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Non ce n'est pas de ma plume, il y a quelqu'un qui fait cela beaucoup mieux à mes côtés en ce moment. Il est très timide, mais je ne désespère pas lui faire avoir un compte ici.
Il aime les encouragements
*il se marre à côté*
Bon alors c'est l'histoire de Gounzganz et Alamankarazieff.
Ces textes sont un peu crus je vous l'accorde, mais j'aime bien Si vous voulez en savoir plus, ces chroniques viennent tout droit du forum d'un jeu en ligne, gratuit, que vous trouverez ici : combattre-ou-mourir
Alors je vous laisse avec ces deux héros, un peu particuliers. J'espère que vous apprécierez.
Courir. Courir. Ne pas s’arréter. Courir dans le brouillard vert de la forêt. Courir dans la nuit, fouetté par les branches, sentir le vent balayer mes joues, faire claquer mon uniforme. La course fait battre l’étui de mon arme. Elle, elle est dans mes bras, si serrée que je ne pourrais sans doute plus jamais la lacher. Je cours, je cours comme un dératé, et mes doigts me font mal à force de tenir cette crosse comme si ma vie en dépendait. Je cours si vite, dans l’obscurité de la nuit, c’est un miracle que je ne me sois encore rien cassé. Mes yeux me brûlent, ces saletés d’implants corrigent ma vision nocturne, la lumière change comme si un dieu fou réglait les couleurs du téléviseur dans ma tête. Non, je ne veux pas voir, laissez moi courir dans le noir. Je ferme la paupière de l’œil greffé, elle a du mal, je la tire vers le bas avec une grimace, ça fait mal, mais les ténèbres valent le coup. Y voir ça serait comme m’arréter. Ca serait réaliser ce que je fais, et si je fais ça je crève net. Je cours comme si je fuyais, et pourtant l’ennemi est devant moi. Là-bas à l’orée de la forêt, il y a le reste de ma compagnie, qui m’attend, mais quelque part je n’y crois pas. C’est comme à Bucarest, quand j’étais gosse : on devait se retrouver au coin de la rue, mais on tombait jamais sur les potes, toujours sur les flics ou les bandes rivales. La police nous tirait pas dessus, parce que nos os valaient pas le prix d’une balle. Les gangers eux nous caillassaient, quand on les caillassait pas avant. C’est ça plonge toi dans ton enfance pourrie, pour oublier ta vie de merde. Et t’arrête pas. De toute façon tu sais qu’il n’y aura personne de l’autre côté du mur, pas visage ami, pas de frères. Juste le vide, la haine et les ennemis. Ca fait un mois que je m’entraine et que je soûle tout le monde parce que je veux partir au front. J’étais à deux doigts d’être nommé caporal chef, ça voulait dire nouveaux implants, matos moins pourri, mais la paperasse trainait : c’est le problème des ST, on est nombreux alors ça rame. Alors comme un gros connard j’ai préféré partir au front tout de suite, partir et courir. Alors je cours, je cours, et je vais pas tarder à crever. Si ce n’est pas une balle qui le transperce, mon cœur va lacher tout seul. Mais je ne peux pas m’arréter, si je m’arrête je suis foutu. Peut être bien que je fuis après tout. Je fuis ma trouille, je fuis ma frousse qui me colle au cul. Le sol se dérobe, je fais un vol plané, je frappe un arbre de plein fouet qui cède sous le poids de ma barbaque couturée. Je voudrais sombrer dans l’inconscience, ne jamais me réveiller, mais j’ai trop mal pour ça. J’ouvre un œil, et je ferme l’autre de force. Il fait noir et la terre me porte. Je voudrais rentrer en elle, dans cette terre chaude et humide, m’y enfouir comme dans une femme, m’y engloutir et ne ressortir qu’à la fin de tout ça.
Je regarde devant moi : la forêt continue indéfiniment, noire, noire et hostile. Je m’attends à ce que les buissons parlent chinois, mais ils se taisent. Dans le silence, on entend que le chuintement de mon communicateur qui s’est allumé pendant ma chute. Je ramasse mes affaires, j’essaye de me calmer. J’ai atrocement mal au coude, je n’ai pas laché mon arme, et je me suis ruiné le bras. Je ne l’aime même pas, je n’attends qu’une chose c’est d’en changer. Elle est laide et imprécise, mais pour le moment elle est tout ce que j’ai. Je ne me suis rien cassé, je sens la tension, s’écouler hors de mon corps comme une bienfaisante hémorragie. Je me surprends à prendre une respiration presque normale. Une branche craque derrière moi. Je suffoque, mon ventre se noue, tous mes muscles se tendent. Avant même de réaliser ce que je fais, je suis déjà en train de courir, de nouveau en plein élan. Je n’ai pas honte de ma peur. C’est grâce à elle que je suis en vie. Je la laisse derrière moi et je m’enfonce dans le noir, toujours plus loin dans l’obscurité. Je croise une odeur de charogne, je n’ai pas le temps de vérifier, pas envie. Un animal, ou un soldat. Quelle importance ? je n’aime pas les cadavres. A Bucarest, j’en ai trop vu. J’en verrais encore beaucoup. J’essaye de me raisonner, de faire en sorte que mon petit bout de cerveau valide essaye de parler au reste. J’ai déjà vécu ça, je suis déjà parti au combat. J’ai déjà attendu dans l’ombre pour égorger un homme. Mais ce n’était pas pareil. C’était des jeux d’enfant. Je suis un homme, un homme qui court pour fuir son enfance, qui court vers la mort face à des dieux-titans. J’ai entendu tant de légendes sur mes ennemis, je sais que les plus terribles des combattants de l’Empire sont là bas. Et pourtant quand je les évoque, j’en ressentirais presque des frissons d’excitation. Ce n’est pas eux qui me font peur. Alors pourquoi est-ce que je cours comme ça ? pourquoi est ce que j’ai l’impression que mon ventre va éclater, remplir mes poumons, que mes yeux vont sortir de mes orbites ? Je ne sais pas, je ne saurais peut être jamais. Mais je ne m’arrête pas pour autant.
J’aperçois la lisière de la forêt, le point de rendez vous n’est pas loin. J’espère qu’Alaman y sera, Alaman mon frère, Alaman le fou. Une lampe torche balaye les arbres, je me jette à terre sans savoir pourquoi. Quand je regarde, je bénis ma trouille. Je savais que l’escouade ne serait pas là. Ils sont là, leurs armures incroyables frémissent, les champs de force iridescents scintillent dans la nuit et crépitent quand ils se frôlent. Mon arme me semble encore plus ridicule. Vouloir les attaquer n’est plus stupide, c’est un blasphème. Les décorations sur leurs uniformes sont légion. Les entailles sur leurs armes autant de promesses de mort. Je m’adosse à un arbre. Je n’aurais pas du m’arrêter. Je sais que je vais mourir, je sens la mort autour de moi, partout, glisser sous ma chemise de jute, je me plie en deux et je vomis mes rations de survie. La flaque nauséabonde et rougêatre me rappelle les tripes de mes amis éventrés. Mon pouce gauche tressaute : réflexe cicatrice. J’avais six ans et je disputais le cadavre de ma mère à un chien. Il m’a mordu jusqu’à l’os et je lui ai crevé un œil. Au moins je sais qu’elle repose avec tous ses morceaux. Je serre mon arme et je repense à l’excitation des jeunes recrues quand ils font feu à l’entrainement. Les commentaires gras sur la trique incroyable que ça nous avait filé. J’aimerais bien le sentir à nouveau, ce feu entre mes jambes. Mon communicateur crépite. J’ai à peine le temps de connecter à mon casque. C’est Jama, sa voix est lointaine et parasitée, j’ai du mal à croire que je parle à une huile, je ne sais même plus ce que je raconte. Ce n’est pas moi qui parle de ma situation, qui envoie un cliché de reconnaissance. Ce n’est pas moi qui demande des cibles et la permission de tirer, et qui salue respectueusement à la fin. Moi je suis adossé à mon arbre à écouter les dieux parler en chinois. Je ne sais qui a utilisé mon corps le temps de cet appel. Peut être bien que c’était moi au fond. La liaison était brouillée, je crois qu’elle n’a pas compris que j’étais seul. J’attends un peu et les coordonnées de ma cible apparaissent. Mon œil crépite, j’étouffe un cri, les informations défilent et je dois me retenir de rire. Il s’appelle Arès, et parmi ses victimes, il a tué Héraclès. Je n’ai rien à faire au milieu des dieux. A Bucarest, on m’appelait le boucher. Dans mon quartier, ma réputation était terrible. Mais je n’y retournerais pour rien au monde. Je sais que je n’irais pas en Enfer, j’y suis né. Lentement, lentement, je me redresse. Je vérifie que mon arme est prête, le geste ressemble trop à une caresse à mon goût. J’essaye de reprendre mon souffle, mais c’est au dessus de mes forces. Je jette un œil : il est de dos. Je n’aurais jamais meilleure occasion. Je fais un pas, un deuxième, un troisième, et de nouveau je cours. Je devrais avancer discrètement et pourtant je hurle, je hurle comme un possédé. Il arme son fusil, le bruit me fait penser à des os qu’on brisent. Je fais feu, mon doigt dérape sur la gachette, le recul m’arrache presque l’arme des mains. La rafale le rate. Je ne vois pas son visage, la visière le recouvre. Je n’ai jamais tué quelqu’un dont je ne voyais pas les yeux. Il marque un infime temps d’arrêt et avec ce mouvement d’une terrifiante fluidité que confèrent l’interface d’arme, me met en joue. Je voudrais lever ma paupière, les utiliser finalement ces saloperies d’implant, justifier la migraine qui ne me lâche pas depuis deux semaines. Mais j’ai du froisser un muscle, et le globe de silicone reste prisonner de sa fragile barrière de peau. Je vise, je bondis, et mon arme fait feu. Les projectiles s’écrasent sur lui. Je vois son champ de force luire, et quand mon arme est vide il est toujours debout. J’ai éraflé son armure. Il n’a rien. Il doit rire. Mais je ne peux pas l’entendre. Mon hurlement s’est effondré au fond de ma gorge. Je devrais recharger, mais la trouille me terrasse. Je ne sais que ramper en arrière, en ne le quittant pas des yeux. Je vais mourir, je vais mourir, seul, comme un chien.
Alors je le vois. Je le vois qui sort du bois, lentement, sûr de lui. Et je sais que je suis sauvé, parce qu’il est mon frère, parce qu’il est fou, parce qu’il est invincible. Je le vois sortir son katana, et je l’entends haranguer notre adversaire. Celui-ci se retourne, troublé par la morgue de cet insecte. J’entends Alaman prononcer son défi rituel, je le murmure avec lui : « Je suis Alamankarazieff, Je porte le Soleil, ma peau recouvre le Monde, et mes os sont les piliers du Ciel. » Il illumine, sa haine et sa folie le rendent plus beau que jamais, son sourire me rend toutes mes forces. Je me relève d’un bond. Mes peurs se dissolvent face à sa détermination. Je ne peux mourir tant que je suis son ami, il ne peut mourir parce que la Mort ne veut pas de lui. Il charge le sabre au côté, je me replie vers le point de ralliement, je sais qu’il me rejoindra, il n’a pas besoin de moi pour vaincre. Je sais que nous triompherons, parce qu’il est à mes côtés. Nous nous sommes promis de ne jamais mourir. Je suis Gounzganz, le boucher de Bucarest et je suis homme de parole
J'en ai d'autres, je vous laisse apprécier celle-ci
J'attends vos commentaires et critiques.
*Lui aussi il est très vaniteux*
hop posté !
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