Je vais arrêter de polluer le topic généraliste, et venir parler de la série par ici où ça semble plus légitime
J'en suis actuellement à l'épisode 1 de la S2, et je suis vraiment impressionné par la qualité globale de la série. Channel 4 m'avait déjà soufflé avec Utopia, mêlant la froideur vive de la photographie avec celle plus dépouillée du scénario et de l'interprétation. La recette ici semble la même, tout est taillé au couteau et chaque détail semble poli à l'eau de javel. Rien ne déborde, pourtant tout éructe la violence.
Le principe des nouvelles technologies comme aliénation paraît constituer l'argument principal de la série. Pourtant il me semble que c'est surtout un prétexte pour mettre en valeur une caractéristique du comportement humain dans des situations inédites qui la porteront à ses extrêmes : le désir d'éternité. Et s'il est un cri que l'on entend dans Black Mirror (en tous cas jusqu'au S2E01), c'est celui-là. Véritable thème central de ses 4 premiers épisodes, on l'observe sous différentes formes.
L'éternité collective des images dans l'épisode 1. Celle, par leur répétition, des actions dans le 2 avec cette idée des hamsters prisonniers de leurs roues ; qui, s'ils peuvent en changer le diamètre, tourneront pour toujours. L'éternité de la mémoire dans l'épisode 3, ce besoin viscéral de contrer l'altération qui conduit à ne plus vivre le présent que par le passé. Et dans sa forme la plus "noble" si j'ose dire, dans le premier épisode de la saison 2, où la mort se trouve transcendée par la technologie. Presque.
Nous redoutons tous de ressentir le manque, la perte d'une situation ou d'une chose qui nous est acquise. La série met en scène des situations où l'évolution technique nous permet de surpasser cette peur en supprimant la possibilité que cela arrive. Ainsi défilent au fur et à mesure des épisodes les sociétés du contrôle non seulement de l'individu par d'autres individus, mais surtout de l'individu par lui-même. Une surhumanité à chaque fois auto-destructrice et irréelle, qui rend les relations entre les personnes factices.
Vraiment, je suis très étonné de la puissance évocatrice du show. Les épisodes 3 et 4 sont pour moi les plus aboutis car ils s'affranchissent des visions traditionnels de la fiction d'anticipation, et proposent seulement des pistes de réflexion sur des thèmes que la progression technologique imposera naturellement dans un futur à plus ou moins moyen terme.
Dernière modification par Pierre Desproges ; 28/03/2014 à 15h26.
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