Orca - Hibernia - Sentinelle ...

 
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[hrp : quelques posts sur les forums généraux ont parlé de la Senti, sur des thèmes tels que de savoir si cette classe était "weak" ou pas, si elle était mono-template, blabla, blabla ...

C'est très bien, la cuisine, mais je suis resté sur ma faim (!) : le plaisir que j'ai à jouer cette classe n'est pas dû qu'à l'efficacité du self - speed - attack - buff - tu - bois - gratos - au - Mug - de - Camelot -vachement utile pour un Hib' mais on s'en fout c'est pour l'exemple.

Je livre ici ma vision de cette classe, en un ch'ti texte qui pourrait être le début de mon background, d'ailleurs, mais peu importe]



Le fracas des armes était assourdissant : le métal taillait dans la chair inhumainement dure, brisant parfois un os dans un craquement sec rappelant la rupture d'un arbre foudroyé, tandis que des griffes acérées comme des rasoirs griffaient et mutilaient au travers des écailles métalliques les plus dures. Les rugissements des bêtes fantomatiques, tantôt de défi, tantôt de douleur, mais toujours chargés de haine, répondaient aux hurlements des humains venus les défier dans leur antre maudit.

La nuit était sombre, mais la sourde luminescence des créatures suffisait à éclairer la scène irréelle, tandis que les sombres frondaisons d'arbres tourmentées nous dominaient, spectateurs ricanants dont l'inconcevable antiquité faisait ressentir à tous les combattants, hommes et bêtes, la vanité de leurs efforts et du sang versé.

Elles étaient trois ... trois créatures à la face de chien, mais aussi éloignées du pire gardien canin qu'un requin mangeur d'homme peut l'être d'une simple truite. A mes côtés, deux guerriers couverts de métal tentaient moins de blesser ces adversaires que de les occuper, laissant à nos magiciens suffisamment de champ libre pour qu'ils puissent lancer leurs puissantes incantations, projetant de leurs mains jointes des rayons de feu solaire qui illuminaient violemment la forêt environnantes, révélant parfois brièvement d'étranges formes furtives et contrefaites qui se hâtaient de se dissimuler hors du bref cercle de lumière. D'autres fois, c'étaient des sphères de vide pur qui se formaient devant les spectres, et qui grossissaient démesurément, aspirant leur substance quasi - immatérielle et la dispersant dans un flamboiement de sphères concentriques rouges et violettes.

Je faisais également face à l'une de ces créatures. Je lui martelais consciencieusement sa face blanchâtre et translucide, tout en essayant de parer les coups de griffe et de crocs qui, loin d'être ectoplasmiques, trouvaient plus souvent qu'à mon goût le chemin de ma chair. N'ayant ni la virtuosité, ni la puissance des guerriers qui m'entouraient, je ne pouvais qu'occuper mon adversaire, tandis que la druidesse, derrière moi, puisait sans cesse dans les énergies régénératrices de la nature pour refermer mes blessures aussi vite qu'on me les infligeait.

Depuis combien de temps cela durait - il ? Je ne savais ... la seule réalité pour moi était ce vacarme qui m'emplissait les oreilles, la lueur de haine absolue qui baignait les yeux inhumains de mon adversaire, beaucoup de mouvements autour de moi, et l'impression que mon corps était perpétuellement en train d'être défait, puis refait, au rythme des coups et des soins que je recevais ... et toujours, pendant ce temps, un coin de mon esprit chantait, en communion avec la nature, afin de maintenir autour de mes compagnons et de moi - même le bouclier de cristal pulsant qui nous protégeait, au moins en partie ...

Tout à coup, ce que je craignais le plus arriva : excédé de voir que ses efforts pour me tailler en pièces étaient vains, le spectre se désintéressa de moi, et bondit sur la druidesse ... je lui courus après, le frappant sans relâche, mais sans succès : il lui asséna un coup qui eût pu être fatal, si le bouclier de cristal issu de mon chant ne l'avait arrêté, volant par là même en éclats ... le deuxième coup de griffe, par contre, ne rencontra plus de barrière, et entailla profondément le bras de la guérisseuse, interrompant son incantation.

Je le frappai de toutes mes forces, assénant des coups terribles, tandis qu'elle faisait des efforts héroïques pour poursuivre son incantation ... un cri de douleur plus fort que les autres retentit derrière moi : d'un coup d'oeil, j'évaluai la situation : un des guerriers, privé de l'afflux d'énergie régénératrice que la druidesse ne pouvait plus canaliser, occupée qu'elle était à esquiver désespérément les terribles coups de griffes.

Je sus alors quel était mon rôle : je cessai de frapper, et rangeai mon arme à mon côté. Les bras le long du corps, me forçant à respirer calmement, je me concentrai sur la nature qui m'environnait et sur les puissances avec lesquelles j'allais devoir communier. Tandis que sous mes yeux, la créature parvenait à engager ses griffes sous les écailles du plastron d'armure de la druidesse, déchirant son ventre et fouaillant ses entrailles, tandis que à côté de moi, l'un des guerriers tentait de parer les coups de sa main valide, son autre bras tenant le bouclier pendant à son côté, son coude replié selon un angle bizarre, tandis que les cris d'agonie de mes compagnons retentissaient, je parvins à atteindre la sérénité à laquelle j'aspirais.

Alors, tout alla très vite. Malgré son horrible blessure, la druidesse, pliée en deux, perdant du sang en abondance, tentait de tenir la créature à distance en faisant de grands gestes désordonnés avec son arme. Je puisai dans les énergies créatrices du mondes, celles qui ont données naissance à toute vie à l'époque où Hibernia n'était qu'un désert grondant à peine issu du chaos primordial, et je les dirigeai vers la soigneuse en piteux état. Je maintins le flux suffisamment longtemps pour qu'elle puisse se défendre, puis me tournai vers les combattants ... je renouvelai l'opération : d'abord celui au bras cassé : fort heureusement, l'entraînement du guerrier était tel, qu'il recommença à se servir de son bouclier à peine sa fracture refermée, sans prendre le temps de s'en étonner ... puis je passai au combattant suivant, qui commençait à perdre trop de sang ... je revins au premier ... un cri aiguë retentit : la druidesse était à nouveau blessée ... mais l'un des guerriers aussi ... les magiciens avaient concentré leurs efforts sur le spectre qui assaillait la guérisseuse, il allait bientôt succomber ... mais peut - être trop tard ... et si le guerrier tombait, son adversaire aurait toute latitude pour attaquer les magiciens ... et s'il attaquait les magiciens, nous n'aurions aucun espoir de vaincre ...

... la décision s'imposait : j'invoquai encore une fois les puissances de la nature, m'inquiétant de l'état de fatigue avancée qui envahissait mon esprit, et insufflai l'essence de la vie au combattant, refermant ses blessures, soudant ses fractures, créant un flot de sang neuf qui coula dans ses artères ... mais pendant ce temps, une tragédie se jouait : encore une fois, les griffes cruellement acérées avaient trouvé le corps de la guérisseuse, plongeant profondément dans les fragiles tissus, répandant des flots de sangs ... les griffes claquèrent près de son beau visage, si près ... elle me jeta un regard implorant, hurlant sa douleur, impuissante qu'elle était pour invoquer les forces qui lui permettraient de vivre ... mais je ne pouvais pas : il fallait que je maintienne les combattants en vie : le succès du combat en dépendait, même s'il était au prix du sacrifice de l'un d'entre nous ... elle poussa un autre cri, de désespoir, de douleur et d'agonie, tandis que la patte griffue s'abattait sur son beau visage, le mutilant et le transformant en une masse de chair informe et sanguignolante ...
- Maiitric ? Maii ?

Je me retournai brutalement, couvert de sueur, étreignant la couverture de laine grossière qui me protégeait des courants d'air sournois de la nuit ... j'ouvris les yeux dans la pénombre, m'attendant à voir une patte griffue, translucide et néanmoins mortelle fondre sur moi ... mais il n'y avait rien, rien que le murmure de la nuit, et ...

- Maii ? Tu as encore fait un cauchemar ? Je t'ai entendu crier dans ton sommeil ...

Et elle fut là ... "Maman ... j'ai rêvé ..."

- Oui, je sais ... elle me prit dans ses bras, m'entourant de cette douceur de velours, apaisante, que seules les mères sont capables de déployer ... je me serrai contre elle : sa douce tiédeur repoussait les ombres, me faisait oublier le vacarme, les hurlements ... les images étaient encore présentes dans mon esprit, si réelles, si troublantes ...

- Maman ... c'était affreux ... on était dans une forêt, avec des grands arbres, et puis il y avait des choses avec des griffes et des grandes dents, et on voyait presque à travers mais ils faisaient mal quand même ... et ...

Et j'éclatai en sanglots, tandis qu'elle me berçait doucement.

- C'est fini, maintenant ... c'est fini ... ce n'était qu'un vilain rêve ...

Peu à peu, je me calmais : les pleurs devinrent des pleurs de soulagement, comme si les larmes d'enfant qui coulaient le long de mes joues encore lisses emportaient hors de mon jeune esprit ces images si crues de brutalité, de violence, de souffrance et de désespoir ...

- Tu vas rentrer à l'école des ovates à la prochaine lune ... c'est normal que ça te bouleverse, tu sais, Maiitric ...

- Oui ... je reniflai bruyamment ...

Tandis qu'une nuit comme les autres s'étendait sur les cultures au pied des Monts d'Argent, un petit garçon d'à peine huit printemps, blotti dans les bras de sa mère, tentait de chasser de son esprit les images, si nettes, de son rêve ...
 

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