[BG] cheza, fleur de lune

Répondre
Partager Rechercher
CHAPITRE XXXVII


Cette nuit là, Cheza fit un rêve - cela faisait bien longtemps qu'elle avait cessé de rêver pour trouver cet évènement singulier. Elle était allongée sur un lit d'Edelweiss, la fleur de lune qui l'avait sortie de son absence; tout autour d'elle, une horde de démons hargneux et haletant qui n'osaient approcher, repoussée par ce lit floral qu'ils semblaient craindre. Elle les observait, les narguant presque, les ignorant. Puis elle s'endormit paisiblement sans leur prêter la moindre attention, avant que les fleurs les plus éloignées ne fanent une à une, laissant progressivement le chemin aux ailés qui se ruèrent sur elle.

Elle se réveilla en sursaut. A la fenêtre, les éclairs fusaient de toute part, mais la cité ne bougeait pas d'un poil, Voguant silencieusement au dessus de la tempête. Il faisait encore nuit à l'extérieur, et la porte de sa chambre normalement fermée, était désormais ouverte.

L'orage illuminait la petite silhouette qui s'y trouvait avant de replonger la salle dans l'obscurité la plus complète.

Son épée posée sur la table basse sorti de son fourreau d'elle même, venant instinctivement se loger dans sa main, puis elle roula sur le coté, quittant son lit qui explosa en un monceau de plume. Elle sentait une présence puissante dans la salle, mais impossible de savoir qui et ou elle se trouvait.

"Chezaaaaa jolie Fecatte, dis moi ou tu es et je te dirais qui je suissss!"

"Je sais qui tu es Enie, cesse tes devinettes et arrête cette folie ou je te transperce avec ma lame. Laisse moi tranquille un instant et va déverser ta haine sur ceux qui la méritent."

"Solen est à moi comme je suis à elle, et rien ne brisera nos liens, pas même tes paroles empoisonnées. De toi ou moi il n'en restera qu'une!"

"Tu est complètement folle petite. Cesse cette mascarade, avant que Solen ne se rende compte de ton erreur."

Elle posa son doigt sur la lame encore froide de son épée qui s'embrasa lentement, illuminant un peu plus chaque seconde la pénombre. L'épée se mit à virevolter en tout sens, découpant l'air en volutes de fumées, touchant de temps en temps la baguette d'Aemy en une gerbe d'étincelle.

Mais un bruit sourd fit cesser leur combat très rapidement, un bruit qui venait de l'extérieur, lointain et diffus, comme une explosion.

"Qu'est-ce que c'était Fecatte? tu as entendu?"

"Rien de bon, allons voir au dehors."

L'étoile verte n'était plus dans le ciel; en contrebas, à des dizaines de kilomètres, ont pouvait apercevoir sous les nuages une épaisse fumée verdâtre incandescente émaner de l'eau, si intense que la tempête même ne pouvait la cacher.

"Tu crois que c'est Djaul?"

Lite venait de les rejoindre, malgré la pluie battante et les éclairs de plus en plus puissants. L'orage avait fini par prendre de l'altitude à cause des vents ascendants et la cité blanche en faisait désormais partie.

"Je ne le crois pas, j'en suis certaine."



Dernière modification par cheza ; 22/08/2013 à 18h22.
"Il est en bas, dans la mer. Nous allons nous éloigner de sa présence. Personne ici n'est capable d'en venir à bout, il ne vaut mieux donc rien tenter tant que nous ne sommes pas prêts."

"Pas prêt? Cela fait des jours et des jours que nous attendons sa venue et nous devrions le fuir? Que nous faut il pour être prêt Solen? Je te le demande? Chacun d'entre nous sait que la réunion des Dofus prendrait des mois, nous n'allons pas repousser la rencontre pendant tout ce temps."

"Nous ne le pourrons pas. Il sera sur nous dans quelques heures. Nous sommes très peu nombreux sur Solaris. En fait, je ne pensais pas qu'il aurait mit si peu de temps à venir; nous nous dirigeons vers Jinhur depuis deux jours et nous en somme même proche. Il va falloir que tu ailles trouver les ailés de la cité pour que l'on unisse nos forces. Pendant ce temps, nous retarderons sa venue en nous éloignant de la zone."

A cet instant un projectile frôla la petite tour de nacre depuis laquelle ils observaient le fléau prendre forme, lentement.

"C'était quoi ça?" Interrogea Lite.

L'une des grosse tour de Solaris s'écroula à l'impact de deux autres projectiles qui vinrent violemment la percuter.

"On nous attaque!"

---------

"ARMEZ LES CANONS!!! STABILISEZ LE VAISSEAU EN COUPANT LES MOTEURS DIRECTIONNELS!!

C'est une chance d'avoir trouver Solaris dans cette tempête, car ils ne nous ont pas vu venir. Nous n'allons pas les louper.

AUGMENTEZ LA CADENCE DES CANONS ET BAISSEZ LA VITESSE DES PALES STABILISATRICES!

Je vais renvoyer ta cité dans les bas fonds Solen."

---------

"Qu'est ce que c'est que ce... serait-ce Jinhur la volante, l'ancienne cité aérienne, je n'en crois pas mes yeux!"

"ET ils nous canardent!! Nous ne venons pas en ennemi, ils faut qu'il stoppent leur folie!"

"Je vais tout de suite à leur rencontre. Gardez un oeil sur Djaul et protégez vous à l'arrière de la cité. Ce n'est pas le moment de nous entre déchirer sachant que notre ennemi réel est en dessous de nous!" Cria Cheza; puis, elle s'envola en direction de l'autre bâtiment, frôlée par les boulets de canon qui fusaient en tout sens, fendant l'air et laissant des trainées de fumée par centaine.

Il faut qu'ils me laissent entrer! J'espère que tu es là Astaroth, cela simplifierait grandement les choses.

Dernière modification par cheza ; 22/08/2013 à 18h29.
"Capitaine, une ailée en approche; des ailes rouges, elle évite nos projectiles et arrive très rapidement. ça ne présage rien de bon, il faut monter sur le pont et préparer sa venue, il y aura sûrement confrontation. Je tenais simplement à vous le signaler."

"Merci, je vais gérer le problème; retournez à votre poste."

"Bien capitaine."

Une ailée qui arrive de Solaris, et qui sait quels mystères cette cité cache t-elle encore dans ses murs. Mais l'assaut est pour l'instant une franche réussite, et la cité va tomber bientôt. Restons sur nos gardes, Solen ne va pas tarder à se montrer. Quand elle sortira de sa tanière, nous frapperons vite et fort. "Mais qu'est ce que ? Cheza !!?"

"Astaroth! Enfin je vous retrouve."

"D'ou débarquez vous comme ça? nous sommes en plein siège, Solaris est devant nous! Solen ne va pas tarder à se montrer, c'est une opportunité pour vous et moi!"

"Je débarque de Solaris. Je suis avec Solen. C'est trop long à expliquer mais faites moi confiance et cessez vos tirs, nous sommes alliés pour un temps!

Notre ennemi est en dessous de nous et ne va pas tarder à agir. S'entre détruire diminuerait grandement nos chances d'en venir à bout."

"Solen et vous, j'espère que ce n'est pas encore un coup de cette prêtresse et de ses manipulations. Mais alors que faites vous ici et qu'est ce qui nous attaque?"

"un puissant Dieu, Djaul; n'avez vous pas vu l'étoile du ciel qui brillait depuis des jours, cette étoile est tombée dans la mer. Cette fois ci, j'ai bien peur que sans Solen nous ne parviendrons pas à le détruire."

"Le détruire? Pourquoi donc devrions nous détruire Djaul bon sang et que fais ce dieu ici! Ils n'on donc rien d'autre à faire que venir nous emmerder sur cette planète ou il n'y a déjà pas assez de places pour les ailés et les Noys!"

"Ils n'ont pas accepté la montée en puissance de Solen et la façon dont tout ceci tourne. Je me suis fait une raison. Il est trop tard pour en chercher les causes, et tout juste le temps pour en tirer les conséquences. Coupable ou non, C'est de notre avenir qu'il est question en cet instant, non seulement l'avenir de Solen."

"Faites halte Capitaine!" insista Astaroth.

"Bien commandant, Halte!"

"Mais nous sommes déjà arrêté Capitaine."

"Alors comment expliquez vous que ce navire bouge encore lieutenant, je vois Solaris se rapprocher et nous serions censé être arrêté! Faites donc halte!"

"Capitaine, quelque chose nous pousse vers la cité blanche, nos moteurs directionnels sont à zéro!"

"Quelque chose nous pousse, mais qu'est ce que..."

Une immense volute verdâtre à peine visible dans la pénombre enlaçait les deux cités de ses immenses bras tentaculaires, les rapprochant entre elles pour les écraser.


Dernière modification par cheza ; 04/10/2013 à 16h23.
Les deux villes volantes se rapprochaient dangereusement avant que le Capitaine de Jinhur n'ordonne d'augmenter la puissance verticale. Elle se frôlèrent faisant s'écrouler les bâtiments les plus excentrés du disque, les tours en flèches de Solaris partirent en morceau balayés par la structure porteuse de la cité blanche qui prenait de l'altitude et se trouvait désormais au dessus. Pensant la collision évitée tous furent soulagés de la manoeuvre mais cette accalmie fut de courte durée. Car les volutes vertes faisaient désormais pression au dessus de l'une et en dessous de l'autre. Les pales de stabilisation volèrent en morceaux sous la pression invisible, incapable de soutenir un tel poids. La tôle porteuse se tordaient dans tous les sens avant de s'encastrer sur la cité du soleil, les bâtiments furent compressés entre les deux disques si fortement que les deux cités ne faisaient plus qu'un seul bloc d'ou s'échappaient désespérément tous les occupants. Solaris ne supportant pas l'importante masse de cet entassement de structures, l'improbable navire commençait à perdre de l'altitude, dangereusement, puis s'échoua en mer au milieu de la tempête.

Puis l'orage laissa place au silence, pesant, brisé par quelques cris de douleur perdus couverts par la complainte du vent.

Le lendemain matin ensoleillé tranchait grandement avec la catastrophe de la veille. Le amas de marbre et de métal gisait en haut fond d'une mer turquoise, sa majeure partie s'élevait hors de l'eau. La nature avait finalement pris le dessus sur les vestiges qui faisaient jusqu'alors la fierté des hommes. Des cités volantes il n'en restait plus: comme si les dieux créateurs venaient de remettre les aiguilles du temps à zéro.

Cheza, Solen, et une grande partie des autres membres n'avaient pas réapparu, probablement morts ou encore coincés dans les décombres.

CHAPITRE XXXVIII


De petits crabes commençaient à explorer la carlingue détruite des vaisseaux entassés; la faune aquatique n'avait pas perdu de temps à s'implanter dans les décombres, les poissons picorant les quelques cadavres qui flottaient à proximité.

La Fecatte avait encore eu de la chance sur ce coup là, comme souvent vous me direz. Elle était coincée entre deux bouts de tôle à l'extrémité de la structure, son visage voyait le ciel bleu et son corps ne semblait pas avoir trop souffert de la catastrophe. Elle avait cependant grand mal à respirer et semblait encore sonnée par les collisions successives. Non loin de sa position, elle entendait un gémissement animal provenant d'en dessous, quoiqu'elle ne savait pas vraiment se situer dans l'espace. Elle bougea sa jambe gauche puis la seconde, se libérant le bras gauche déjà atrophié puis la totalité de son corps; elle se fraya un chemin hors des décombres, accrochant le peu d'habits en lambeaux qui lui restait. Elle était à une quinzaine de mètre de haut, surplombant la mer en dessous d'elle. Les bancs de sables étaient visibles et l'on pouvait voir des débris de marbre éparpillés partout dans une eau transparente, derniers vestiges de Solaris la cité blanche. Une importante masse se mouvait quelques mètres en dessous de sa position, faisant tanguer la tôle sur laquelle elle était allongée.

La bête qui l'avait privée de deux de ses doigts agonisait bloquée, sa tête dépassait difficilement de l'eau mais la marée montante allait finir par l'immerger complètement. Elle observait ce dragon si puissant qui avait du être emporté par la masse tombante, désormais réduit à néant, mourir sous ses yeux. Elle souriait, son visage se reflétait dans les yeux immenses de l'invocation crée par Léthaline. Le grand Bahamut venait de tomber.

"Vois ce que tu m'a fait Dragon. Et vois ce que cela va te coûter. Ce monde est ingrat, et personne ne viendra à ton secours."

Elle s'approchait de lui qui gémissait de plus belle, commençant à soulever difficilement les débris un à un.

"Mais tu as cette chance, je n'éprouve pas encore de rancoeur pour les bêtes. Je suis surement stupide.
Toi et moi sommes pareil finalement, ailés incompris, réduits à vivre sur terre. Pourquoi te priverais-je de ta liberté, toi qui n'a fait que venger ta maitresse défunte?

Allez, au point ou nous en somme, je n'ai plus rien à perdre de ce coté là, mais laisse moi encore quelques doigts lorsque tu sera libre."

Le dernier bloc le plus lourd fut déplacé par une puissante vague qui libéra la bête. Elle mit un temps avant de s'élever; exténuée, elle se débattait férocement dans l'eau avant de prendre un peu d'altitude, puis se posa sur la plus haute partie du bâtiment. Il fixait Cheza qui levait les yeux au ciel.

"J'espère que tu me le revaudra un jour Dragon. Car l'avenir semble bien incertain pour nous tous."

Dernière modification par cheza ; 03/10/2013 à 18h39.
Eliane était assise sur le bord de la plage, elle observait le chaos provoqué par Djaul avec un léger sourire en coin. Cheza l'avait vue, elle la fixait bouche bée, sans comprendre comment un tel miracle était possible. Eliane ici, cela signifiait sans doute que Solen n'était plus de ce monde. Quel immense soulagement que de voir une autre prêtresse à la tête de ce qu'ils appellent "l'équilibre sacré"; c'était la plus belle vision d'espoir qu'elle ai pu avoir depuis des lustres, un espoir de renaissance qui la fit sourire à son tour, un sourire remplie d'émotion qu'elle ne cachait plus.

Elle s'envola, quelques seconde, pour la rejoindre en contrebas, mais ses forces ne lui permettait pas un tel effort. Elle chuta à mis hauteur pour se retrouver quelques mètres plus bas dans l'eau chaude, rampant difficilement sur la plage, elle se laissa porter par le ressac, observant la nouvelle Gardienne de la porte.

Eliane l'observait avec étonnement. Elle ne la connaissait pas, mais le visage de la fecatte lui semblait familier.

Cheza parlait faiblement.

"Vous êtes Eliane. C'est incroyable."

"Et vous êtes? Je ne vous connais pas."

"Cheza, je suis... je suis la fille de Hayen. Vous devez le connaitre mieux que moi."

"Mieux que vous... Oui je connais ce nom. C'est l'un de mes gardiens, le gardien feca. Ca y'est, je peu voir en vous les même traits que votre père, avant qu'il ne se change en ce qu'il est."

"Ce qu'il était. Il n'est plus parmi nous, tout comme la plupart de vos gardiens."

"Je l'ai vu il n'y a pas si longtemps, par delà la porte, oui; je sais ce qui c'est passé avec Hezan, c'est malheureux.

Cela me revient maintenant Cheza, jeune Fecatte, mon séjour avec les morts m'a ramolli les sens. Nous nous sommes déjà mentalement rencontrés..."

Elle se mit à rire, un rire qui fit frissonner la Fecatte qui ne souriait plus.

"Mentalement? je ne comprends pas."

"Et bien, tu ne te souviens plus de tes méditations capricieuses jeune fille? J'ai essayé de rentrer dans ton esprit maintes et maintes fois pour te libérer des hommes comme j'ai libéré Hayen, mais ce fichu magicien a toujours su contrer mes intentions à temps. Bah, il n'est jamais trop tard pour reprendre les choses là ou elles sont restées."

Elle observa ses propres mains.

"Jaron n'a pas su se tenir à la hauteur de ses ambitions ont dirait, pas plus que Solen qui doit s'en mordre les doigts à l'heure qu'il est. Je dois admettre que Djaul y est vraiment pour beaucoup."

"Alors... c'est ainsi. Djaul n'est pas venu pour nous, il est venu pour..."

"Pour moi oui, bien sur, pour me libérer en éradiquant Solen. Cette peste l'agaçait au plus haut point, il m'a donc demandé de rétablir l'équilibre guerrier d' antan, ce qui peu sembler évident venant du Dieu de la guerre."

Elle scrutait le ciel bleu.

"Cela l'attriste de ne plus voir cette ligne qui divisait le ciel en deux et ces guerres ancestrales pour l'équilibre sur Exile. Djaul s'ennui,c'est vrai, il m'a donc chargé de reprendre le cycle, ce que je vais m'empresser de faire."

"Alors c'est ça, vous n'êtes pas pour l'équilibre par la paix, vous l'êtes par la guerre... Nous étions presque à un accord de paix entre ailés et Noys, je... je... quelle idiote j'ai pu être. J'en viens à regretter la mort de Solen prêtresse."

La fecatte était toujours allongée sur le sable qu'elle empoigna.

"Mais je vais cesser de regretter le passé, de me poser d'incessantes questions existentielles qui ne mènent à rien. Seul le présent m'importe. N'oublie pas que mon père m'a convertie de force, je n'ai rien demandé. Essaye encore d'entrer en moi et tu verra bien ce qui arrivera."

Eliane cessa de sourire, elle se leva essuyant sa robe couverte de sable.

"Nous verrons bien Cheza, nous verrons bien."

Puis elle s'en alla, sa silhouette disparut quelques instant après derrière la colline.


Dernière modification par cheza ; 04/10/2013 à 18h32.
CHAPITRE XXXIX

Quelques mois passèrent, des mois de calme et de prospérité, le temps pour les puissants de faire le point sur la situation actuelle, et les grandes orientations futures. Djaul ne s'était pas manifesté depuis ce qui confirmait les dires d'Eliane, qui n'était pas non plus réapparue. Cheza vivait à Jinhur, du moins ce qu'il en restait. De grands arbres avait pris place dans le trou laissé par la plateforme volante, planté par les hommes en hommage aux cités tombées.

De l'herbe avait poussé tout le long de la paroi terreuse, transformant le vieux Jinhur en un immense parc fleuri avec, en son centre un petit lac peu profond. Les égouts apparents avaient été réaménagés et colmatés. Des sentiers pavés partaient des hauteurs pour se rejoindre à la base du trou, et des fleurs de toutes les couleurs imaginables sortaient de toutes part.

Cette nouvelle vie lui rappelait ces moments de prospérité avec Cafe, et elle commençait à se demander si le retour d'Eliane n'était pas finalement une bonne chose, même si elle redoutais sa réapparition. Elle avait décidé de l'oublier, et d'oublier tout ce qui avait un lien avec les guerres passés: les ailés, les prêtresses, les gardiens, les dieux: la seule chose qui importait, c'était de réapprendre à vivre normalement, forger de nouvelles épées toujours plus performantes, apprendre à cuisiner via les cours d'Efer qui l'avait retrouvé, apprécier la présence des conseillers qui l'accueillait de nouveau comme l'une des leurs, laissant leurs soupçons et leurs craintes de voir des ailes rouges de coté.

On vivait ensemble, mais les visages crispés semblait néanmoins tristes et marqués; car les blessures psychologiques, invisibles, elles, étaient toujours là bien encrées dans le coeur des gens, qui vivaient toujours dans l'attente d'un autre cataclysme.

Conscient de la tension du peuple, le seigneur de guerre du conseil avait ordonné le renforcement des armées et des murs. Le peuple du désert avait même fini par se joindre à la cité, faisant de Cidar une ville fantôme. La raison réelle de l'exode était due à la baisse des fréquences de ravitaillement de ces cités qui en ces temps de trouble ne subvenait plus à leur besoin.

Les missionnaires de Guelde avait même fini par convaincre leur armées de se joindre, n'ayant plus d'intérêts à défendre des cités devenues désertiques: le temps était à l'unification et l'union des forces, et cela, tous l'avaient compris. Astaroth avait sur ce point gagné son pari, et fait de sa cité la plus grande puissance des terres d'Amakna.
Ce jour là, le conseil venait de convier les principaux acteurs de la reprise à une réunion privée, dont l'endroit devait rester secret; un endroit pourtant bien familier pour la fecatte puisqu'il s'agissait encore et toujours des égouts et de sa salle de commande crasseuse. Cet endroit ranimait des souvenirs pas forcément glorieux pour Cheza mais les récents faits avait balayé ces quelques détails de l'esprit de la plupart des gens ici présent.
La grosse porte métallique rouillée s'ouvrit laissant place à une faible lumière bleutée. Au centre de la salle trônait une sorte de bocal géant dans lequel se trouvait Solen, flottant dans un liquide totalement inconsciente.

"Voilà ce pourquoi nous sommes ici. Nous l'avons caché tout ce temps dans les fonds de Jinhur, mais maintenant, chacun des hauts membres dois savoir que Solen est encore en vie. Nous l'avons retrouvée flottant dans les mers d'Osaria, et ramenée ici dans le même état qu'aujourd'hui, conservée l'intérieur de ce bassin dans un coma artificiel. Elle est très faible."

Il s'assit à coté d'elle, posant sa main sur le verre de l'immense bocal.

"Je ne sais pas si l'on peu parler de menace écartée, mais ce sera de toute évidence une inconnue en moins pour l'avenir."

Le chef du conseil observait la Fecatte qui serrait les poings.

"Quant à ceux qui désireraient mettre fin à sa vie, je leur déconseille fortement d'agir. Car nous savons tous qu'Eliane est de retour et nous n'avons aucune idée de ses réelles intentions. Nous ne pouvons qu'être attentifs puisque cet acte de résurrection ne viens pas de nous mais des dieux...Nous garderons Solen tant que nous n'aurons pas la certitude que le monde évolue dans le bon sens, c'est à dire... celui de la prospérité."

"Je pense que... vous perdez votre temps à la maintenir en vie. Si vous avez été en mesure de la capturer et l'emmener ici, c'est qu'elle n'est plus qu'une coquille vide sans aucun pouvoir. Je ne vois rien de la puissante et redoutable Solen que j'ai pu voir jadis, intouchable et si imprévisible. Les dieux ont tranché: ils ont décidé qu'Eliane prendrait sa place. Je ne sais pas comment cela s'est passé, mais tous savons qu'il est impossible que deux prêtres cohabitent."

"Cheza, avec tout le respect que je vous dois, nous ne sommes pas des gardiens, mais seulement de simples ailés qui tentent de survivre sur une terre que même les dieux semblent renier. Laisser nous donc penser en tant que Noys pour une fois; et je préfère garder le peu de puissants qu'ils nous reste. Apres ce que j'ai vu ces derniers mois, je suis prêt à imaginer le pire pour la suite."

"Vous avez sûrement raison Astaroth" Aquieça la fecatte.

"Je vais cesser de penser comme un ailé, et essayer de me comporter comme une Noys pour une fois. D'ailleurs, ce mot n'a plus lieu d'exister aujourd'hui puisque nous vivons tous ensemble, je propose donc de le bannir à jamais de la langue terrienne."

Cette phrase résonnait encore dans la salle tandis que les paupières de Solen s'étaient à demi ouverte, elle observait Cheza le regard vague.

"C'est là une excellente idée, je n'ai jamais vraiment apprécié ce mot. Qu'il en soit ainsi."

"Sinon est-ce normal chers conseillers que Solen me regarde en cet instant, elle qui était censé être dans un état comatique?"

"Et bien, c'est en partie pour cela que je vous ai fait venir. Elle ne l'est plus depuis ce matin."

A suivre

Dernière modification par cheza ; 30/11/2013 à 12h02.
Répondre

Connectés sur ce fil

 
1 connecté (0 membre et 1 invité) Afficher la liste détaillée des connectés