Provient du message de Kolaer
[i]Ceci soulève, outre l'interrogation de Lovelock, quelques questions, principalement d'ordre philosophique. Pêle mêle, quelle place donner dans cette théorie à l'Homme doué de conscience (de son existence et, placé dans cette hypothèse de celle supposée de Gaïa) ? Conscience globale ou individuelle ? Et quelques autres fantaisistes, notamment sur les moyens de communications entre Gaïa et le biota.
Quelle place donner à l'Homme dans cette théorie ?
Ma première observation est que si l'entité Gaïa est "consciente", ou tout du moins vise un "bien" terrestre universel mais de façon inconsciente, et que l'Homme lui même est aussi conscient, nous sommes en présence de deux entités "conscientes", à savoir Gaïa et l'Homme.
Or, si deux entités conscientes sont en présence dans un même lieu, en l'occurrence la Terre, il se produit une réaction.
Ce peut être le dialogue, la confrontation, le débat, la synergie, l'ignorance, la séparation qui suivrait une hypothétique union.
Si nous admettons que Gaïa préexistait à l'Homme, on doit aussi admettre que, Gaïa étant consciente, elle a engendré l'Homme. Si nous admettons que Gaïa ne vise qu'à l'harmonie du biotope terrestre, par le contrôle du biota, alors l'Homme est forcément bon. Dès ici, cette théorie pose un sérieux problème moral, car alors selon elle l'HOmme serait bon par nature ? Enfin, par Gaïa ?
Mais une objection nous vient alors à l'Esprit. Comment peut-on affirmer, si l'on admet l'existence d'une/un Gaïa consciente, que celle-ci ne vise que le "bien" ? Que pourrait être le "bien" du point de vue de Gaïa. Nous l'avons dit, il semblerait que ce soit l'harmonie du biotope, la régulation du biota, visant à l'élimination des parasites, et à l'émergence des espèces, ou des minéraux "utiles", ou considérés comme tels par Gaïa.
Mais ne peut-on affirmer alors que la disparition de certaines espèces, ou minéraux, n'est pas le bien pour Gaïa ? Ne peut-on dire que l'émergence de l'Homme conscient n'est pas une stratégie du bien, visant à l'éradication de certaines espèces considérées comme parasite par Gaïa ?
Dans un ordre d'idée plus moral, si l'on attribue une "conscience" à Gaïa, comment peut-on se mettre à sa place pour juger ce qui est bien ou mal ?
L'Homme est lui aussi conscient, et possède donc son propre niveau de jugement, un niveau humain. Or, dans cette théorie de Gaïa, j'ai tendance à croire que c'est l'Homme qui prête à Gaïa une conscience humaine, car il ne connaît que cette conscience.
Toute autre échelle de valeur, en dehors de celles créées par les Hommes, ou révélées à eux par Dieu ( pour les croyants ) ou transmises par un prophète, n'est dès lors pas applicable à Gaïa, ce qui laisse penser que Gaïa est non seulement douée de conscience, mais possède aussi par conséquent sa propre échelle de valeur, ses propres notions de bien et de mal.
On peut dès lors faire dire tout et n'importe quoi à une telle entité, notamment au service d'une politique ou d'une idéologie.
Si, par exemple, je considère que telle chose est mauvaise, comme la disparition des ours polaires comme conséquence de la réduction de leur habitat, et donc de leur biotope, cette dernière étant la conséquence de l'action de l'Homme sur l'environnement, je peux alors dire que Gaïa trouverait cela mauvais. Pourquoi ? Car ce n'est pas l'Homme qui devrait agir sur son environnement, mais Gaïa elle-même.
Cependant, Gaïa, selon la théorie exposée, n'agissant que dans son intérêt propre, et selon sa propre échelle de valeur, ou sa propre morale, aurait fait émerger l'Homme.
Ainsi, deux conclusions s'offrent à nous. Soit l'Homme est devenu conscient et hors de contrôle de Gaïa.
Soit l'Homme est un produit "normal" de l'évolution selon Gaïa, et tout ce qui se produit actuellement n'est que le résultat de cette "puissance supérieure et insaisissable".
J'espère avoir été clair ....
Nota : j'ai volontairement omis le débat sur l'aspect conscience globale. Débat complexe et long. On pourrait considérer Gaïa comme la somme des activités animales/végétales/terrestres, qui ne viseraient en fait qu'un seul et même but universel ...
Cependant, un philosophe comme Hegel s'est déjà attaqué à cette notion, en se demandant si l'Histoire, dans le sens de la somme des actions de tous les Hommes sur Terre, n'allait pas en fait que dans un seul et même sens, ne visait pas qu'un seul et même but ....
Je doute cependant que la théorie soit applicable à Gaïa ... Mais pourquoi pas ?