[Benoît du Taureau]

Il fait nuit.
Les oiseaux chantent, dissimulés dans les arbres, plus loin, vers le Sud-Est.
La lumière de la lune lèche délicatement le sol, donnant à l'herbe des reflets luisants.
Il fait nuit sur les terres d'Hadrien, et tout est calme.

Je suis là, seule, face à cette imposante muraille protégeant nos terres des assaillants midgardiens, la lumière de la lune passe à travers mon corps invisible. Le chant des oiseaux m'apaise, me permet de me concentrer, je ferme les yeux et baisse la tête.

Plus de bruit. Les oiseaux se sont tus. Je le sens. Il approche.
Un grincement de porte, des battants cognant contre la pierre de l'imposante muraille.
J'entends des pas. Un grincement de porte. Je sens l'air souffler sur mes mains détendues. La porte ouverte laisse apparaître une forme noire, de carrure imposante. J'ouvre les yeux, jauge l'ennemi d'un regard et...

Sortant de l'Ombre, je bondis sur le viking. Je bénéficie de l'effet de surprise, mes lames fendent les airs, l'une d'elles vient percer la gorge de ma victime tandis que la deuxième passe à travers la cotte de maille et vient se loger dans l'abdomen, le poison se mêle au sang du viking. L'ennemi pousse un cri, et sort sa hache. J'esquive son coup. Dans le même mouvement, ma lame tournoie dans l'air, la lune vient se refléter dans celle ci, et éclaire brièvement le visage de mon adversaire. Dans ses yeux je peux lire la détermination, mais aussi la surprise et la peur. Ma lame vient perforer la maille à hauteur de l'épaule. L'ennemi semble étourdi. J'en profite pour passer dans son dos et continuer ma danse macabre. Je tournoie dans l'air, accompagnée de mes lames mortelles, rapprochant de plus en plus mon adversaire du Valhalla. Une fois, deux fois je touche au but, l'ennemi pose un genou à terre, touché, vidé de son sang, infecté par mon poison.
La lune éclaire mon visage, froid, sans expression particulière. Je ferme les yeux. J'inspire profondément. Le viking crie. Mon bras droit entame un dernier mouvement gracieux, vite accompagné de ma main gauche, et mes deux poignards viennent se loger entre les côtes du viking, l'une d'elles touche son coeur, faisant jaillir un éclat de sang. Dans un dernier soupir, le viking s'effondre par terre, l'herbe caresse son visage.

J'entends des pas. Je me retourne, et fuis vers la forêt. Une porte s'ouvre, rapidement suivie de la deuxième.
Je fuis, priant la Lumière que j'arrive à me dissimuler à temps.

Mes muscles se raidissent, mes membres se figent, je suis comme hypnotisée.
Je ferme les yeux. Je les entends. Ils sont quatre.

Lumière...fais que ma mort vienne promptement...