"Opposer fidélité à la lettre et fidélité à l'esprit me paraît fausser les données du pb (...) Aucune règle possible, chaque cas est particulier. Tous les coups sont permis, hormis les coups bas. (Sont acceptables comme résultats a) la même chose, b) la même en mieux, c) autre chose. Inadmissibles sont l'affadissement, l'édulcoration, le rapetissement
On est d'accord ( et donc tu ne soutiens pas Darkmore).
Ce François ne fait que me plagier (à croire qu'il a lu mon post avant.) Pour lui, une mauvaise adaptation, ce qui est inadmissible est ce qui affadit, canderelise et minimise.
Revenons à Darkmore.
Je ne vais reprendre en détail tes arguments parce qu'effectivement, on s'éloignerait du débat de l'adaptation pour revenir sur le Seigneur des Anneaux (mais faut me comprendre, j'en ai gros sur la patate.)
Juste concernant le problèmes des pages : il est significatif de l'importance que lui donne l'auteur. Quand un passage représente un 50ème d'un livre et la moitié d'un film et qu'ensuite on te dit " mais il y avait pas la place ! ", on est en droit de froncer le sourcil, voire d'exprimer un léger agacement.
le problème n'est pas que "c'est pas pareil", c'est que c'est pareil en moins bien.
Tu ne sembles pas comprendre mes critiques : je ne parle pas de problèmes de détail, du nombre de feuilles sur le Mallorn, sur la longueur des sourcils de Celeborn. Je dis que le livre a été préssé jusqu'à en éliminer toute la poésie, tout le lyrisme, tout ce qui n'était pas compréhensible au premier abord, tout ce qui n'était pas spectaculaire. Les défauts que je cite sont des défauts graves, qui parasitent toute l'histoire, comme pour The Crow (à priori on a le même comics, je ne crois pas qu'il existe différentes éditions, et la version française est assez bien traduite.)
Quand j'ai vu le premier film j'ai adoré jusqu'à Rivendell. Sincèrement, j'avais les larmes aux yeux en voyant le Shire. Les choix de Peter Jackson de rendre la poursuite nerveuse, de couper Tom Bombadil ne m'ont pas gêné (ben oui, je sais pourquoi tu t'énerves avec Tom Bombadil...) Que ce soit Arwen qui vienne les chercher m'avait déjà plus fait tiquer.
Mais le conseil, puis la Moria, la Lorien Express m'ont laissé un arrière goût. Le deuxième m'a fait dresser les cheveux sur la tête.
Le début du premier film est une adaptation, après on est dans la trahison. Ce que j'appelle la MTVsation, c'est justement cette volonté de faire coller le film à l'attente du spectateur moyen (ou supposé tel), le teen américain fan de Jackass et de Christina Aguilera, au lieu d'essayer de l'amener vers une vision différente.
C'est au fond ça, la vraie question au centre de l'adaptation, que ce soit de The Crow comme du Seigneur des Anneaux.
Veut-on emporter le spectateur vers de nouveaux territoires, vers des horizons inexplorés, ou bien va-t-on les démonter pièce par pièce pour éviter l'excédent de bagage et les amener pré-digérées ?
Comme le dit Baai,une histoire doit se baser sur une idée profonde, un film dit quelque chose.
Que dit The Crow le livre ? Qu'à trop regarder les monstres on en devient un soi même, que le Mal engendre le Mal, que trop de chagrin rend fou.
Que dit le film ? que si vous êtes gentil et que vous vous faites tuer par des salauds, peut être qu'un gentil corbeau radioactif vous mordra (ah non, c'est pas ici.), et que vous reviendrez avec des pouvoirs sympas pour nettoyer cette vermine qui encombre nos belles rues, de préférence au ralenti sur de la musique techno (ne cherchez pas, c'est une expression générique.) Le film est en ce sens beaucoup plus proche des nauséeux films de Bronson que le livre.
Le Seigneur des Anneaux est une ode à la ténacité des humbles, à l'amour sans failles de Sam pour Frodo qui le protègera même de la corruption absolue, à la fin de l'âge de la magie pour que commence l'âge des hommes, aux derniers feux des rois d'autrefois.
Le film est un bon gros scénar de Donjons et Dragons, avec des persos balaises, une grosse quête, son histoire d'amour, ses personnages comiques, des magiciens qui font des boules de feu, des elfes qui font du surf...
L'argument, " c'est un film de Peter Jackson" ne tient pas. De Bad Taste à Heavenly Creatures en passant par Frighteners, Peter Jackson a montré qu'il avait muri, qu'il savait aborder des sujets graves, que son imaginaire était toujours foisonnant...
Avec carrément moins de moyens (je ne veux même pas savoir...) la version de Ralph Bakshi était à la fois plus ambitieuse et plus réussie. faisant tenir la moitié de l'oeuvre en un film de moins de deux heures, il ne laissait pas ce goût de cendres sur la langue, celui des rêves calciné sur le bûcher de la rentabilité.
PS : Non, ce n'est pas la Torche, mais Pyro, de son vrai nom John Allardyce, membre de la deuxième Conférie, formée par Mystique. La Torche peut générer du feu, pas lui. Et si Jean devient le Phénix dans le Special Strange 12, ce n'est pas du tout l'épisode 10, c'est l'épisode 100.