[Chapitres d'Estel]

Citation :

HRP :
Voici qui annonce une soirée Contes, qui se déroulera à Lamenuir, quartier résidentiel de Bree, le mardi 10 novembre à partir de 21h. Le lieu exact au sein du quartier vous sera précisé lors d'une piqûre de rappel d'ici quelques jours.
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Certains disent que seule la connaissance des contes et histoires du temps passé peut parvenir à apaiser un cœur troublé par un avenir incertain. Parlez leur, écoutez les, et ils vous affirmeront que seules de profondes racines peuvent réconforter. Ont-ils raison ? Peut-être bien, ou pas ; je n'en sais trop rien. Il y a bien des choses que je ne suis pas, et sans aucun doute, je ne suis pas une sage. En revanche, j'aime et connais bien des gens ayant à leur façon une rare passion pour les récits des faits anciens et tous ont avec le passé une relation assez différente.
Aussi en arrive-je parfois à m'interroger bouteille en main, que celle-ci contienne un gaillard alcool brûlé ou de l'eau fraîche, car après tout l'ivresse ne vient pas uniquement de là. A m'interroger, disais-je, car s'il est vrai que les faits passés peuvent aider les gens à traverser leurs tracas du moment, de quelle façon faut-il s'y intéresser ?

Tenez, songez à Monsieur Embrelune un instant. Quiconque l'ayant un jour rencontré aura rapidement réalisé combien il est passionné par l'histoire de Bree, voire même de celle de l'Eriador. Pour tout dire, de son temps il n'hésitait pas à voyager jusqu'à Tharbad pour ses recherches, et même s'il est aujourd'hui devenu un peu bedonnant vous le verrez parfois aller chiner tel ou tel détail dans des endroits improbables où vous n'auriez vraiment pas envie d'aller vous-même. Mais s'il est passionné par les faits eux-mêmes et peut vous parler de tel ou tel ancien prince du Cardolan avec force d'enthousiasme, il ne semble pas pour autant concerné. Pour tout dire, Monsieur Fergus lui ressemble beaucoup là-dessus : parfois, vous le voyez noter dans un carnet tel ou tel détail historique qu'il vient d'entendre (mais c'est un grand timide, il est donc discret !) mais cela s'arrête là : ne vous attendez pas à le voir s'en émouvoir !

En guise de comparaison, peut-être avez-vous un jour rencontré Monsieur Faelthand. Ou tenez aussi, Cynael ! Quoique non, laissez Cynael dans un coin, elle y sera à l'aise le temps que j'en finisse avec Monsieur Faelthand. Et puisque avoir parlé de Cynael me fait songer à lui, rajoutez à la marmite une pincée de Monsieur Varyar. Vous savez ! Chantecorde ! L'homme à qui l'amour coûta une pourtant fort commode moustache.
Et bien, tous les deux sont sans doute autant attachés à l'histoire que Monsieur Embrelune, et pourtant ils ne lui ressemblent en rien. Les faits passés s'enroulent autour de leurs racines, et leurs racines, vous pouvez me croire : ils en sont fiers. Un peu comme M'zelle Inzilaphel, en fait, comme quoi c'est peut-être quelque chose qu'ont les gens du Gondor en commun. Ah. Non, Monsieur Varyar n'est pas Gondoréen. Où en étais-je ? Les racines, oui ! Monsieur Faelthand et Monsieur Chantecorde ne sont pas autant érudits que Monsieur Embrelune. Peut-être parce qu'ils sont légèrement moins passionnés, ou ont autre chose à faire, mais cela reste vrai pour ce que j'en dis. Ils apprécient découvrir les récits du temps passé, mais n'iront pas se plonger des heures et jours et semaines (voire plus !) durant à la recherche d'une précision supplémentaire. Et à l'inverse, les récits de leur peuple inspire à ces deux là une ardeur bien ancrée ; elle descend probablement jusqu'à leurs tripes, cette flamme là. Ces histoires sont pas uniquement une passion pour eux ; elles font partie d'eux.

Je vais prendre d'autres exemples pour la suite, ça sera plus simple de continuer sur la même lancée. Hmm... Je ne pense pas que vous les connaissiez, ou du moins vous devez pas être bien nombreux à les connaître, mais il y a aussi Istiriel et M'zelle Gilbrìan. Deux Elfes de l'Etude du Lond Daer, même si dans le fond Istiriel jardine un peu avec Nothalon alors que c'est pas vraiment une occupation de rat de bibliothèque, et même si M'zelle Gilbrìan était du Relais avant. Dans tous les cas, ce sont deux Elfes, un peu comme Hríviel. Au premier abord, il serait imaginable qu'elles aient toutes les trois une relation semblable avec les récits du passé. Après tout, elles sont Elfes toutes les trois, et remplissent toutes les trois des tâches assez similaires à l'Etude. Et bien pourtant, non. Mais alors, non, pas du tout. M'zelle Gilbrìan est contre toutes attentes la plus rigoureuse : elle aime ne pas s'éloigner des faits et n'hésite pas à souligner les incertitudes s'il y en a. A l'inverse, lorsque Hríviel raconte quelque chose vous ne saurez – probablement – jamais si elle a dit la vérité, ou a estimé préférable d'altérer les faits. Fréquentez la un peu, tourmentez la un peu de questions et de curiosité, et vous vous entendrez répondre un bon nombre de fois que « la vérité ne conviendrait pas aux oreilles d'une jeune humaine », croyez m'en ou essayez vous-même. Quant à Istiriel, elle est animée par une flamme proche de celle de Monsieur Embrelune – bien que se souciant plus de paraître sage – et vous contera ce qu'elle sait avec bien plus d'enthousiasme et d'émotion que Hríviel – je sais, pas bien difficile – ou même Gilbrìan, ce qui est déjà un plus grand défi.

Vraiment...
Vraiment ? Voilà que j'emprunte les tournures de phrases d'une Elfe ! Vraiment, vraiment vraiment, les mille savoirs et leurs saveurs peuvent être consommés de tant de façons différentes, n'est-ce pas. Certains personnes s'attacheront aux faits avérés, d'autres à ce que ces faits signifient pour eux ou leur auditoire, d'autres s'intéresseront plus à l'impact que l'histoire contée aura eu sur les leurs... J'en passe. Et pour ce que je peux y comprendre, plusieurs de ces approches ne paraissent pas franchement pouvoir servir à dissiper les craintes à la nuit tombée.

Et moi ? Pour certains je suis Lihene, et souvent, je suis tout simplement Liline. Auprès des Elfes, je me plais à me présenter comme Órëmiel, espérant que cela amènera sur leurs visages une ombre – ou deux ! – de surprise devant cet emploi de leur ancienne langue. Si cet espoir porte ses fruits, je peux alors évoquer ma mielleuse enfance passée au milieu des ruches familiales avant d'assurer que c'est la raison m'ayant amenée à choisir pareil surnom. Et après tout, qui sait, pourquoi serait-ce plus compliqué que cela ?
Comment aime-je approcher le passé ? Ne le savez-vous pas encore, ne l'avez-vous pas encore deviné ? J'aime goûter à la richesse de ces histoires permettant à quiconque les écoute de découvrir sa force. J'ai soif de ces histoires savoureuses qui savent aiguillonner la vie et la pousser en avant. J'ai faim de ces récits capables de repousser l'histoire jusqu'à l'inconnu plutôt que de la réduire aux frontières de ce que l'on peut réellement savoir. Vous ne m'entendrez pas, du moins probablement pas car il faut veiller à toujours laisser une place aux passagères lubies, décrire avec force de détails telle ou telle bataille, rapporter mot pour mots les dire de tel ou tel haut personnage. Si d'aventure vous m'entendez raconter une même histoire à deux occasions différentes, vous réalisez que les deux récits seront parfois assez différents. Bien souvent, vous ne m'entendrez même pas préciser avec exactitude où et quand se déroulèrent les faits que je relate. Ont-ils seulement réellement eu lieu ? Peut-être ; ou pas. Peut-être un conteur doit-il faire preuve de rectitude, mais je vis dans l'enivrante nécessité d'être ce que je suis et pour l'heure je n'ai – simplement – pas de goût pour pareils récits. Je leur préfère mille fois mes histoires sans importance, et sait qu'il y a toujours pour les apprécier quelques âmes éprises de simplicité...

Citation :

* Affiche en vue à quelques pas du Poney Fringant *

Des légendes et récits divers seront contés à Lamenuir au dixième jour du mois à la nuit tombée. La ménestrelle qui animera la soirée (et qui fait semblant de lire par dessus mon épaule en cet instant, comme si j'ignorais qu'elle est complètement illettrée) ayant décidé qu'elle poserait ses bagages au hasard de ses pas dans le quartier, je souhaite à tous les intéressés de la chance pour trouver le lieu...

* quelques notes de musique maladroitement gribouillées clôturent l'annonce, faisant office de signature *

[Chapitres d'Estel]

HRP :
Si vous êtes intéressé(e), n'oubliez pas que cela aura lieu ce soir. Lihene se trouvera le long de la rue des châtaigners, très certainement au niveau des ruines situées juste derrière le Relais du Lond Daer. La soirée commencera aux alentours de 21h, l'heure exacte dépendant au final du cours des événements, et ne durera probablement pas plus d'une heure et demie.