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Laisse moi te conter, petit homme, une légende de mon pays. Cette histoire est née il y a fort longtemps en Shézaël, au cœur du désert. Il y a plusieurs opinions face à ce qui s’est réellement passé… et puis peut-être n’est ce que conte pour amuser petits et grands… mais mon peuple est si superstitieux…
Shezaël
Tu ne connais pas mon pays, petit. Alors laisse moi te dire que Shezaël est terre hostile. C’est une terre qui se dit unifiée par l’Empire, son centre étant en la cité de Jhade, la Capitale. Et bien au-dessus, parfois masqué des nuages, flotte la divine cité Tentou; Son nom même signifie "Justice Divine"… Oui elle vole enfant. Tu ne me crois pas? Libre à toi, mais laisse moi ajouter qu’en cette cité vit le peuple ailé, surnommé les "Shiro Fenikkusu", les Blancs Phoenix. Cette cité est le bastion de la religion sur Shezaël. Sa puissance divine n’a nulle pareille. Et la force militaire de la Capitale en dessous fait de leur alliance une force à prime abord invincible! Mais des peuples échappent à cette influence, de par la distance et l’hostilité du terrain… ou du peuple. Le désert de Sunayama fait partie de ces terres lointaines, où le vent et ses esprits sont maîtres. Là-bas vit un peuple, au teint basané, aux cheveux roux ou dorés et aux yeux reflétant les couleurs apaisantes des oasis, du vert au bleu, parfois même un peu ambré, rappelant le sable couvrant l’immensité de leur terre. Ce peuple ne croit nullement en la suprématie de la religion lumière de l’Empire. Pour eux, chaque esprit est égal et maître en son élément. Ainsi s’accordent les cinq esprits élémentaires que sont l’eau, le feu, le vent, la terre et le bois. En la cité marchande du désert, Sabaku, ont entend de plus parler de Kinzoku, le dieu du métal et de l’intelligence… la guerre commence à prendre son influence même au cœur des croyances des hommes…
Oui la guerre, enfant. Shezaël est constamment en guerre. Non pas avec les royaumes frontaliers, mais en elle-même. Car au "Shiro Fenikkusu" s’opposent les "Kuro Fenikkusu", les Noirs Phoenix. Entre les murs de leur citadelle volante, au cœur des ombres des Monts Hikage, ils ne cessent de penser, de préparer leur vengeance. Car c’est l’ère des ténèbres qu’ils désirent voir tomber sur le royaume. Ce sont des savants fous, des mages qui dépassent les limites du permis. Leurs travaux ne sont pas acceptés, ni de l’église ni de l’autorité royale, leurs recherches lugubres et immorales bannies du royaume. Mais leur puissance n’en est que plus terrible et à eux seuls, ils tiennent l’Empire et ses alliés occupés à longueur d’année… ce qui rend difficile pour l’Empire de contrôler les autres problèmes au sein du pays.
Esprits du désert
Je ne vais pas t’accabler plus longtemps de politique, petit homme. Je sais ce que tu désires entendre. Je t’ai dit que cette histoire prenait ses racines du désert… alors c’est de son peuple dont je te parlerais.
Fort travaillant et respectueux des croyances ancestrales, le "Peuple des Dunes" est parfois un mystère pour les peuples nordiques. Pourtant leur vie est simple, ci ce n’est de ceux qui ont désiré s’impliquer dans le commerce, le désert étant riche en produits rares, telles des plantes médicinales et des pierres de grande beauté, prisée par la noblesse et la classe bourgeoise des grandes villes. Mais tous ne vivent pas de commerce. Plusieurs familles, jointes depuis des temps immémoriaux, forment des clans, décimés ici et là à travers le désert, regroupés près des oasis ou des formations rocheuses que le vent n’a pas encore mit à terre ou transformé en sable et poussière. En chaque clan se trouve un chef spirituel, le seishin te’kishidousha, un que l’ont dit capable de communiquer véritablement avec les esprits du désert; Car tous peuvent les entendre et leur parler, mais peu savent se faire écouter de ses esprits turbulents et frivoles. De ces maîtres spirituels, un se démarquait des autres. De forte stature, la chevelure rousse typique de son peuple et un regard bleu-grisé, comme les brumes, qui jamais ne se lèveront sur les dunes pourtant. Il avait pour nom Yogensh, et sa parole était divine, car les esprits l’écoutaient comme nul autre avant lui. Lui, l’enfant prodige, qui fit même venir la pluie lors de son rituel de passage… la pluie, au cœur du désert.
Divine était sa parole et grandes ses aspirations pour son peuple, trop grandes. Yogensh était ivre de savoir, de tout connaître. Les vents lui apportaient tant de nouvelles, tant de merveilles! Il avait eu vent des "Sûhaisha", les servants du dieu de la terre, de la source et de la fin, Daïshizen; Les seuls, en ce royaume aveuglé par la lumière - ou perdu dans les ombres- , à pouvoir comprendre les croyances de son peuple, les seuls… Yogensh prit donc l’initiative de partir en pèlerinage vers le Nord pour trouver ceux dont les vents lui portaient nouvelles. Quelques membres de son clan le suivirent, puis d’autres, de clans rencontrés en son voyage vers le nord. Quand il arriva enfin aux abords du désert, ils étaient plus 30, agiles guerriers, fins commerçants, moines et artisans. La route fut dure plus leur pas les menaient vers le cœur de Shezaël, ils n’étaient pas vu d’un bon œil de voir un tel regroupement de Sunay si loin de leur terre. Malgré les regards hostiles, partout, Yogensh demandait :"Les Sûhaisha, où puis-je les trouver?". Et ce sont des regards encore plus sombres qu’il recevait en échange.
Le feu répond aux vents
Son pèlerinage le mena, lui et sa compagnie, en les terres gouvernées par l’Empire; Car tous chemins mènent à l’Empire… Guère au courant des coutûmes locales mais toutefois conscient du peu de tolérance vis à vis de son peuple, Yogensh avança prudemment dès que la Capitale fut en vue. C’est avec moins d’espoir qu’il demandait encore et toujours : "Les Sûhaisha, où puis-je les trouver?" … Et cette fois-ci, ont lui répondit.
"Ce que tu cherche l’ami tu l’as trouvé." Et l’homme auquel il s’était adressé retira sa capuche pour révéler un visage orné d’un tatouage. "Vient Sunay, suis-moi. Toi et les tiens seront bienvenu en ma demeure." Et d’un geste ample il désigna tout le paysage; La nature ne fait distinction des peuples. Ce soir là, Yogensh Le Divin et sa compagnie eurent droit à bon repas et une nuit sans crainte sous les étoiles; Ci ne n’est d’un rêve qu’il fit, étrangement clair : Un village brulé, amas de cendre et de pierres noircies.. et un homme au loin, regardant la scène de son œil unique, d’une couleur ambrée, tel les blés un jour d’été.
La compagnie se leva tôt le lendemain, une habitude de son peuple pour profiter de la fraîcheur des matins du désert. Les Sûhaisha étaient quant à eux déjà debout. Prêt pour le chant du matin pour célébrer le roy céleste, le soleil.
Sauvages esprits, écoutez, écoutez-nous!
Emportez une pensée éteinte de ce monde.
Ö esprits du feu, porteur de chaleur et de vie
Par la force incantatoire de ce chant, répondez!
O vents! Portez nos prières jusqu’au roy céleste!
Le feu… Yogensh se rappela son rêve étrange et son souci du se lire sur son visage buriné par le soleil, car un sage de l’ordre de Daïshizen vint à ses côtés.
"Quelque chose trouble ton esprit frère des dunes. Ici tu peux laisser ta voix s’exprimer, nous comprenons le tourment du cœur et le doute de l’esprit."
Et Yogensh lui conta son malheur.. qui suscita chez le vieil homme un regard étonné. Les rêves sont le centre de la divination de l’ordre de Daïshizen, une source inépuisable de connaissance, un don de la nature. Le vieux sage sembla réfléchir un moment puis dit ceci au Prophète des Dunes : "Tu es Prophète parmi les tiens, tu comprends l’importance de tes rêves. Mais même le plus sage des sages, le plus Divin des hommes, ne peut comprendre tout ce que les Dieux daignent nous montrer. Mais ce rêve est troublant de vérité car vois-tu frère, un des nôtres à vu ce que tu as vu en cette dernière nuit!"
Cette autre personne s’avéra être une jeune femme fort séduisante du nom de Muin. Intriguée de tout cela, elle décida de se joindre au Prophète des Dunes pour chercher le sens de cette vision commune. Curieux de visiter la cité lumière Jhade, Yogensh prit donc la direction de la capitale avec sa jeune guide, laissant ses fidèles et amis en la compagnie des Sûhaisha. Ils y restèrent longtemps; Avide de tout connaître, Yogensh prenait note de tout et envoyait des missives par le biais de ses compagnons de voyage jusque dans le lointain désert. Mais tout ceci commençait à déranger les autorités. Des Sunay venaient et quittaient la Capitale de plus en plus fréquemment, certain même avaient commencé à étendre leur commerce jusqu’au cœur de l’Empire. Yogensh prenait de la renommé en tant que Prophète et avait prit domicile en un petit village non loin de la capitale, en compagnie de sa femme, la douce Muin; Ils s’étaient unis vers la fin de l’été, un an après l’arrivé des Sunay. Elle attendait d’ailleurs un enfant très prochainement qu’ils désiraient nommer Maël, un nom en Shezaël évoquant le feu…
Naissances et renaissances
Je te passerais les détails de la vie mondaine petit homme. Sache toutefois qu’il se passa 3 années suite à l’arrivée des Sunay au cœur de l’Empire. En ces années, par le biais de la renommé de Yogensh le Divin, l’ordre des Sûhaisha prit de l’ampleur aussi. D’autres événements d’importances se tramaient au même moment, ce qui empêcha le clergé de s’occuper de ce cas qu’il jugeait troublant. Sans obstacles à leur croissance, le culte de Daïshizen prit de l’importance. Car vois-tu enfant, le pays était en crise; Une guerre comme nulle autre était sur le point de se préparer. Une guerre de magie! On racontait partout au pays, même au cœur du lointain désert, que le règne du Phoenix était venu. Tous attendaient le retour de celui qui porterait en lui le pouvoir de cet oiseau de légende... car tous craignait l’ombre de mort qui planait sur leur cité lumière, une ombre prenant naissance en les ténèbres des Monts Hikage. Mais comment le peuple aurait-il put prévoir que plus il implorait la force divine du Phoenix, plus il prenait en puissance... plus son ombre grandissait avec lui…
Bien que cela soit une autre histoire enfant, cela influença grandement celle que je te conte. Yogensh n’avait pas quitté son petit village en la capitale pour autant, malgré les préparatifs de guerre. Le fils que lui avait donné Muin, nommé Mael comme il en avait été décidé, avait la chevelure rousse de son père, mais les yeux verts de sa mère, bien que cela lui donna une apparence digne du plus pur des Sunay. Depuis sa naissance, les divinations de Yogensh étaient d’une netteté déconcertante. Et celle de Muin aussi, toujours les même que son mari. Et puis d'ailleurs, cet enfant était étrange. Il n’avait pas usage de la voix et ce depuis sa venue au monde. Et ses parents le surprenaient souvent à fixer le feu crépitant dans le foyer et à lui sourire, portant ses petites mains vers les flammes. Muin devait donc le veiller de près, craignant qu’un jour il ne s’y brûle.
Yogensh étant souvent sur la route, et Muin ne voulant pas rester seule à la maison, le couple amenait avec eux leur fils dans tous leurs voyages dans la région. Mais les routes étaient de moins en moins sures, et les gens apeurés regardaient d’un œil noir les Sunay, arrivés étrangement au moment où commencèrent les rumeurs de Guerre Divine; Et puis l’ascension que trop rapide des Sûhaisha en cette même année… Malgré tout, Yogensh recueillait des informations et cette dite Guerre Divine l’intéressait au plus haut point, ses divinations en faisant souvent l’objet. Et puis il avait vu une arme en un rêve; Une lance argentée, sa pointe entourée de feu. Ses voyages avaient un but, celui étant de trouver l’arme de ses visions. Peut-être avait-il un rôle à jouer dans cette histoire? Un destin si grand qu’il n’osait imaginer?
Et puis n’avait-il pas vu, aussi clairement que s’il y était, la renaissance de l’oiseau divin et sa terrible ombre, sous ses ailes auréolées de lumière?
Malédiction
Pendant une année, il chercha. Sans relâches, sans faiblir; Ses visions toujours là pour lui rappeler sa mission divine. Une année… à suivre de fausses pistes. La guerre entre les peuples ailés faisait rage dans le ciel teinté rouge de l’Empire. Et toujours Yogensh avait cherché. Seulement n’avait-il rien trouvé, mais la folie l’avait rattrapé aussi.
Muin le voyait, jour après jour, poursuivre une quête folle. Son époux était devenu hargneux, impatient. La description de ses visions était cauchemardesque; Il y a bien des mois qu’elle ne voyait plus la même chose que lui, leurs rêves ayant perdus leur harmonie. Yogensh le Divin en avait même perdu le nom qu’on lui avait jadis donné; Yogensh le Maudit le nommait-on maintenant par ironie. Cet homme, accablé par la folie, poursuivait toutefois sa quête de trouver une arme légendaire née des flammes. Les flammes… s’en devint une obsession. Dans son esprit embrumé, il désirait appeler les esprits du feu à lui, pour l’aider dans sa tâche. Et c’est ce qu’il fit.
En un matin brumeux au cœur de l’été, les habitants d’un petit village virent leurs demeures avalées par les flammes. Non loin de là, un homme vêtu de haillons regardait la scène, la moitié du visage dissimulé sous capuche, laissant toutefois paraître traces de brûlures sévères; Un sourire fou sur les lèvres, son œil unique ambré; Le reflet des flammes dansant dans son regard. Celui qui avait sut faire tomber la pluie au coeur du désert, celui qui avait conduit un peuple… le ciel le maudissait et le feu consuma la parcelle de lucidité qu’il ai put garder.
Muin dut quitter la région précipitamment avec le jeune Mael, âgé de 4 ans. Les esprits seuls savaient ce que son époux pouvait encore bien faire sous l’emprise des démons. Des jours et des nuits elle pleura, portant son enfant vers les Sûhaisha, sa famille. Sans doutes Yogensh viendrait-il ici, mais elle avait de l’avance et ceci lui permettrait de se préparer pour un voyage bien plus long…
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