RP : Soumission

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[hrp] Hello tous, je poste mon RP pour avoir des avis, voir si je me débrouille pas trop mal. Voilà les 6 premiers chapitres d'un coup, assez long. Bon courage à ceux qui vont lire! Hésitez pas à balancer tout ce que vous voulez! [/hrp]

Introduction


Landes de Sidimote, le soleil décline déjà depuis quelques heures, on peut déjà voir, à l’Est, le ciel s’habiller de bleu et de noir, plongeant une partie de la terre d’Amakna dans la pénombre.

Chapitre 1: Découverte.

«*-Haha, regarde ça Harak! Encore un humain qu‘est mort, j‘espère qu‘il était riche! Ca finirait bien la journée!
- Y manquerait plus qu’ça qu’il soit riche! Depuis quand on en a pas eu un cadavre riche, tu sais toi Rizm?
-Trop longtemps à mon goût! Allez! Dépouillons le et rentrons, j’commence à crever d’faim!*»

Harak, riant, s’avança près du cadavre, dont il ne restait que les os, et une dague de simple facture dans les mains. Il était, comme son compagnon, vêtu de lambeaux, portait des souliers dont il ne restait quasiment rien. Dans son dos, un sac qui semblait être vieux de plusieurs générations, débordait d‘objets inutiles. En revanche, on pouvait voir à ses doigts toutes sortes d’anneaux, mais celui qui dominait était l’anneau du clan des bandits, allant de paire avec l’amulette qu’il arborait fièrement sur son torse crasseux.
Alors qu’il se baissait, non sans mal, vers l’amas d’os parfaitement conservé, un bruit fin traversa l’atmosphère, et Rizm, vit le collier de son compagnon tomber, avant que celui-ci ne se retourne, la gorge tranchée et le sang s’échappant du corps en gargouillant.
Le cadavre n’avait pas bougé d’un millimètre, mais du sang colorait maintenant sa dague. Rizm, voyant son compagnon s’affaisser avec un dernier grognement, prit peur, et s’enfuit.


«* Invisibilité!*» Entendit-il dans son dos, avant d’être immobilisé comme par magie. Puis il sentit le contact d’une dague sur sa gorge, vit apparaitre un radius, un humérus et un cubitus qui l’empêchaient d’utiliser ses bras tellement ils avaient de force.
«*- Un humain? Moi? Sais-tu ce que je suis, gueux ? Dit le squelette d’une voix sourde.
- Seigneur, je vous en prie, épargnez-moi! Seigneur Sram, je vous supplie à genoux! Geignit le fossoyeur, le regard affolé, cherchant une issue de secours.
- Tu as trouvé, tu n’es donc pas totalement stupide! Répondit le sram, puis il ajouta :
-Va, avant que je ne change d’avis et que je te garde pour te manger ce soir! Et explosa d’un rire qui résonna dans les Landes envahies par la nuit.*»

Sans dire un mot, sans savoir par où aller, le détrousseur de cadavre courut, le rire du sram le poursuivant. Il n’avait pas fait 50 mètres qu’il entendit un bruit discret, et le vacarme de la détonation qui le projeta sur quelques mètres. Voulant s’enfuir malgré la douleur, il tenta de se remettre debout, avant de retomber dans un bruit mat. Son genou gauche n’était plus qu’un amas de chaire, il avait perdu une jambe dans l’explosion. Attirés par l’odeur du sang, des kanigrous, des corbacs, charognards, et des ouginaks ne tardèrent à apparaitre, et le rire du sram fut la dernière chose qu’il entendit.

Ankama, 27 Maisial 620. Les races suprêmes sont réservées aux élus. Ainsi, les cras, sadidas, enutrofs ou autres ecaflips, eniripsas sont rares, et se cachent souvent, pour échapper à la bêtise des humains qui ont pris le contrôle du continent et vénèrent les élus comme des Dieux.

Chapitre 2: Etincelle

Après avoir débarrassé le continent de deux brigands de la pire espèce, le sram au nom encore inconnu se dirigea vers celui qui se faisait appeler Harak. Plus idiot encore que son compère, il semblait se charger de toutes les tâches ingrates. Il avait de nombreuses coupures sur les mains et les avants bras, certainement obtenues suite à la création de pièges de braconnage. Il tira sur le sac que le voleur portait dans le dos, et les bretelles recousues à de trop nombreuses reprises craquèrent, donnant un aspect encore plus piteux au carnier que le sram fouilla. A l’intérieur se trouvaient de la laine de bouftou, quelques étoffes de moindre qualité, et des amulettes de contrefaçon.

S’apprêtant à jeter le sac après avoir pris le peu de nourriture qui trainait au fond et les objets qui l’intéressaient, le sram vit une couture qui semblait fermer une poche cachée. Il tira sur celle-ci qui se défit sans difficulté, plongea sa main dans la poche et en retira une alliance en fer. Créée de la façon la plus simple qu’il soit, elle ne paraissait pas avoir de valeur particulière.
«*Maëline, murmura le sram en fixant l’anneau. Maë! Tu me manques tellement!*»

Il garda l’anneau dans sa main, comme si c’était un trésor, et rentra en vitesse dans la grotte naturelle formée par des rochers qu’il habitait. Bien que petite et sombre, elle n’était pas pour autant insalubre. Elle avait la forme d’un losange, d’à peu près quinze pieds de long sur une douzaine de large, et le plafond, d‘où tombaient quelques stalactites, se trouvait à une dizaine de pieds. Dans le fond se trouvait une grande quantité de laines de bouftou, maladroitement couses ou assemblées, faisant office de lit. Sur la droite se dressaient deux petites étagères bancales, où divers objets recouverts de poussière étaient exposés ainsi que de la nourriture en réserve. Sur le côté gauche, on pouvait voir une toute petite enclume, certainement volée dans un village, une bassine en bois toute aussi petite, et tout le matériel nécessaire à la forge d’armes, en passant du soufflet pour conserver le feu, aux pinces et marteaux de formes et tailles diverses, probablement volés aussi, le tout traduisant une certaine expérience dans l’exercice de la forge. A côté de l’enclume se trouvait une petite cheminée, qui servait à la fois d’outil indispensable pour la forge, et pour éclairer et réchauffer la grotte humide.

Rentrant dans son abri, il posa avec précaution un piège à l’entrée, qui, si l’on marchait dessus, activerait deux pièges à loup enfouis sous une fine couche de terre, immobilisant l’intrus, humains trop curieux ou animaux attirés par l’odeur de la nourriture. Sans prendre la peine de déballer les objets qu’il avait récupéré dans le sac du brigand, il s’assit sur les laines et ouvrit sa main pour découvrir l’anneau niché au creux de ses os.

«*Maëline, qu’es-tu devenue? Es-tu toujours aussi belle? Sans doute! Ma douce, si seulement rien de tout cela n’était arrivé!*» déclara-t-il d’une voix empreinte de nostalgie, visiblement ému par sa découverte.

Il s’allongea et replongea dans ses souvenirs. C’était il y a huit ans déjà…

Chapitre 3: 612

Huit années auparavant, Astrub, fin Juinssidor. Une jeune humaine se promenait dans les rues, un chacha la suivant. De longs cheveux bouclés, blonds comme les blés, cascadaient dans son dos et encadraient son visage. Ses yeux d’un vert émeraude lançaient un regard intelligent, mêlé d’un brin de malice, et ressortaient de telle façon avec sa peau d’un beige clair qu’on ne pouvait passer à côté d’elle sans la remarquer. Âgée de 17 ans, elle était étonnamment grande, et son corps ne semblait pas comporter le moindre défaut. Elle était vêtue d’une longue robe assortie à ses yeux qui laissait deviner son corps, qui, disait-on, était l’œuvre des dieux. Sa démarche était comparable à celle du chacha qui la suivait, à la fois gracieuse et naturelle.

Après avoir tourné dans une rue, elle s’arrêta devant une maison et frappa. Quelques secondes plus tard, la porte s’ouvrait sur une dame d’une quarantaine d’années qui sourit à sa vue:*
«*- Bonjour Maëline! lui dit-elle, tu es venue chercher Shura n’est-ce pas? Elle se retourna vers un petit escalier en bois, et appela: Shura! Tu as de la visite!*» Puis elle reporta son attention sur la jeune fille et l’invita à entrer. Celle-ci accepta, et comme à son habitude, se dirigea vers la cuisine et s’assit sur un tabouret, le dos à la fenêtre donnant sur Astrub, ses ruelles animées et ses nombreux vendeurs à la criée.

Les murs de la maison étaient en pierre, très probablement celles issues de la carrière qui se trouvait au Nord-est d’Astrub, exploitée depuis quelques années déjà. Les pierres étaient acheminées sur des chariots tirés par des dragodindes vers la cité et servaient à la construction de toute sorte d’édifices, des maisons jusqu’aux rues de la ville. Soutenus par des poutres en châtaigner qui formaient la structure de la maison, les murs étaient ornés de tableaux représentants des paysages variés. Dans le salon qui faisait aussi office de salle à manger, se trouvait une table en frêne, accompagnée de six chaises faites dans le même bois. A côté de celle-ci, contre un mur, on pouvait voir un vaisselier, fait d’un bois rare, peut-être de l’ébène à en juger par sa couleur, en face duquel reposait un buffet tout récent, assemblé de planches de châtaigner. La cuisine, quant à elle, était composée d’un plan de travail en frêne, qui servait de table, accompagné de deux tabourets. Un second plan de travail, plus petit, sous la fenêtre, côtoyait deux étagères, une de chaque côté, où l’on trouvait toutes sortes d’ustensiles de cuisine sur l‘une, et de la nourriture conservée, des aliments variés sur l’autre.
Séparant les deux pièces, un escalier en bois, lui aussi, laissait découvrir l’étage de la maison, composé de deux chambres et d’une petite pièce pour les ablutions de ses habitants.


Le regard vers l’escalier, Maëline demanda à la mère de Shura:
«*-Il dessine, n’est-ce pas?
- Effectivement, il passe le plus clair de son temps libre sur ses croquis lui répondit-elle, avant d’ajouter avec un petit rire:
-Enfin, quand il n’est pas avec toi!
- J’aime passer du temps avec lui. Il est une de mes sources d’inspiration, il a tellement d’imagination… expliqua la jeune fille, empourprée.
- Je crois que c’est réciproque, tu es la seule personne qui réussit à le sortir de sa chambre déclara la maitresse de maison. Entendant du bruit à l’étage, elle continua :
-Je crois que ton Roméo arrive! Passez une bonne après-midi les jeunes.*» Puis elle sortit.
De son poste d’observation, Maëline vit descendre un jeune garçon de son âge. Sa chevelure brune s’accordait avec ses yeux noisettes à merveille. Son visage fin lui donnait un air sérieux mais doux. Il était plus grand qu’elle, de quelques pouces seulement, et son corps reflétait le travail qu’il accomplissait à la forge.

Elle se leva, se dirigea vers le jeune homme, lui prit la main et l’embrassa doucement, avant de l’emmener à l’extérieur et partir vers la plage, et la crique où ils aimaient aller s’allonger. Sur le chemin, le jeune homme sortit un papier de sa poche et lui montra:

«- Regarde, dit-il, je finissais ce croquis.
- Elle est magnifique, répondit Maëline. Mais pourras-tu la fabriquer? Et qu’en feras-tu si tu y arrives?*»
L’esquisse représentait une dague d’environ un pied de longueur. Le manche de la dague était en bois, gainé de cuir. Une garde permettait de protéger celui qui la portait. La lame de la dague présentait trois arêtes sur les deux tranches. Chacune des arêtes se recourbait vers le pommeau, et donnait à la dague un aspect dangereux. La lame était légèrement courbe, et faisait penser à une arme capable de commettre des massacres. En son centre, on voyait une cannelure, partant de la pointe, et s’étendant sur 4 pouces, destinée à l’écoulement du sang et donnant ainsi sa fonction à la dague. Une gravure noire sur l’acier partait de la garde jusqu’au centre de la lame, représentant un entrelacs de courbes. Elle était dangereusement belle.
Elle vit Shura attarder son regard sur son œuvre sans répondre. Puis, il plia doucement le papier et le remit dans sa poche. Alors, il prit la parole:

«- Je ne sais pas, dit-il d’un ton neutre. Peut-être que je pourrais forger une paire de ces dagues et ensuite la garder pour moi. Les temps sont dangereux. Chaque jour, des étrangers nous racontent leurs voyages, les routes ne sont pas sécurisées. Et puis, bientôt, nous pourrons nous installer ensemble non? Te défendre est mon devoir, je ne pourrais pas me pardonner s’il t’arrivait quelque chose.
- Tu es adorable! répondit la jeune fille, plantant son regard dans celui de Shura. J’espère que tu n’auras jamais à t’en servir! Mais je ne refuserais pas que mon prince charmant vienne me sauver si je suis en détresse! »*rajouta-t-elle en riant.*

Ils marchèrent main dans la main, sous le soleil du début d’après-midi, discutant de leurs matinées respectives. Arrivés à la crique, ils s’allongèrent l’un à côté de l’autre et apprécièrent le calme et le silence du moment. Au bout d’un long moment, Maëline se tourna vers le jeune homme, chercha un objet dans sa poche, le sortit et lui présenta:
«*-Je voudrais que tu prennes ceci, dit-elle, ouvrant la paume de sa main et laissant apparaitre un simple anneau en fer. Elle s’expliqua:
- C’est le premier anneau que j’ai fait, il y a de ça deux ans, quand je me suis essayée bijoutière. Il a pour moi une grande valeur sentimentale, et je veux que tu le gardes près de toi, pour penser à moi.*»
Shura se redressa sur les coudes, regarda tour à tour l’anneau et la jeune femme, puis prit l’anneau de la main de celle-ci, l’embrassa tendrement et lui promit qu’il garderait cet anneau toujours sur lui comme il la garderait toujours dans son cœur…

Chapitre 4: Epreuve

Couché sur le dos, dans son lit, Shura essayait, malgré le trouble dont il était victime, de se remémorer la soirée. Il devait être trois heures du matin, et il était couché depuis une dizaine de minutes. Il avait fêté son anniversaire, ses dix-huit ans, avec ses amis proches. Le Gloutorhum et la bière avaient coulé, déliant les langues et facilitant le rire des participants. La soirée avait commencé par un repas à la taverne d’astrub, pour se prolonger au domicile familial, où sa mère avait préparé des desserts tous plus succulents les uns que les autres, le tout dans une très bonne ambiance générale. Il pensa au lendemain matin. Il devrait se lever en même temps que le soleil de Joullier et aller à la forge travailler. Il avait une commande à terminer, une dague à réparer pour un Bontarien, qui, d’après ses dires, l’avait brisée en tuant un cavalier porkass.
Dans ses songes, il ne sentit pas la fatigue le gagner, et tomba dans un sommeil léger, où se mélangeaient souvenirs et rêves. Il sentit son corps se soulever et se déplacer, et considéra ceci comme un des effets de l’alcool. Son sommeil léger se mua en une léthargie. Il rêvait: Une magnifique journée d’été, en compagnie de Maëline. Après l’avoir embrassé, elle le défia de sortir du bois avant elle. S’élançant sans attendre sa réponse, elle courut dans la forêt, évitant avec une grâce féline les arbres et les branches qui lui barraient le chemin. Lui la suivait, mais elle s’éloignait de plus en plus. Elle se déplaçait avec une aisance hors du commun, et bientôt elle sortit de son champ de vision, disparaissant derrière les arbres. Il s’arrêta un instant pour reprendre son souffle, quand il entendit une voix murmurer son prénom, comme si la personne le susurrait à son oreille. Il se retourna brusquement mais ne vit personne. Sa main alla machinalement vers sa poche arrière, large et profonde, dans laquelle il sentit le métal froid, mais néanmoins réconfortant, de ses dagues, rangées dans leur fourreau. La voix répéta son nom sans qu’il ne puisse en distinguer la provenance. Il était visiblement seul, dans la forêt, mais une personne semblait être présente.

Sur sa droite, il entendit une branche craquer. Il dirigea son regard vers d’où venait le bruit, mais ne vit rien. Il se décida à quitter la forêt, quand, en se retournant, il vit un squelette à terre, appuyé contre un arbre. Il n’y était pas quelques instants plus tôt. Etrangement, il portait des bottes, des chausses, un pantalon en lin soutenu d‘une ceinture, une tunique aux manches courtes et un chapeau, qui semblait originaire de la lointaine île de Pandawa. Il avait déjà vu un humain se promener avec. D’après ce dernier, c’était un Solomonk, un chapeau rare et cher, aussi esthétique que puissant.
Prenant peur, Shura décida de s’enfuir, mais ne put détourner son regard du tas d’os, habillé comme un humain l’aurait été. On devinait sous ses vêtements l’absence de peau, de muscles, de tendons ou de nerfs, en voyant ses avant-bras, dépassant de sa tunique, ou son crâne. Surmontant son appréhension, il détourna son regard et s’enfuit en courant, quand il entendit du bruit dans son dos. Jetant un coup d’œil, il vit le squelette ,animé par une force dont il ignorait tout, le poursuivre, des dagues aux mains. Paniqué, Shura s’enfuit sans savoir vraiment où aller, voulant quitter cette forêt le plus vite possible. Il n’entendit pas le léger bruit que fit le piège tendu par le squelette lorsqu’il le déclencha, mais trébucha. Il essaya de se relever, mais chancela et retomba. Ses jambes engourdies ne lui obéissaient plus, et il se remit debout avec peine.


A quelques pas de lui, le squelette qu’il fuyait apparut. Il vit d’abord son chapeau et son crâne, puis apparurent ses épaules, ses bras et ses côtes, son bassin, ses fémurs, jusqu’à ses orteils. Il éclata d’un grand rire en s’approchant et s’adressa à Shura, d’une voix sombre:
«*-Hahaha, comment trouves-tu mon piège d’immobilisation? Plutôt utile face à des fuyards comme toi non? Petit humain, tu croyais vraiment m’échapper? Non, personne ne m’échappe! Et personne ne m’oppose de résistance.
-Qui êtes-vous? Pourquoi me faites vous ça? demanda le jeune forgeron, apeuré.
-Pourquoi ne le ferais-je pas? Je t’ai choisi, je t’ai élu, tu m’appartiens désormais! Sache que je suis le Dieu Sram, et que jamais personne ne m’a échappé!*» répondit le Dieu, s’avançant toujours, les armes aux poings.
Voyant s’approcher toujours plus son agresseur, le jeune homme décida de tenter le tout pour le tout. Il mit ses mains dans son dos et récupéra dans sa poche arrière, ses dagues. Laissant venir vers lui son ennemi, il attendit qu’il soit à sa portée et l’attaqua par surprise. Sa main gauche partit vers le bras droit du sram, et se logea entre son radius et son cubitus. Sentant que son adversaire tentait de dégager son bras sans succès, à cause des arêtes de l’arme, qui empêchaient de sortir la dague sans forcer, il planta sa deuxième dague sous sa clavicule gauche.


Chapitre 5: Renaissance

Le Sram, surpris, n’eut pas le temps de réagir aux deux attaques. Malgré les deux coups de dague, les os de son visage formèrent un rictus effrayant et il éclata d’un grand rire sonore:
«*Quelle audace! dit-il, Tu oses m’attaquer? Je suis un Dieu, tu ne peux pas me tuer!*»
Il recula, et le jeune homme, les jambes toujours hors de son contrôle, tomba par terre, lâchant ses dagues. Le Dieu les arracha de son corps et brisa son radius en forçant pour enlever celle qui était bloquée entre ses deux os. Avec un grognement, il posa sa main gauche au niveau de la fracture et les deux parties de l’os se ressoudèrent en quelques secondes.
Shura, toujours à terre et immobilisé, observa le Sram soupeser ses dagues, et les manipuler, avant qu’il ne se retourne vers lui et lui dise:

«*- Quelles belles dagues! D’où viennent-elles? Elles dégagent un pouvoir fascinant!
- Je les ai fabriquées moi-même! Elles n’ont pas de pouvoir! Ce sont mes dagues, de simples dagues! Laissez-moi partir, laissez-moi rentrer je vous en supplie…
- Dis moi, jeune Shura, quel est ton dernier souvenir? Quel jour sommes-nous? Qu’as-tu fais pour te retrouver là?*» demanda le Sram.
Le garçon réfléchit, et repensa à sa soirée d’anniversaire, un peu trop alcoolisée. Se rendant compte qu’il n’avait aucun souvenir de plus, il regarda la divinité et voulut répondre, mais celle-ci l’en empêcha:

«*Oui, nous sommes dans ton rêve. Je suis dans ton rêve, dans un but bien particulier. Je vais te raconter une légende, écoute moi bien jeune humain. Le Monde fut créé, il y a bien longtemps, par douze divinités. Mais à l’aube de ce monde, les humains n’existaient pas, les dragons étaient les maitres sur terre. Avides de pouvoir, ils décidèrent de renverser les douze divinités, qui ne pouvaient pas agir directement sur le vivant, enlever la vie, mais seulement le modifier. D’un commun accord, elles créèrent les humains, et chacune d’elle donna la vie à plusieurs humains qui la représenteraient et seraient le lien entre les Dieux et la Terre. Les dragons, sous-estimant les élus des Dieux, qui disposaient de pouvoirs impressionnants, furent renversés. L’espèce humaine s’appropria peu à peu le Monde, tandis que les représentants des douze dieux s’évanouirent dans la nature, et devinrent une légende.
Aujourd’hui, la Terre d’Ankama est toujours dirigée par douze Dieux immortels, qui sont les Dieux Pandawa, Eniripsa, Enutrof, Feca, Iop, Cra, Osamodas, Sacrieur, Ecaflip, Xelor, Sadida, et Sram. Chacun d’eux a un pouvoir impressionnant, mais ne peut s’en servir que s’il obtient l’accord de ses onze semblables. En revanche, les Dieux peuvent, comme ils le firent autrefois, donner naissance à un disciple de sa race, qui le représentera dans le Monde.*»

Après avoir tendu à Shura ses dagues, le Dieu tendit une main vers lui et esquissa un geste, libérant les jambes de l’humain du piège qui les retenait. Puis, il fit quelques pas, agita ses deux bras en psalmodiant une incantation inaudible. Dès qu’il eut terminé et baissé ses bras, la forêt se transforma. Les arbres disparurent un à un et des murs apparurent à la place. En quelques instants, la forêt était devenue une pièce froide, sans porte ni fenêtres, bardée de murs de pierres auxquels étaient accrochées des torches projetant une lumière blanche, artificielle. Au centre de la pièce vide se dressaient quatre colonne noires, jointes les une aux autres, à leurs sommets, par une bande de pierre, de la même matière. Entre ces quatre colonnes apparaissait, par terre, un cercle d’où émanait une fumée noire, qui semblait palpable, aussi attirante qu’inquiétante.
Regardant l’adolescent, il reprit la parole:

«*Mais tu te doutes que je n’ai pas fait tout ça pour converser avec un humain. De là où nous sommes, nous avons tout le loisir et le pouvoir d’observer le monde, les guerres, les héros, les humains et les animaux, jusqu’à chaque racine de chaque arbre de n’importe quelle forêt. Et il nous arrive, de temps à autre, d’élire un humain, qui devient un de nos disciples et qui acquiert une force et des facultés formidables. Tu as peut-être déjà vu un Sadida parlant aux arbres ou un Xelor ralentissant le temps sur son passage? Ou tu as probablement entendu parler de personnes ressemblant aux humains, possédant des capacités hors du commun? C’est ce que je te propose. Qu’en dis-tu, jeune humain? Acquérir la puissance du Dieu Sram, être un élu, posséder plus de puissance que n’importe qui d’autre, et pouvoir agir à ta guise?*»

Devant l’éloquence du Dieu, le jeune homme ne put refuser, et avança vers le centre de la pièce. A mesure qu’il s’approchait, des boules de fumée s’envolaient et pénétraient en lui, sans lui causer le moindre effet. Alors qu’il pensait poser le pied sur une surface dure, au cœur des émanations des vapeurs, il tomba dans le vide. Au bout de quelques instants, il sentit son corps se stabiliser, mais rien ne le retenait. Levant la tête, il vit la pièce où le Dieu l’avait amené. Ce dernier était au bord du trou, et semblait l’observer. Brusquement, son avant-bras droit le démangea, et il le toucha de sa main gauche pour l’examiner. Il n’y avait ni peau, ni chair, simplement un os, protégé d’une très fine couche de peau invisible. La sensation se prolongea à son bras, puis son épaule, et très vite à tout son corps.
Terrorisé et impuissant, Shura se laissa faire, et sentit son corps remonter lentement vers la lumière, où l’attendait le Dieu. A sa vue, il éclata d’un grand rire, et lui tendit une grande cape noire dotée d’une capuche, qui descendait jusqu’à ses pieds. Il attendit que Shura s’en couvre et s’adressa à lui:

«*-Comment tu sens-tu, jeune Sram ? Comme tu peux le voir, tu n’as perdu aucun de tes sens. Au contraire, ton toucher, ta vue, ton odorat et ton ouïe se sont développés. Tu possèdes de nombreux pouvoirs, qu’il te faudra découvrir.
- Devrais-je garder cette apparence toute ma vie? Personne ne va me reconnaitre! Que va dire ma mère en voyant un … Il hésita… Squelette dans le lit de son fils? Que va dire la fille que j’aime en me voyant, je ne suis plus comme avant, je ne suis plus celui que j’étais!
- Ta mère? La fille que tu aimes? s’étonna son interlocuteur. Tu n’as plus rien de tout ça, tu es l’équivalent d’un Dieu sur Terre, tu n’as pas besoin de mère, de maison ou quoi que ce soit d’autre. Personne ne te reconnaitra, et personne ne doit te reconnaitre. Tu dois fuir, quitter et oublier tout ce que tu as vécu. Tu viens de renaitre, mais déjà des gens sont au courant de ta présence. Tu seras contacté, tu devras accomplir des missions dans le plus grand secret, tu seras puissant, craint et respecté, et je veillerai sur toi!
- Attendez! s’exclama Shura. Je ne veux pas de puissance, ni de grands pouvoirs! J’aspire à une vie simple, avec la fille que j’aime! Je ne veux pas fuir loin d’elle! Je vous implore, Dieu Sram, comprenez-moi!
- Refuserais-tu le cadeau que je te fais? demanda le Dieu, fixant son nouveau disciple.
- Oui, je ne veux l’accepter si je dois être séparé des miens et de Maëline, répondit ce dernier dans un murmure, la tête basse.
-Maëline, dis-tu? Maëline a disparu! Je ne la vois plus. Puis il resta silencieux.
- Elle ne peut avoir disparu! Elle était à mes côtés il y a quelques heures! Vous mentez, vous me manipulez comme vous m’avez manipulé pour faire de moi cette horreur. Je ne veux pas être votre serviteur! Libérez moi!*»
Le Sram se retourna vers lui, l’air menaçant.
«*Tu as accepté de ton plein gré, jeune effronté. On ne peut pas revenir en arrière. Les pactes divins ne se brisent pas. Va, maintenant, oublie ton ancienne vie et fais honneur à Sram!*»

Le jeune Shura, bouleversé par ce qu’il venait de vivre et d’entendre, courut vers le Dieu et le frappa. Au moment où les os de son poing le frappèrent, tout devint trouble, et il perdit connaissance.


Chapitre 6: Eveil

Lorsqu’il reprit connaissance, la première chose qui choqua Shura fut le paysage. Autour de lui, aucune forme de vie notable. Les quelques arbres qui se dressaient autour de lui étaient morts. Il s’appuya sur l’un deux pour se relever, non sans mal, et de l’écorce tomba au moment où il retira sa main. D’immenses roches jaillissaient çà et là, toile de fond lugubre du paysage désolé.. Certaines mesuraient plus de douze pieds de haut, d’autres seulement quelques pouces, mais chacune d’entre elles semblait vivante, prête à se mouvoir et ensevelir l’aventurier égaré. Après quelques minutes, qui lui semblèrent des secondes, qu’il passa à se familiariser avec sa nouvelle apparence et à se maudire de ne pas avoir refusé l’offre du Dieu, il fit quelques pas, chancelant, avant de sentir sa gorge le brûler, des larmes rouler sur les os de ses joues, et une douleur irradiante posséder tout son corps. L’élancement le coucha par terre, et il dut attendre qu’il s’apaise de lui-même avant de se relever.

Bien que le mal ne le quittât pas totalement, il se redressa et en chercha l’origine. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes, qu’il comprit que la cause de son mal était aussi la raison de l’absence de vie dans ces landes obscures, exception faite de quelques crocs glands furtifs et de corbacs à la recherche de cadavres. Il se baissa et observa un petit orifice dans le sol, d’environ un pouce de diamètre. Il mit sa main juste au dessus, et sentit un léger souffle. De nombreuses minuscules cavités, identiques à celle-ci, étaient disséminées un peu partout sur ces terres arides, permettant aux vapeurs du sous-sol de remonter à la surface, et empêchant la vie de se développer. Ayant découvert les dangers de ces lieux, Shura décida de partir en vitesse vers des terres plus accueillantes. Revenant sur ses pas, il trouva là où il s’était éveillé un sac de simple facture, duquel il sortit un parchemin et lut:

«*Il fut un certain temps, ce monde était en sang,
Unissant leurs pouvoirs, les Dieux créèrent les Hommes.
Lors d’une guerre foudroyante, ciel et terre remuant,
Ils vainquirent les dragons, renversant leur royaume.

Les acteurs décisifs, remportant les combats,
En tout point ressemblaient, aux douze puissants Dieux.
L’histoire de ces héros fit le tour d’Amakna,
Tandis qu’eux disparurent, braves et silencieux.
Ram Hester, Eliida


Telles furent les premières lignes de l’Eliida, écrit Ram Hester, en l’an 23 de l’ère des Humains. Telle est la description des élus et de leur puissance.
Six siècles plus tard, les élus disposent des mêmes pouvoirs, seules leurs missions divergent. Il existe dans ce monde des sages qui sentent la présence des élus, et peuvent communiquer avec eux. Certains se sont alliés à la ville blanche, Bonta, tandis que d’autres, corrompus, sont à Brâkmar. Les deux villes ont besoin des élus, pour la défense, l’espionnage, toutes sortes de missions qui restent secrètes et que seuls les élus peuvent mener à bien. Un élu peut avoir pour mission l’élimination d’un autre élu, et est libre d’accepter ou de refuser sa mission, quelle qu’elle soit.

Les élus ont de grands pouvoirs, qu’ils développent à leur façon, selon leurs désirs et leurs envies. Le meurtre, la torture, les kidnappings, le vol ou tout autre délit ne sont pas retenus contre les élus, à partir du moment où ils restent dans le plus grand secret. Un élu peut avoir pour mission l’élimination d’un autre élu, et est libre d’accepter ou de refuser sa mission, quelle qu’elle soit.

Les élus sont libres de se présenter au monde, mais le passé a montré les effets néfastes apportés par une énorme popularité. De plus, vivant dans un monde de secrets, il est recommandé de vivre caché, ni de lier de quelconque relation avec les humains.

L’élu du Dieu Sram est un maitre des pièges et de la dissimulation. Il peut se rendre invisible et dissimuler un objet ou une personne. Il dispose de nombreux pièges pour se débarrasser de ses ennemis. Le sram doit faire preuve de réflexion avant d’agir, il doit élaborer un plan d’attaque afin de ne pas faillir et atteindre son objectif en toute sécurité. L’agilité et la discrétion sont ses atouts.

Quelles que soient les situations, les évènements ou les circonstances, un disciple ne doit jamais renier son Dieu, ni lui manquer de respect par n’importe quel acte.*»

Alors qu’il rangeait le parchemin dans un soupir, celui-ci chauffa brusquement dans la main de Shura qui le jeta à terre et le regarda prendre feu. Marmonnant un remerciement au Dieu, il fouilla le sac à la recherche de nourriture et trouva les dagues qu’il avait forgées, quelques jours auparavant seulement, qui semblaient pour lui être des semaines. Il les accrocha à sa ceinture, et ne trouvant rien à manger, il mit le sac sur ses épaules et partit vers le Nord, vers l’immense région de Cania, maudissant sa nouvelle condition et le Dieu responsable de son malheur.
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