Vers la fin de matinée, les deux Fyros partis aux lueurs de l'aurore s’enfonçaient toujours à travers les dunes ardentes en direction du sud. La chaleur torride ne semblait pas les gêner. Arries l’enfant des dunes, effleurait à peine la sciure avec une agilité féline ne laissant aucunes traces. Elle avait en partie sacrifié la plupart de ses vêtements pour le Fyros, sa robe déchirée qui se froissant au grès du vent laissait parfois paraître une partie de sa cuisse ou était ceinturé un fourreau cachant une petite lame. Mais elle n’en semblait pas moins redoutable conservant toujours son arme en main.
Djyrkan suivait péniblement, son épaule le faisait souffrir et la cadence imposée par la Féline était bien plus rapide que le pas modéré habituel du guerrier. Le Fyros portait un simple pantalon, son torse était en partie nu simplement recouvert par des morceaux de tissu dechirés en guise de pansement à ses plaies.
Lui aussi était né dans la sciure mais n'avais pas une telle aisance pour braver les dunes. Malgrès tout l’absence de son armure lui permettait de suivre la princesse du désert. Il observait curieusement la féline se déplacer, tout en essayant d’apprendre.
Mais la douleur, la fatigue, l’usure, le forçaient parfois à baisser les yeux, serrer ses poings et souffrir en silence. Il s'efforçait de ne pas laisser transparaître sa condition car il ne pouvait se permettre de se rabaisser un fois de plus devant Arries.
La féline parfois s’arrêtait et se retournait. L’étrange pâleur du Fyros le trahissait.
Tu es lent guerrier… mais tu es sur que ça va ? Nous pouvons nous arrêter si ton épaule te fait souffrir.
Djyrkan se contentait de relever la tête et de continuer à marcher sans prêter attention aux paroles qu’on lui adressé.
Djyrkan été tourmenté, il se sentait inutile, incapable de se battre, sans armure pour le protéger. A avait-il la force soulever son épée d’un bras.
Son esprit était confus, il songeait :
Où est passé ma force ?! Mon honneur ?! Souillé et humilié par cette bannie. Je porte même ses haillons. Mais, je lui dois la vie. J’ai besoin de temps, je dois réfléchir…
Il humait parfois sa fiole d'essence pour tenter de faire disparaître ses tourments et la douleur qui embrumait son esprit.
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Plus tard dans la journée, Arries proposa au Fyros de faire une halte invoquant un repos nécessaire après une telle marche. Elle n’en avait pas besoin, mais l’étrange pâleur du Fyros, son regard presque vide, ses traits fatigués, l’inquiétaient fortement. Perdre ce compagnon ne faisait pas partie de ses désirs actuels, il fallait donc le préserver et connaissant la fierté de des guerriers, elle préférait lui mentir.
Après un léger repos, le Fyros semblait en meilleur forme. Il ne parlait pas et restait songeur en regardant son épée.
La fille des dunes le regardait discrètement, essayant de juger si son état avait empiré ou au contraire s'était amélioré.
Elle insista pour examiner les blessures du Fyros. Après un refus, elle imposa au blessé de se faire examiner, le Fyros n’ayant que le choix de s’y plier à contre cœur.
Elle posa son arme, s’avança lentement vers le Fyros et détacha lentement le tissu qui lui servait de pansement.
Elle pencha sa tête sur le coté pour mieux regarder l’état de sa blessure à l‘épaule, dévoilant son épaule et son cou habituellement caché par sa chevelure. Djyrkan sentait le souffle de la Fyros sur son torse nu et percevait maintenant une main glisser sur sa peau. Il n’était pas à l’aise et préféra détourner son regard. La Fyros malgré une gène moins apparente n’étais pas non plus habituée à approcher un mâle inconnu de si près.
L'épaule blessée semblait apparemment en moins piteux état, une capacité des guerriers Fyros étant leur régénération naturelle exceptionnelle. Mais Djyrkan ne paraissait visiblement toujours pas en état de combattre. Après quelques instants qui parurent une éternité, elle renoua le haillon et se redressa.
Ton épaule va mieux, mais essaie de ne pas la bouger. Nous devons nous remettre en route maintenant.
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Les premières lueurs du crépuscule paraissaient à l’horizon. Arries s’arrêtait souvent sur les hauteurs des dunes pour scruter le paysage lointain.
Soudain, ses gestes habituels se figèrent, s'agenouilla dans la sciure. Au loin elle distinguait des silhouettes.
Sûrement trois homins accompagnés d’un mektoub chargés de saccoches. Les silhouettes s'agitèrent des armes furent brandies et l’un des individu tomba.
La Fyros comprit qu’il s’agissait d’un marchand malchanceux tombé devant deux pillards des dunes.
Elle ordonna au Fyros de l’attendre, dans son état, il aurait été dangereux de combattre.
Djyrkan s‘insurgeât.
Quoi ?! Comment oses tu ? Je préfère la mort plutôt que de ne pas combattre !
La Féline se s’attarda pas et s’avança en direction des pillards. Elle avait apparemment décidé de les prendre par suprise sur le flan.
Alors que la Fyros s’éloignait rapidement, se déplaçant avec agilité, furtivité et aisance dans l'ombre du creu des dunes, Djyrkan tira son épée et se dirigea droit en direction des deux homins.
Il s’agissait de deux Fyros bannis, ils étaient apparemment sur le point de commencer à piller le mektoub après l’avoir achevé. Leur victime, un Matis, gisait inanimée dans la sciure. Il avait été massacré sans aucunes retenue.
L’un des homins d'un coup d'oeil vigilant aperçu Djyrkan au loin qui s’avançait vers eux. Des rires gras resonèrent et les deux pillards s’avancèrent armes en mains à leur tour vers le Fyros.
Arries réalisant la situation, se hâta. Elle devait intervenir avant que les homins n’aient atteint Djyrkan. Arrivée à bonne distance, elle ajusta son arme et commença à préparer son tir.
Djyrkan traînait lourdement son épée d’une main, la douleur de son épaule avait resurgit le privant de l'usage d‘un de ses bras. Il maintenait difficilement sa tête haute. Malgrès tout il avançait fièrement vers une mort certaine. Il en avait presque oublié la féline qui l’accompagnait.
Les deux homins s’approchaient du Fyros sans craintes en ricanant, proférant diverses injures et le provoquant par des gestes obscènes. Il ne se trouvait maintenant qu’a une dune du guerrier. L'affrontement semblait inévitable.
Arries, été prête, un tir suffirai à mettre fin à cette menace. Mais la proximité des trois guerriers mettait maintenant la vie de Djyrkan en danger. Elle pesta :
Maudit sois-tu Djyrkan ! Stupide guerrier!
Elle fit feu en reajustant son tir au dernier moment. Une violente explosion illumina les dunes dans un nuages de fumée, enflammant la sciure autour des guerriers.
Les deux pillard furent projetés sur le sol, leur chair en feu, poussant des hurlements d’agonie en gesticulant désespérément
Le souffle écarta Djyrkan qui alla s’effondrer dans la sciure loin des flammes, la crête de la dune le protégea des projections ardentes mais le choc fut violent. Arries avait visée juste.
Les cris d’agonie des homins auraient attirés tous les bannis des alentours. La Fyros se précipitat en direction des pillards, contournant les flammes, traversant la fumée.
Elle tira sa petite dague et égorgea les dépouilles brûlantes qui se débattaient encore.
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Elle s’avança ensuite d’un pas ferme en direction de Djyrkan ne le lâchant pas de son regard noir. Elle semblait furieuse mais une part d'elle était soulagée.
Le Fyros quand à lui se releva difficilement toujours étourdi par le choc, son épaule le faisant cruellement souffrir. Il ramassa son épée et se tourna vers Arries.
La féline le regarda férocement droit dans le yeux et le gifla violemment.
Idiot ! C’est la mort que tu cherches ?! Il va falloir apprendre à m’écouter si nous voyageons ensemble ! Je n’aurai pas hésité à te faire subir le même sort qu’a ces pillards.
Djyrkan se contenta de soutenir son regard sans broncher et avança en direction de la dépouille du mektoub.
Les différentes sacoches refermaient des vêtement de facture plus ou moins bonne pour la plupart d’origine Fyros. Djyrkan déçu, ne trouva point ce qu’il recherchait. Il avait perdu un bien précieux et sa vie de guerrier en dépendait.
Il ne restait plus qu’une large malle renforcée que le Fyros s’empressa d’ouvrir. Elle refermait une large armure, bien plus lourde que celle qu’il avait porté auparavant. Elle ressemblait aux anciennes armure qu'avaient portés ses ancêtres au cours des différentes batailles contre l'empire. Le Fyros sentit son sang bouillir à nouveau et ne tarda pas à s’en équiper difficilement malgré sa blessure. Un frisson le parcouru, il se sentit à nouveau digne, fier, niant un instant la douleur, la fatigue et négligeant le poids imposant de cette armure de guerre.
La Fyros encore furieuse, passa rapidement la robe jettant ses anciens haillons dechirés sur le sol et récupéra diverses plantes, graines,du tissu ainsi que quelques vivres. Puis cria à Djyrkan:
En route! Il ne faut pas s’attarder ici, d’autres pillards ont sûrement étés avertis par les cris.
La nuit n’étais pas encore tombée ce qui laissé à nos deux homins le temps de s’éloigner et de trouver un abris.
Djyrkan vit sa cadence de marche lourdement ralentie, l'imposante coquille qui l'isolait de toute menace l’empêchait de suivre correctement la féline des Dunes. Bientôt, la douleur revint et la fatigue se fit presque insupportables. Au fur et à mesure de la marche le Fyros pâlissait et titubait. Il marchait tête baissée dissimulant au mieu sa souffrance. Sa vue se troubla. Arries avançait d'un pas ralenti toujours furieuse contre Djyrkan, exaspérée par la lenteur du guerrier, ne lui adressant que de rares regards sans pretter attention à l'état du guerrier.
Soudain le Fyros à bout de force, incapable de faire à nouveau un pas, s’immobilisa en haut d’une dune. Il vacillait et ses membres tremblaient. Les ténèbres envahissaient son esprit.
Arries se retourna et vit le corps du Fyros s’effondrer dans la sciure et chuter au pied de la dune.
Le Fyros avait sombré dans le néant.