Littérature, Anarchisme et Russie...

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Bonjour/soir à toutes et à tous !

Je traîne souvent dans le coin et j'aurais aimé obtenir des avis éclairés sur un sujet que je trouve passionnant : l'anarchisme en Russie.
Après avoir lu Les Justes (Albert Camus) et Les Mains Sales (Jean Paul Sartre) je m'étais déjà interrogée sur la philosophie anarchiste russe qui m'avait l'air bien différente de notre définition eurocentriste du terme (selon la croyance populaire : "Casser pour casser."). Puis j'ai lu Germinal de Zola (je m'attaque aux classique sur le tard) et le personnage de Souvarine m'a passionnée ! J'ai été bouleversée par son déni total de la société et de l'humanité entière.

Tout cela pour vous demander si vous avez des romans ou des pièces de théâtre écrits par des russes (et traduits en français) parlant de l'anarchisme et de ses formes dans l'histoire russe à me conseiller...

Sur ce, je vous souhaite une bonne continuation en vous remerciant d'avance pour vos réponses.

Waneblops.
Citation :
Publié par Waneblops
notre définition eurocentriste du terme (selon la croyance populaire : "Casser pour casser.")

Pas du tout.



Mais sinon il ya un GF corpus sur le nihilisme. Pas vraiment un roman, mais ça retrace un peu toute l'idéologie de nihilisme. Avec une partie sur l'anarchisme russe. Pourquoi je parle de nihilisme ? Parce que à mon avis (en tout cas selon tes exemples) c'est ce que tu recherches dans le personnage de Souvarine, plus que le concept d'anarchime qui peut lui se poser dans un humanisme très fort, proche en théorie, du communisme..

Si tu ne connais pas le concept de la collection, il y a une composition (longue) au début puis le reste du bouquin est composé des extraits de textes dont il se sert pour son commentaire. Même si tu ne l'achète pas tu trouveras des références utiles en le feuilletant pour tes recherches.
Citation :

Pas du tout.
--> J'ai quand même hésité avant de mettre ça... Je pensais bien que je m'étais mal exprimée (promis, je referais plus). Ce que je voulais essayer de dire c'est que souvent quand on parle d'anarchisme dans mon entourage on pense à "tout casser lolilol, kikoo révolution" sans même se rendre compte que quand on regarde dans d'autres coins du monde (notamment en Amérique du Sud, je crois) quelques sociétés anarchistes ont percé. Mais, je m'égare avec des notions que je ne maitrise pas et je te remercie de m'avoir corrigée

La collection que tu mets en lien (je connaissais pas, ça donne des idées) m'a l'air intéressante et bien construite (j'ai remarqué d'autres bouquins de la même collection : "Le désir"). J'ai farfouillé un peu et je n'ai pas trouvé des masses de critiques, cela reste-t-il accessible au néophyte qui a du temps devant lui ou faut-il être un mordu de la philosophie pour comprendre le livre ?
Merki môsieur !

P-S : je ne savais pas que Souvarine incarnait le nihilisme dans Germinal, ça me surprend un peu je dois dire.
En fait, je pense que ce que Edwood voulait dire, c'est que ce n'est pas la vision eurocentriste qui dit que l'anarchisme c'est "tout casser". Actuellement c'est ce que la plupart des gens pensent, mais la base de la pensée, que ce soit en Europe ou ailleurs, ne dit pas ça. Enfin, je ne peux pas m'avancer plus que ça sur le sujet, je ne m'y connais pas assez.
Mais je vais suivre ce sujet, ça pourrait m'intéresser.
Citation :
Publié par Kanlay
En fait, je pense que ce que Edwood voulait dire, c'est que ce n'est pas la vision eurocentriste qui dit que l'anarchisme c'est "tout casser". Actuellement c'est ce que la plupart des gens pensent, mais la base de la pensée, que ce soit en Europe ou ailleurs, ne dit pas ça.
Pour les penseurs de l'anarchisme, qu'ils soient occidentaux ou russes, ce n'a jamais été "tout casser".
Par contre, pour les médias courants (et avouons le, une frange non-négligeable de ceux qui se revendiquent anarchistes), ça l'est assez souvent. D'où la confusion.
Faut voir si tu souhaites lire des livres sur l'anarchisme en Russie (qui n'a pas réellement eu d'existence prolongée, à condition déjà de parler d'anarchisme dans le cas de Makhno ce qui n'est pas aisé) ou sur la mouvance dite nihiliste rattachée au parti Narodnaia volia qu'on qualifie généralement de populiste (au sens d'aller vers le peuple) et par la suite de socialiste non marxiste.

Si c'est le second cas, il y a effectivement beaucoup d'ouvrages.
Et bien, au départ, je dois dire que j'avais mis le mot "anarchisme" car il me semblait qu'il correspondait bien aux exemples que j'avais lu dans les références que j'ai données au départ sujet. Ce que je recherche ce serait le déni de tout qu'affiche les personnages de ces œuvres (pour rappel Les Justes, Les Mains sales et Germinal)

De ce côté là, je savais que ça se rapprochait pas mal du nihilisme (contrairement à l'anarchisme qui, comme l'a dit Edwood, peut receler une grande estime de l'humanité).
Mais, je désirais voir l'adaptation de ce "déni de tout" dans la société russe à l'entrée du vingtième siècle car cette période où les Russes sont partis d'un empire tsariste pour aboutir une démocratie populaire marxiste-léniniste m'interroge. Or, il ne me semblait pas qu'il y ait eu de courant nihiliste russe. Ce qui s'en rapprochait le plus était en fait l'anarchisme russe.

Bon en gros, je recherche plutôt des ouvrages sur le nihilisme et son application en Russie sous l'époque tsariste ou post-tsariste (de 1890 à 1920 pour faire très large).

Voilà, j'espère que c'est plus clair !
Désolé, j'connais pas du tout de bouquins de ce genre mais je voudrai reprendre le concept général de l'anarchisme.
Bon, j'suis très intéressé par la politique, ce qui a fait que je suis documenté sur l'anarchisme mais globalement, il est vrai que le croyance général le compare au chaos au sens littéral du terme. Ni plus ni moins, une sorte de synonyme, en gros.
J'parle bien au sens général. Et pas seulement d'une déviance du mot qui se séparerait du projet politique.
Il faut bien voir que l'anarchisme tel qu'on le connait en Europe occidentale, donc soit issu de la Première Internationale, soit l'anarcho-syndicalisme, sont totalement absents de la Russie.

Le nihilisme russe, même s'il a été largement assimilé à l'anarchisme - y compris par les anarchistes eux-mêmes - en est assez largement éloigné. Le similitude tient essentiellement dans le mode d'action extrême qui a été employé par les deux courants : le terrorisme.

Pour la littérature, il y a évidemment Dostoïevski avec Les Possédés (traduction Markowicz de préférence) qui s'inspire de la figure de Netchaiev.
Un certain nombre de nouvelles de Tchekov traite aussi du nihilisme, souvent sous un aspect plus métaphysique.
Un roman que j'aime beaucoup qui traite du sujet : Une nihiliste de Sofia Kovalevskaia.
Enfin la nouvelle de Tourgueniev qui a inventé le mot de "nihilisme" dans sa connotation politique : Père et Fils.
Donc si je comprends bien, les nihilistes et les anarchistes russes se confondaient parfois bien que leurs objectifs soient différents. Pas très clair cette histoire. Mais, merci Khyok pour les précisions et, surtout, pour les livres. C'est exactement ce que je cherchais !

Je pense que Les Possédés vont me plaire au vu du synopsis et de la présentation qu'en fait Wikipédia. Dostoïevski était plutôt opposé aux pratiques révolutionnaires, arrive-t-il quand même à garder l'esprit ouvert pour pénétrer dans ces milieux ? Même impression pour Pères et fils.
Une nihiliste m'a un peu moins plu (au vu du synopsis toujours, je n'en suis qu'à la phase de "repérage"). Le fait que l'ouvrage soit en partie autobiographique et l'intrigue amoureuse ne me passionne pas vraiment. Je pense que je vais tout de même essayer de le lire juste pour voir la place des femmes dans la société...
Je me suis pas encore renseignée sur les nouvelles de Tchekov.
Bon et bien tu peux toujours lire Cioran. En plus cela tombe bien car il avait souhaité que sa littérature soit lue par les petits jeunes.

Il n'est certes pas russe mais une partie de son oeuvre (la plus importante) est rédigée en français.

C'était un penseur nihiliste, qui savait manier une langue étrangère (le français) bien mieux que la très grande partie de nos concitoyens, et surtout, il était un fervent admirateur de Johann Sebastian Bach.

Je te recommande le Précis de décomposition.

http://www.amazon.fr/Pr%C3%A9cis-d%C.../dp/2070297683


Côté philosophes, Schopenhauer a la cote. La lecture du Monde comme volonté et comme représentation est nécessaire à tout honnête homme. Il a récemment été réédité (nouvelle traduction), mais j'ai oublié les références.
Yaouh, ça fait pas mal de références !
Je pense que je vais me faire une petite compilation "morceaux choisis" des bouquins que vous me proposez (dites moi ce que vous en pensez) :

Pour entrer dans le nihilisme russe :
-Les Possédés (Dostoïevski)
-Pères et fils (Tourgueniev)

Pour comprendre le nihilisme :
-Le Précis de Décomposition (Cioran) -> Il ne m'a pas l'air très positif le bonhomme au vu de sa biographie... Il a été antisémite, ça se ressent dans son bouquin ? Tout le monde conseille De l'inconvénient d'être né du même auteur, pourquoi m'avoir plus orientée sur Le Précis de Décomposition ? En tout cas, les deux m'ont l'air géniaux.
-Le nihilisme (Vladimir Biaggi) -> A garder dans sa bibliothèque je pense.

Après, c'est un choix personnel : je n'aime pas trop les romans dont la trame principale est une romance, voilà pourquoi j'ai exclu Anna Karénine (Tolstoï). Une nihiliste ( Sofia Kovalevskaia)ne m'inspirait pas non plus, pour le côté autobiographique. Sinon, je ne connais pas assez la philosophie de Schopenhauer pour avoir un avis sur son œuvre...

Citation :
Publié par Barbare nucléaire
La lecture du Monde comme volonté et comme représentation est nécessaire à tout honnête homme
Et à toute honnête femme ?
Citation :
Publié par Waneblops
Pour comprendre le nihilisme :
-Le Précis de Décomposition (Cioran) -> Il ne m'a pas l'air très positif le bonhomme au vu de sa biographie... Il a été antisémite, ça se ressent dans son bouquin ? Tout le monde conseille De l'inconvénient d'être né du même auteur, pourquoi m'avoir plus orientée sur Le Précis de Décomposition ? En tout cas, les deux m'ont l'air géniaux.
Il était jeune à cette époque. Tout cela est une histoire complexe, il s'est d'ailleurs exprimé à ce sujet. Cela n'a pas de rapport avec ses écrits qui ont un objet tout à fait différent.

Je trouve le livre que j'ai conseillé plus intéressant que celui que tu cites, plus développé et approfondi, dans les idées comme dans l'écriture. Mais dans l'absolu tous ses livres se ressemblent beaucoup.

Citation :
Et à toute honnête femme ?
Une honnête femme ne devrait pas lire ce genre de choses. Nous les préférons légères.
Quelques références en vrac :

Les Rêveurs de l'absolu, de Hans Magnus Enzensberger.

Autour d'une vie (Mémoires d'un révolutionnaire), de Pierre Kropotkine.

Le Cheval blême : souvenirs d'un terroriste, de Boris Savinkov, qui a inspiré Les Justes de Camus.

Moins facile à trouver et plus académique, l'Histoire de l'Okhrana de Maurice Laporte est probablement l'ouvrage de référence sur Охранное отделение, la police secrète du Tsar et son double jeu.

Sur Nestor Makhno, Ivrea vient de publier ses Mémoires et écrits (1917-1932), centrés essentiellement sur la Révolution ukrainienne de 1917-1918.
C'est marrant parce que ce que tu appelles l'anarchisme "tout casser" c'est plutôt l'anarchisme russe à la Bakounine: son idée était un espèce de darwinisme politique, on tape sur tout et on garde ce qui arrive à survivre. Je parle même pas de Netchaïev, ce grand malade. Alors que la tradition européenne, proudhonienne on va dire, est plutôt constructive: anarcho-syndicalisme, autonomisme... Il y a même eu une concrétisation en Espagne dans les années 30. Tu peux aussi regarder du côté de Makhno qui a résisté aux blancs et aux rouges en Ukraine. Tu peux toujours essayer de te renseigner à la CNT, mais bon je pense que c'est une bande de bras cassés.

Au niveau littéraire, l'anarchisme de droite a été imo plus gâté: Stirner, Dostoïevski, Pauwels, Caraco, Micberth, Léautaud, Céline, Blondin...
J'avais pensé (en parlant de guerre d'Espagne) : Pour qui sonne le glas (Hemingway) contient-t-il une réflexion sur les choix politiques et leurs influences sur la société (le fascisme, le communisme, l'anarchisme et leurs conséquences sociales) ? Je l'ai lu il y a trop longtemps pour m'en rappeler (je sais juste qu'à la fin il meurt )...

Охранное отделение = police du tsar ? (ça donne quoi phonétiquement ?)

Les Rêveurs de l'absolu de Hans Magnus Enzensberger -> Merci Zouh ! Les premières pages ont l'air génial (j'ai été faire un tour au Decitre du coin) et l'auteur, comme la plupart des auteurs Allemands et Russes, m'était inconnu.
J'ai pas trouvé d'information sur Autour d'une vie (mémoires d'un révolutionnaire), L'Histoire de l'Okhrana...
Le Cheval Blême est bien dans l'optique de la comparaison avec Les Justes de Camus. J'ai l'impression que Camus s'est vraiment "calqué" sur ce roman.
Mémoires et écrits ont l'air sympa aussi

@ Balal : En fait, je ne dis pas que l'anarchisme c'est : "tout casser" mais je voulais dire que, dans la bouche des gens que je croise tous les jours, ça l'est. D'ailleurs, tu n'as qu'à regarder l'expression : "C'est l'anarchie !" qui a une connotation péjorative et qui désigne un chaos bordélique à souhait. Les gens ne prennent pas la peine de lire les ouvrages des anarchistes et partent avec des préjugés. C'est justement pour échapper à ce "moule" que j'ai ouvert ce sujet.
CNT = ? (Centre National du Théâtre ?)
C'est dommage que tu ne veuilles pas jeter un oeil à Anna Karénine il est vraiment bien. Du même auteur et en oeuvre majeure il y a Guerre et paix.

Ce n'est pas un roman mais sur le thème de l'anarchie tu peux lire La morale anarchiste de Kropotkine, c'est très court.
Citation :
Publié par Waneblops
Охранное отделение = police du tsar ? (ça donne quoi phonétiquement ?)
Si on en croît Wikipedia, ça donne "Okhrannoye otdeleniye", soit "Section de sécurité".

Citation :
Les Rêveurs de l'absolu de Hans Magnus Enzensberger -> Merci Zouh ! Les premières pages ont l'air génial (j'ai été faire un tour au Decitre du coin) et l'auteur, comme la plupart des auteurs Allemands et Russes, m'était inconnu.
De rien. Ce type est génial. Cet essai est extrait d'un recueil intitulé Politique et Crime. Bien plus dur à trouver, son Bref été de l'anarchie, sur la vie et la mort de Buenaventura Durruti et la guerre civile en Espagne, est un chef d'œuvre. Pour le point de vue du POUM (mais on s'éloigne du sujet), George Orwell et son Hommage à la Catalogne.

Pour les mémoires de Kropotkine, les dernières rééditions semblent épuisées. Tu peux cependant trouver le texte intégral ici.
L'histoire de l'Okhrana est aussi épuisée, mais se trouve en bibliothèque universitaire (d'après le SUDOC, on le trouve à Paris, Rennes, Lyon, Aix, Clermont-Ferrand, etc.) et entre 30 et 40€ sur bookfinder.com. Cela dit, ça risque d'être un peu austère par rapport au reste.

Citation :
CNT = ? (Centre National du Théâtre ?)
Confédération Nationale du Travail.
Si tu t'intéresses à l'Okhrana, Victor Serge a parait-il écrit un livre de référence sur le sujet.

edit: Les Coulisses d’une sûreté générale : l’Okhrana, je précise que je l'ai pas lu perso.
@ Hot : J'avais essayé Guerre et paix de Tolstoï, mais j'ai jamais vraiment réussi à accrocher à l'écriture (bien que l'homme ait vraiment été une figure de tolérance et de pédagogie. Pour rappel : il prônait le végétarisme pacifiste, une réforme de l'éducation permettant aux enfants d'être directement confrontés à la culture et Gandhi réclamait sa pensée issue de Tolstoï !). Après, si un jour j'ai l'occasion de lire Anna Karenine, je ne m'en priverais pas.

Je pense que je vais déjà me consacrer aux livres qui concernent directement le sujet que j'avais évoqué (à savoir le nihilisme russe) puis, si je suis encore passionnée, je développerai en lisant Bref été de l'anarchie, L'Histoire de l'Okhrana, Hommage à la Catalogne...

J'ai déjà, grâce à vous, constitué une bonne petite liste. Si vous ne deviez prendre qu'un livre parmi ceux qui ont été cité lequel choisiriez-vous (c'est pour me faire une idée des indispensables) ?
Si tu veux te lancer dans les discours plus politiques et non dans la littérature, les Catéchisme du révolutionnaire de Bakounine et de Netchaiev en réponse sont deux textes très courts et qui permettent une entrée aisée dans la pensée anarchiste/terroriste de l'époque tsariste.
Ils doivent probablement être trouvables gratuitement sur le net étant donné leur notoriété et leur ancienneté.
Si tu veux te plonger dans la nébuleuse anarchiste, l'anthologie de l'anarchisme de Daniel Guérin - intitulée Ni Dieu ni maître - a le mérite d'être bien faite et en poche. Elle couvre la totalité des discours théoriques en même temps que de nombreux extraits assez conséquents de souvenirs de la part des figures majeures de l'anarchisme ; et elle met le tout en contexte et explicite les enjeux.
Je me permets pour le coup de déconseiller le Makhno récemment édité chez Ivréa qui ne présente guère d'intérêt pour le ou la néophyte.

J'avais effectivement oublié Savinkov que je conseille à mon tour, tant pour la rareté de son témoignage que pour ses talents littéraires.

Mais pour n'en choisir qu'un, Dostoïevski est tout de même largement au-dessus de la mêlée.
Citation :
Publié par Balal
C'est marrant parce que ce que tu appelles l'anarchisme "tout casser" c'est plutôt l'anarchisme russe à la Bakounine: son idée était un espèce de darwinisme politique, on tape sur tout et on garde ce qui arrive à survivre. Je parle même pas de Netchaïev, ce grand malade. Alors que la tradition européenne, proudhonienne on va dire, est plutôt constructive: anarcho-syndicalisme, autonomisme... Il y a même eu une concrétisation en Espagne dans les années 30. Tu peux aussi regarder du côté de Makhno qui a résisté aux blancs et aux rouges en Ukraine. Tu peux toujours essayer de te renseigner à la CNT, mais bon je pense que c'est une bande de bras cassés.

Au niveau littéraire, l'anarchisme de droite a été imo plus gâté: Stirner, Dostoïevski, Pauwels, Caraco, Micberth, Léautaud, Céline, Blondin...
mouais

j'ai l'impression que tu te trompes lourdement sur bakounine, qui, si la postérité retient plus qu'autre chose ses démêlés avec karl marx, reste une figure majeure de l'anarchisme. je me demande à quelle "tout casser" tu fais référence, parce que bakounine est le principal représentant de l'anarcho-communisme ou communisme libertaire, avec kropotkine. peut être est-ce un effet de bord au fait que bakounine soit l'ennemi de dieu numéro un

encore, ça passe. par contre, assimiler stirner à l'anarchisme de droite, c'est au mieux une insulte, au pire une récupération. stirner est tout, mais tout sauf un anarchiste de droite : c'est un anarchiste individualiste, doublé d'un précurseur. même si rien n'est certain, il est fort à parier qu'il ait influencé pas mal d'auteurs, et pas des moindres, notamment marx et nietzsche

bref, pour l'op, si tu t'intéresses à l'anarchisme, je te conseille avant tout ni dieu ni maître : anthologie de l'anarchisme en deux tomes de daniel guérin. le premier se concentre sur les grands théoriciens de la pensée anarchiste, principalement stirner, proudhon, bakounine et kropotkine. c'est donc plus une approche par auteur que par doctrine même si les deux se recoupent immanquablement : le mutualisme de proudhon, le collectivisme de bakounine, je m'arrête là n'étant pas spécialiste
le second aborde quant à lui les grands acteurs de l'anarchisme, à la fois français, espagnols, russes, le tout sur une trame de fond historique
le second tome est en rupture, à croire amazon et fnac, mais il reste toujours plus facile à se procurer que l'anarchisme au éditions gallimard, de guérin toujours

et oui tu as confondu l'anarchisme et le nihilisme russe -le nihilisme niezscthéen, c'est encore autre chose-

par contre si quelqu'un a de bonnes références sur une approche selon les doctrines anarchistes, je suis preneur
Je fais juste référence aux idées de Bakounine, qui en effet prônait la destruction de toutes les institutions. Elles sont plus proches du nihilisme russe que les courants occidentaux. Après "tout casser", c'est simpliste, mais c'est le mot utilisé par l'OP. Néanmoins on ne peut nier que Bakounine a toujours défendu le primat de la politique révolutionnaire (i.e la destruction des institutions sur un mode darwinien) sur l'organisation économique, qui est sensée suivre automatiquement. J'ai d'ailleurs lu un bouquin ayant pour thèse que derrière le marxisme orthodoxe affiché par Lénine, de nombreux pans de sa politique (notamment anti-religieuse) sont bakouniniens.

Pour Stirner, je l'ai classé dans les anarchistes de droite parce lorsque l'on dit anarchiste, on sous-entend collectiviste. Mais si tu préfères individualiste, c'est pas faux. Et il n'a pas influencé Marx, mais certains des ouvrages de ce dernier sont des critiques implicites de Stirner, c'est pas pareil.


Enfin bref, je comprend pas trop la raison de ta critique qui porte sur des broutilles.
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