Chapitre III - Le clan Nedora-Riem
Se dressant fièrement devant les portes des bureaux du clan situé au nord-est de la cité d'Astrub, le Sadida remarqua le continuel brouhaha émanant des bureaux ce qui lui indiqua qu'un certain nombre d'aventuriers étaient présents.
Les joies du mercenariat s'offraient à Noula, mais également le prestige d'une place au sein du Conseil des Anciens. Il se doutait que l'importance d'un tel grade allait attiser une certaine jalousie de la part des autres membres du clan.
C'était inévitable, mais il restait confiant et décidait de régler les conflits de façon diplomatique. Après avoir passer le pas de la porte, il se faufila agilement entre la horde d'aventuriers présents dans la salle, il remarqua rapidement la présence des membres du clan et en fit une brève description : un Crâ vêtus de bleu et de blanc qui lui faisait penser à un ange, un Feca vêtu de ces mêmes couleurs avec un regard hautain et imbu de sa personne, une Osamodas avec une drôle de coiffe qui lui rappeler un insecte ou peut-être un scarafeuille, un autre Feca vêtu de blanc et d'apparence sage et calme, et pour finir un disciple de Sacrieur robuste et costaud à priori très fier de lui. Ce dernier l'observait longuement, après un court moment de gêne, il décida soudainement de parler :
« Bonjour, tu dois sûrement être Noula la nouvelle recrue, ton oncle m'a tout raconté.
- A vrai dire tous les préparatifs sont terminés afin que j'accède directement au conseil des Anciens, mais tu ne m'as pas dis ton nom... interrogea le Sadida d'un regard méfiant.
- Je suis Tehemin, actuel vénérable du clan Nedora-Riem, et saches que tu dois d'abord faire tes preuves avant d'accéder au conseil, puis nous donnerons notre autorisation, mon ami.
- Nous sommes déjà amis ? Parfait alors, je ferais mes preuves, ainsi soit-il.
- Commence par balayer le hall et répondre aux requêtes des aventuriers, ce sera déjà un bon début ! Nous n'acceptons pas les feignasses ici. » dit le Sacrieur sur un ton hautain.
A ces mots Noula ronchonna des paroles inintelligibles, ce qui ressemblait plus à des grognements qu'à de véritables mots. Tehemin fit mine de ne rien avoir entendu et partis à l'étage en jetant quelques coups d'œils furtifs sous les jupons des demoiselles présentes, ce qui provoqua une hilarité générale à son plus grand désarroi.
Après avoir remplis ses tâches journalières, Noula décida de se plonger dans les fondations du clan ainsi que dans son histoire. Avec le temps, il en appris davantage sur la fondatrice du clan, Nedora, rien que d'y pensé, sa force et sa bravoure lui procurait comme une certaine sensation de bien-être indescriptible, une sensation de force, de liberté. C'est pourquoi il décida de rependre ses pensées, son idéologie du mercenariat et d'en faire son principal but dans la vie. La motivation, le désir, ne cessait de s'accroitre en lui et il était déterminer à marquer l'histoire du monde des Douze, ainsi qu'à entrer dans la légende.
Cependant, cette ambition hors-norme représentait un danger et une sérieuse menace que personne ne songea. Elle était tellement envahissante qu'elle interpella un être sombre et obscur, qui se nourrissait des émotions de rage, de haine, de colère, de frustration afin de grandir dans le cœur de tous les êtres perdus, ravagés par la tristesse et la solitude, mais aussi dans les êtres aveuglés par leur ambition débordante et leur arrogance inhumaine. Rushu, le Seigneur des Démons remarqua en Noula un être intéressant dont il pourrait sûrement en faire usage, malheureusement le destin du Sadida était d'ors et déjà condamné à une fin sinistre et cruelle.
Chapitre IV - L'instinct meurtrier
Nous sommes au milieu de l'année 638, Noula continuait à travailler dur pour le développement du clan. L'officialisation de celui-ci n'arrangeait en rien les choses mais il ne perdit pas courage.
Sa motivation restait intacte, il n'abandonnera jamais et il le savait, tout au fond de son âme. Mais l'inévitable se produisit. Le courage se transforma en démence, la détermination en rage, la confiance de soi en arrogance; toutes ces émotions néfastes créèrent progressivement un autre lui plus obscur et agressif. Noula ne s'en rendit pas compte immédiatement, il eut toutefois des pulsations étranges provenant de son thorax mais il ne soupçonnait rien à l'époque. Cependant ces pulsations revenaient de plus en plus fréquemment, avec une puissance croissante, quelques mois après ces pulsions devenaient tellement envahissantes et douloureuses qu'il se résolut à quitter le clan pour son plus grand regret, afin de protéger les autres. Après tout, l'un des principal commandement du clan était de faire passer son profit personnel après celui du clan, ce qu'il fit avec honneur. Il partit errer quelque part, afin de comprendre pourquoi, qu'est-ce qui vivait au plus profond de son âme et lui donnait des envies meurtrières ou malsaines. S'ensuivit une période mouvementée où il partit faire ses recherches sur son problème, il rencontra toute sorte de personnes, certaines étaient complètement folles ou hystériques, d'autres paraissaient crédibles mais toutefois dangereuses. Au début du moi de novamaire, il rencontra un célèbre alchimiste répondant au nom de Xero qui vivait seul, tel un ermite, dans la forêt d'Amakna. L'alchimiste avait des cheveux d'un rouge flamboyant, des yeux tombants et un nez aquilin, il était d'une grande taille mais fétiche comme un Ecaflip. Apparemment ce dernier n'avait pas de Dieu, mais ce détail ne dérangeait pas Noula, en soif de savoir. Il portait une longue tunique bleu ornée qui témoignait une très grande richesse, les affaires devaient surement bien marchés. Une discussion commença :
« Bonjour, vous êtes surement Xero, j'aimerais que l'on discute tous les deux.. je vous en prie. implora Noula avec une voix faible.
- Mmh ? Vous êtes ? répliqua l'alchimiste.
- Je suis Noula, disciple de Sadida, en quête de savoir, mon passé ne vous intéressera surement pas, j'aimerais juste des réponses, oui.. des réponses.
- J'espère que vous avez de quoi payer, héhé. Je plaisante, bien sûr, vous m'avez l'air exténué, venez vous assoir. » dit Xero sur un ton amusé.
Le Sadida s'assit sur ce qui ressemblait à un tabouret de loin, il était plus faible que d'habitude et transpirait de tout son corps, comme s'il avait parcouru toutes les plaines de Cania sur une jambe.
Il observa rapidement les locaux d'un œil désintéresse puis redirigea son regard vers l'alchimiste.
« Je vous explique mon problème.. je sens que.. quelque chose est en moi, c'est comme si on me poussait à bondir et à tuer, à déchiqueter à pleine dents, à insulter sans raison, éclairez-moi je vous en pries, je ne veux pas finir en prison, je ne veux pas mourir inutilement, faites quelque chose ! à ces mots Noula se releva d'un geste vif et bondit sur l'alchimiste, puis le secoua violemment tout en poussant un grognement qui ressemblait plutôt à un gémissement plaintif.
- Poussez-vous ! Argh... Non mais qu'est-ce que c'est que ces manières ? cria Xero en repoussant le Sadida devenu faiblard.
- Je.. désolé.. je ne me contrôle plus.. Vous en avez maintenant la preuve !
- Oui, comme preuve y'a pas mieux.. ça c'est certain. Bon heu, je vais voir ce que je peux faire, je connais un bibliothécaire qui est historien à ses heures perdues, espérons qu'il ait déjà rencontré des cas similaires. »
Noula observait l'alchimiste qui franchit la porte de l'atelier d'un pas précipité, un peu trop précipité à son goût, comme s'il avait prit peur. Soudain, une grosse douleur telle un coup de marteau résonnait dans sa tête, il entendit des cris, des hurlements, et une voix précise et intelligible : "Fuis, il appelle la milice, va-t-en, TOUT DE SUITE !"
A ces mots le Sadida prit ses affaires et partit en direction d'un arbre où il se cacha, il haletait continuellement et semblait souffrir de cette petite course.
Il aperçu alors l'alchimiste et plusieurs guerriers qui ressemblaient à des miliciens d'Amakna, travaillant pour le Roi Allister. Il comprit alors que cette voix qu'il avait ressentis au fond de son crâne disait la vérité, cet alchimiste l'avait trahis. Un grand élan de rage s'éprit du Sadida, il retrouva ses forces et son agilité puis se dirigea de toute vitesse vers le groupe de milicien, qui se demandait certainement où était passé le fugitif.
Un voile noire s'installa devant ses yeux, il ne vit plus rien, ne contrôlait plus ses membres, la rage s'était emparée de lui et il ne s'en souciait guère, il riait même, il y prenait un tel plaisir que le rire ne cessait de s'accroître, de plus en plus fort. Des cris retentissaient de toutes parts, des hurlements puissants à faire trembler l'être le plus sombre d'entre nous, il ouvrait à présent lentement les yeux et vit ses mains ensanglantées. Il les avait tous tués, l'alchimiste, les miliciens, tout le monde.
Leurs cadavres gisaient sur la plaine verdoyante d'Amakna mais il ne s'en souciait guère, il voulait fuir, très vite et le plus loin possible.