Chapitre I: Le plan du Massif
Avant de véritablement entamer le récit sur ma vie d'homme de main, j'aimerais revenir plus en détail sur mon évasion, le résumé que j'en ai fait dans le tome précèdent étant assez sommaire. Je vous conseille de ne pas imiter ce que je vais décrire plus bas, en effet ce plan a été organisé par des personnes n'ayant rien à perdre et préférant donc mourir que survivre enfermés.
Le Massif m'a fourni une liste de personne que je devais contacter dans la prison pour préparer l'évasion. J'ai dû me faire passer pour son bras droit, ce qui était un immense honneur je vous l'accorde mais une pure mascarade, afin que ces hommes me croient et m'obéissent. A l'époque je ne connaissais pas la réputation du Massif, comme la plupart des honnêtes gens, mais dans le milieu rien qu'à l'évocation de son pseudonyme on se sent pétrifié. On dit ainsi qu'il a déjà vaincu un bataillon entier de soldat à lui tout seul et à main nu … et je peux dire pour l'avoir vu que j'y crois … A votre avis, pourquoi l'appelle-t-on Le Massif?
Nous étions trois à avoir accepté de courir le risque de s'évader, la plupart des personnes de la liste ayant préféré refuser à cause des sanctions appliquées à ceux qui sont rattrapés … En effet, ils ne vous tuent pas. Oh non, c'est bien pire que la mort. Ils vous torturent pendant 7 jours et 7 nuits en vous plantant des pointes dans différentes parties du corps … si vous êtes chanceux. Pour ne pas risquer que les disciples de Sacrieur s'évadent pour le plaisir, ils ont décidé que les gardiens pouvaient utiliser soit les pointes déjà évoquées … soit des pieux. La veille de l'évasion, un prisonnier évadé avait été rattrapé, ils nous ont fait assister à la séance de torture, on s'occupe comme on peut en prison.
Les deux personnes m'accompagnant, m'accompagnent toujours aujourd'hui. Donc, pour la même raison que je ne peux pas vous donner le nom de mon chef, je ne vous donnerais pas non plus les noms de ces deux compagnons. Ils se connaissaient bien avant d'avoir été envoyés en prison puisqu'ils avaient été arrêtés ensemble, après le cambriolage d'une bijouterie ayant mal tourné. En effet l'un, appelons le Sradoc, avait malencontreusement oublié d'essuyer ses bottes sur le paillasson comme lui avait conseillé son partenaire, que nous baptiserons Cortex. Vous voyez déjà la suite arriver n'est ce pas? Et bien oui, ça peut paraître stupide, d'ailleurs ça l'est, mais ils ont été rattrapé grâce aux traces de boue laissées par Sradoc en revenant à leur planque … Aujourd'hui Cortex en rigole, mais à l'époque il a essayé d'étrangler Sradoc lorsque la milice est venu les arrêter.
Le Massif ne nous a jamais donné de date précise pour l'opération, il a laissé entendre que ce serait en Hiver et que nous devions nous tenir prêts à tout moment de la journée. Il nous a juste affirmé qu'il y aurait un signal qui nous annoncerait lorsque le moment serait venu …
Pendant plusieurs jours la prison n'avait pas été livrée en bois et la température était descendue en dessous de 0. Et au moment où nous pensions mourir avant même l'évasion, le signal est apparu sous la forme d'un cri perçant : « C'EST LE MOMENT ». Des cuisiniers sont venus ouvrir nos cellules, et quand je dis « nos cellules » je parle de libérer absolument tout les prisonniers. Apparament c'était une forme de protestation des cuisiniers vis à vis de leur condition de travail. Nous pûmes ainsi sortir de nos geôles et tenter de nous évader par la seule porte du pénitencier. Les gardes sont vite venus calmer la révolte et remettre les prisonniers en cellule, prisonniers qui de toute façon n'avaient pas vraiment envie d'essayer de s'évader. Nous avons pu nous faufiler à travers les couloirs et peu de garde nous bloquèrent la route étrangement. C'est là que j'ai véritablement pu constater à quel point ma constitution physique s'était développé en prison. Avant je n'aurais même pas pu me défendre, mais maintenant je pouvais facilement leur briser la nuque et cela de sang froid .
C'est en arrivant devant la porte principale que nous avons compris pourquoi il y avait si peu de garde. Un véritable champ de bataille se dressait devant nos yeux, dans un blizzard foudroyant. Au bas mot, une centaine de Roublard s'était rassemblée devant la prison et lutait face aux miliciens en sous-nombre et mal préparés. Le massif avançait rapidement, découpant les miliciens gelés de sa grande hache.
Lorsque nous l'approchâmes, il nous tendit des manteaux d'un blanc immaculé … et c'est là que toutes les pièces du puzzle se sont assemblées : la pénurie de bois, la révolte des cuisiniers, le blizzard … Tout ceci faisait parti de son fameux plan. Il nous avait patiemment demandé d'attendre un jour de blizzard pour que la tension dans la prison soit telle qu'une révolte éclate et qu'une fois sortis nous puissions nous échapper sans encombre grâce à notre camouflage … je pense personnellement que les capes blanches étaient de trop, de toute façon dans ce champ de bataille, nous passions inaperçus, mais au moins les capes nous tenaient au chaud.
Nous avons perdu un temps précieux à cause de Sradoc … il a voulu effacer les traces de pas que nous laissions dans la neige ...
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