Lisez les saynètes gagnantes de notre deuxième concours Récits des Morts.
Il y a de cela quelques semaines, nous vous avions demandé d’imaginer la trame d’une image plutôt glauque tirée du jeu. Nous avons enfin pu en choisir les meilleures après avoir étudié toutes vos soumissions. Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir que nous à lire ces petits chefs d’œuvre de fiction. Sans plus attendre, voici les gagnants :
SANS TITRE
Par Vizzinator
J’adore mon boulot. Ou plutôt j’adorais. Dans mon état, je ne suis plus du genre à voyager. Dans le temps, je parcourais
Tamriel, du
marais noir à
Hauteroche. Et même l’archipel du Couchant, une fois. Mon patron était bon avec moi. Il m’emmenait partout et mon considérait comme une rallonge de son propre bras. Il était à mes côtés dans tous les conflits auxquels j’ai pu prendre part. La dernière fois que je l’ai vu, nous étions accompagnés d’un petit groupe de mercenaires. Voyager de cette façon était pour moi le meilleur moyen de voir un peu d’action. Et puis on récoltait notre propre nourriture, ce qui ne gâchait rien.
J’aime chasser. Animaux terrestres et poissons, pour la plupart, même si généralement, après une partie de pêche, je me retrouve trempé et bredouille. J’ai même chassé des
humains, mais généralement pas pour le sport, seulement ceux qui représentaient une menace ou une cible de choix. Ce pauvre hère, par exemple. Tout a commencé quand notre groupe fit une halte pour se reposer. Un Orque soutenait dur comme fer qu’il n’y avait rien de tel qu’un marteau de guerre en plein torse pour se débarrasser d’un ennemi. Le
Bosmer, pour sa part, déclara qu’une flèche bien placée était bien plus pratique. L’Orque rétorqua, dans un éclat de rire : « Et que feras-tu de ces cure-dents une fois que tu sentiras le souffle de ton adversaire dans ta nuque ? Penses-tu donc que cette amure en cuir brut te protègera ? » Et c’est là que je suis intervenu. Les lances sont aussi bonnes pour l’attaque que la défense, à distance ou au corps à corps. Les deux bouffons firent désormais de moi la cible de leur dispute : « Ha ! Un bout de bois reste un bout de bois, qu’importe si c’est une lance ou une flèche ! Tout ce qui importe, c’est l’acier ! », aboya l’Orque. « Aucune lance n’atteindra sa cible aussi précisément qu’une flèche, et qu’importe qui l’a forgée ! » déclara le Bosmer de toute son arrogance.
C’est à ce moment-là que mon patron se tourna vers le cinquième membre de notre groupe, un Bréton que nous avions prévu de renvoyer une fois arrivé à la prochaine
ville. Il était toujours là, à vanter les mérites de la culture brétonne, assis en mangeant son fromage. Ce ne sont pas vraiment des manières. C’est pourquoi je n’avais aucune objection à ce que mon patron m’attrape et me lançe dans les airs. Ça m’était déjà arrivé avant, mais jamais à cette vitesse. C’était tout bonnement glorieux ! Je m’enfonçai bien profondément dans le crâne du Bréton, qui n’a pas eu le temps de réaliser ce qui lui arrivait. Malheureusement, je n’ai jamais quitté cet endroit, et j’attends désormais que quelqu’un me sorte de là et m’utilise, comme au bon vieux temps. Je me demande toujours pourquoi on m’a laissé pourrir ici en compagnie de ce cadavre.
SANS TITRE
Par Winnower
« Tu es ridicule. »
« Non, je te dis que ça va marcher ! »
Lucian lança un regard dédaigneux à son petit frère. Lucian était un guerrier, un membre d’infanterie d’élite de la 23è légion impériale. Son frère, Aloysius, n’avait pu qu’apprendre le travail du bois, et se trouvait là, avec cette perche absurde dans les mains, insistant qu’elle ferait une arme efficace.
« Une pique au bout d’une perche, et tu crois vraiment pouvoir lancer ça ? Ca ne pourra jamais voler droit, et encore moins blesser quoi que ce soit. Si c’était une vraie arme, crois-moi qu’elle aurait déjà été inventée il y a belle lurette. Personne dans Tamriel n’utilise quelque chose ressemblant à ça, de près ou de loin. »
« Lucian, je te jure, c’est l’invention du siècle. Ca va faire fureur sur le champ de bataille, pas comme ces « étriers » qu’on nous promettait comme étant indispensables. J’ai appelé ça une « lance », comme ce sort aedrique qu’affectionnent les Templiers. »
« Je te parie que tu ne pourras même pas atteindre cette bouteille de vin si je la posais sur ma tête. Tiens, regarde, j’enlève mon casque et le met en équilibre…voilà, tu peux y aller. »
« Non Lucian, c’est trop dangereux, je pourrais te blesser. »
« Tu as toujours été faible et pleutre. On peut désormais ajouter « stupide » à la liste. Père sera furieux quand il verra le temps que tu as gâché… »
Au bout de sa patience, Aloysius attrapa son invention et la lança de toute ses forces vers la bouteille de vin. « GOOORCH », fit la lance, tandis qu’elle pénétrait le crâne de Lucian.
Alors qu’Aloysius prit ses jambes à son cou, il eut le temps de réfléchir aux dernières paroles de Lucian, et réalisa que son frère avait raison. Il avait manqué la bouteille. Et son père serait vraiment en colère. Enfin… s’il venait à découvrir la vérité.
SAUVETAGE EN CYRODIIL
Par Micasicard
La nuit était tombée dans les plaines forestières de Cyrodiil, au sud de la ville de
Bruma. Deux formes humanoïdes couchées, observaient minutieusement le camp d'
Impériaux se trouvant un peu plus bas.
« Est-ce que tu la vois avec tes yeux de félin ? » demanda Beowurf, un robuste Nordique.
« Non. Elle n'est peut-être pas avec cet escadron. », répondit le Khajiit, « Tu es sûr que l'aubergiste a dit la vérité ? »
« Je le crois, Shan, et il nous faut agir vite. Mélina ne doit pas arriver à la
cité impériale demain, où elle sera exécutée. »
Les deux compères rampèrent sans un bruit pour avoir un autre point de vue du repaire des Impériaux à travers les fougères.
« Là. » souffla Shan en pointant du doigt.
La prisonnière se trouvait près des tentes impériales, attachée à un poteau. Quelques gardes surveillaient la jeune Elfe sans se soucier des deux aventuriers qui opéraient dans l'ombre.
« Il va falloir se la jouer discret si on ne veut pas réveiller tout le camp. Je couvre tes arrières » dit Beowurf.
« Compris » assura Shan en s’élançant dans la pénombre.
Il arriva au-dessus du campement par un grand rocher, Mélina lui tournait le dos. Discrètement et à patte de velours, il s'approcha du long bâton planté dans le sol. Il sorti son couteau et commença à inciser doucement les cordes. Les gardes ne prêtaient aucune attention à la jeune Bosmer. Cette dernière se réveilla.
« Chut, c'est moi, Shan » susurra son sauveur.
Au même moment, le Khajiit ressentit une présence derrière lui, qui n'y était pas il y a quelques secondes. Il se retourna et vit un Impérial ouvrir la bouche en prenant une grande inspiration pour donner l'alerte. L'instant d'après, une lance vint traverser son crâne. Le garde retomba lourdement dans un dernier souffle, en arrière contre le rocher. Les cordes tranchées, les deux voleurs remontèrent vers Beowurf qui les attendait.
« Tu aurais pu au moins récupérer ma lance ! » sourit le Nordique, « Heureux de te revoir, Mélina. »
L'ancienne prisonnière bosmer sauta dans les bras de Beowurf en essayant de retenir ses larmes tandis qu'un peu plus bas, des cris et des ordres étaient aboyés, l'alerte avait été donnée. Les gardes s'agitaient, dépourvus de leur captive, énervés de n'avoir rien vu.
« Par
Talos, fuyons avant qu'ils ne scellent leurs chevaux, nous ferons de meilleurs retrouvailles plus tard » lança Beowurf.
Les trois aventuriers se volatilisèrent dans la nuit claire. En direction de l'étoile d'
Azura scintillante dans le ciel, le groupe marcha vers le nord pour retourner en
Bordeciel.