Déchiffrant les caractères malhabiles de l'affiche placardée sur les murs de Luna, une ombre décida de se mêler aux mortels pour retrouver un peu les sensations qui lui étaient autrefois familières.
Il le savait, le plus grand danger pour lui était la perte complète de toute attache émotionnelle. Il deviendrait alors un prédateur sans âme : un abomination traquée par ceux là même qu'il avait fait venir a Luna.
Sortant un rapide déguisement du bric à brac emplissant une caisse au bois vermoulue, entassée à la va-vite dans le caveau obscure lui servant de tanière, l'ombre prit sur lui quelques menues monnaies pour éventuellement ajouter encore plus de bric à brac dans les vestiges de sa vie passée.
La soif le laissait tranquille pour le moment, son dernier repas n'était pas loin.
Usant de magie, simple tour de passe-passe pour le pouvoir millénaire qu'il ne tarderait pas à devenir, il se téléporta de chez lui.. enfin de sa dernière demeure pour la banlieue de luna.
Les passant lui jetèrent des regards suspicieux
Peut être le noir n'était il pas une bonne idée ? Et ce masque de nécromant non plus ... il oubliait ce genre de petit détail ... trop vite.
Invoquant les ombres, il prit place a l'écart pour assister à la fin de la vente quand un homme le toisa ... enfin toisa la place vide et lança a la cantonade très haut pour être sur d'être entendu de la garde :
"La politesse se perd !"
Ignorant la pantomime de l'autochtone, l'ombre essaya de se concentrer sur la vente en cours quand il s'aperçut qu'il n'était plus ... masqué
Fier de lui, le cuistre vêtu de la toge des illusionnistes de dernière catégorie le pointait du doigt a l'attention de deux sombres brutes entrées en ces lieux sur les cris de vierge effarouchée du magillon de pacotille.
L'agacement ...
Cette sensation là au moins persistait ! c'était déjà ça.
Curieux... il pensait que la venue des Paladins en Luna donnerait un élan nouveau à la ville et au lieu de cela les gens semblaient plus ... agressifs.
La voix vulgaire de l'un des deux porte-couteaux de la milice le rappela à la réalité
*Toi là tu cesse de te cacher et tu vire ton masque !"
Leur révéler qui il était ? ... non
"Messieurs, la vente est publique et je ..."
Une lueur de complicité mauvaise passa entre les deux hommes : ils ne cherchaient qu'un prétexte. Derrière lui l'ombre entendit "Comme d'habitude" avant de sentir une lame lui pénétrer le dos à plusieurs reprises.
Colère ? Mépris ? Curiosité ?
Dans un état second il vit un des deux hommes commençaient à fouiller ses poches en se justifiant devant l'assemblée des acheteurs "On va voir qui c'était"
L'ombre se demanda quelle pièce d'identité le garde cherchait dans sa bourse pleine d'or ...
Se relevant sous le regard ébahi des deux brutes, il laissa la magie noire qui entretenait son existence fermer ses blessures.
Déclencher un carnage ? Non.... Il n'allait pas massacrer ceux qu'ils voulait protéger et de plus il n'était pas encore assez puissant pour se permettre ce genre de facétie.
Il prit la voix la plus humaine qu'il pu
"Messieurs je vous laisse, vous me navrez... la prochaine fois je serai moins magnanime"
Refus du combat... lâcheté ? Curieux comme le temps altérait sa perception des sensations mortelles.
Sur le retour il massacra quelques orcs malchanceux pour ... passer sa colère. Le carnage ne lui apporta aucune satisfaction et il se nourrit a peine sur le chef des maraudeurs dont le sang vigoureux lui apporta une force renouvelée.
"Mais qu'est devenue Luna ?"
Cette question continuait de lui tarauder l'esprit. Obsession ? Jalousie ? Inquiétude ?
Peu à peu, l'acuité des sensations mortelles disparaît... peu à peu il ne comprenait plus les brebis qui peuplent les villes.
Il appréhende alors mieux les visions d'Elselia ... Doit il restaurer l'ancienne nation ?
Usant de son lien unique avec la terre, il se fond alors en celle-ci pour écouter la berceuse millénaire de Malas.
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