Broc - Hibernia - Une fuite, une vie

 
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Chapitre premier

J'ai couru à en perdre haleine, filante dans mon manteau noir d'ébène; j'ai fuis plus loin que mes passions, laissant derrière moi tout ce désarroi, cette impuissance, devant une déception grandissante. Je suis partie si loin, je ne sais où m'a conduit ce chemin, que j'ai suivi encore et encore.
Finalement mes pas se sont espacés, plus doucement je me suis mise à marcher, le regard fixé vers un horizon que je ne voyais pas, plus d'hier pas de demain, simplement avancer, vers quoi, je n'en sais rien, je ne le saurais jamais sans doute; c'est ainsi qu'est devenue ma route, longue sinueuse, douloureuse, comme ce genoux qui me fait mal; j'ai fini par chuter, tombante de fatigue, mes pas m'ont emporté, vers un sol bien hostile, et je ne me suis pas relevée. les yeux fixés dans le vide d'une clairière, je reste là, le regard figé, le visage sans expression.

Un grognement me sort de ma torpeur, mes yeux quittent le flou, pour se régler lentement sur le plus libre des rois, il est là énorme s'approchant de moi, je pose mes mains sur le sol, afin de me relever, mes lèvres esquissent un début de phrase, il est là à portée, je pourrais le charmer, je l'ai déjà si souvent fait. Il me regarde se déplaçant comme dans un rêve, je le fixe intensément, et me laisse doucement retomber sur le sol.
Une phrase franchit pourtant mes lèvres, mais ce n'est pas le doux murmure que j'ai déjà tant de fois utilisé:
"Cette fois, je ne te charmerais pas, ô ours, vaillant compagnon, achève moi à ton tour, comme l'ont fait avant toi tous ceux à qui j'ai voulu donner mon amour, il est temps à présent; je te libère, libères moi à ton tour"
Mon regard est plongé dans le sien, je sens son souffle sur mon visage, il se redresse, et je le défis, je respire calmement qu'il en soit ainsi, sa patte se lève au dessus de moi, le ciel s'assombrit soudainement; ma main se porte subitement sur mon ventre, je sens mon souffle se couper, puis... le temps s'est arrêté.
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Chapitre second: Le mage errant raconte

Je savais qu'elle viendrait, j'avais tiré un des fils de son histoire, une des plus curieuses qu'il m'ait été donné de découvrir; je l'avais vu il y'a déjà bien longtemps, mais je ne savais quand. Et là voilà devant moi, j'aperçois sa silhouette drapée de noir, laissant passer un lourd pan de soie écarlate, je ne vois pas ses traits, son visage est masqué par une pèlerine; cette vision est si ancienne, que je pensais qu'elle n'adviendrait jamais, et pourtant.
Curieux destin pour un homme, que de connaître celui des autres; mais je sais tout il en est ainsi, tous ceux qui veulent bien se laisser atteindre; entre deux études de grimoires et manuscrits, je m'offre le miracle de découvrir une infime partie du temps futur, ne me demander pas comment, c'est ma part de secret..

Me voici traversant les forêts à la recherche des herbes ancestrales, dont je me sers quelquefois, pour de multiples expériences qui m'amusent beaucoup. Je plante mon bâton devant moi, pour guider mon chemin, regardant aller et venir mon faucon à mesure que je progresse sur ma route. Arrivé aux abords d'une clairiére, celui-ci vient se poser sur mon épaule, et je sens ses griffes s'enfoncer dans ma chair, je m'arrête brusquement sous la douleur, et là je vois... Je reste un instant, ébahis de stupeur; un ours gigantesque s'approche à pas lourds d'une silhouette luxueusement habillée, mais qui semble terriblement frêle; il grogne et me voilà saisi de peur, bien que connaissant la suite fatalement: La silhouette reste là devant lui, elle se tient sur les genoux, elle repousse sa pèlerine de ses mains gantées, et je vois apparaître une elfe dans toute sa majesté, elle est très maigre et pourtant si lumineuse, sa voix s'élève tandis que l'ours se dresse au-dessus d'elle, je ne comprends que partiellement ce qu'elle dit, cela fait bien longtemps que je n'ai pas entendu cette langue. Elle se tait soudain, et s'affaisse subitement.
Je porte ma main sur ma voix, comme pour étouffer un cri, la voici sans doute évanouie, l'ours repose sa patte sur le sol, pousse un grognement qui a tout du pleure, il approche sa gueule du fin visage inanimé, respire lourdement contre lui, je peux presque percevoir son souffle; pousse doucement le corps sans vie de sa gueule, s'assois promptement, et reste là ne bougeant plus.

J'attends une heure puis deux, puis trois, la faim doit enfin lui tirailler le ventre, il pleure une dernière fois devant le corps, puis s'éloigne de la clairière. Je me faufile alors, mon faucon toujours sur l'épaule jusqu'à la divine elfe, la saisie dans mes bras; elle est aussi légère que la plume, ses poignets vont casser tellement ils sont fins; et l'emporte dans mon antre, ma demeure d'exil loin des regards familiers. Je la dépose doucement sur une couche, elle n'a toujours pas reprit ses esprits, mais j'entends battre son cœur, je vais chercher un linge, de l'eau fraîche au puits en grommelant un peu car mon dos me fait souffrir, et je commence la longue veillée.
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Chapitre Trois: La veillée

J'ai du m'assoupir un moment, j'ouvre les yeux subitement éveillé par des murmures et des pleurs; la voix douce de l'elfe est agitée, elle semble parler de trahison, de chagrin, de douleur, un nom revient souvent; j'ai bien fais de ressortir mon vieux manuel elfique, ses phrases sont si morcelées que je n'y aurais sans doute pas compris grand chose.
Je reprends un linge frais, le passe doucement sur ses lèvres sèchent, sur son front humide de fièvre. Je ne sais plus que faire, cela fait déjà trois longs jours... Je suis épuisé, elle doit l'être aussi vu l'état dans lequel elle se trouvait déjà lorsque je l'ai découverte, et c'est là que me revient ce vieux présage... Je ne puis là laisser ainsi; vieux fou que tu es bête, j'avais oublié le plus important….

Je m'approche passe mon bras derrière sa tête, la prend contre moi telle une enfant, et je commence à lui parler, je sais qui elle est, je sais ce qui l'attend, mais je sais qu'elle a le choix; j'ai beau savoir ce que la vie pourrait réserver aux hommes qui viennent à moi, je ne suis pas maître de leur perte de courage, je ne puis éviter leur faiblesse, juste tenter de les soutenir, quand leur destinée croise ma route; certains diront que je suis un messie de campagne; je leur répondrais que je suis juste un vieux fou qui sait, et qui parfois préférerait ne pas connaître ce lourd poids qui m'a été incombé. Mais je n'ai jamais baissé les bras.

Ma voix devient grave, je parle d'un ton autoritaire:
"Reviens à toi, reprends tes esprits, la vie t'attend ouvre les yeux et regarde-moi. Je pose une ongue de ma confection sur les lèvres si pales, j'espère que le résultat ne sera pas trop violent, j'ai peur qu'elle ne le supporte pas. J'attends quelques instants rien… je commence à murmurer quelques mots tout prêt de l'oreille si finement taillée; je n'aurais pas du dire cela, mais je ne sais plus que faire.
Je relève les yeux, et me voilà éblouis par deux lumières dorées qui me fixent surprises. Son visage se fige, elle tend la main, la laisse retomber, regarde paniquée autour d'elle, elle veut parler mais ne peut pas, quand soudain ses yeux s'embuent de larmes.. Je repose la tête doucement sur le lit, me lève et sers une coupe d'eau fraîche, et je dis, tout en accompagnant mes paroles d'un geste pour l'aider;
Maintenant bois, si tu ne le fais pas pour toi, alors fais-le pour elle. Elle esquisse une forme de sourire, m'écoute et s'exécute enfin.Elle essaie de me dire quelque chose, je dépose mon doigt sur ses lèvres, Je sais, je sais.. lui dis-je. Tu vas rester ici autant de temps que tu le souhaites, il y a pour toi tout ce que tu veux, je peux t'aider à poursuivre ton étude des sombres arcanes; je pourrais lui enseigner aussi, quand tu seras prête tu partiras et tu pourras la conduire avec toi, où la laisser ici.
-Pour quoi feriez-vous cela pour moi? me dit-elle
-Parce que toute vie est précieuse.
-Et si je ne veux pas?
Je lui pris la main et la fixa intensément dans les yeux. C'est très simple, tu n'as pas ce choix.
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Chapitre Quatre: Siah

Elle a vu le jour un soir ou la nature a prit son envolée, laissant tournoyer à coups de rafales et de vents changeants, les restes d'un été trop vivant, à présent aussi morts et desséchés, et pourtant encore plus beaux et envoûtants dans leur palette chaude que l'été lui-même.
- J'espère que la saison n'influx pas sur les caractères. dis-je à mon nouveau maître. Sous peine d'avoir donner le jour à un petit ouragan. La nature pour conforter mes dires, se mit à souffler plus ardemment encore, nous donnant par la fenêtre un spectacle apocalyptique; je fixais l'enfant à l'air pourtant si sage avec amour, elle ouvrit ses yeux, deux esquisses dorées, parfaites répliques des miennes; mais tandis que je suis aussi ténébreuse que mes pensées suite à l'abjecte destinée qui m'a été réservée; Trahie par celui à qui j'ai tout donné; ma fille elle est aussi lumineuse qu'un soleil à son zénith, des fils d'ors se mêlent dans ses cheveux, elle m'éclaire déjà moi qui pensais ne plus revoir la lumière, la voilà devant moi, et bien que je préfère oublier pourquoi et comment elle est venue à moi, je sais que je détiens ici le cadeau le plus beau que je pouvais recevoir, une nouvelle chance d'aimer; car une vie sans amour n'est pas une vie; j'ai encore tant de choses à faire et à reconstruire. Je sais que j'ai ici un soutien en lequel je peux placer toute ma confiance; un mot que je dois réapprendre aussi.
Il m'aidera à lui apprendre, et quand le temps sera venu d'affronter ce que je ne puis encore, je la conduirais d'où je viens, en espérant trouver la force de ne pas lui enseigner à mépriser la seconde source de sa vie, comme moi je la méprise.

Je dépose un doux baiser sur son front, et la sert tout contre moi, une chose est sure, je n'oublierais jamais pourquoi et comment je suis arrivée ici.
 

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