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[Hrp] Voilà quelques chapitres que je n'avais pas posté : [/Hrp]
Chapitre 3 : Le grand départ
L'air frais de l'extérieur emplissait les poumons de l'archer, réveillant chaque partie endormie de son cerveau. Un sang neuf circulait à présent dans les veines du jeune homme, celui de l'aventurier, prêt à aller explorer de lointaines contrées. Le grand départ était pour ce soir, au coucher de l'étoile jaune. Le soleil était à mi-chemin de son point culminant, observant la ville de son œil de feu. Les nuages voilaient les cieux d'une fine et délicate couche de coton qui laissait apercevoir un magnifique ciel bleu lapis. Les arbres morts qui semaient la route semblaient revenir à la vie pour saluer le passage des deux valeureux guerriers. Fluke prit une grande inspiration, puis se tourna vers Maël :
"Bon, et bien je rentre me préparer pour le voyage, déclara-t-il simplement.
- Moi aussi. On se voit ce soir Fluke! s'exclama la crâtte.
- Oh, attends. Je peux demander quelque chose?
- Mais bien sûr, quoi donc?
- Pourquoi m'as-tu proposé de m'accompagner quand nous nous sommes rencontrés près du zaap?"
L'adolescente éclata d'un rire cristallin. À ce seul son, si plaisant à ses oreilles, l'esprit du crâ s'emballa. Mais celui-ci se reprit bien vite pour écouter la fameuse réponse à la question qui trottait dans sa tête depuis leur rencontre :
"Je trouvais juste que les vacances n'était pas amusantes sans ami avec qui les partager. Et ce matin, comme à mon habitude, je suis sortie voir les informations au zaap, et c'est là que je t'ai aperçu en train de prendre l'affiche. Pour la suite, tu la connais."
Ces propos des plus excentrique surpris le jeune homme qui préféra ne pas insister davantage.
"Ah, je comprends, mentit-il. À ce soir donc.
- Oui à ce soir !"
Fluke regarda la jolie silhouette de son amie disparaître au loin tandis qu'elle partait. Soupirant, il rentra chez lui en marchant, les yeux levés au ciel, le regard perdu. Que n'aurait-il pas donné pour rester un peu plus avec elle... Il se consola en se disant qu'il la reverrait le soir même. Arrivé dans sa modeste demeure, il mit de côté une tenue d'archer épaisse, assez pour lutter contre le froid lancinant qui régnait sur l'île de Nowel. Puis il se rendit dans la cuisine pour aller prendre son déjeuner. Cuisses de bouftou et cawottes cuites étaient au menu. De retour dans sa chambre l'étudiant s'empara de son vieil arc, taillé en bois de charme. Son père le lui avait offert à son entrée à l'académie. D'une qualité rare, l'arme impressionnait par la finesse de ses courbes et la beauté des couleurs du bois verni. Toute l'après midi, il exerça sa dextérité dans la forêt en bordure d'Astrub, décochant ses traits fulgurants sur les arbres ou sur les sangliers qui tentaient de l'attaquer. Il termina sa session d'exercice fatigué mais satisfait. Il repensa alors à sa mission. Ils seraient seulement deux à partir pour la lointaine île du nord-ouest, l'aventure s'avérait difficile, mais le crâ avait confiance en ses capacités. Son intelligence et son habileté au maniement des armes constituaient sa grande force, faisant de lui un des meilleurs élèves de son âge à l'académie. De nouveau chez lui, il avala rapidement un peu de pain des champs et du fromage pour préparer son sac de voyage. Il y mit sa flûte, souvenir d'enfance dont il ne se séparait jamais, sa tenue épaisse et quelques livres traitant des techniques archères. Le jour allait bientôt tomber.
S'allongeant sur son lit, l'étudiant regardait le plafond, pensif. Il repensait à nouveau à l'expédition et à son objectif : apporter un médicament au Père Nowel, il faut dire qu'on ne faisait pas ça tout les jours. De plus, traverser les plaines enneigées de l'île s'annonçait rude. Heureusement, il serait avec Maël. À cette douce pensée, le cœur du jeune homme bondit. Il ferma alors les yeux, méditant sur son voyage tandis que le soleil se couchait à l'horizon peignant le ciel de toute les teintes de la palette de l'orange. Astrub se couvrait petit à petit d'un manteau de ténèbres que repoussaient les premières lumières qui s'allumaient dans les maisons. L'adolescent se leva, prit ses affaires et partit pour les portes de la cité où une grande aventure l'attendait.
Chapitre 4 : Un début plein de surprises
Maël était déjà présente, elle patientait, adossée contre une tour. Ses ravissants cheveux blonds lui tombaient le long de ses épaules, couvrant au passage un de ses yeux perlé. Vêtue d'une tenue d'archère sombre, elle portait en bandoulière un arc bleu et un carquois rempli de flèches aiguisées. Fluke s'approcha de la jeune femme en tentant d'avoir l'air naturel et il l'aborda comme il l'aurait fait à une vieille connaissance :
"Prête pour le grand départ ?
- Dit le plutôt pour toi. Pour moi, ce n'est qu'un voyage de plus, répliqua-t-elle, le ton un peu moqueur.
- L'expérience du vétéran doit profiter au jeune initié, non? dit le crâ avec un sourire.
- En effet, mais ne compte pas sur moi pour faire le travail à ta place, répondit-t-elle en lui rendant son sourire."
Le maire arriva à ce moment. Un petit homme l'accompagnait, tenant deux dragodindes par des rennes. Les bêtes étaient plutôt robustes, d'une couleur émeraude, elles portaient chacune un sac à l'arrière de la selle. Le dirigeant de la ville s'arrêta devant les deux étudiants :
"Voici vos montures, annonça-t-il. Les sacs contiennent tout ce dont vous avez besoin, j'y ai également placé le médicament. Avant que vous partiez, je vous demanderais de prendre soin de vous. Astrub ne peut perdre deux âmes aussi jeunes et valeureuses."
Son regard devenait presque suppliant. Le pauvre homme semblait s'inquiéter tout autant de la santé des deux aventuriers que de la réussite de la mission. Gênés devant tant d'émotion, les deux adolescents ne se firent pas prier et chevauchèrent leur dragodindes en vitesse pour s'empresser de partir, sans oublier de rassurer le malheureux au préalable, lui promettant qu'ils reviendront sain et sauf. À une centaine de mètre de la cité, les deux crâs ralentirent la cadence et se regardèrent. Tout deux éclatèrent de rire et commencèrent à faire l'inventaire de leur sac :
"J'ai beaucoup de provisions, quelques potions contre le froid, une carte de l'île de Nowel, une tente pliable qui m'a l'air assez grande et... c'est tout, déclara Fluke, qui stocka le reste de ses affaires pris chez lui dans ce même bagage. Je suppose que c'est toi qui possède le médicament et les couvertures.
- Tu as oublié l'élément essentiel que tu as emmené avec toi : l'inexpérience, lui fit-elle remarquer malicieusement. Sinon, j'ai bien les mêmes fournitures, avec en plus les couvertures et le médicament, en effet."
Maël poussa un "Waouh"de surprise à la vue de la fiole qui contenait le fameux produit. Le liquide à l'intérieur scintillait d'une profonde couleur ambre, éclairant dans la pénombre qui commençait à envahir le paysage. La nuit abattait lentement son vaste rideau noir sur l'infinie plaine astrubienne.
"Pourquoi le maire a-t-il fixé le départ ce soir? demanda l'étudiant.
- Sûrement pour ceci."
La crâtte pointait du doigt la balise lumineuse qui apparaissait au loin. Elle diffusait une aura pourpre très voyante en cette période de la journée.
"C'est pour cette raison que les expéditions débutent souvent par un départ nocturne. Les aventuriers peuvent, durant toute la nuit, se repérer facilement grâce à ces balises magiques. Ils suffit de les apposer sur une carte pour qu'elles apparaissent à l'endroit désigné. C'est très pratique, mais uniquement lors du premier jour de voyage car, effectivement, ces moyens d'orientation ont une limite géographique par delà laquelle ils ne peuvent être placés."
Le crâ resta muet face à sa connaissance apparente du domaine de l'exploration. Ils continuèrent ainsi leur chevauché durant un moment. Traversant la vaste étendue herbeuse, le jeune homme n'avait de cesse de contempler le paysage ce qui semblait beaucoup amuser sa camarade.
Le voyage nocturne se passa finalement sans encombres. Les deux guerriers, torche en main, suivirent le chemin lumineux qui leur était tracé. Ils discutèrent beaucoup au cours de leur traversée et se présentèrent l'un à l'autre. Ainsi, Fluke apprit que Maël était fille de deux habitants de la cité, et qu'elle avait passé son enfance aux côtés de sa sœur aînée qui l'emmenait avec elle lors des missions.
Il semblait au crâ que ce moment d'échange avec la charmante étudiante fut le plus beau de sa vie. Le temps lui-même n'osait interrompre la conversation. Les traits du magnifique visage de celle-ci devenait encore plus soignés et plus doux à la lumière de la paisible flamme de sa torche. La vérité vint cependant reprendre le contrôle du cerveau du jeune homme, le sortant de son extase pour la remplacer par une gêne palpable : il était amoureux. À cette pensée, ses joues devinrent brûlantes et il détourna vivement la tête. Sous le regard étonné de sa compagne de voyage, il prétexta une migraine soudaine, mettant fin à la discussion. Ainsi, il passa le reste du voyage perdu dans ses pensées, troublé par cette révélation inattendue.
Chapitre 5 : Un accueil glaçant
Le lendemain matin, au chant du coq, les deux aventuriers, éreintés par leur chevauché de nuit, finirent par arriver à destination. Le capitaine du navire sur lequel ils devaient embarquer les attendait sur la plage où le bateau s'était posé. C'était un grand gaillard moustachu qui paraissait trempé dans le courage et qui avait l'air d'avoir déjà parcouru toutes les mers du globe. L'impressionnant individu déplaça sa vigoureuse masse de muscles en direction des deux crâs, tout petits en comparaison. Il s'exprima d'une voix virile et puissante :
"Holà ! Êtes-vous les deux adolescents qui doivent partir pour l'île de Nowel ?
- Oui, voici notre contrat de mission Monsieur... Faraway, répondit Maël en lisant la fiche."
Le costaud marin prit la feuille puis la rendit à la crâtte, et d'un grand "Levez l'ancre !", il avertit son équipage et les deux étudiants du départ imminent du bateau. Ces derniers se précipitèrent sur le pont pour rejoindre l'embarcation, immédiatement suivi du commandant. Le temps était apparemment idéal pour une traversée maritime. La mer, peu agitée, ne laissait entrevoir qu'une fine mousse blanche au clapotis régulier des petits rouleaux. Le vent semblait patiemment enfoui dans son coin, ce qui adoucissait la froide température de ce début d'hiver. Quelques Gélikans planaient au-dessus de leur tête, poussant inlassablement leur cri dans le ciel azur.
Petit à petit, l'engin se détacha du territoire sableux pour tranquillement voguer sur l'eau, caressant sa surface lisse. Il semblait porté par les vagues, qui se soulevaient puis s'aplanissaient, comme un mouvement de foule. Des heures durant, le navire avança, laissant des traits blancs dans son sillage, au bonheur des goujons et des pichons qui se rassemblaient à l'arrière.
Cependant, les deux aventuriers ne profitèrent pas de la beauté du grand bleu car ils passèrent tout le trajet à dormir dans les cabines, épuisés.
Petit à petit, des flocons de neige commencèrent à tomber du ciel, signal que l'île de Nowel approchait. Le capitaine alla réveiller les deux guerriers, afin de leur laisser le temps de se changer. Vêtus de tenues de fourrures très résistantes au froid, ces derniers sortirent de leur chambres pour aller se rendre sur le pont.
La terre ferme commençait déjà à pointer le bout de son nez. De plus en plus grosses, d'immenses plaines enneigés, à l'air vicieuses et peu accueillantes, semblaient attendre leur arrivée avec impatience. Lentement et prudemment, le bateau changea de direction afin d'aller se poser à quelques centaines de mètres d'un village.
Une fois au sol, le capitaine rappela à Fluke et Maël qu'il reviendrait dans une semaine pour le retour et leur souhaita bonne chance pour leur expédition. Les deux jeunes gens enfourchèrent leur monture sans plus attendre et se mirent en quête de la fameuse demeure du Père Nowel :
"D'après la carte, notre objectif se trouve au nord, à quelques heures d'ici, annonça Maël.
- Ne devrions-nous pas d'abord jeter un œil au village avant de partir? demanda Fluke.
- Pour quoi faire? On a déjà tout le matériel nécessaire.
- Pour dénicher le plus d'informations possibles sur l'île. Ça peut toujours servir, non?
- Mmmh... Si cela est vraiment nécessaire pour toi, allons y alors.
- Enfin, ce n'est qu'une idée... répondit le crâ, moins sûr de lui à présent."
La distance, pourtant faible, qui les séparait des habitations fut un vrai calvaire à franchir. La capuche rabattue, ils progressèrent au milieu d'une cacophonie d'éléments qui ne semblaient pas réjouis de leur passage. Le blizzard commençait à se lever, et le vent à hurler. La fine poudreuse s'engouffrait partout : dans les yeux, le nez et les oreilles. La sensation, très désagréable ne régressa pas tout au long de la traversée. À cela s'ajoutèrent les retombées neigeuses, qui devenaient si importantes qu'on ne voyait plus à dix mètres devant soi. Les pas des montures se faisaient de plus en plus lourds et leur pattes s'enfonçaient dans l'épais manteau blanc qui couvrait le paysage, rendant leur progression encore plus lente.
Finalement, à force de persistance et de volonté, le village finit par apparaître à la limite de leur champ de vision.
Quel ne fut pas le soulagement des deux adolescents ! Jamais Fluke n'aurait imaginé les conditions extrêmes qui les attendaient sur l'île.
Il fit signe à sa camarade d'entrer dans la taverne à proximité. C'était un grand bâtiment de bois recouvert par une épaisse couche de neige et où le dessin d'une énorme chope de bière surplombait la porte d'entrée. Les pauvres Dragodindes frigorifiées furent placées dans l'étable prévue à cet effet et les deux guerriers encapuchonnés purent enfin pénétrer à l'intérieur de l'édifice, promesse de chaleur et de confort.
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