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Chapitre 4
Je me reveillais le lendemain, fraiche et dispose. Je remis mes vieux habits et regardais avec nostalgie la jolie robe que j’avais étalée sur mon lit.
Je descendis dans la salle commune. Une odeur de lait chaud m’accueillis. Clarisse vint m’en servir un grand bol avec une miche de pain et une motte de beurre.
Osgard descendit peu après, habillés de pied en cap de ses habits de voyage.
« - Sariel, nous partons, je t’attends vers les chevaux. »
Je me dépèchais d’avaler mon petit déjeuner et montait prendre ma besace. En partant, je déposais un gros baiser sur la joue de Clarisse, qui à ma grande surprise fondit en larmes.
« - Au revoir mademoiselle, prenez soin de vous. Ici, vous aurez toujours un havre de paix si vous en avez besoin. »
Je rejoignis mon compagnon dans la cour et retrouvais Salto avec plaisir.
Nous chevauchâmes longtemps. Nous fîmes une courte pause à midi. Osgard était silencieux et je n’osais troubler ses réflexions.
A la tombée du jour, j’étais éreintée, mes cuisses étaient douloureuses et je me demandais quand arriverais la fin de ce voyage monotone.
Nous traversions une plaine, au loin, le soleil se couchait, laissant des trainées rouge sang dans le ciel.
Le paysage était lugubre, nous étions entourés d’une sorte de massif de basses montagnes dont les silhouettes noires se dressaient, menaçantes.
Osgard ralenti l’allure, puis s’arréta tout à fait, le regard fixé sur un point devant lui. Je suivais son regard.
Sur la montagne la plus proche, accrochée à mi hauteur, un petit castel se dressait.
Le corps principal n’était pas grand, mais la tour était immense. Mais le plus étonnant était que tout autour du batiment, jusqu'à mi hauteur une sorte de brume flottait. Pourtant, nul part ailleurs le brouillard ne s’était levé. Je me retournais vers Osgard. Il poussa un profond soupir et remit ses bètes en route en direction de la batisse.
Plus nous avancions, plus la brume était dense, et lorsqu’enfin nous arrivames au pied de la tour, je ne distinguais que la masse imposante d’une porte immense en bois sombre. Osgard prononça quelques mots que je ne compris pas et un grincement sinistre se fit entendre alors que la porte s’ouvrait. J’avais du mal a tenir Salto dont je sentais la flancs frémissants sous mes cuisses. Je m’aperçus que moi même je tremblais.
Arrivé à l’intérieur d’une grande cour entouré de batiment, avec a notre gauche la tour monumentale Osgard arréta son chariot.
Il faisait glacial malgré le printemps, bien plus froid qu’a l’extérieur.
Il n’y avait âme qui vive en ces murs semblaient t’il.
Je descendis de Salto dont je flattais l’encolure, autant pour me rassurer que pour rassurer ma monture. Et lorsque je me retournais vers l’entrée principal du batiment, je ne pus m’empecher de faire un pas en arrière. Devant nous, se tenait une vieille femme dont la description était bien proche des sorcières évoquées dans mes légendes d’enfants.
Elle était habillée de noir de pied en cape, son nez était long et ses cheveux filasses et, en désordre étaient blancs avec des mèches noires. Elle semblait ne pas avoir d’âge et ses yeux étaient noirs et profondement enfoncés dans les orbites.
Elle se dirigea vers nous et nous salua d’un signe de tête, puis sans un mot nous précéda à l’intérieur.
Je serrais ma cape autour de mes épaules en entrant. Etais-ce possible qu’il fasse aussi froid ? Nous étions dans un grand hall, vide, à l’exception d’un grand escalier et de portes de chaque coté d’un long corridor qui s’enfonçait dans les profondeurs de la bâtisse
La femme monta l’escalier et nous la suivîmes. Il y avait une lumière qui semblait s’allumer au fur et à mesure que nous montions, mais j’étais incapable de savoir d’ou elle provenait. Il n’y avait ni torches ni chandelles..
Instinctivement je me rapprochais d’Osgard et ne le lachait pas d’une semelle.
La montée me paru interminable, on aurait dit que l’escalier grandissait à mesure que nous le gravissions.
Enfin, nous avons débouché sur un immense pallier. Au mur, des tableaux étaient accrochés représentant des personnages tous plus patibulaires les uns que les autres dont le regard semblait nous suivre.
Notre guide pris le couloir de gauche. Il y avait de nombreuses portes, j’en comptais 10 avant que nous arrivions devant l’une d’elle que la femme ouvrit. Elle nous fit signe d’entrer, et là, mon cœur rata un battement.
La pièce était sombre, simplement éclairée par des lueurs verdâtres qui provenaient de liquides bouillonnants dans ce que je sus plus tard être des cornues. Un incommensurable nombre de récipient, fioles, verres, tuyaux encombraient un espace restreint. Des bocaux, alignés sur des étagères branlantes contre les murs, contenaient des choses, flottant dans un liquide vert.
Mon coeur se leva. Dans ces bocaux, il y avait des êtres tous plus affreux les uns que les autres. Rats déformés, foetus humain, oeil globuleux, chauves souris....
Au fond de cet imbroglio, nous tournant le dos se trouvait une silhouette immense, enveloppée dans une cape noire.
Au son de la porte, la silhouette se retourna. Je retins un cri.
Un homme, mais pouvait t'on qualifier d'homme l'être qui me faisait face. Maigre, à la limite du décharné, un visage en lame de couteau avec des lèvres minces, Des yeux, noir comme la nuit et brillant d'une lueur inquiétante, un nez immense et pointu.
Le corps, aussi décharné que le visage était simplement vêtu de vêtement en toile noire aussi. Des jambes et des bras démesurées avec des mains immenses.
Son regard noir se fixa sur Osgard, il le salua d'un signe de tête. Puis ses yeux se posèrent sur moi. J'eus la désagréable sensation qu'il essayait de sonder mon âme, je tentais de fermer mon esprit mais en vain. Cet homme, j'en avais la certitude savait déja tout sur moi. Un sourire naquit sur son visage, faisant apparaitre des dents d'une blancheur rare.
"- Bonjour Mademoiselle sariel Danaë"
Je fus stupéfaite, d'abord par sa voix, chaude, rauque, à la limite du sensuel, puis par ses paroles, comment pouvait il connaitre mon prénom, et surtout mon nom que je n'avais encore révélé à personne.
Mon incommensurable fierté reprit le dessus, sans doute pour lutter contre la panique qui m'envahissait devant les pouvoirs du personnage.
"- Bien, vous connaissez mon nom, parfait, puis je connaitre le votre et savoir qui vous êtes?"
Je sentis Osgard frissonner derrière moi et pousser un juron.
L'homme me regarda et se mit à rire, d'un rire qui me glaça le sang, d'un rire qui semblait résonner et faire trembler les appareils en verre.
Je sentis le rouge me monter aux joues.
"- Sachez Monsieur que je déteste que l'on se moque de moi, et que cela provoque souvent des catastrophes!"
Je tentais alors pour la première fois d'user de ma magie de façon volontaire. Je tendais mes mains et me concentrais. L'homme rit plus fort encore.
"- Pas de ça avec moi petite" dit il soudain d'un ton redevenu froid.
Je le regardais, furieuse, mais aucun sort ne sortit de mes mains, aucun mots ne me vinrent à l'esprit. J'étais comme paralysée de l'intérieur, vide. Impuissante,je baissais les bras.
"- C'est mieux ainsi. Alors Osgard, on dirait que tu m'amène un phénomène cette fois ci.
-Je ne suis pas un phénomène!" hurlais-je
L'homme poussa un long soupir auquel répondit en écho celui que poussa Osgard.
"- Venez, allons discuter ailleurs."
Nous sortîmes de la pièce pour nous diriger vers une porte à droite dans le couloir. Je m'attendais a tout, mais une fois encore, lorsque la porte fut ouverte j'eus le souffle coupé.
La pièce qui se présentais à mes yeux étaient ronde, complètement, sur le pourtour il y avait 4 cheminées dans lesquelles brûlaient un feu d'enfer. Tout autour des murs, un immense fauteuil faisait le tour de la pièce, et devant ce fauteuil se trouvait par endroit, vers les cheminées des tables chargées de boissons et de nourritures. Au centre, il y avait un arbre, un arbre immense dont le feuillage, qui se balançait au gré d'un vent chaud, couvrait le plafond.
Magnus entra et s'installa devant l'une des cheminée, sur le fauteuil, Osgard prit place à sa droite et je m'asseyais a terre devant eux.
La voix rauque s'éleva de nouveau en s'adressant à Osgard
"- Alors, qui est elle?
- Je ne sais pas" répondit mon ami
-" Je suis Sariel Danaë, fille de Percy Danaë et de Malènia, et j'aimerais qu'on évite de parler de moi à la troisième personne quand je suis présente!"
Le regard du magicien s'obscurcit
"- Tu es la fille de Malènia? Ou est ta mère?
-Je n'en sais rien, elle est parti après ma naissance, mais vous connaissez ma mère?
-Je l'ai bien connu en effet. Elle fut mon élève. Oh pas longtemps. Une écervelée qui se servait de son don à tort et a travers. Douée, très douée, mais incapable de se discipliner. Et il semblerait bien que tu lui ressemble jeune donzelle!"
J'allais répliquer vertement mais un regard d'Osgard m'en empêcha. Il prit la parole.
"- Ainsi,elle est bien magicienne, et sa magie lui viendrait de sa mère.
- Sans aucun doute, mais dis moi Osgard, que puis je faire pour toi?
-Je veux que tu prennes Sariel comme élève afin de lui apprendre à maitriser son don.
- Quoi, recommencer comme avec sa mère pour avoir a subir de nouveau un échec, pour supporter de nouveau les caprices d'une gamine désobéissante. Non, jamais!
-Mais tu ne la connais pas, rien ne dit qu'elle est comme sa mère.
- Si, son regard, regarde ses yeux, elle est fière, butée.
Je la pense intelligente et courageuse, mais rebelle a toute forme d'autorité. Hors si elle devenait mon élève, elle devrait n'obéir aveuglement, je ne l'en croit pas capable.
-Je ne veux pas rester avec cet homme" dis je.
"- je ne veux pas lui obéir, je n resterais d'ailleurs pas une minute de plus ici, pas avec quelqu'un qui insulte ma mère en tout cas!"
Je me levais, bien décidée a partir Mais Magnus leva les mains en prononçant u mot et je me retrouvais incapable de bouger. Poussantr un juron fort peu seyant pour une jeune fille, je tentais de bander mes muscles pour me libérer, ma respiration s'accéléra et je sentis en moi un flux de chaleur. Tout mon corps se mit à me brûler atrocement, je poussais un cri et, libérée, je m'écroulais au sol, prostrée de douleur.
La réaction de Magnus fut étonnante, il se leva, éberlué et me regarda longuement, il posa la main sur moi, regarda Osgard.
"- Je la prend comme élève"
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