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Cet obsédant passé

Par Kalder'Shee le 4/11/2002 Ă  4:11:00 (#2474822)

Le soleil se déchire, entre chiens et loups, dans l'eau d'un Shannon profond et calme. L'heure, et le décor, se prêtent parfaitement à quelques pensées sur un passé que peu de gens connaissent. Assis sur cette plage qui a vu mes premiers jours ici, je contemple le crépuscule rougeoyant, et laisse ainsi voguer mon esprit.

"Allez, Tu t'en remettras..."

Combien de fois ai-je entendu ces mots ? Et dans quelles bouches ? Ceux qui me l'ont dit le croyaient-ils vraiment ? Je hais cette phrase, alors que j'admire profondément ceux qui y sont parvenus, et m'en crois moi-même absolument incapable. Comment peut-on réellement "s'en remettre", après tout ? L'instant d'avant, on n'avait rien, l'instant d'après, on a l'impression d'avoir tout, et au milieu... un étrange moment d'absence, comme si l'esprit avait besoin d'une petite seconde pour prendre conscience de l'immensité acquise. Comment penser que cet esprit, empreint à jamais de cette richesse, puisse faire comme si de rien n'était ? Enigme.

Il est humain de penser que le temps efface, érode, use les peines. Mais il l'est beaucoup moins de penser que les traces laissées perdent leur signification. Ô dieux ! Comment pouvez-vous faire de nous ces pantins dominés par les pensées douloureuses ?

Il ne nous reste plus qu'à nous enfermer dans notre quotidien, avec l'espoir vissé au ventre qu'on finira, quelques heures dans la journée, à ne plus y penser. Ou plutôt, à ne plus penser à rien, se laisser perdre dans les méandres de la vie, pour ne jamais plus souffrir. Un quotidien sombre, martelé de meurtres, de sang, de cris, de fracas, car c'est la guerre, et je suis un guerrier. Au-dela de la défense d'un royaume meurtri, il s'agit bien de vies mises en jeu dans cette macabre et interminable danse. Et la victoire reviendra à celui qui pense le moins à sa condition. Etrange, pour éviter la souffrance du coeur, de souffrir dans son corps, au gré des blessures de guerre.

Une blessure corporelle cesse toujours de saigner, lors qu'une plaie béante au coeur, elle, reste toujours ouverte, suppure de malaise, et sa gangrène mélancolique gagne immanquablement le corps dans son entier, le domine, le rend dolent, gris. Il ne reste alors qu'à se rappeler des tout premiers moments... ceux-là même qui semblaient immortels, et qui le sont devenus, dans la mémoire de celui qui se souvient. Il ne reste que des mots, mais ils se suffisent à eux-même, pour peu qu'on y pense avec assez de foi. Si se souvenir de cela est vain, comme semblent le dire ceux qui usent de la phrase "tu t'en remettras", alors tout sur cette terre est vain.

Gagnés par l'émotion, et par le souvenir ardent, les mots dépassent quelquefois la pensée, et par la voix acquièrent un Vrai Sens... C'est lors de ces moments qu'ils s'échappent, et planent au loin, vers le soleil finalement endormi. Une voix s'élève, les mots prennent vie...

Délassante caresse, délaçante main,
Glisse sous les tissus, assume ton larcin,
Touche, vole, saisis, agrippe tendrement
L'objet de ton désir, du mien, pour le moment
Sans réelle ferveur, et presque sans passion,
A part ce sentiment de confiance empathique
Qui nous guide et nous lie... Nul besoin d'oraison
Pour nous entendre, et le dialogue plastique
De nos tâtonnements timides, langoureux
Finit de réchauffer le granite frileux
De mes sentiments vains, arabesques perdues
Dans le flot de craintes des souffrances vécues...
J'aimerais avouer que je tremble de peur,
Hurler de cesser lĂ  cette cascade agile,
Et recouvrer mon calme indolent et berceur.
Mais je tressaille sous les caresses subtiles,
Soupire en entendant les légers grattements
De nos peaux en contact ; ArrĂŞtes maintenant !
Ou jamais de ma vie je ne voudrais sortir
De l'abysse ignée vers laquelle tu me tires...
N'Ă©coutes pas ma voix, elle trahit mes sens !
DĂ©chiffre dans mes yeux, mes gestes et mon corps :
Le désir qui me prend est exempt de défiance,
Et ma langue acérée mérite un autre sort...
Dans nos attouchements, de moins en moins timides,
Je n'entends plus des mots que les souffles humides.
Très bientôt le rocher sera sous la marée
Comme un château de sable aux cieux abandonné...


Je me souviens de ce moment. C'est lĂ , dans cet infini instant, que je ne voudrais jamais "me remettre", et me perdre, encore, et encore, et encore...



(Gwalchmei FauconDeMai
)

Par Azon le 4/11/2002 Ă  11:35:51 (#2475851)

Yln se ballade. Ses bottes accrochées à son sac, elle marche les pieds dans l'eau.
Elle aperçoit une forme dans le crépuscule.

Sans s'approcher, attentive et discrète, elle fait le tour de l'homme et cherche à deviner son visage. Un sourire se lit sur ses lèvres quand elle reconnait Gwalchmei. Elle s'apprête à lui crier bonjour quand quelque chose la retient.

Gwalchmei vient de se prendre la tĂŞte dans les mains, et semble soucieux. Il ne bouge plus.

N'osant le déranger, elle s'assoit dans les hautes herbes, au loin et attend un moment propice.

Comme s'il pouvait l'entendre, elle chuchotte :

- Que se passe-t-il beau champion? Toi qui es venu me réconforter l'autre jour, tu te retrouves assis ici. Tu sembles tant mélancolique. Quand le jour tombe, nos fantômes ressurgissent ... Dois-je te laisser seul, dans tes réflexions? As-tu besoin de quelqu'un?

Yln ne cesse de regarder Gwalchmei et attend qu'il se lève pour aller à sa rencontre.

Par Kalder'Shee le 4/11/2002 Ă  19:10:39 (#2479851)

Quelques minutes passent, la brise murmurant dans les hautes herbes de douces parole apaisantes. Une belle nuit se prépare, et n'attend que l'apparition d'une lune rousse pour atteindre le paroxysme de sa splendeur. Je me lève enfin, après un long soupir.

Ce n'est que lorsque j'aperçois Yln, dont le visage reçoit, comme une apparition, la lumière nocturne, que je devine pourquoi ces murmures inaudibles étaient si réconfortants. Je dois lui apparaître, en contre-jour de la lune, comme un spectre obscur, une silhouette se découpant dans le ciel étoilé. Une bien triste image, en vérité. Mais qu'importe ! Je penche imperceptiblement la tête de côté, comme pour montrer que je ne suis pas une immuable statue, et envisage un instant de m'adresser à elle, avant de m'abstenir, en devinant que le ton de ma voix ne sera pas celui du guerrier.

Je reste ainsi, pétrifié, à osciller entre l'envie de tourner les talons et partir, et celle de rester sans dire un mot.

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