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Voilà, pour ceux qui cela interesse, un compte rendu de la manif anti-WEF qui à eu lieu en Suisse le 24 janvier.
Edit: Le WEF, ou World Economical Forum, est un sommet qui réunit les plus grandes fortunes et des chefs d'etat pour discuter "affaire" et politique. Les résultats de ce forums ont toujours été des accords sur la privatisation, la consomation et l'exploitation. Bref, un rendez-vous mondain de Global-leaders pour un monde plus riche, mais avec chaque jour moins de riche.
Le réveille sonne, il est 5h45. C’est tôt pour un samedi matin, mais la motivation ne manque pas. Je me lève, m’habille, déjeune ce que mon ventre peut accepter si tôt, prend mes affaires et départ pour la gare Cornavin.
Arrivé la-bas, des militants sont déjà là, dans le hall. De plus en plus de monde afflue (pour une trentaine de personnes au final) , les gens discutent et se mettent finalement en route pour prendre le train de 7h44 direction Zurich.
L’ambiance est bonne et tous se réjouissent de la manifestation mais personne ne sait s’il vaut mieux aller à Lanquart ou à Coire. De ville en ville, de plus en plus de monde arrive. Enfin, le train arrive gare de Zurich et on nous annonce que sont mis à disposition 2 trains : Un premier qui s’arrête à Lanquart et continue sur Coire, un second qui va directement à Coire.
Dans la gare de Zurich HB, il y a déjà environ 400 personnes qui se suivent en musique et, comme on pouvait le penser, prennent tous le même train (celui s’arrêtant à Lanquart). Le train est petit et bondé, les gens sont debout dans les couloirs et entre les wagons.
Après deux heures de trajet, nous approchons de Lanquart et certains craignent un blocage du train par les Révolutionnaires Aufbau pour forcer les gens à tous manifester à Davos.
En gare de Lanquart, les personnes ayant décidés d’y manifester descendent mais il y a beaucoup d’hésitation : La gare est vide, trop vide et cela ressemble à un piège de la police.
Finalement, tout le monde remonte dans le train et repartent direction Coire.
Lorsque la manifestation de Coire commence, il y a environ 1500 personnes. Les gens défilent dans la ville trop petite, et tournent en rond pour rallonger la manif. La police est présente mais se comporte bien : Elle ne réagit pas aux boules de neige et encadre la manif. Au final, de la peinture à été jetée contre des banques, une vitrine a été brisée et quelques tags fait. Bref, le bilan des dégâts est faible pour ce type de manifestation.
Pourtant, la manifestation ayant été très courte, beaucoup veulent la continuer à Zurich et environ 400 personnes reprennent un premier train de 15h16 direction Zurich.
Il y a des touristes et des manifestants. Au départ, le train est stoppé 3 fois par la sonnette d’alarme et met du temps à démarrer : Personne ne comprend pourquoi l’on tire le frein d’urgence.
Le train arrive à Lanquart et beaucoup se préparent à descendre, j’interroge un militant : « Nous allons bloquer le train par solidarité avec des camarades retenu à Davos par la police ».
Le frein d’urgence est tiré lorsque le train repart de Lanquart et tous descendent sur le quai. Etonnement, la voie est déjà bloquée par de lourdes barrières (socle en béton, chaînes, grillages,… ). On peut se demander si la voie a été obstruée au moment ou le train s’est arrêté ou si elle l’était déjà avant l’arrivée du train, par la police qui avait déjà prévu de nous bloquer…
Les gens attendent dans la gare que la situation se débloque mais rien de bouge : Des annonces sont faite pour expliquer que la gare sera bloquée tant que les camarades dans le train de Davos ne seront pas relâchés et la zone est totalement encerclée par la police (grillages, cannons à eau, anti-émeutes).
Des pierres sont lancées, les cannons à eau répliquent, des nazis provoquent en criant des slogans de l’autre coté des grillages et reçoivent des pierres… Bref, l’on trouve de quoi s’occuper dans la gare.
Environ deux heures après, la police commence à remonter du bas de la gare, et personne ne comprend leurs objectifs : Notre enclos est de plus en plus petit. Les anti-émeutes remontent les trains, des lacrymogènes sont tirés et les gens jetés du train, la police veut visiblement que nous sortions du train qui a été tagué.
Pour éviter une confrontation violente, les manifestants s’assoient sur le quai en se tenant parmi et attendent la charge de la police (qui se rapproche de plus en plus).
Tout s’accélère : Des lacrymogènes sont tirés, des balles en caoutchouc fusent et l’on voit surgir derrière nous des policiers genevois en pleine charge qui commence à tabasser des gens assis. C’est la panique générale, personne ne comprend ce que veut la police (qui n’a fait aucune annonce, ni sommation) . Les plus expérimentés crient de rester assis pour éviter l’escalade (on pense que la police veut nous arrêter sur place puisqu’elle ne nous a rien dit) mais rien n’y fait, la police tabasse et les gaz ont raison du calme des plus courageux. L’on aperçoit enfin qu’une ouverture à été faite par les anti-émeutes et tous s’y ruent pour éviter la police en charge. Des gens trébuchent dans la neige, s’effondrent et doivent être porté car ils ne peuvent plus avancer à cause des nombreux gaz CS lancés et des balles en caoutchouc tirées.
On arrive enfin sur une petite place encerclée par la police : Un enclos plus facile à maîtriser.
Des manifestants sont blessés et la police nous sommes de rester calme.
Après une longue attente, on nous informe que des contrôles d’identités vont avoir lieu ainsi que des fouilles : Impossible de refuser vu la situation dans laquelle nous nous trouvons. Les journalistes peuvent quitter les lieux (pour mieux abuser de la force sans médiatisation possible ?). Cinq par cinq, nous devons nous présenter aux contrôles.
Impossible de s’approcher de le police sans jet d’eau ou de bombe au poivre immédiat, nous restons des heures dans cette enclos en attendant les contrôles qui sont extrêmement longs. Enfin, je suis emmené par la police pour procéder aux contrôles (chaque personne est escortée par un policier) : On nous menotte à l’aide de circlets en plastiques qui sont très douloureux car trop serrés (impossible de le faire comprendre à la police qui ne veut rien savoir), on nous emmènent dans un parking souterrain réquisitionné, interroge, fiche notre identité, fouille et confisque une partie de nos affaires (canif, lunettes, masques, etc.)
Certains sont insultés ou menacé (« Viens par la sale garce ou je te défonce la tronche salope », « On va te régler ton compte et tu t’en sortira pas », etc.) et nous sommes finalement parqué dans une zone entourée par la police ou nous attendons d’être escorté vers une autre cage.
Nous attendons dans notre nouvel enclos à l’air libre que le train arrive, on nous pousse ensuite dans la rampe du quai de la gare ou nous attendons encore, debout et serré dans le froid, environs 30 minutes jusqu'à que le train soit prêt.
Enfin, nous prenons, exténué, le train qui se dirige vers Zurich avec environ 50 militants (la manif a été divisée en plusieurs trains qui ont quelques heures d’intervalle pour éviter une émeute à Zurich).
Nous arrivons a prendre de justesse de dernier train pour Berne où nous apprenons que des fascistes ont agressé des manifestants rentrant de Lanquart, sous les yeux de la police qui n’a pas réagit.
Nous finissons la nuit à la Reitschule à Berne car la police fait la chasse aux manifestants en ville et des fascistes rôdent. Enfin, nous reprennons le train pour Fribourg-Lausanne-Genève de 4h26 ou nous arrivons à Genève à 7h15, fatigué, maltraité, humilié après une longue journée de plus de 25 heures.
Dans le rétro scope, il apparaît que la police qui a enfermé au froid et sans explication pendant de nombreuses heures, tabassé, fiché, et fait usage de leurs armes anti-émeutes de manière totalement disproportionné cherchait une chose : Casser le mouvement, dégoûter les gens de revenir à des manifestations qui, pour avoir manifesté pacifiquement à Coire, ont dû payer chère leur tentative d’exprimer leur désaccord de manière démocratique.
Le pire pour moi, est peut être que personne ne dénoncera cela. Les médias se contentent de suivre ce que l'Etat leur dit de dire et peu seront vraiment l'ampleur qu'a pris la répression policière pendant cette manifestation.
Edit:
Voila une video (au milieu de la page) faite par un média-activiste pendant une partie de la charge policière. Ne l'enregistrez pas (ca ne fonctionne pas) mais ouvrez-la dans les fichiers temporaire (en cliquant simplement sur le lien), elle fonctionne avec realplayer
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