II - Cybele / Maagthel - La Tete de Linotte et Le Précepteur Ailé

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* Cybèle enrageait.
Elle avait beau s'appliquer de son mieux cette maudite plume refusait de se plier au mouvement que voulait lui imprimer sa main. ses pleins se transformaient en sombres pâtés d'encre et les maigres déliés se convulsaient en traits hachés et irréguliers.
La jeune satyre jeta un oeil sur le parchemin posé devant elle, sortit un bout de langue et plissant les yeux, traça lentement une nouvelle lettre quand une ombre passa au dessus de sa tête et qu'un mouvement d'air fit vaciller la flamme de la bougie manquant de la souffler.
Elle releva la main pour éviter que l'encre ne bave et, comble de malheur, la plume au dessus du feuillet laissa échapper une énorme goutte d'encre qui vint s'écraser mollement en plein milieu du texte.*
* Une voix sourde et grave, teintée d'une pointe d'ironie émergea de son dos *

Tu as trop dilué ton encre petite Satyre ...
Et je pense que tu ne te concentres pas assez sur ce que tu fais !
Regarde ... En plus tu as fait une tâche !

* Cette fois ci s'en était trop ! Elle claqua la plume et la paume de la main sur l'écritoire et se retourna vers la forme immense et sombre du Dragon les yeux crépitant de colère. La voix chevrotante *

Vous croyez que c'est facile vous ?
On n'y voit rien ici !
Vous me faite recopier ce vieux ... * Elle ravala le juron * ... parchemin auquel je ne comprend de toute façon rien du tout !
Vous n'avez de cesse de passer et repasser dans mon dos tant et si bien que je me demande si c'est ma sueur ou votre bave qui me coule dans le cou !
Et cette plume est ... * cherchant une seconde quelque chose, hésitante * mal taillée !
Je ... Ahhhh ! et puis zut a la fin !

* Le Dragon Maagthel eut un léger rire puis son visage repris son impassibilité *
Tss tsss ...
Dis moi petite naka-duskael ...
Est-ce moi qui suis venu te chercher ? Ou est ce toi qui est venu me supplier de t'apprendre la lecture et l'écriture du langage commun ?
Je pense surtout que tu ne fais que bien peu d’efforts et que tes prétextes ne te viennent que pour masquer ton manque de concentration. Nombreux sont les jeunes qui comme toi cherchent à apprendre, mais seule une poignée abandonne sitôt les premiers écueils rencontrés. Est-tu réellement de ceux-ci ?


* Cybèle commençait a bouillir intérieurement. Quelle idée idiote elle avait eut. Qu'elle bêtise elle avait faite là de demander une telle chose a un Dragon. "Il me faut un érudit" s'était-elle dit ...
Elle se mordit la lèvre pour se calmer.*

Allons ... petite Satyre !
Boit donc un peu d'eau fraîche et va te dégourdir les pattes un moment. Tu reviendras me voir une fois calmée et tes esprits retrouvés car connaissance et nervosité n’ont jamais fait bon ménage...

* Cybèle s'exécuta. Elle se leva du caillou qui lui broyait les fesses et s’étira de tout son long. Ses cuisses étaient toutes engourdies a rester ainsi accroupie et une pointe venait de se ficher cruellement dans son dos lui rappelant qu'elle venait de passer plusieurs heures a ne bouger que les yeux ou la main.
Elle avala d'une traite le contenu du gobelet d'étain finement ciselé que Maagthel lui avait mis à disposition. L'eau fraîche glissa dans sa gorge réveillant un peu ses sens et lui redonna le sourire. Elle s'avança vers le Dragon qui lui avait tourné le dos pour aller s'allonger dans l'herbe grasse. La nuit prenait doucement ses quartiers et d'ou ils se trouvaient ils pouvaient voir les cristaux de Chiconis luire peu à peu dans la pénombre naissante.
Elle s'installa a côté du Dragon en posant mollement sa tête contre le cuir écailleux de la patte avant et se laissa aller a bailler sans retenue. *

Il est temps que tu ailles prendre un peu de repos de toute façon murmura doucement le Dragon sans quitter du regard la ville au dessous d'eux.
Demain nous arrêterons la copie, après tout, te faire écrire ne sert a rien si tu n'y trouves pas d'intérêt immédiat.

* La jeune Satyre releva la tête, intriguée, et murmura la gorge nouée *
Vous voulez dire que vous ne voulez plus m'apprendre ? C'est cela ?
Oohh ... Je vous en prie ...

* Le dragon l'interrompit plissant doucement les yeux*
Je veux dire que je me suis peut être fourvoyé en voulant te faire recopier ces vielles tablettes de nos Maîtres.
Alors si tu veux continuer voila quel sera l’exercice demain ... * Le Dragon marqua un temps d'arrêt comme s'il savourait l'instant, goûtant l'idée qui lui était venue * Tu vas écrire ... ton Histoire ... Ce que tu veux... Sur toi, tes amis, tes journées... Tout ce que tu veux et que tu pourras sortir de cette petite tête. * Du bout de sa griffe il tapota doucement sur le haut du crâne de la Satyre, souriant*

Hrp
Texte écrit par Cybèle sous le préceptorat de Maagthel et amendé par lui même ;o)
Rp
__________________
http://membres.lycos.fr/cultedeladeessemere/Images/SignCybele.gif
Message roleplay
*Après quelques explications supplémentaires, la jeune Satyre s’était endormie paisiblement, lovée entre les pattes de Maagthel*

*Cette situation lui faisait se remémorer une scène qui le touchait au plus profond de son être*

*Son esprit commença à vagabonder*


A l’égal de cette petite Satyre une autre s’est assise entre ces pattes, mais je n’étais qu’adolescent alors... Du moins je n’avais déjà ce corps que je me suis forgé durant mon Rite Initiatique… C’est au cours de celui-ci, alors que nous attendions un ami sur la plage de Draak, que mon Âme Liée aussi s’était blottie… Je l’entend encore maugréer contre mon désir d’accomplir ce rite, pensant qu’elle allait me perdre, une fois dans mon corps d’adulte. Ho bien sûr, elle avait déjà le caractère vif et emporté propre aux Gnomes, et bien sûr ses colères étaient monnaie courante. Mais qu’y pouvais-je ? Elle était l’être qui m’était destiné de par la volonté de Drulkar. Cet état d’Âmes Liées, si éloigné de tout autre lien, et tellement plus intense que ces unions propres aux naka-duskael, est un bien rare et précieux. Bien peu d’entre-nous le possède, ou peut-être simplement, peu de Dragons le perçoivent quand il se présente. Certes, elle a son caractère qui parfois peut sembler acerbe à qui ne la connaît pas. Certes elle est vive à s’emporter. Mais elle aussi la générosité, l’abnégation, et ses sacrifices ne peuvent plus être comptés… Et par dessus tout, elle est elle, entière et franche.

*Maagthel posa un bref regard sur la jeune Satyre puis se perdit à nouveau dans la contemplation de Chiconis endormie, esquissant un fin sourire*

Va t’elle aussi être jalouse de cette enfant Satyre ? Non… Ces jalousies passées n’étaient sans doute qu’un moyen de montrer son attachement. Et puis… Elle sait à quel point la Connaissance m’importe, et comme il me tient à cœur de partager mon maigre savoir. Demain… Oui demain nous verrons si ce nouvel exercice sera plus à même de faire progresser la jeune Cybèle…
Message roleplay
* La jeune Satyre s'était réveillée. Elle n'était pas vraiment a l'aise entre les lourdes pattes. Prétextant sans conviction le repas des Compagnons a préparer elle s'était éclipser en promettant au Dragon de revenir le lendemain.
Oui, promis avait elle dit, j'essayerais d'écrire cette ... histoire.
Elle n'était pas rentré à la maison des Compagnons mais avait préférée filer sur Dryart.
Pour la première fois elle avait la sensation d'avoir un "chez soit" ... Un simple lopin de terre sans rien dessus, certes, mais elle ne pouvait se départir de ce sentiments d'avoir la un morceau de quelque chose qu'elle avait perdu. Ou n'avais jamais eu. Une famille. Une maison. *

* Le jour ne se lèverait pas avant trois ou quatre bonnes heures.
Sur la plage de Dryart une ombre était assise, immobile semble-t-il, une torchère plantée dans le sable projetant une lumière jaune, mouvante au gré de la brise maritime nocturne *
* La jeune Satyre hésitait. Voila quatre fois déjà qu'elle retaillait la longue rémige. Quatre fois qu'elle la replongeait dans le petit encrier et qu'elle survolait le parchemin fixé a l'écritoire pour finalement replanter la plume dans son support de bois en soupirant. *
* Elle se mordilla nerveusement la lèvre.


A quelle heure se lève les Dragons ?
Se couchent-ils en fait ?
Si le Seigneur Maagthel m'attend a Chiconis .... Rhooo Zut ! il va croire que je lui ais faussé compagnie !
Allons ! c'est un Dragon ! Ils savent la patience bien mieux que nous j'en suis persuadée.

* Toute a ses pensées la jeune Satyre laissa ses yeux plonger dans la nuit. Elle n'entendait plus que le clapotis de l'eau, parfois le crissement ténu d'un scarabée rampant sur le sable. Elle ferma les yeux et laissa la nuit l'envahir. La nuit. Les sons ...
Enfin elle les rouvrit doucement et reprit sa plume. Sa main n'etait plus la sienne mais celle de son coeur, écrivant au rythme des battements sourds. traçant sur le parchemin les lettres d'une histoire d'une main étrangement calme et sure ... *


" Nuit.
Au fond de la mine je me suis endormie comme une masse.
Comme tous les autres.
Le dur labeur et le peu de nourriture éreinte les corps et amollisse les esprits tant et si bien que les Satyrs travaillant à extraire les métaux corrompus ressemblent parfois a leur geôliers d'os ou de chair pourrie. Des Zombies.

Choc sourd.
Etrange image que celle de ces dizaines d'yeux d'enfants s'ouvrant tous au même instant et cherchant a capter la source de leur réveil, brillants a la faible clarté d'une bougie de graisse, cillant et fouillant les ombres à la recherche d'un mot, d'une explication.

Boouumm ...
La paroi ou je me suis adossée tremble sous le choc.
Les vibrations passent dans mon corps, je les sens glisser sur la glaise, se faufiler sur mes épaules et secouer mon ventre.
J'ai du mal a déglutir, ma gorge est trop sèche et mes dents si serrées que j'ai l'impression qu'elles vont éclater sous la pression.
Je ferme les yeux. Dormir. Ne pas chercher a savoir. Juste dormir.

Baouumm ...
Ma tête tressaute contre le mur. Je l'appuie plus fort. Ne faire qu'un avec la terre.
Instinctivement mes mains cherchent le morceau de tissu me servant de couverture pour le remonter sur mes pattes. Mes bras encerclant mes genoux j'abandonne la lutte avec la paroi et plonge la tête entre mes bras.
Un gosse appelle sa mère. D'une toute petite voix grêle. Hésitant d'abord puis, envahit par la peur, de plus en plus fort.
Ma main se libère et cherche a tâtons celle toujours réconfortante de Pan.
Rien.
Pan est mort me susurre une petite voix trop aiguë.
Pan est mort ... et tu vas mourir aussi insiste la voix !

Baouummm ...
Un arbre déraciné s'écrasant au sol. Un géant de pierre qui tombe de tout son poids. Une montagne qui s'écroule et roule dans la vallée.
Les images défilent, aucune de plausible. Et toujours cette vibration. Ou bien est elle différente ? Elle ne s'arrête plus. Comme le vrombissement d'un essaim gigantesque elle perdure, s'éternisant a l'infini dans les murs, s'imiscant partout, faiblissante jusqu'à l'épuisement puis reprenant plus forte et plus proche.

Soudain la lueur trop vive d'une torche émerge à l'entrée de la petite nasse de terre. Un Satyr adulte qui s'agite. Il crie quelque chose et secoue sa torche comme pour appuyer ses dires. Je le regarde mais ne l'entend pas. Personne ne bouge d'ailleurs.
Et puis sa voix éclate, il empoigne le jeune Satyr le plus prêt de l'entrée et le tire vers lui puis le pousse dans la galerie. Les autres se lèvent en désordre. En criant. En ramassant une gourde ou en se battant une couverture.

- " Sortez !!! Filez de là ! Allez rejoindre les autres dans la galerie principale !

Je reste assise la et je le regarde s'agiter ainsi durant d'interminables secondes puis enfin je me décide a me lever, je m'approche et d'une voix trop calme je lui demande ce qui se passe. Pour réponse il m'attrape par le bras et me sort du dortoir avec force puis; me laissant en plan là file vers une autre petite salle pour répéter son manège.
Autour l'agitation ressemble au crépitement d'un feu, mélange de petites flammes molles dansant d'un pied sur l'autre et de flammèches vives courant en tout sens.

Mes yeux fouillent la cohue, mes oreilles cherchent un son connu.
Maman ... Ou es-tu ma petite maman ?

Et le silence se fait.
L'air est devenue moite et oppressante. Les visages se tournent d'un seul mouvement vers le haut du tunnel.
Cobalt, un satyr adulte à la musculature impressionnante se tient dressé et frappe du sabot sur une pierre plane pour avoir silence et attention. Un léger sourire vient s'accrocher à mon visage, "Cobalt", ce sont les gosses qui l'avait nommé ainsi en raison de sa figure toujours noire de terre, de suie ou de tout autre chose.
Mon sourire s'efface. Ce n'est pas le visage noir du chef de galerie qui m'impressionne alors mais son regard. Ses yeux brillent dans le noir comme des flammes incandescentes. Ils brillent de folie furieuse, de vie ou de haine, je ne sais pas mais ils luisent d'un éclat intense qui me force comme tous les autres au silence et à l'écoute.
Sa voix retentit comme le fracas du tonnerre.

- " Satyrs !
Satyrs ! L'heure est venue !
Ecoutez ce fracas au dehors ! Ce sont les armées des peuples libres qui viennent nous libérer !
Prenez vos pioches ! vos pelles ! et sortons de ce lieux de putréfaction ! "

Sa voix enfla encore alors qu'il se retournait pour se ruer vers la galerie menant a l'extérieur.
" Satyyyrs ! battez-vous ! Pour vous, pour vos enfants ... Pour la liberté ! "

* Cybèle sortit de sa rêverie.
Le soleil dardait ses premières lueurs pastelles faisant frémir l'air d'un parfum chaud et iodé. elle regarda le parchemin sur lequel elle avait laissé aller sa plume puis se rappelant qu'elle devait rejoindre son précepteur dans les hauts de Chiconis se hâta de ranger son ecritoire, roula le vélin, noua autour un ruban de lin avant de l'enfermer dans un cylindre de cuir de voyage puis se précipita a toute jambe vers le portail de téléportation pour rejoindre la ville draconique *
* La jeune Satyre se rua sur le portail bleuté alors que dans son dos les premiers rayons du soleil venait embraser les eaux calmes de la baie. L'esprit fixé sur Chiconis pour que la porte l'emmène a bon port elle ferma instinctivement les yeux au moment du contact froid avec la lumière de la porte.
Vide ... et froid ...
Elle détestait cette sensation, quand son corps était aspiré par le vortex, elle se sentait impuissante, frêle marionnette au creux de la main immense d'un Dieu capricieux ... Elle frémit, un long frisson qui parcouru son échine et lui vrilla le cou alors qu'elle perdait tout sens de conscience ...
1 ...
2 ...
Le grésillement de l'ouverture de la seconde porte la surpris une fois de plus et la déposa, tremblante, dans un état de semi hébétude, sur le marbre froid du Portail de la Cité Draconique. Elle ouvrit lentement les yeux, ouvrant la bouche comme un poisson tout juste sortit de l'eau. Elle avait toujours du mal a retrouver sa respiration, l'air se comprimait dans sa poitrine et refusait d'y entrer ou d'en sortir pendant de longues secondes, a chaque fois ...
Elle réussit enfin a prendre une grande inspiration et se redressa encore chancelante. La tête lui tournait et elle se demandait si elle allait s'évanouir tout de suite ou bien si, pire encore, elle arriverait a retrouver toute sa tête. Elle passa instinctivement la main dans son dos pour vérifier la présence de son sac, comme si le poids ne suffisait pas à lui prouver sa présence. Un mouvement de tête en arrière pour toucher la hampe de sa hache de guerre. Petit sourire ironique. Elle évitait de voyager avec la hache à la main depuis qu'elle avait faillit s'éventrer en tombant dessus lors d'une de ses premières téléportations.

Elle se secoua un peu comme si cela allait remettre tout ses organes et sa cervelle embrumée en place puis se rappela le pourquoi de sa venue en cette Cité et se précipita droit devant elle manquant de heurter par la même occasion un Dragon adulte qui approchait nonchalamment du portail.


Oupsss ...
Pardon Mon Seigneur ...

Elle se faufila sur le côté et avant même que le Dragon n'ait eut le temps de réagir ses sabots claquaient déjà sur la pierraille du chemin montant vers la crête de l'Est.
Essoufflée, elle arriva après une bonne demi heure de cavalcade en haut de la colline surplombant la ville. Un point de côté lui vrillait le ventre et les petites étoiles noires qui virevoltaient devant ses yeux lui rappelait qu'elle n'avait ni dormit ni manger depuis bientôt deux jours.
Elle grommela se demandant un instant a quoi tout cela rimait en fait, puis le souvenir de ces affiches clouées en ville qu'elle avait tant de mal à déchiffrer il y a quelques semaines a peine lui ramena son sourire et fit disparaître la douleur.
Elle resta quelques instant à respirer l'air doux et tiède qui montait de la colline. Elle se sentait bien. vivante. Plus encore qu'avant. Elle se sentait libre. Elle sourit puis se laissa aller a rire. Comme tout cela était bête somme toute. Apprendre a lire et a écrire pouvait donner une forme de liberté et de plaisir, elle n'avait jamais songé a cela en ce sens.

Une jeune Dryade passa en coup de vent au ras de son visage la sortant de sa rêverie. Elle regarda autour d'elle pour retrouver le chemin ou devait l'attendre Maagthel puis fila pour remonter le long de la crête de rochers.


Pourtant c'était bien là se dit-elle. Me serais-je trompée ?
Allons secoue toi tête de linotte ! réfléchie un peu !

Elle avait beau tourner le regard partout, pas de Dragon bleu ... Elle trépigna !
Puis finalement, après avoir tournée en rond quelques longues minutes se décida à poser sa besace et à s'allonger dans l'herbe grasse.
Les rayons du soleil avaient pris assez de force pour délivrer une douce chaleur et, la brise chargée de senteurs boisée aidant elle sombra le sourire aux lèvres dans un sommeil béat.
Message roleplay
Sans même s’en apercevoir, il arrivait en vue de la paisible Chiconis, l’esprit encore accaparé par ses recherches sur les antiques divinités des naka-duskael. Le Librarium Draconis se devait d’être une source d’érudition pour tous ses frères, et avant que de leur présenter, il devait à tout le moins le compléter. Certes quelques races avaient dévoilés leurs secrets, mais d’autres dieux restaient dans l’ombre... De cela il en était convaincu. Et cela ne concernait que la partie première.

Machinalement son regard se porta vers le sol. Fendant l’air chaud et les brumes légères, il savait, il sentait que sa jeune élève n’était pas loin. Décrivant des cercles harmonieux il descendit de quelques dizaines de mètres pour finalement se poser le plus doucement possible juste à côté de la Satyre endormie.

Il l’observa un moment avec bonté, se remémorant ce qu’elle avait subie, elle et tous les siens...
"Où était-il son dieu alors que tant et tant de ses frères ployaient et mourraient dans les sombres mines ? " se disait-il. Puis sans un bruit il déploya devant elle quelques frugales nourritures achetées dans la lointaine Kirasanct et un gobelet d’eau claire et fraîche. Enfin il posa à côté l’étui de cuir fin qu’elle lui avait confié à Tazoon, lors du dernier Marché de l’Alliance de Selen. Si d’apprendre le tragique passé de Cybel l’avait attristé plus que de raison, il n’en avait pas moins apprécié les efforts fournis dans la rédaction du document.

Il décida de ne pas la troubler dans son sommeil et, prenant une fine tablette d’ardoise il commença à rédiger quelques lignes, non sans avoir au préalable gravé quelques délicates arabesques d’encadrement.


"Jeune Satyre,

J’ai lu ton texte avec attention. Sur le fond, je ne veux me prononcer, quant à la forme... Sache qu’en lisant ton compte-rendu tu m’a conforté dans mon choix de Disciple d’Helian. Voir tant de progrès en si peu de temps est pour moi une réelle satisfaction, un peu au regard de mon enseignement, beaucoup plus vis à vis des possibilités nouvelles qui s’ouvrent désormais à toi.

Garde toi cependant d’arrêter là ton apprentissage. La curiosité mène à la recherche, la recherche à la connaissance, la connaissance à la sagesse. C’est ainsi que depuis l’aube les Dragons progressent, et c’est ainsi que maintenant ce savoir doit être partagé.

Pour aiguiser ta curiosité j’ai, si tu le souhaites, quelques études à te confier. Un seul mot devrait te suffire pour commencer : Bachanatus. Cherche, apprends, et rends-moi compte de tes observations, par écrit cela va de soit. J’ai, pour être franc, déjà mené enquête à ce sujet. Si ton travail me semble digne d’intérêt, ce dont je ne doute pas, je l’incorporerai dans le recueil que je suis en train de rédiger pour mes frères Dragons.

Mais avant cela, petite Cybele, restaure-toi, et à nouveau repose-toi. Ton chemin sera long...

Maagthel
Fidèle de Drulkar
Disciple d’Helian"

Il la regarda une dernière fois et pris lentement son envol en direction de l’antique Feladan.
* Cybèle ouvrit lentement les yeux sur un halo rougeoyant qui perçait sa paupière. Le soleil était déjà haut dans le ciel et de douce la chaleur sur son visage était devenue cuisante les heures s'écoulant. Elle protégea ses yeux de la trop vive lumière pour ses yeux encore embués par le sommeil et se redressa pour s'asseoir et s'étirer à loisir.
Elle émergeait lentement de cette douce torpeur quand une légère odeur de nourriture vint titiller son sens olfactif. Un peu surprise elle tourna le visage a gauche, a droite ... Et quelle surprise de trouver là a son côté un linge fermé d'ou émanait cet appel du ventre et un gobelet d'étain savamment planté dans l'herbe ou irisaient les reflets d'une eau claire.
Sans même se poser de question, la gorge trop sèche pour le moment, elle prit délicatement le gobelet et bu une longue gorgée d'eau. Cybèle fronça le nez, l'eau restée au soleil dans le métal avait pris un petit goût piquant de fer et avait largement commencé a dépasser la température ambiante.
Elle se prit a sourire, commençant a comprendre ce que faisait la cette nourriture et cette eau qui dut être fraîche et murmura pour elle même


Seigneur Maagthel ... Si je n'était sur que vous soyez un Dragon prévenant j'eu aisément songée que mes rêves s'étaient matérialisés à l'appel de mon estomac trop creux et de ma gorge trop sèche sous votre ardent soleil !

Elle ouvrit délicatement le linge se demandant ce que son précepteur avait bien pu lui ramener, ayant vu l'appétit féroce des Dragons et leur attrait pour la viande de quelque race qu'elle fut, et si le Seigneur Maagthel avait songé qu'elle n'était qu'une satyre ou bien s'il lui avait apporté là simplement quelques reliefs de son propre repas.
Cybèle imaginait déjà le Grand Dragon voulant par amabilité partager son repas avec elle et tirant de sous une écailles par les restes de barbe la tête d'un nain fraîchement décapité ou un cuissot d'une soeur Satyre. Cette dernière image la révulsa tant qu'elle s'arrêta nette dans son geste, un pincement au coeur et une vague nausée refoulant quelques mauvaises biles a ses lèvres.
Il lui revenait en mémoire certains discours des Dragons rencontrés au hasard des chemins qui a quelques reprises avait laissé échapper qu'ils voyaient plus en elle un appétissant repas a venir qu'une jeune satyre douée de vie ou de pensées, et, c'est du bout des doigts qu'elle finit de défaire le noeud du linge pour en écarter les pans. *


Tu es la Reine des sottes et des idiotes ma pauvre fille !

* Se fustigea-t-elle au vue du linge ouvert.
Hormis ce qui ressemblait a un morceau de carapace de scarabée des glaces cuit et contenant sans doute un pâté à base de chair du pauvre animal il n'y avait que quelques fruits frais, un morceau de terrine de légumes et dans une coupe de bois une belle part de ces fameux gâteaux des glaces aux fraises et framboises des neiges provenant tout droit et sans nul doute de Kirasanct.
Elle sourit de sa bêtise et de ses mauvaises pensées en enfonçant un doigt gourmand dans le gâteaux de glace que le soleil avait rendu plus mou qu'il n'avait dut être lors de son achat et, avec le sourire d'une gamine à sa première fête, goûta le dessert. Si elle n'avait eu peur d'attirer a elle les foudres d'un Seigneur de passage sans doute se serait-elle écriée de joie mais prise entre le plaisir et la crainte de voir arriver un importun elle se hâta de le finir ... Des fraises et des framboises des neiges ... la seule fois ou elle avait fait la folie d'en acheté cela lui avait coûté une fortune. Si les Déchus étaient parfois étranges elle avait appris une chose durant ses séjours dans la capitale des glaces c'était que ces mets d'ordinaire consommés gelés étaient un ravissement pour le palais.
Son plaisir assouvit elle mangea doucement la terrine de légume, repoussa sur le côté la chair cuite et enfin croqua a belle dent dans une pomme dont le coeur était encore plein de minuscule cristaux de glaces lui piquant la langue.

c'est en prenant le linge pour s'essuyer un peu le menton des quelques gouttes de crème glacée qui avaient glissées de son doigt qu'elle vit la tablette d'ardoise ou s'étalait en belles lettres gravées le mot du Dragon.

Sa première pensée fut d'abord de ce demander si tout cela était finalement bien pour elle. Jamais personne ne lui avait laissé de mot. En fait jamais personne ne lui avait jamais écrit pour être franche.
Elle posa le trognon de pomme gelé et s'essuya les mains avant de soulever délicatement la fine ardoise et de s'abîmer dans la lecture des arabesques tracées d'une griffe experte.
Elle sourit et ses yeux pétillèrent à la lecture du compliment a demi caché. Aurait elle eu le Seigneur Maagthel sous la main qu'elle lui aurait sans doute sauté au cou pour l'en embrasser.
La suite était plus flou et elle du s'y reprendre a deux fois pour passer de la lecture à la compréhension de ce que signifiait le reste.
" La curiosité mène à la recherche, la recherche à la connaissance et la connaissance à la sagesse "
Elle pencha la tête de côté et relut la phrase, trop absconse a son goût, encore une ou deux fois pour tenter d'en comprendre le véritable sens puis se dit finalement que cela devait être la une devise Draconique dont l'intérêt et la signification se ferait bien jour en temps voulu.
Enfin elle lut le dernier paragraphe et resta, là, interdite.

" Bachanatus "
" Bachanatus " se répéta-t-elle plusieurs fois. Que voulait le Seigneur Dragon ? En apprendre plus sur le Dieu des Bacchanales Satyres ? ou peut être voulait il savoir qu'elle Foi habitait la Satyre à qui il professait ...

Elle fronça les sourcils et se mordit inconsciemment un coin de lèvre se creusant la tête à la recherche d'un sens a tout cela ...
* Cybèle posa la tablette d'ardoise sur le linge, récupéra son morceau de pomme qu'elle se cala entre les dents et noua le tissu sur "son" message.
Cela, cette tablette, ces vélins que sa main remplissaient peut à peu, se muaient en une partie d'elle même, en une forme de trésor qui à ses yeux n'avait rien a envier à ceux légendaires des Dragons.
Elle sortit l'écritoire qui ne quittait plus sa besace, la petite fiole d'encre au reflets de nuit, la longue rémige blanche qui déjà commençait a souffrir d'avoir été taillée et retaillée et le tube de cuir contenant quelques pages vierges de vélin qu'elle avait acheté à prix d'or à ce qu'elle supposait être un gredin qui avait bien profité d'avoir comme cliente une idiote écervelée.
Elle étala ainsi son matériel devant elle puis, sentant de nouveau les rayons du soleil à son zénith venir lui roussir visage et pelage elle tourna la tête et avisa un grand arbre au pied duquel s'étalait quelques rochers qui pourrait lui procurer à loisir ombrage, fraîcheur et un roc solide pour y appuyer sa petite planche de bois.
Après avoir "déménagé" son attirail, fait quelques aller et retour pour ne rien laisser de traces des reliefs de son repas, précautionneusement rangée la tablette de son précepteur dans son sac, redisposé devant elle ses outils à transformer les souvenirs et les rêves en phrases elle se réinstalla à son aise contre le tronc de l'arbre et repartie dans une séance hasardeuse de taille de plume jusqu'à obtenir une pointe satisfaisante lui signifiant aussi que cela serait la dernière séance qu'elle pourrait exiger de cette si belle plume.
Elle posa l'écritoire sur ses genoux remontés et, les yeux perdus dans le feuillage mouvant de l'arbre, se chatouillant a demi la figure avec la barbe de la rémige se laissa aller à ses songes, essayant par la même de retrouver cette sensation pendant laquelle sa main n'avait plus été la sienne mais celle de sa mémoire et de son coeur.

Elle ferma les yeux et l'obscurité remplaça la clarté du jour ...

Elle avait commencé une tâche et voulait la terminer. Elle devait la terminer avant d'entamer le travail du Dragon. Il comprendrait qu'elle devait maintenant aller au bout et exorciser ces souvenirs qui la hantaient depuis la libération. Il comprendrait ...

Et Cobalt hurlait ... *


... Mon sourire s'efface. Ce n'est pas le visage noir du chef de galerie qui m'impressionne alors mais son regard. Ses yeux brillent dans le noir comme des flammes incandescentes. Ils brillent de folie furieuse, de vie ou de haine, je ne sais pas mais ils luisent d'un éclat intense qui me force comme tous les autres au silence et à l'écoute.
Sa voix retentit comme le fracas du tonnerre.

- " Satyrs !
Satyrs ! L'heure est venue !
Ecoutez ce fracas au dehors ! Ce sont les armées des peuples libres qui viennent nous libérer !
Prenez vos pioches ! vos pelles ! et sortons de ce lieux de putréfaction ! "

Sa voix enfla encore alors qu'il se retournait pour se ruer vers la galerie menant a l'extérieur.
" Satyyyrs ! battez-vous ! Pour vous, pour vos enfants ... Pour la liberté ! " ...

Le plus étrange ce sont ces moments de flou qui viennent ponctuer des souvenirs trop limpides et trop nettes et à l'inverse ces instants trop clairs ou parfois apparaissent des trous de mémoires, des blancs, que l'esprit refuse de remplir ou qu'il a masqué derrière un voile terne et translucide.

Cobalt hurlait ...
Les quelques dizaines de Satyres, adultes, enfants, femmes et hommes en cohue se ruèrent à la suite du Chef de galerie, certains attrapant une pioche, un morceau d'étais, un pic a roche ou tout ce qui pouvait servir d'arme, d'autres filant ventre à terre récupérer quelques maigres affaires, un gobelet ou un petit chaudron de terre cuite, une vieille couverture de racines tressées ou une panse de gruok fouisseur transformée en outre, quelques uns erraient béatement se demandant si cela était rêve, cauchemar ou incompréhensible réalité et tout cela dans un désordre incommensurable, dans une hystérie apte supposer que les satyres n'étaient qu'une bande de fielons rendus fou par un étrange alcool.

Hystérie ...
Là était le mot et l'attitude qui me laissait pantoise.
J'étais née et avait vécu mes premières années avec un peuple enchaîné, réduit a une forme de sauvagerie, a un esclavagisme qui se résumait à creuser un sol rude pour en extraire un minerai si corrompus qu'il vous faisait tousser et cracher du sang si par malheur vous en respiriez trop longtemps les émanations méphitiques, a transporter ces éclats dans des chariots d'acier aux roues tordues et grinçantes jusqu'à la galerie haute ou d'autres esclaves, autoriser a voir le jour les prenaient en charge.

La Lumière du jour ...
Maman m'en avait parlé comme d'une brise tiède qui vous chauffait agréablement tout le corps, comme d'une rivière de clarté ou vous pouviez vous baigner et rire ... Trop de notions étranges et étrangères pour moi ... trop de mots dont la signification m'échappaient encore ...

Un gamin tira si violemment sur une poignée de duvet de mes cuisses qu'il m'arracha à ma contemplation stupide et me fit pousser un cri de douleur qui ne perça même pas dans le vacarme ambiant.

" Tu as vu ma maman ? Tu sais ou es ma maman ? ... "

Les larmes ruisselaient sur son visage de gosse traçant de longs sillons sur sa figure grise de poussière et de crasse et sa bouche oscillait entre une étrange grimace de peur et un rictus de contentement d'avoir enfin trouver quelqu'un qui penche la tête vers lui pour l'écouter.
La surprise passée, les yeux humide du gamin et son insistance à vouloir m'arracher la moitié du pelage de ma cuisse à tirer dessus comme un forcené finir de me sortir de la torpeur béate dans laquelle j'avais à moitié sombrée.
Une vague de courage venue de je ne sais ou, ou peut être était-ce simplement du a mon incapacité à analyser correctement ce qui se passait vraiment, me fit lui passer la main dans le cheveux pour l'ébouriffer et lui lancer sur un ton faussement joyeux :

* Ne t'en fais pas ! nous allons sortir avec les autres et je suis bien sur qu'elle sera la haut a te chercher partout ta gentille maman ! Ne bouge pas de là je reviens ...

Je tournais alors le dos et rentrait à nouveau dans l'étroite galerie dortoir et m'emparait du seul objet qui avait un valeur à mes yeux. La flûte que m'avait fabriqué mon ami Pan quelques temps avant de mourir. Je la nouait à ma ceinture tressée et me retournait pour retourner vers le gamin. J'eu un sourire amusé en m'apercevant qu'il ne m'avait pas lâché d'une semelle et s'était enfoncé à ma suite, ne me lâchant pas d'un sabot, dans la petite ouverture.
Je lui prit simplement la main qu'il me tendait avec espoir et lui offrit ce sourire qui me venait de je ne sais ou mais qui fut amplement suffisant pour lui rendre le sien avec toute la confiance aveugle et enfantine, l'insouciance, que peux avoir un garçon de cinq ou six ans.

Le tirant derrière moi je n'avais d'autre choix que de remonter les galeries principales.
Suivre les voies montantes des wagonnets me disais-je, suivre les voies ... elles me mèneront forcement à la surface !
Je connaissais parfaitement toute la partie basse de la mine pour l'avoir parcourue pendant mes quatorze premières années de vie. Comme tout les gosses je les avais parcouru en tous sens, m'y cachant des zombies et des squelettes qui y passaient parfois, plus simplement lors de quelques moments de répits ou la mine nous laissait un peu d'énergie encore pour jouer à cache-cache. Mais la partie haute m'était totalement inconnue. Elle était le domaine de l'autre "village", de ceux qui tiraient les wagonnets d'en haut pour ... je ne m'étais jamais posée la question en fait, "pour en faire quoi ensuite ?" et je ne me la posais alors qu'un bref instant et la rejetait comme sans importance en l'état actuel des choses.

A gauche. quelques foulées encore avant d'atteindre la galerie montante. tourner ...
Mon premier geste avant de crier est de plaquer ma main sur les yeux du gamin. La pente glissante, la glaise rayée de traces de sabots, les rails patinés par les passages des roues et quatre, peut être cinq ou six corps de satyres qui ont du avoir le malheur de déraper, de glisser, et que leurs propres frères, amis ou voisins ont piétinés sans même sans doute s'en rendre compte dans la folie de liberté qui s'était emparé du clan. Puis le crie est resté bloqué loin dans ma gorge, à peine un râle, un couinement de rat quand on lui marche dessus.
Prendre le gosse sous le bras. Le soulever de terre pour que ses sabots ne foulent pas les restes, ce mélange de visages écrasés et de terre humide. Enjamber a son tour les corps aux membres tordus. Sans une larme. Ne surtout pas chercher a reconnaître les visages. Simplement passer en faisant semblant de ne rien voir. Et enfin reprendre l'ascension ... Courir vers cet espace que l'on m'avait tant conté, vers cette lumière et cet aire frais symbole de liberté.
Je redéposais le gamin au sol et le tirait vers l'avant pour lui ôter l'idée de regarder derrière lui. Derrière c'était loin maintenant, c'était hier et demain allait s'ouvrir à nous dans quelques foulées.
Comme si cela n'avait pas suffit. La cohue, la précipitation, les torchères arrachées au passage ou soufflées comme de simples chandelles, les Satyres qui m'avaient précédés s'étaient ruées comme des fous vers la sorties.
Mais nos geôliers devaient avoir prévu cette possibilité, un jour. Au détour du dernier virage avant la galerie menant à l'extérieur une rangée de pieux effilés avaient été plantés dans le sol, presque horizontalement, la pointe en avant vers la galerie, cachés par l'obscurité du tournant.
Cette fois ci je n'eut pas le réflexe de masquer les yeux de mon compagnons de fuite. En fait je crois que s'il n'avait pas hurlé et tirer en arrière me serais je aussi empalée sur les pointes. Mes sabots glissèrent sur le sol entraînant mes jambes en avant alors que le gamin me tirait vers l'arrière. Je m'affalais de tout mon long dans la boue. Dans une terre gorgée de liquide gras et poisseux. Poussière, terre et sang mêlés.
La tête rejetée en arrière dans un ultime rictus de douleur, Cobalt le puissant chef du Clan me regardait avec ses yeux révulsés. Les bras a demi écartés et la pointe de bois brûlée ressortant dans son dos.
Une vague et trop pale lumière descendait pour éclairer d'une lueur fantomatique les figures aux bouches ouvertes ou crispées, les têtes pendantes au bout de cous étrangement cassés, les viscères dégoulinant, visqueux, des torses éventrés.
Vingt, trente ... je ne pouvais compter combien s'étaient ainsi empalés sur les pieux cachés. Sans doute n'en seraient-ils morts que quelques uns dans une fuite organisée mais au souvenir des corps piétinés quelques galeries plus bas j'imaginais sans peine la scène. La bousculade, la course effrénée, les premiers à heurter de plein fouet les pointes et hurlant de douleur, les suivants essayant de freiner et la cohorte du clan lancée à pleine allure vers la ... liberté ... poussant les suivants sur les pieux ... et ainsi de suite jusqu'à ce que ces quelques secondes de mort ce soient écoulés, jusqu'à ce que la meute folle comprenne dans un éclair de lucidité, freine ... cesse de pousser ...
Nous sommes resté là, prostrés, durant un temps infini. Moi le visage dans la boue rouge, lui a genoux n'osant plus crier, n'arrivant pas à pleurer, le menton pendant et les yeux écarquillés.
J'ai détaillé chacun des visages de ceux empalés de face dont la tête pendait en arrière. De ceux empalés de dos qui y avaient été projeté par la foule.
Ylina, Phryst, Teloum, Alanielle, Cobalt, le petit "Tête de Pioche" comme l'appelait sa mère, Soulihian dans les bras de qui j'avais dormi enfant, ... je pourrais citer encore chaque nom car je revois chacun de ces visages, ici, maintenant.

* Cybèle eut un hoquet et une nouvelle larme glissa le long de sa joue pour venir s'écraser sur la dernière phrase faisant une tâche brunâtre. Elle regarda la page de vélin ou sa main avait dessiné ces étranges arabesques, ces "mots" qui faisaient ressurgir comme un volcan entrant en éruption tous ses souvenirs.
Sa tâche était maintenant presque accomplie. Encore un peu d'encre sur du parchemin et elle aurait vidée sa mémoire de ce pue infâme qui pourrissait ses nuits et transformaient ses rêves en immondes cauchemars. Encore un peu de temps, d'encre et de parchemin se dit elle ...
Encore un peu de temps ...

Elle roula soigneusement le papier tissé dans le tube de cuir, serra la cordelette du capuchon de tissu huilé puis planta le tube a demi dans le sol. Elle ressortit la tablette d'ardoise de son sac et défit le linge et la posa devant le tube, contre l'arbre.
Le Seigneur Dragon saurait le trouver et comprendre qu'elle devait terminer son ouvrage avant d'aller en quête des origines de ses croyances. *
* Cybèle repartit vers Dryart. La plage de sable fin. Les couleurs ocres du soir et les vagues de chaleur remontant du sol vous réchauffaient alors que la nuit tombait accompagnée de sa fraîcheur nocturne. Le bruit du ressac et des vagues venant mourir inlassablement à ses pieds. Tout cela concourrait a la laisser rêveuse, les sabots enfouis dans la dune, la petite tablette de bois sur les genoux la plume qui semblait douée d'une vie propre, mue simplement par la brise qui poussait sur sa barbe blanche ou par la main qui transmettait les impulsions magiques sur le vélin. *

* Bientôt. Bientôt cela sera terminé et alors commencera la vraie vie. Encore un effort petite plume, il nous reste encore une tâche a terminer ... Allons file, trace, dessine et guide ma main encore une fois ... *


" ... Nous sommes resté là, prostrés, durant un temps infini. Moi le visage dans la boue rouge, le gamin a genoux n'osant plus crier, n'arrivant pas à pleurer, le menton pendant et les yeux écarquillés.
J'ai détaillé chacun des visages de ceux empalés de face dont la tête pendait en arrière. De ceux empalés de dos qui y avaient été projeté par la foule.
Ylina, Phryst, Teloum, Alanielle, Cobalt, le petit "Tête de Pioche" comme l'appelait sa mère, Soulihian dans les bras de qui j'avais dormi enfant, ... je pourrais citer encore chaque nom car je revois chacun de ces visages, ici, maintenant ...

Sans doute est-ce le grondement qui me sortit de ma stupéfaction et de l'apathie qui m'avait frappée. Le grondement sourd et la vibration qui l'accompagnait.
Ces chocs sourds, ce flux d'onde comme un long frisson qui pulsait dans le sol et remontait le long de mon corps pour le faire vibrer et me faire claquer des dents.
Je me décidais enfin a me relever. J'étais dans un épais nuage de coton mais quelque chose m'ordonnait de me lever. De sortir. De prendre le gamin et enfin de voir ce qu'était le monde du ... dehors.
Je n'ai pas souvenir d'avoir même essayé d'ôter la boue maculée de sang qui me couvrait, de ces moments je garde le souvenir de la petite main dans la mienne qui était si chaude. Si chaude ...
Nous avons essayé de contourné les pieux ou gisaient nos pairs mais cela était impossible. Trop serrés, trop de cadavres nous barraient la route, alors nous avons rampés en dessous. A plat ventre dans la fange putride qui commençait a empester la mort nous avons rampé. contournant les pieux ou les pattes pendantes puis, une fois de l'autre côtés, une fois relevé, nous nous sommes retournés pour leur dire au revoir, peut être, ou simplement pour voir une dernière fois ces visages qui représentaient à la fois notre clan, notre passé et la jonction avec notre avenir.
Nous remontions lentement la pente de la dernière galerie quand mon sabot heurta un morceau de métal. Une hache de bataille. Enorme. Je m'en saisit sans trop savoir pourquoi en fait. Elle était lourde, trop sans doute pour moi, mais le contact du métal et l'image de l'arme me rassurait.
A une ou deux reprise des bruits étranges, de ces cliquetis macabres que faisaient les squelettes nous forcèrent a nous plaquer dans l'ombre le long de la paroi. Mais rien ... personne.

La première chose qui me frappa, qui reste encore et a jamais gravé dans ma mémoire est une odeur. Une brise fraîche, des senteurs d'herbe, de pollens et de mille autres odeurs que portait la brise de la nuit.
Nous sommes sortis de la galerie sans rencontrer qui ou quoi que ce fut.
Au dehors les étoiles brillaient sur une nuit claire. Au loin des feux brûlaient lançant des halos jaune au ciel et faisant naître des fantômes éphémères des arbres tordus de la zone corrompue.
Tout était étrangement calme. nous sommes resté ainsi blottis l'un contre l'autre pendant plusieurs heures à regarder la voûte étoilée, a épier les bruits des rongeurs, le vol d'un oiseau de nuit ou d'autres bruits que je n'arrivais pas à définir. Assis et blottis, comme deux idiots, à la porte de leur geôle, ne sachant en fait quoi faire de cette "liberté" nouvelle. Etre "libre" quand on est née esclave qu'est-ce en fait ?

La suite des évènements s'enchaîna trop brusquement.
Passant d'un état léthargique à une subite accélération qui me fit suivre les choses comme un bateau sans voile porté par un courant capricieux.
A nouveau la terre se mit a trembler. Une sorte de "cavalcade" désordonnée résonnait en échos sourds et vibrants. Puis vinrent ces mugissements, ces cris fantomatiques qu'accompagnaient le bruit métallique d'armes ou d'armures d'une armée en mouvement. Les bruits semblaient venir de nul part et de partout a la fois. quelque chose changeait dans l'air. quelque chose d'imperceptible et qui pourtant me remplissait d'angoisse.
Le son d'une corne hurlante et un cri puissant me firent sursauter. La voix si elle était lointaine n'en sonnait pas moins claire.

" Chaaaargeeeeeeeez ! "

Je me levais d'un bond. Attrapant le gamin entre mes bras j'hésitais un instant sur la direction vers laquelle courir. Mon coeur battait la chamade et pulsait en cadences sourdes à mes oreilles. Je n'arrivais plus a respirer.
Mes yeux furent attirés vers le ciel. Il devenait plus clair mais ce n'est pas cela qui d'abord me frappa mais une ombre gigantesque et monstrueuse qui passait au dessus de moi. J'écarquillais les yeux pour m'apercevoir que ce n'était pas une seule forme mais plutôt des centaines de formes ailées et immenses qui passaient au dessus de nous en rangs serrés. Je sais aujourd'hui ce que sont les Dragons mais c'était là la première fois que j'en voyais et je vis plus là, alors, un présage effrayant.
C'est a ce moment là, je crois, que le temps s'est emballé, que les évènements se sont précipités dans un désordre et un chaos indescriptible, tout du moins pour moi. Mes souvenirs ne sont plus que des images nettes ou floues ponctués de sensations.
Je me souviens avoir regardé l'horizon. Mes yeux y étaient attirés comme l'éphémère vers la lumière ...
La lumière ...
Le jour se levait ...
Vision sublime que ce halo doré orné de couronnes de feu et des couleurs naissantes du monde pour des yeux qui ne l'avait jamais effleuré.
Le premier rayon de soleil apparu crevant la toile de la nuit et se courbant pour soulever l'aube.
Puis la douleur ...
Atroce brûlure sur des pupilles que la vie depuis la naissance avait contrainte a la noirceur des tunnels.
J'avais beau fermé les yeux la lumière trop forte perçait mes paupières comme autant de dards chauffés a blanc. Comme de longs poignards qu'un Dieu Fou se serait amusé a me vriller dans les yeux.

J'entendis juste le gosse hurler de douleur. Une main plaquée sur mes yeux. Les dents serrés. Je l'empoignait et tentait de reculer vers la nuit salvatrice du tunnel. Mon sabot heurta une pierre et je basculais en arrière. Me relevant je repris ma retraite puis ce fut le choc.
Quelque chose me heurta si violemment que je fut projetée sur le coté. Je crois bien alors que je perdis connaissance car je me réveillais posé comme un vulgaire sac de patates sur l'épaule d'un géant. Les yeux toujours fermé, sentant toujours la cruelle lumière s'infiltrer à travers mes paupières closes.
Il me ballotta ainsi de longues minutes. Parfois son pas s'accélérait, parfois il ralentissait ou s'arrêtait. Tournait sur lui même pour regarder je ne sais quoi derrière lui puis reprenait sa route après avoir réajuster le "sac" que j'étais sur son épaule.
Je m'étais attendue a être jeté au sol a un moment ou à un autre mais il m'y déposa avec précaution. Dans une zone suffisamment bien ombragée pour que mes yeux ne subissent plus l'affreuse brûlure. La peur vissée au ventre je n'osais plus bouger et me laissait poser sans réagir. Il me secoua un peu par l'épaule, sembla hésiter puis me mit se qu'il supposait sûrement être une petite claque mais qui faillit bien m'assommer pour le coup. Il marmonna quelque chose puis son pas s'éloigna rapidement.
Quelques secondes encore et je me risquais a entrouvrir les paupières, tout autant effrayée a l'idée d'affronter de nouveau la trop vive clarté que de voir le visage du géant que j'avais supposé être un sbire des maléfiques.
La lumière filtrée par le feuillage de l'arbre, était devenue assez douce. Plus de géant à l'horizon. Plus de mines. Plus de ...
Je me levais alors d'un bond. Le gosse ? je tournais sur moi même à la recherche d'un indice et puis, contournant l'arbre je vis une forme sous une épaisse couverture de laine le recouvrant tout entier. Je m'approchais et retirais doucement la couverture. C'était lui. Il souriait étrangement et ses yeux étaient si fixes ... J'ôtais le reste de ce qui le couvrait pour vérifier ce que je redoutais. Sa chemise de lin couverte de sang a demi séché était déchirée la ou un carreaux d'arbalète avait du se ficher. Je posais ma main doucement sur son visage et, sans qu'une larme ne veuille coulée malgré ma gorge serrée lui dit au revoir et qu'il serait bien à présent, sous le vert feuillage de Bachan.
Je n'avais même pas eu le temps de lui demander son nom.

L'esprit complètement embrouillé par tant de chose, cette ... "liberté", ce paysage qui s'ouvrait devant moi au fur et a mesure que mes yeux s'accoutumaient à la lumière, cet air, ces odeurs, ... tout cela était trop et m'assaillait avec tant de force que je titubais, me pris la tête entre les mains pour essayer de retrouver un peu de calme et essayer de faire le point. tout simplement essayer de comprendre, plus simplement de savoir ce que j'allais faire a présent.
Je restais ainsi de longues minutes sans pour autant trouver d'explication à quoi que ce soit, pas plus que de but ou d'une idée de ce que je devais faire.
J'en étais encore à ces réflexions quand les bruits de bataille refirent surface. Faibles d'abord puis grandissant à chaque instant. Fracas d'arme et d'armure, sifflement de corde, de carreaux et de flèche. Je sortais de ma rêverie pour en chercher la provenance et, la curiosité poussant je remontait la petite colline derrière laquelle semblait venir ces bruits. Arriver en haut je m'accroupis dans les hautes herbes et, le coeur pris entre la peur et l'excitation restait un longs moments a contempler les yeux écarquillés la scène qui se déroulait a présent à quelques centaines de mètre en contrebas.

Du haut des monts de l'Ouest se déversaient dans la plaine des vagues grouillantes de formes squelettiques et brinquebalantes, d'animaux étranges, de zombies oubliant parfois sur le chemin un pied ou un morceau de main, au dessus flottaient des formes fantomatiques hurlant des sons qui se répercutaient sur les pentes pour venir vous arracher les tympans.
Plus bas au creux de la vallée montaient une tout aussi étrange cohorte formée aux premiers rangs par des demi-géants et aux côtés desquels couraient des plus petits. Des nains sans doute de ce que je pouvais me souvenirs des histoires que les Satyrs se racontaient. Les puissants géants et les farouches guerriers nains montant côtes à côtes a l'assaut des troupes infâmes.
Derrière eux, à peine visible dans les hautes herbes ou ils se fondaient des groupes d'Elfes laissaient échapper de leurs arcs des volées de flèches meurtrières qui élaguait les premiers rangs adverses avec précisions et à leurs côtés des humains et des hommes a peau bleu, bien qu'il fut difficile à cette distance de tous les différencier s'avançaient en groupe hache ou épée a la main.
Plus en contrebas encore était une bizarre sarabande d'être de toutes tailles et couleurs, la plupart ne portant comme arme qu'un bâton d'ou jaillissait par moment de longues zébrures bleu, rouge ou sombre ... Des Magiciens ! et sur les flancs de collines d'autres petits êtres armaient des catapultes, des balistes et autres engins mécaniques qui projetaient leur mortels projectiles dans les rangs de l'Aegis.

Cette fois ci je me levais pour embrasser du regard l'étendu de la bataille qui se déroulait là, sous mes yeux encore éblouis par la lumière. J'avais presque envie de rire ou de frapper dans mes mains pour encourager ces êtres de toutes les races qui s'étaient assemblée dans un même élan pour combattre l'infâme et putride légion.
Je souriais toujours béatement quand le sombre nuage refit son apparition. Arrivant par dessus la colline voisine les centaines de formes ailées dépassèrent par les airs les troupes en mouvement et fondirent comme un furieux animal sur l'ennemi moribond.

"Des Dragons !! " ais-je du crier alors en plaquant mes mains sur mon visage de surprise et de la peur encore sourde de leur première apparition dans le ciel nocturne.

Les troupes ennemis se heurtèrent de plein fouet, s'entremêlant, s'enchevêtrant et laissant le fer parler au fer. Des halos de couleurs fusaient en tout sens et, dans le fouillis inextricable qui s'en suivit je ne sais quelle idée folle me vint alors de descendre pour ... je ne savais en fait ... me battre, regarder peut être tout simplement, ramasser un bout de lance ou de hache et empaler comme l'avaient été mes pairs un de ces infamant être qui nous avaient forcé a vivre au fond d'un trou puant ...
Je descendais a vive allure la pente. Mes sabots claquaient par moment sur des rochers que les herbes masquaient à ma vue, je me tordis sans doute la cheville mais la douleur passagère n'était plus rien comparée a la frénésie et cette envie d'en découdre à mon tour ...
Arrivée au bas de la pente je contournais la masse pour me diriger vers le flanc Sud ou quelques guerriers semblaient avoir du mal a contenir une percée. Je jubilais, une espèce de folie s'emparait de moi et me rendait complètement inconsciente du danger. J'avisais un squelette qui s'approchait par le côtés d'un nain au prise avec plusieurs adversaires et, dans un élan de folie furieuse me jetais sur lui cornes en avant et le frappais de plein fouet. Le squelette, trop lent et sans doute surpris chuta brutalement au sol.
Les poings sur les hanches je regardais mon ouvrage avec une jubilation sans commune mesure et, lors que je m'apprêtais a en chargez un second j'eu la stupeur de le voir se relever, tanguant sur ses "os", le bras droit en pièces détachées au sol. Sans sembler être gêné outre mesure par ce membre manquant il ramassa son épée de la main gauche et revint vers moi a grand pas.
J'évitais aisément la première attaque, la seconde de même passa bien loin de moi, je me sentais alors invincible, je crois qu'a ce moment là je me sentais si puissante que je crois que j'avais envie de chargez toute l'armée adverse d'un seul coup et que je me sentais capable de la défaire a moi seule ... Petite sotte ...
Le coup suivant se fraya un chemin dans les chairs de mon bras et la fulgurante douleur me ramena rapidement à la réalité. Je reculais instinctivement, tentant d'esquiver un a un les coups de plus en plus rapide que le sac d'os me portait. Un nouveau coup passa si prêt de mon visage que l'odeur même du métal et du sang me parvint. Je reculais encore et toujours commençant a espérer qu'un guerrier me verrait en péril et viendrait me secourir mais en vain, tous étaient trop prit dans la bataille pour voir la frêle gamine au prise avec le revenant.
Un pas de plus en arrière et je heurtais un monticule de terre sur lequel je tombais tout net assise. je regardais avec effroi la lame sombre se lever au dessus de ma tête quand ma main, tâtonnant sur le sol rencontra la hampe d'une hache de bataille. Rassemblant toute mes forces je n'eu que le temps de lever en fermant les yeux avant pour entendre et sentir le choc des deux morceaux d'acier.
Se relever ... Parer un coup ... La hache pesait si lourd ... parer a nouveau ... reculer encore ...
Le dernier coup d'épée mes bras refusèrent de soulever la trop lourde hache et je sentis a la lame transpercer mon ventre, creuser son passage avec avidité puis éclater de joie a mon cri de douleur quand elle ressortie dans mon dos.
Ma vue se brouilla. Tout devint si sombre, si froid ... Je me souviens encore avoir eu cette seule pensée "J'espère que tu m'attends Maman. Je suis morte en Satyre libre ... maman"

Je me suis éveillé au milieu d'un pré d'herbe grasse.
Étrange cauchemar.
Comment étais je arrivée en ce lieux ?
Je me suis assis pour regarder autour de moi. Le soleil me faisait encore un peu mal aux yeux et la tête me tournait toujours.
Après quelques longues inspirations. Après avoir à loisir contempler le sol, les herbes, les arbres plus loin, les nuages dans le ciel, un oiseau cherchant quelques vers, la nature tout entière dans ce quelle détient de beauté sublime pour les yeux qui prennent le temps de comprendre et d'appréhender une liberté encore inconnue et puis j'ai voulue me lever. J'ai posé mes mains au sol pour m'y appuyer et ma main droite à senti un contact dur et froid comme l'acier.
L'acier d'un hache.

Je n'avais pas rêvé ...

Le Gardien est apparu devant moi alors que je commençais a marcher sans savoir ou aller vraiment, en traînant la lourde hache derrière moi comme le trophée ramené d'un souvenir.
Il m'a expliqué que j'avais le Don. Je n'ai vraiment compris que bien plus tard que pendant un temps indéterminé aucune arme forgée sur cette terre ne pourrait me terrasser.
Que ferais je de ce don ? et pourquoi moi ? Il ne m'avait dit que cela avant de disparaître.
Ma propre quête pouvait désormais commencer ...

* Cybèle releva la tête pour voir l'aube se lever doucement. Une nuit avait passée. Une nuit encore et voila qu'enfin elle ressentait cette liberté au fond d'elle même.
Si jusqu'à ce jour elle n'avait su le pourquoi elle était là cette conscience s'éveillait maintenant.
Aider et secourir les vivants. Vivre libre et se battre pour cette liberté. Offrir ici et toujours un sourire et une main tendue ...

A cette dernière image elle laissa s'épanouir son sourire. Un poids énorme venait de disparaitre de son coeur. Elle roula le parchemin et, tout en marchant vers Chiconis pour aller déposer le rouleau en haut de la colline du Seigneur Dragon elle murmura en ragardant les nuages filer vers l'Est :


J'espère que tu n'es pas loin maman ...
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