ombres lui parlent, elles le protègent, le choie.

Notant scrupuleusement les remarques de deux gardes parlant d'un édit de la ville voisine à propose d'un certain nain meurtrier retranché a Luna et gouverneur de son peuple.

Il contient à la fois les battements de son coeur et les bruits de sa respiration.

Finalement les rues se désertifient de plus en plus et seules les rondes des gardes brisent un silence noir et pesant.

Finalement il voit enfin ce qu'il recherchait : un petite forme malingre issue de l'abâtardissement de deux races inférieures qui rogne un croûton de pain lâché par un passant quelques heures plus tôt.

En regardant ce pathétique rejeton sensé contenir la grâce des elfes et la force des humains, Ahakpn ne peut s'empêcher de laisser poindre un sourire cruel sur ses lèvres : mettre fin à sa longue agonie serait un geste de pure pitié.

Son attente dura de longues minutes pendant lesquelles rien d'intéressant ne se produisit vraiment.

IL s'apprêtait à lever le camps quand soudain les ombres se mirent à lui parler.

Se figeant instantanément, il disparu tel une apparition au plus profond des enfers.

Ses yeux virent d'autres ombres bougeaient. Des ombres étranges n'appartenant pas à ce monde et issus de royaumes infernaux.

Un instant il douta de sa vision mais bientôt les ombres s'animèrent à nouveau, restant à l'abri de la chiche lumière.

Faisant le tour de tous ses artifices, il récita a nouveau ses mots de pouvoir et vérifia la tenue de son Katana.

Et cela arriva : les ombres se déchirèrent, libérant la forme dépenaillé d'un drow ayant connu des jours meilleurs.

Maladroitement il s'empara du petit mendiant qui se débattit avec la force que lui donnait le désespoir et la promesse d'une mort prochaine.

Ahakon immobile observait la scène. Il reconnaissait l'armure mais pas le visage hagard de l'homme à l'intérieur.

Un moment, le petit demi elfe réussit presque à s'échapper, mais alors la forme sombre et voûtée lâcha une série de mots de pouvoir qui comblèrent d'aise Ahakon.

Le petit hybride s'abattit sur le sol comme une masse sous le regard glauque du drow déchu.

Ce dernier se baissa et ramassa son butin puis commença a redisparaitre dans ses ombres mystérieuses.

Sous le coups d'une impulsion subite, la Sentinelle sortit de l'ombre et lâcha son salut rituel, bien connu des habitants de Luna

"Longue nuit frère !"



Ahakon,
l'Ombre qui marche
Il reste figé un instant, cloué dans la lumière, comme une bête prise par surprise.
Ses pensées se déchaînent.

Ahakon. Sentinelle. Espionné? Traqué? Kerath qui le cherche? Se rendre? Parler?
Non, pas maintenant! Impossible! Il a réussi à gagner son pardon. Il a passé les épreuves!
Elle lui a parlé de l'avenir. De la cité à faire construire. De la gloire à restaurer.
Elle accepte de les garder de nouveau, de pardonner les affronts. Elle accepte même de lui laisser Xune. Il a réussi au delà de toutes espérances!
Il est allé à la mort, fort de quelques fragiles promesses et d'un bout de tissu, et il a survécu!

Il doit agir. Elle a interdit de parler à un drow, interdit d'être vu. Il a échoué. Il doit se rattraper.

Quelques mots de pouvoir, très brefs.
D'un seul geste souple et ample, il dégaine son kriss et tranche la tête de l'enfant. Un témoin de moins. La pitoyable vie s'écoule le long de la lame, remonte par son bras, atteint son coeur. Il retrouve des forces oubliés. Son esprit s'affûte.

Il se retourne vers Ahakon et hésite. Frapper maintenant, effacer les traces, trouver un autre gamin? La lame rougeoie toujours faiblement. La pointe est tourné vers le drow. Attaquer ou fuir?

Il observe son frère de race, indécis...


Xarne,
Chevalier Noir de Lolth
Les yeux du mâle ne quittaient pas la lame rougeoyante de vue.

Le regard hagard il le connaissait déjà : les pratiquants de la nécromancie dévorés par leur science partagent tous le même.

Un instant il se permit d'admirer le liquide carmin qui lentement dessinait au sol un pentacle improbable dont la force issu d'un sang vierge serait sans limite pour un sorcier doué.

Gardant les mains caché dans les ombres de sa cape, Ahakon détailla son adversaire.

Si la forme était bien celle de Xarne, en revanche son aura n'avait plus rien a voir avec le drow superbe, bourreau des coeurs qu'il connaissait et jalousait à la fois.

Il était dans un "PAT" : dans son état, la lame n'était pas vraiment une menace, mais il était encore le frère de Xune...

Se parant d'un sourire il esquissa une courbette à la forme qui fut autrefois un drow et toucha une rune au creux de sa poche.

Ses contours s'estompèrent alors même que l'épée rougeoyante de Xarne le transperçait.

Une phrase résonna dans les oreilles du drow déchu en même temps que le rire moqueur de la sentinelle

"Je connais ton secret maintenant...."


Ahakon,
l'Ombre qui marche
Xarne attend. Le drow ne semble pas le menacer, ni vouloir se battre. Bien. Mais il ne semble pas non plus avoir un message à lui donner. Etrange.

Il entend les mots de pouvoir, et sait que la sentinelle fuit. Par réflexe, il plonge sa lame vers l'épaule, pour casser le sort. Mais il est lent et maladroit. Fatigué. Affamé.

Il entend des mots qu'il ne comprend pas. Son secret? Quel secret?

Il se tourne vers le petit cadavre. Celui-ci est gâché. Il se tient bien droit, au milieux de la rue, la lame nue, avant de réaliser sa situation.

Il a échoué.
Mais les dégâts semblent négligeables, et il n'a pas dit un mot.

"Je connais ton secret."

Ahakon se taira pour un temps. Les secrets sont faits pour être gardés, utilisés au meilleur moment. Malgré la sourde angoisse d'avoir tout gâché il reprend un peu espoir. Il lui faut une autre proie. La nuit est encore jeune.

Il contrôle la vague de dégoût qui lui monte à la gorge. Un tueur d'enfants. Une loque traînant comme un spectre et tuant des enfants.
A quelques lieux, elle doit dormir dans sa jolie petite maison. Comment le trouverait-elle, dans cette tenue, dans ce rôle? L'appellerait-elle encore chevalier, de sa voix gentiment moqueuse?

Il doit La servir. Peu importe s'il doit pour cela devenir moins qu'un animal. Il va La servir, et La satisfaire, et gagner sa survie, la survie de Xune, et une gardienne pour les drows. Il doit y arriver. Peu importe le reste.

Plus tard, il soignera ces blessures. Plus tard.

Il repart en chasse, évitant facilement les gardes alertés par le cadavre. Rapidement, il trouve une nouvelle proie, plus dodu que l'ancienne. Les dieux infernaux l'aident. Il va réussir.

Il le doit.


Xarne,
Chevalier Noir de Lolth
Le mâle vacille.

Tous ses nerf sont encore en feu.

Il à l'impression de sentir les mandibules de la chose fouraillaient dans sa tête.

Il se rappelle vaguement.... les voix douces....des mains fermes...et la sensation de brûlure à chaque fois que son corps rejetait les obscénités implantées en lui par .... cette abomination.

Xarne ..... il se souvient de Xarne... le pantin ....

Quelques pas encore.

IL aperçoit un bâtiment familier.

Surement désert... la .. chose a du dévorer ses amis après sa fuite pour les punir......

Il serre les dents et rajuste son large chapeau sombre.

Sa main se pose sur le bois chauffé par le soleil.

Il prends une inspiration et pousse le battant de la porte.

Une conversation s'interrompt. Dans la pénombre il aperçoit ... Nydiek ... l'âme damné de Xarne t Xune qui le dévisage impassible. En face de lui une humaine, le bras en écharpe dont le visage lui ait familier.

A l'étage il perçoit des bribes d'une voix douce qu'il connaît.

Ne pouvant s'empêcher de sourire il regarde son frère de race...

"Vous ... êtes ... vivant"

S'interrompant de sa causerie, le drow casqué de maille le regarde et lui répond froidement

"Oui, nous le somme."

Les yeux d'Ahakon se ferment. Il une dernière fois la sensation du marbre froid contre sa joue. Le marbre est si confortable.. pourquoi personne ne fait de lit en marbre ?

Il essaie de rire à sa plaisanterie mais des ténèbres qu'il ne contrôle pas le recouvrent et l'emportent.


Ahakon,
l'Ombre qui marche
Allongé sur le dos, le bras sur le front, Xarne cherche à regarder le plafond à travers les ténèbres. A force de travail, ses yeux craignent moins la morsure du soleil. Cependant, sa vision nocturne est aussi moins bonne qu’avant, comme s’il était victime de myopie. Il est désormais incapable de compter le nombre de rainures dans le bois de la poutre.

« Quel drame… » se dit-il en souriant dans le noir.

Le lit lui semble le plus moelleux qu’il n’est jamais connu. Les draps plus doux et frais que dans ses plus lointains souvenirs. Il soupire de bien-être. De l’oreiller à ses cotés se dégage un parfum féminin. Un parfum sucré qu’il connaît bien, le même qui colle à sa peau, le même qu’il espère bien sentir prêt de lui, plus tard dans la nuit.

La blessure sur le flanc le lance légèrement, d’une petite douleur sourde. Moins qu’une gène, cela lui apporte même une certaine jouissance : il n’a mal que là, le reste de son corps est parfaitement détendu, parfaitement efficace, répondant aux moindre de ses désirs. Cette petite blessure lui sert de contraste pour apprécier le plaisir d’un corps obéissant et confortable.

Cette légère torpeur, si loin de l’état douloureux d’épuisement qu’il a connu, lui donne l’impression de flotter.

Il pense à la future citée. Il pense à la joie que cela procure à Xune, aux autres. Cela a même apporté un sourire sincèrement heureux à Nydiek.
Une citée.
Il s’y était toujours senti prisonnier, des lois, de l’ordre, des devoirs. Mais il n’y avait pas sa place. Il était un paria, alors, puis un mâle sans statut et n’ayant rien à offrir. Mais cette fois, il en sera un membre. Il y aura une mission, la défendre. Il y aura un statut, Lame de Lolth.

Et, peut être, un endroit où vivre, au coté de sa s½ur.

Il évite d’imaginer la chose. De trop espérer, et de trop attendre. Il peut mourir demain, dans une mission ratée. Il peut être envoyé en garnison à la porte d la ville, pour en défendre les portes. Et elle peut le chasser de son service, quand elle le désire.

Ne plus espérer. Profiter des choses comme elles viennent. De chaque instant de bonheur ou de plaisir. Oui, sa dernière épreuve lui a appris cela.

Sa gorge se noue, sa vision se brouille, respirer devient un effort douloureux. La peur revient, s’installant dans son ventre. Ce fantôme des peurs passées, ce spectre de cette angoisse, de cette torture. A chaque instant, savoir qu’elle peut frapper. Sentir son hésitation, sa réflexion. Tuer ou le laisser vivre encore un peu ? Et cette conscience douloureuse de tout ce qu’il y a à perdre, sans pour autant l’avoir jamais possédé. Toutes ces potentialités que la mort peut engloutir…

Cette terreur affreuse, sans fin, car nourrie d’incertitudes et d’ombres d’espoir. Les moments de crise, la douleur, sentir venir la fin et hurler sa protestation. Jamais il n’avait autant senti son envie de vivre.

La peur se retire, lentement. Il apaise son esprit. Il est une leçon à retenir de tout cela. Nul ne contrôle complètement son destin. Les espoirs ne sont que des folies prétentieuses. Les plans, cela est raisonnable. Se fixer un but, chercher à l’atteindre, en gardant à l’esprit que tout peut basculer, en étant prêt à réagir.

Ne pas espérer. Faire des plans. L’attendre. Il ferme les yeux et essaye d’apprécier pleinement le plaisir simple de la détente, malgré le goût de cendre dans sa bouche, dans son esprit.


Xarne,
Chevalier Noir de Lolth
"Ce soir tu passeras l'épreuve...."

Deux lunes déjà depuis sa confrontation avec .... l'ombre affamée.

Il contemple sa peau couturée de cicatrices diverses.

Ses sourcils se froncent à l'évocation de la torture enduré pour ne pas avoir céder à la volonté de fer de cette chose.

Il retourne dans sa tête les instants clefs de la scène.

Le traquenard tendu par Xarne, le pantin, dans cette grotte.

La terreur superstitieuse qui étreignit ses frères et soeurs.

Son dégagement analytique de la situation tandis que les siens se prosternaient, et que lui assemblait enfin un partie du puzzle des ces dernières lunes.

Ainsi donc les siens avaient rendu les armes auprès d'elle.

Il avait payé son scepticisme chèrement...

La chair de poule le reprend quand il se rappelle les araignées courant sous sa peau et la volonté de cette chose cherchant à s'infiltrer dans son esprit.

Il se rappelle de façon fragmentaire les heures qui suivirent : sa lutte pour survivre ; l'aide bienvenue de quelques humains désintéressés qui maintinrent son corps en vie tandis qu'il lutter pour reconstituer son esprit.

"Ce soir tu fera acte de soumission à notre Gardienne"

Un sourire emplit de cruauté déforme son visage quand il repense à cette phrase si simple et si sibylline.

Il dut se rendre aux arguments de la prêtresse : après tout sa déesse étant issu du panthéon de Lolth, il pouvait très bien reconnaître le pouvoir de cette chose...pour le moment.

Les ombres lui parlèrent encore, l'apaisant, lui enseignant la patience.

Le nombre de pratiquant de la nécromancie augmentant chaque jour, le pouvoir de sa déesse sur ce monde devient grandissant à son tour.

C'est peut être une impression, mais les morts-vivant qu'il croisent lui semblent de plus en plus fort.... Et les complots !

Il repense à tous les complots qu'il a ourdit. A tous ceux qu'il a déjoué. A toutes les bassesses qu'il devra entreprendre pour assurer la suprématie du peuple drow...

Son travail n'est pas finit...

"Ce soir tu fera preuve de ta loyauté à Lolth"

Ce soir il entamera un nouveau complot.

Une certaine gardienne devra surveiller son dos velu de ses six yeux car jamais une sentinelle n'oublie une offense...


Ahakon,
l'Ombre qui Marche
D'une rose je sortirais à nouveau...
Ces pointes acérées de haine me renforcent...

J'ai mal dans cette prison de cristal.
Ils me feront sortir, ils ont besoin de moi.

Besoin de haïr et de détester....
Désir chaotique d'exister...

Appelez moi, créatures à peau noire...
Moi, votre pire ennemie, votre cauchemar...


Iluna,
Changeforme
In Memoriam
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