Je vais prendre un exemple perso puisque tu en proposes aussi. Je me suis fait agressé physiquement par un mec essayant de me voler mon téléphone. Bien sûr que j'ai voulu m'en remettre et j'ai fait preuve de résilience pour cela, et j'ai tout fait pour, il n'empêche que j'ai mal dormi pendant plusieurs jours et qu'il m'a fallu plusieurs mois avant d'arrêter de flipper quand quelqu'un passait juste derrière moi. La première journée, j'ai eu de la chance d'avoir des potes qui sont restées avec moi, j'étais comme un fantôme, complètement anesthésié.
Et même si au final, c'était pas très visible physiquement. Tu me voyais le lendemain, tu pouvais pas deviner que je m'étais fait agressé, j'ai bien évidemment porté plainte pour que le coupable soit retrouvé. Alors bien sûr, on pourrait me dire que je n'avais qu'à faire preuve de résilience et ne pas porter plainte pour une agression minime, que l'agression n'était même pas visible sur moi et que ça aurait permis de passer outre, sauf que globalement ce n'est pas le cas. Faudrait que je retrouve des études, mais généralement c'est plus le non-dit qui tend à enfermer les victimes dans leur statut que l'inverse.
Du coup, quand on m'explique que se plaindre d'une main aux fesses, c'est être fragile, j'avoue que, au regard de mon xp perso, j'ai du mal avec ce raisonnement.
La main n'est pas une petite affaire, c'est une agression sexuelle. C'est l'intrusion d'une personne étrange sur ton corps sans ton consentement, c'est la violation de propre corps pour le seul plaisir d'un pervers. Ce n'est pas moi qui le dit, mais les victimes. J'en ai cité plusieurs juste avant. Ramener ça à une petite affaire, c'est juste nier ce que ressentent les victimes. D'ailleurs si cela est puni jusqu'à 5 ans d'emprisonnement, ce n'est pas pour rien. La société reconnaît que ce genre d'acte est problématique.
Quelques témoignages sur les conséquences, réelles, de victimes :
Et si les gens en parlent aujourd'hui sur twitter ou ailleurs, c'est effectivement parce que l'affaire Weinstein a débloqué les consciences. Mais si en général, les gens ne disent rien, c'est parce que la société encourage les gens à se taire.
La preuve en est, toi ou Gnark, expliquez qu'une personne qui se plaint d'une main au cul devrait être plus résilient et arrêter d'être une fragile. C'est typiquement ce genre de comportement qui conduit à ce que les victimes se taisent.
Tu penses vraiment que si 13% seulement des victimes de viol portent plainte, c'est parce qu'elles veulent passer à autre chose ? Tu ne penses pas que le manque de considération de la police, la tendance des autres à juger et la pression sociale jouent ?
J'avoue avoir du mal à comprendre pourquoi c'est ne pas parler qui t'enfermerait dans un statut de victime.
Pour moi c'est exactement l'inverse : si une personne avoue s'être fait violer dans son passé, tout le monde la verra comme une ancienne victime de viol. Si personne n'est au courant... Personne ne la verra comme ça.. et la personne a alors une chance de l'oublier.
Comment oublier ça si on te balance sans arrêt des petites phrases du genre "oui je comprends, avec ce que tu as vécu..."
(Je fais référence à Christine Angot, on parle encore des tristes événements qu'elle a vécu des décennies plus tard, comment pourrait-elle oublier lesdits événements
)
Sur le gras : tu résumes un message de 700 mots en moins de 20, forcément tu tombes dans la caricature.
Il y avait deux aspects :
La fragilité :
Quand je lis les quatre témoignages dont le tien, je te confirme que oui c'est dommage de ne plus pouvoir vivre normalement après une agression (cela dit, la gravité des faits n'est pas précisée dans les récits que tu cites, le lien marche pas).
NB : il est encore plus dommage que ces personnes aient vécu ces agressions, évidemment.
Autre illustration : La fois où je me suis fait prendre à frauder dans le métro et que j'ai du payer 30€ d'amende, je l'ai tellement mal vécu que j'ai ressenti des pics de stress chaque fois que j'ai croisé des contrôleurs ou des policiers pendants les mois voire les années qui ont suivi. Ca fait de moi un gros fragile. Ce n'est évidemment pas souhaitable.. (c'en est même ridicule). Le point intéressant sur cet exemple, c'est qu'il est possible de très mal vivre quelque chose de tout à fait légal (encore une fois, pincettes usuelles, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, c'est juste un exemple que je trouvais intéressant)
L'autre, plus important, c'était le point (*) : la souffrance est à la fois endogène et exogène (c'était plus exactement ça, *).
(Endogène = la souffrance provient de l'intérieur, c'est à dire des conséquences réelles de l'agression, exogène = la souffrance est fabriquée par les autres qui l'envoient vers la victime comme avec des ondes négatives)
Mon exemple dérisoire de ticket de métro, par exemple, c'était purement endogène. De même, dans ton exemple de téléphone volé c'est clairement de l'endogène.
Pour autant il m'est arrivé des choses objectivement bien pires pour lesquelles je n'ai eu aucune souffrance endogène, et j'ai évité la souffrance exogène en n'en parlant à personne, et vu la quantité d'ondes négatives et de conséquences disproportionnées que je me suis pris pour la simple affaire de têton pincé, j'imagine même pas ce que ça aurait donné.
Donc je veux bien croire que la perception dépend à 100% de la personne.
Si bien que dans les 87% qui ne portent pas plainte, il y a forcément une part (je me risquerais pas à estimer un chiffre) pour qui la souffrance est majoritairement exogène (dans le cas précis, parce que bien sûr ça dépend à 100% de la nature de l'agression), et la conséquence logique est de ne le dire à personne notamment pas à un policier ou son entourage.
Dans les 87% il y en a aussi qui veulent éviter des choses proprement scandaleuses comme par exemple les mauvaises réactions des flics, la pression sociale et le jugement des autres.
Tu noteras que c'est précisément le jugement des autres qui crée ce que j'ai appelé la souffrance exogène.
Nous voulons tous les deux sa suppression, on est tout à fait d'accords sur ce point
Sur le souligné : je pense que la grande majorité des gens ici présents (des deux sexes) ont déjà pris des mains aux fesses dans leur vie et auront une part de légitimité pour juger. La perception dépendra de la personne mais je pense que
hormis un éventuel caractère répété ou autre circonstance aggravante c'est bel et bien une petite affaire. Cf ci dessous.
Une main aux fesses n'est pas une petite affaire.
Si ça ne te dérange pas de te faire palper le jagon et que tu arrives à ne pas laisser ce genre d’événements t'affecter : tant mieux pour toi. Par contre ton expérience et la manière dont tu réagis ne sont universelles, d'autres personnes vivront cette expérience de manière différente.
Tu en as déjà pris une ?
Evidemment ça dépend aussi du contexte, entre un gamin de 14 ans qui tente un truc qui lui parait totalement fou dans le métro, que tu remarques à peine quand il s'éloigne en rougissant, et un patron qui te harcèle verbalement depuis des mois et qui finit par asseoir sa domination sur toi en te mettant une main aux fesses, c'est deux extrêmes d'un spectre.
La moyenne de celui ci est tout à fait supportable...(pas souhaitable, pas acceptable, pincettes d'usage maintenant classique)
Publié par
LongTimeLurker
J'ai refermé la page du test dès la première question
[..]
où l'homme est mit dans un caddie comme une marchandise à emporter chez Carrefour.
Tout ça est dit sur un ton très provocateur mais peut-on y redire quelque chose ?
Tu as illustré en quelques mots ce qu'on appelle la bien-pensance.
@Eden Paradise : Et ton ami a essayé, au pif, de signaler à sa collègue qu'il n'était pas intéressé ? Parce que ça donne quand même d'assez bon résultat dans la très grande majorité des cas.
Mdr, par un jeu de couleur de vos avatars j'ai cru que c'était Paile qui disait ça.
Il ne dira pas à sa collègue qu'il n'est pas intéressé parce qu'il ne pense même pas que ce "harcèlement" soit dérangeant pour personne.