(Post écrit par Moera Ar Ker Is)
Moera était absente depuis plusieurs jours, on avait à peine pu noter sa présence passagère de temps à autres à la défense du fort du val de Béryl... La dernière conversation qu'elle eut tenue l'avait montrée fort inquiète et apeurée par l'assiduité de l'incube Nahasaliarii... elle semblait perdue et paniquée.
Elle s'était alors comme recroquevillée sur elle-même, se cachant peut-être, cherchant une force intérieure pour surmonter cela, sûrement ... Elle s'était alors éloignée, s'exilant dans ces lieux où elle savait se sentir protégée, de par son entraînement d'éclaireuse tout d'abord, de par ses souvenirs d'enfant en la grande forêt du Menez Hom près de Kemper ensuite, mais aussi de part son éducation et ses croyances, qu'elle avait mitigées et amoindries trop longtemps afin de se faire accepter et reconnaître, elle la métisse, élevée dans les secrets de la Nature et la Grace de la Déesse Dana, Mêre de toute vie... Elle était partie renouer avec Ses enfants féeriques : communier avec les forces élémentales, écouter la complainte des esprits aériens, le chant des naïades se baignant en leur sources, les récits des sylphes centenaires et mères dryades, danser autour des pierres levées avec le Petit Peuple, ressentir la chaude caresse réconfortante de Lugh perçant au travers du feuillages par milles bras et recevoir les conseils silencieux de Nuada en contemplant sa ronde lueur au dessus d'une clairière...
Elle s'était tout d'abord dirigée vers les monts ténébreux où elle savait pouvoir trouver un cercle de pierre comme un grand chêne majestueux ... mais elle ne perçut rien ... l'aigreur des druides et filidh renégats occupants les lieux ainsi que la proximité d'une tour de garde en avait chassé toute magie pure, le lieu était corrompu ...
Elle alla alors chercher en Forêt de Campacorentin, dense et épaisse, où elle savait se situer de petites clairières abritant quelques dryades, mais là encore les lieux lui parurent vides de tout Bien, hantés par des druides morts vivants, occupés par des gobelins haineux et des ogres... elle alla plus loin , vert Keltoi Fogou où se tiennent dressée quelques pierres en une clairière mais elle n'y découvrit que l'abjection d'un être maléfique ayant des esprit pour laquais ...
Elle parti alors en forêt sauvage, pensant les lieux épargnés de cette haine destructrice, mais là encore, la fureur des combats avait fait dépérir ou fuir tout être d'harmonie ...
Moera désespérée de trouver un lieu épargné en l'île des forts marcha longtemps, jusqu'à se trouver en lisière d'une forêt inconnue... elle y pénétra avec un dernier espoir détaillant tout ce qui passait à portée de son regard, les sens en alerte. Un bruissement a peine audible attira son attention, elle se précipita vers le lieu et découvrit derrière un fourré une chose qu'elle n'avait plus vue depuis son arrivée en ce royaume : là, à terre, une feuille sèche recourbée, maintenue en forme de chapeau par un lien d'herbes tressées, le couvre-chef d'un Kornikaned... elle pivota sur elle-même, fouillant du regard, puis s'approcha de la racine aérienne de l'arbre qu'elle venait de dépasser en se précipitant ici . Cette racine présentait de fines ciselures, trop petite pour être faites par un outil humain, et donnant a cette racine la forme inachevée d'un cerf aux bois majestueux : l'oeuvre du petit féetaud qu'elle venait de déranger...
Moera se sentie envahit d'un bien être indescriptible, elle avait enfin trouvé, elle était maintenant calme et apaisée, emprunte d'une sorte de résignation sage ... Il ne lui restait plus qu'à s'enfoncer plus avant afin de gagner le coeur de cette foret et y trouver l'esprit qui en avait la tutelle ...
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