Un danger fait de plumes (chapitre II)
Le griffon se cabra soudainement. De nulle part, un loup à l'aspect fantomatique avait surgi dans son dos et ses mâchoires s'enfonçaient maintenant profondément dans sa nuque. D'un puissant mouvement du dos, le griffon envoya voler le loup, qui retomba quelques mètres plus loin. Le loup se remit aussitôt sur ses pattes et couru rapidement vers l'homme. Il s'arrêta à ses pieds puis fit face au griffon, crocs visibles. L'homme se releva, sa main gauche caressant doucement la tête du loup.
- "Merci, je suis prêt maintenant, tu m'en as donné le temps."
L'homme se tourna vers le griffon, sa voulge saisie à deux mains prête à s'abattre. Le griffon avait maintenant récupéré du bref assaut du loup et fit face à l'homme. Il poussa un cri aigu puis projeta son énorme patte avant droite vers l'homme. Tout d'un coup, sa patte s'immobilisa à quelques centimètres du corps de l'homme. Ce dernier, sans hésitation, abaissa lourdement son arme. La voulge s'écrasa sur la patte du griffon surpris et pénétra chair et os. Dans un assourdissant cri de douleur, le griffon battit des ailes et recula légèrement. Les yeux remplis de rage, il abattit son redoutable bec. Et encore une fois, il fut arrêté brutalement à proximité du visage de l'homme. Leurs yeux se croisèrent comme un signe de défi silencieux. L'homme profita à nouveau de son avantage et leva son arme. La pointe de cette dernière réussit à perforer légèrement la gorge renforcée du griffon qui, de désespoir, lança de toutes ses forces sa patte gauche et envoya l'homme à plusieurs mètres de là.
Malgré cette attaque réussie, le griffon conserva ses distances. Il était intelligent et avait vécu suffisamment longtemps pour reconnaitre un adversaire dangereux. Surtout, il ne comprenait pas comment cette insignifiante créature empêchait ses puissants coups de porter. Il vit l'homme gesticuler quelques secondes puis s'entourer fugitivement de faibles lumières. Le griffon eut un moment d'appréhension, croyant avoir vu brièvement des visages autour de l'homme. C'était comme si des esprits d'un autre monde étaient venus offrir leur corps en rempart. Le griffon regagna toute sa lucidité : l'homme était capable de s'entourer d'une sorte de bouclier. Mais ce dernier ne pouvait résister qu'à deux de ses violents coups. Il cèderait au troisième. Le schéma était simple : porter deux attaques en faisant attention à la riposte, puis une attaque très puissante. Il était le seigneur de ces terres, c'est lui qui gagnerait ! Il prit un bref envol et plongea vers son adversaire.
- "Il est puissant !" se dit l'homme. "Mon bouclier a cédé en à peine trois coups". Cependant, se dit-il, la tactique à adopter était claire : riposter de toutes ses forces aux deux premières attaques du griffon, puis se défendre du mieux qu'il pouvait à la troisième. "Ce combat va être long." Il s'élança vers la bête.
Et leurs cris de rage et de douleur ne laissaient place qu'au perpétuel grondement du tonnerre.
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