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Le 1er livre en langage SMS
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C'est vraiment ridicule
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31/01/2004, 05h51 |
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Prophète
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ca reflete absolument pas les sms je trouve..
comme si on mettais des ^ ro cnul comme bouquin |
31/01/2004, 09h58 |
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#19599 |
Dame-Flo/Llyane |
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Je ne vois pas l'intérêt d'utiliser du langage sms, ça met plus de temps à écrire que d'écrire normalement lol.
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31/01/2004, 12h18 |
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Bolex / Jugulaire |
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ils sont en train de tuer notre langue...
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01/02/2004, 19h10 |
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J'ai vérifié le compte "Phil Marso". Il s'agit bien de Phil Marso (du moins ce compte a été enregistré et validé avec son email). Je réouvre donc le fil.
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02/02/2004, 10h54 |
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#19599 |
Caepolla
Invité
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Même si je trouve le style des messages laissés ici par l'auteur parfois un peu déplaisants (notamment à cause de l'emploi de la troisième personne au lieu de la première), je trouve son livre des plus intéressants.
Intéressant pour la dimension littéraire. Je ne sais pas si cela est voulu ou non, mais l'oeuvre (tant pis si le terme peut paraître pompeux) s'inscrit parfaitement dans le cadre de l'Oulipo. L'Oulipo est une littérature sous contrainte : l'auteur joue sur les signifiants et s'impose des règles qu'il doit surmonter. Par exemple Perec avait écrit tout son roman, La disparition, sans employer la lettre la plus utilisée dans notre langue, la lettre e. Ici le jeu repose sur une écriture plus ou moins phonétique. Intéressant pour la dimension ludique. Si la langue française a des règles partagées par tous, ce qui nous permet de nous lire rapidement et sans effort, ce n'est pas le cas de la langue employée dans le livre. Le jeu consiste pour le lecteur a retrouver une signification familière sous l'écriture phonétique. Un peu comme un rébus sur plusieurs pages, on prononce les sons évoqués par les signes jusqu'à retrouver un sens qui soit satisfaisant. Et le jeu est d'autant plus drôle que plusieurs significations sont possibles. Le titre « Pa SAge a TaBa » peut aussi bien dire « Passage à tabac » que « Pas sage à tas bas » ou « Passe âge hâte ABBA ». Citation :
En apparence les écrits sont très similaires. Mais les conditions de leur production diffèrent radicalement. Le langage SMS est un langage qui découle d'une contrainte technique. Plus tu emploies de signes, plus c'est cher. Il faut donc économiser un maximum les signes. Il est plus long de réfléchir à une abréviation la plus courte possible pour un mot que de l'écrire correctement. Mais dans cette hypothèse-ci, il est plus économique de prendre quelques secondes supplémentaires pour raccourcir au maximum la longueur de son texte. Cette situation n'a rien d'inédit. Je ne sais pas si tu as déjà consulté un manuscrit médiéval ou un incunable, mais le prix du support obligeait également à raccourcir considérablement le texte en abrégeant au maximum. Le résultat est encore pire que n'importe quel SMS, un mot de dix lettres en latin peut être tronqué pour n'en faire plus que quatre. Et le latin étant une langue à déclinaisons, le déchiffrage est un vrai bonheur. Il existe d'ailleurs une science spécialisée sur ce travail, la paléographie. Je peux écrire en langage SMS lorsque la nécessité l'impose et écrire normalement en toute autre situation. Dans ce cas, c'est jouer sur les deux tableaux. L'écrit produit par une personne en échec scolaire relève d'une toute autre logique. Je m'étais investi dans une association spécialisée dans le soutien scolaire à destination de personnes en très grande difficulté scolaire. Et tu y vas la fleur au fusil, convaincu que l'éducation peut tout, qu'il n'y a rien d'inné, qu'avec de la patience et du travail il est possible d'apprendre à lire et à écrire même à Gaspard Hauser. J'avais eu la chance de tomber sur des personnes intelligentes, motivées et sympathiques. Je n'avais pas été lancé à l'aventure sans préparation non plus, ayant subi une formation en la matière. Et pourtant ça avait coincé de nouveau, comme cela avait déjà coincé dans le cadre de l'école primaire puis secondaire. Le problème était qu'ils ne voyaient pas de problèmes où j'en voyais. « Ego » était un équivalent acceptable à « égaux » pour eux, et pas pour moi. Or ce qui s'oppose ici ce sont deux conceptions antinomiques de l'écrit. Dans le premier cas, on considère l'écrit dans la dépendance de l'oral, le signe écrit n'est là que pour retranscrire la chaîne des phonèmes. La différence d'orthographe n'a aucune espèce d'importance puisque la prononciation reste la même. Et l'écriture phonétique, avec ses découpages de mots aléatoires, est une conséquence toute naturelle. Mais la personne sera incapable de traduire son message dans un français correct. En fait la question n'a même aucun sens : la version phonétique est déjà considérée par la personne comme un français correct. Dans la seconde, l'écrit est considéré comme autonome par rapport à l'oral, avec ses propres règles, complexes, qui n'existent pas à l'oral. La grammaire, l'orthographe, la ponctuation, autant d'apprentissages complexes qui n'ont de sens qu'à l'écrit. De plus une personne est capable de lire et écrire une langue qu'elle est pourtant incapable de parler et comprendre à l'oral. C'est mon cas pour l'italien ou le latin (sauf à considérer dans le dernier cas que le fait de prononcer toutes les lettres est vraiment correct). Bien sûr, on pourrait renvoyer dos à dos les deux conceptions avec un joyeux relativisme : les deux se valent, chacun fait comme il veut. Malheureusement, oui et non. Mais je m'aperçois que j'écris une tartine, et je vais abréger avant d'y passer la boulangerie. Disons que le problème est que la langue n'est pas uniforme, elle varie considérablement au sein d'une même population. Chaque groupe a une certaine utilisation implicite de la langue. Ce qui sera acceptable ici sera désespérément plouc ailleurs. Ce qui sera normal là-bas sera pédant ici. Tout dépend après ce que tu souhaites faire. Si tu t'orientes sur une profession ou un rôle qui ne nécessite pas la maîtrise d'un certain français écrit, tu n'auras aucun problème. Mais si tu as le malheur de rêver à des rôles ou professions où les groupes déjà en place accordent une place immense à un certain écrit, tu vas te faire sévèrement refouler (et souvent très en amont, dès le système scolaire qui va se charger de reconnaître les siens et t'envoyer sur une voie qui n'est pas la voie royale). Pour conclure, et avant qu'on ne me coupe pour me dire que je fais chier avec mon baratin, et qu'on est quand même sur un forum de jeux, je donne juste deux références pour développer mon propos : - P. Bourdieu, « Ce que parler veut dire », Questions de sociologie, éditions de Minuit. - B. Lahire, Culture scolaire et inégalités scolaires, sociologie de l'échec scolaire à l'école primaire, PUL. |
02/02/2004, 22h24 |
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Caepolla |
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