Broc - Hibernia - Blackblade - sa vie

 
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Il est dit que Kjeldor Blackblade devint maitre de Lames et Fantasy. Il avait alors à ses côtés le puissant Feydakeen et le non moin puissant Darnos. Ils l'aidaient dans sa tache et la guilde gagnait en puissance, ce faisant connaitre pour la complicité et l'entre-aide de ses membres, se forgeant une reputation qui faisait sa fierté. Malheureusement, la guilde nouvellement créée ne pouvait aider le maitre Feydakeen et c'est pourquoi il la quitta en remettant sa place à Dame Flor, une druidesse de grande competence.

Un jour vint Pulco le lurikeen. Il avait cherché un foyer pendant longtemps, mais il semblait incapable de se fixer. Il promi de suivre les regles de la guilde et fut acceuilli comme un frêre. Pulco faisait preuve d'un charisme rare, et c'est naturellement qu'il vint à devenir l'ami de Blackblade. Seulement quelques jours apres avoir été recruté, Pulco passait lui même au rang de Recruteur. Tout ce passait au mieu.

Un jour, Kjeldor partait pour quelques semaines, suivant la voix du Seigneur au Bois. Le Maitree Darnos et Dame Flor geraient la guilde pendant son abscence. Lorqu'il revint, quelque chose avait changé. Les membres de la guilde semblaient plus distants les uns des autres que jamais. Quelque chose semblait s'être brisé et Kjeldor eut rapidement une explication. Pulco avait été renvoyé. Il avait recruté au hazard des personnes qui s'etaient montrées rebelles aux regles de la guilde. Des personnes meprisantes de la Loi. La situation s'etait dégradée au point que Darnos mit en garde Pulco à plusieures reprises. Mais Pulco se sentait protègé par son ami Kjeldor, ainsi il n'en fit qu'à sa tête et ce qui devait arriver arriva. Plus tards, Kjeldor dit à Darnos que s'il avait jugé le renvoi necessaire, alors il avait eut raison de l'appliquer. Car telle etait la volonté du Seigneur au Bois. A force d'efforts et de comprehension, d'aide et d'amitié la complicité fut bientôt restaurée au sein de la guilde. Mais un jour Maitre Darnos partait également, laissant Kjeldor et Flor à la tête de la guilde. Quelques mois plus tard, l'Ordre Aarklash proposait une alliance que la guilde acceptait. Suivant à nouveau la voix du Seigneur au Bois, Blackblade partait loin de ses terres.
Comme à l'époque de Lames et Sortilèges, la guilde restait sans grand maitre une fois celui-ci parti. Mais la Dame de Feuilles veillait et Flor put acceder au rang de Maitre de Guilde comme le voulait Kjeldor. Un jour, le prestige de Lames et Fantasy fut plus grand que celui de Lames et Sortilèges à son époque. Comme le voulait Blackblade.

Car ce plan était le sien. Il voulai être confronté à la vérité, et que par lui la vérité triomphe. IL pensait que la Dame de Feuilles le sauverait comme elle avait sauvé Fallem. Il voulait la révélation enfin et pour cela, il pensait qu'il fallait precipiter les choses. Prendre le Seigneur au Bois à temoin. C'etait son plan, son complot : un complot pour le Seigneur au Bois. Un complot contre le Seigneur au Bois. Se livrer aux etrangers, aux mauvais, non pas tel l'agneau sur l'autel, mais comme le Messie.

Il devait être sauvé au dernier moment. Et il avait accepté cela car il croyait en lui, comme ceux qui l'aimaient croyaient en lui.

Il avait dit à Snipe le ranger de le suivre, car il voulait qu'un lurikeen soit temoin de ce qu'il allait faire. il devait attirer les mauvais vers lui, et ainsi tout serait executé exactement selon le dessein, ainsi qu'il avait été prévu.

Les étrangers arrivaient, et Kjeldor s'avançat au devant d'eux, pour se livrer de lui même. Mais il était connu et ils eurent un mouvement de recul et tremblerent fort. A ce moment il aurait pu s'enfuir. Mais à ce moment encore il persevera.

Alors Snipe degaina et frappa un des mauvais avec l'épée qu'il portait, tranchant son oreille droite. Enfin il avait compris ce qui s'etais tramé et il voulait sauver Kjeldor. Car s'etait sa propre oreille qu'il aurait voulu trancher.
Assis sur la table le bébé la fixait. La jeune nourice se demandait si elle ne devenait pas folle. Cela ne pouvait être qu'un rêve ou une hallucination. Un nouveau né de quelques semaines ne pouvait pas s'asseoir ainsi, ne pouvait pas accomoder sa vision et la regarder de cette façon. Et pourtant il était assis sur la table et la devisageait calmement, il la detaillait même. Sans la quitter des yeux, il ramena ses jambes sous lui et, d'un mouvement fluide, se mit debout.
La nourrice poussa un faible gémissement, laissant retomber ses bras le long du corps.
L'enfant se campa devant elle, les jambes écartées, et les poings sur les hanches. Les levres frémirent et elle crut qu'il allait lui parler tant elle n'en était plus à une absurdité pres. Mais avec une lenteur effrayante les levres s'étirerent et la jeune femme comprit que l'enfant lui souriait, non d'un sourire innocent et reflexe d'un nourrisson, mais du sourire d'un homme à une femme.
Immobile, il la contemplait toujours de son air narquois. Il sortit une petite langue rose dont il se caressa les levres. Puis il eleva lentement les bras et tendit vers elle son minuscule index. La nourrice remarqua avec horreur que son ongle avait démeusurement poussé, prolongeant le petit doigt d'une veritable griffe.
Gilles vit son fils désigner la jeune femme comme une victime sacrificielle. Hieratique, l'enfant la dominait de ses yeux brillants. Il prononça un mot dans une langue inconnue d'une voix nasillarde qui jurait avec le ton d'autorité qui emanait de tout son être. Soudain, il balaya l'air devant lui avec son bras tendu et son ongle acéré déchira la robe et le sous-vetement de la nourrice, laissant une profonde entaille sur son sein.
Dans la pénombre, les yeux de son fils brillaient et Gilles fut impressioné par la malveillance qui les emplissait, de la joie si mauvaise refletée. Ils se regardèrent un long moment, indifferents à la jeune femme qui gisait evanouie à côté d'eux.
Son dieu était-il enfin venu ?
Comme en réponse à cette question muette, l'enfant tendit ses bras à l'ahorizontale, paumes vers le bas, et prit une voix grave. Gilles pronença une longue phrase dans une langue aux sonorités gutturales. La chose qui possedait son fils sembla acquiscer d'un battement de paupieres. Il s'agenouilla et la chose traça des signes sur son front et ses joues. Elle mettait une grande application à son travail, plongeant sans hesiter son ongle pointu dans le sang de la plaie ouverte à la gorge de la nourrice.
Lorsqu'elle eut fin, le visage de Gilles était couvert de lignes entrelacées qui ressemblaient à des runes. Elle contempla un moment son oeuvre, sembla satisfaite et entonna une méloppée. Giles répondit à son fils et bientôt un chant à deux voix, aux accents rauques et lugubres s'éleva dans la piece. Au fur et à mesur qu'ils psalmidiaient, l'air sembla vibrer autour d'eux et le corps de l'enfant changer. Se transformer.
Mais d'un coup le Malin s'en était allé du corps qui était retombé lourdement sur le sol.
Le corps de son fils s'affaiblissait de jours en jours malgré les soins qu'il lui prodiguais. Le Malin n'était pas revenu depuis cette unique fois ou il avait communié.
Tant son fils était faible et refusait de s'alimenter, Gilles crut qu'il ne passerait pas le solstice d'hivers, mais le petit corps s'accrochait à la vie et depuis quelques jours son état semblait s'ameliorer. C'etait la nouvelle nourrice qui l'avait trouvé mort dans son lit un apres midi. L'anciene nourrice en savait trop et Gilles l'avait égorgée.
Il était moins accablé par le déces de son fils qu'il ne le craignait. La cause en était que son dieu était venu une fois et qu'il était donc sur le bon chemin. Apres tout, Gilles s'était dit que le corps de son prématuré de fils était indigne de recevoir l'Esprit. Il n'avait plus qu'à recommencer à feconder son épouse.
Le palais était une véritable oeuvre au sein de Tir Na Nog. Lorsque le voyageur arrivait en vue, il ne pouvait manquer de remarquer la gigantesque portes dorée haute d’une dizaine de mètres. Somptueux dans les moindres détails, le palace forçait l’admiration de tous ceux qui avaient l’occasion d’y pénétrer. Chaque détail était finement sculptée et enjolivée d’une couche d’or pur. Des tapisseries et de magnifiques broderies décoraient les murs, leurs couleurs ajustées à la teinte de chaque pièce. Ca et là des sculptures trônaient entre les tables de bois rares et les nappes de soie. Immense, il servait de demeure à la régente de Tir Na Nog, Brigit. Celle-ci était une elfe intelligente et très prévoyante. Commerçante dans l’âme, elle avait assit de solides bases de partenariat avec les principales villes de la région et récemment avec les bosquets d'Hy-Brasil, et depuis son accession à la régence la richesse de la ville s’était accrue. L’intérieur du palais était chaque jour un incessant va et vient de serviteurs, véritable fourmilière humaine.
Aileeona se sentait un peu perdue. Pour la punir d’être rentré si sale la veille, sa mère avait fait en sorte qu’elle vienne travailler avec elle. Ce serait pour elle l’occasion d’apprendre enfin à faire quelque chose de ses deux mains. Aileeona avait tout d’abord été enchantée de se retrouver dans l’incroyable et magnifique palais, mais une fois l’ébahissement passé, elle avait très vite déchanté. Son travail consistait à se rendre utile de toutes les manières qu’elle pouvait. L’épluchage en lamelle de cinquante noix ne l’avait pas particulièrement emballé, pas plus que le récurage des immenses sols d’une des salles de réception. Le dos courbaturé, les jambes et les bras comme quatre bouts de bois, elle exhortait mentalement le soleil à accélérer sa course afin que cette terrible journée s’achève. Pour se reposer un peu, elle s’était finalement cachée derrière une grande table de la cour intérieure, dans le coin le moins fréquenté. Ses pensées commençaient à divaguer et elle imaginait mille façons d’échapper à cette vie de serviteur qu’elle ne pourrait jamais supporter. La porte de la pièce s’ouvrit soudain et trois personnes entrèrent avant de la refermer. Aileeona ne voulait pas se trouver prise en faute et resta immobile derrière la table, attentive à ne pas se faire remarquer. Elle ne pouvait donc pas voir qui était présent, mais elle reconnu la voix de Brigit.
"- C’est mauvais, vraiment mauvais !
- Je donnerais cher pour savoir pourquoi les spraggons se multiplient si vite! dit une autre voix.
- La n’est pas le plus urgent. Il nous faut d’abord assurer la sécurité de la ville d'Howth. Ensuite nous verrons pour les caravanes. Faites en sorte qu'elles soient parties d’ici trois jours. Je ne veux pas prendre de risque avec les marchants.
- Si je puis me permettre messire, il serait bon d’en garder au moins une, au cas où nous devrions faire évacuer la ville..
- Hum, oui, bonne idée, mais n’expliquez pas pourquoi. Et je veux que la surveillance des murs soit doublée. Faites en sortes que la ville soit sous bonne protection car nous avons déjà suffisamment de problèmes avec cette guerre.
- Bien Régente.
- Et vous, allez me chercher Nolebi, ne crois que nous allons avoir besoin de ses mercenaires, même si cela ne me plait guère. Je le recevrai dans le petit salon.
- Bien Régente."
Sur ce ils quittèrent la pièce, laissant Aileeona perplexe et songeuse. Elle n’avait jamais connu la guerre mais avait entendu beaucoup d’histoires. Cependant elle ne pensait pas qu'on puisse attaquer Howth. Brigit n’aurait pas été aussi inquiète, la ville était bien fortifiée et bien protégée. Une pensée s’imposa en elle : c’était à cause de l’homme à la cape, elle en était sure. Elle n’avait pourtant aucune idée de ce qu’il avait fait ou de ce qu’il pouvait faire. Elle frissonna, le souvenir de la nuit précédente était encore fraîchement gravé dans sa mémoire. Il était très puissant, cela elle le savait. Elle devait en parler ce soir lorsqu'elle serait retournée à Howth. Mais alors qu’elle se levait, elle imagina ce qu’elle lui dirait. Qu’il y avait un homme tout ridé et un gamin bizarre ? Qu’elle avait pris si peur qu’elle avait couru toute seule dans la nuit ? Et comment expliquerait-elle ce qu’elle faisait là-bas ? Non, elle ne pouvait rien dire, personne ne croirait une fille de dix ans et elle n’obtiendrait qu’une punition. Sa décision était prise, elle garderait cela pour elle. C’est le coeur lourd et l’esprit sombre qu’elle sortit à son tour de la pièce.
La nuit était rarement aussi noire. L’ensemble du ciel était caché par une couche de nuages très inhabituelle en plein milieu de l’été. Mais cela arrangeait bien Baahl et il remerciait l’esprit du vent pour ce coup de pouce inattendu. Il s’assura que la voie était libre avant de parcourir les quelques mètres à découvert qui le séparaient des caisses. Les quais étaient très encombrés, bien plus que de normal. Comme tout le monde dans la ville il avait entendu les rumeurs comme quoi les caravanes avaient été attaquées par des spraggons. Mais il ne croyait pas aux monstres et ne se préoccupait à vrai dire guère de la cause de l’agitation qui avait règné cette soirée. Ce qui lui importait beaucoup plus était que les marchands avaient été ordonnés de quitter le bosquet et que cette nuit était la dernière où il pourrait exercer ses activités nocturnes avant longtemps. Il avait pris l’habitude de traîner sur les quais quand il était petit. Puis il avait aidé par ci par là les marins à transporter les marchandises quand il avait été assez fort. Un an auparavant il avait trimé toute une après-midi à descendre des caisses d’un bateau mais le marchand avait estimé pouvoir impunément voler un adolescent de 13 ans, prétextant qu’il avait reversé et cassé des vases. La nuit venue pour se venger, Baahl était revenu et avait décidé de se payer lui-même. En voyant la facilité avec laquelle il pouvait voler des objets qu’il ne pourrait jamais se payer, il pris vite goût à ses escapades nocturnes. Ce n’est pas en temps que larbin sur les quais ou en aidant sa mère dans son auberge qu’il deviendrait riche. Et malgré son jeune âge, c’était déjà quelque chose qu’il voulait plus que tout.
Attentif au moindre bruit qui pourrait trahir la présence d’un garde de passage, Baahl se faufila entre les rangées de caisses, à la recherche de marchandises qu’il avait remarqué dans l’après-midi. Enfin il les trouva, exactement là où il les avait vu. Armé de son petit pied de biche, il commença à doucement ouvrir la première caisse. L’important il l’avait vite compris était que l’on ne s’aperçoive du vol que longtemps après, en pleine mer ou arrivé à destination si possible. Aussi faisait-il attention à ne pas abîmer les caisses pour pouvoir les refermer sans problème. Un bruit attira son attention, des pas lents et traînant venaient vers lui et il ne les avait pas entendu à cause du bruit des vagues. Un veilleur sans aucun doute. Il cacha précipitamment son outil entre deux caisses et couru se réfugier au milieu de sac de céréales. Tapi ainsi dans l’obscurité sans bouger, il n’y avait aucun danger. Les pas se rapprochèrent et Baahl entendait maintenant la respiration de l’homme. Il se sentait à la fois en danger, prêt à être découvert, mais aussi en sécurité, sur de sa cachette. Il adorait cette sensation grisante, cette poussée d’adrénaline, et c’était peut-être même la raison principale pour laquelle il volait si souvent. Ne pas bouger, rester immobile, retenir sa respiration, attendre que l’homme passe et tout irait bien. Lové entre les sacs il souriait à l’ignorance du veilleur de nuit, il était bien plus malin qu’eux tous.
Malheureusement pour lui les pas n’étaient pas ceux d’un homme, et la créature n’avait plus besoin d’yeux pour trouver de la chair fraîche.
 

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