Je pense que le comportement policier, et l'impression qu'ils donnent lors d'un contrôle ou d'une GAV, mériteraient d'être analysés à la lumière des comportements des sujets de l'expérience de Milgram.
J'entend que les policiers obéissants à des ordres ayant pour conséquence de faire chier le monde sont dans un état agentique plus que réfléchi (même s'ils ne sont évidemment pas devant les même cas de conscience qu'un sujet de Milgram, ils se retrouvent à suivre des procédures où ils font des choses "qui ne se font pas" normalement entre humains, à savoir contraindre leurs semblables).
Ils ont quelque part à surmonter leur respect naturel pour autrui pour faire ce qu'ils ont à faire, ou ils seraient sans cesse torturés par leur empathie.
Dès lors ils usent de stratégies pour éviter le stress en niant l'autre, ou l'évacuer en plaisantant. Le manque de respect des contrôlés, le ton condescendant, le refus d'écouter y compris la technique de parler en même temps que quelqu'un qui se plaint, ne sont pas nécessairement des actes réfléchis mais au contraire un comportement instinctif pour éviter un conflit intérieur, particulièrement dans la mesure où le policier anticipe ce qu'il peut avoir à faire. Un indice de tout celà étant que les vrais voyous s'accordent généralement à dire qu'ils sont traités avec bien plus de respect que les petits délinquants ou simples suspects quand ils ont affaire à la police (et qu'il s'agisse des brigades spécialisées ou de simples agents participant à leur interpellation).
Traiter un suspect en coupable, est nécessaire à s'accepter si on doit se préparer à lui faire subir quelque chose d'aussi peu humain qu'une fouille intégrale si nécessaire. Tutoyer est une manière de se placer en position de parent face à un enfant, donc de nier l'autre en tant que personne aussi responsable que soi, ce qui justifie de lui faire tout ce qu'on peut avoir à lui faire. Etc... Par ailleurs la question de la confiance en soi intervient aussi, et certains peuvent se sentir forcés d'être désagréables pour avoir de l'autorité, notemment sur les plus jeunes (quiconque a été animateur ou prof sait qu'il est loin d'être évident de se faire écouter d'une bande de gamins).
Et quand les policiers sont placés dans une situation de stress supplémentaire (pression de la hiérarchie, obligations de résultats, management à la france telecom, etc...) cela renforce certainement ces tendances.
On serait sûrement surpris de la personnalité des policiers les plus désagréables en dehors de leur vie professionnelle. A mon avis c'est certainement ceux "qui ne feraient pas de mal à une mouche" qui ont à se montrer les plus rudes pour surmonter leur appréhension.
Après ça ne justifie ni n'excuse les abus d'autorité. C'était juste pour dire que les gens ne choisissent pas nécessairement d'être flics pour pouvoir être des connards, mais peuvent être poussés à se comporter comme des connards pour arriver à faire leur métier de flics. Et que la solution, s'il y en a une, est surtout au niveau du management et des procédures, qui devraient viser à diminuer le stress des représentants de l'ordre au lieu de l'augmenter.
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