Chroniques du Lac

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LE CHANT DU LAC
« Nous chantons pour enseigner notre Loi

A nos enfants … » (chant traditionnel du Tahoe)


Tu parles … La seule Loi qui vaille, ici, c’est de se faire tout petit pour survivre encore un jour, une semaine, un mois.
Quant à évoquer nos enfants, c’est une douce rigolade, une plaisanterie pour soirée nostalgique auprès du feu : le monde s’est arrêté ici et maintenant, et nous le savons. Gloire aux gosses que nous n’aurons jamais, la guerre et le Grand Vert sont passés par là. D’ailleurs peut-être est-ce aussi bien ainsi, je n’ose pas imaginer ce qu’ils seraient devenus, ou plutôt j’imagine trop bien.


Mais, à défaut de descendance avide de savoir, peut-être y aura-t-il un jour un autre réfugié pour lire ces lignes ... ou me faire lire les siennes ? Pour cela, et pour cela uniquement, j’essaierai d’y glisser subrepticement quelques secrets dérisoires et inutiles, qui sait, peut-être en tirerai-je un jour à mon tour quelque bénéfice insoupçonné ?
EVASION
C'est décidé : je n'irai pas plus loin. Fin de partie !
C'est vrai, quoi, j'en ai ma claque de galérer dans ces coins pourris où tu ne vois rien à plus de 20 mètres tellement ce maudit brouillard verdâtre s'est épaissi depuis quelques jours.

Pas moyen de lui échapper, il est omniprésent. Suintant du sol comme d'une plaie gangrenée, il vient s'enrouler autour de toi en s'infiltrant tout partout. Même dans ta tête. Surtout dans ta tête.
Saleté...

Myst1.jpg

Les avis divergent sur cette cochonnerie. Certains prétendent que ce sont des gaz mentox balancés par les belligérants eux-mêmes. D’autres pensent que la violence des combats a provoqué des bouleversements tels que des espèces de déchirures ont été créées par lesquelles le Grand Vert - c'est comme ça que j'appelle cette purée malsaine qui envahit tout – s’est engouffré.

Mais bon, à vrai dire, on s’en tape un peu des causes, c’est juste histoire de parler. Tout ce qu’on voit c’est le résultat, et là c’est vraiment pas brillant.
Vraiment pas.

De temps en temps, il y a quand même comme une éclaircie qui se profile devant soi. Enfin, pas toujours devant, mais peu importe, l’idée dans ces cas-là c’est d’en profiter pour avancer, tout plutôt que "ça".
J’ai sans doute eu du bol, car une série de ces éclaircies m’a finalement amené dans un endroit dégagé au pied d’une montagne.
("M'a amené ..." ? Hmm, voilà un lapsus qui en dit long ! Il était temps que je sorte de ce truc putride, j'aurais pu finir par imaginer que "ça" essayait de m'influencer pour m’amener à cet endroit précis !!)

Une escalade et quelques gamelles plus tard, je me retrouve au sommet de la montagne.
Et là, miracle ! Plus de brouillard nulle part, et à la place ce spectacle …

Lac3.jpg


Et c’est ainsi que m’est apparu le Lac pour la première fois.
Une récompense. Une bénédiction. Un rêve éveillé …


PETITE PAUSE BIEN MÉRITÉE
Ce lac qui s'étend à mes pieds sera ma dernière étape, je le sais. Je le sens.
Et d'ailleurs, pourquoi aller plus loin ? Amusante inversion que cet îlot de salubrité dans un océan de corruption. Il y a l'air en effet d'avoir tout ce qu'il faut par ici pour se poser durablement. De quoi manger, de quoi dormir à peu près à l'abri, que veut le peuple ?
Bon, c'est pas le tout de rêvasser, le feu va pas s'allumer tout seul.
Et demain, si tout va bien, je pars à la recherche d'un coin tranquille où monter mon bivouac.
Réfléchissons, de quoi ai-je besoin ?


  • D'un endroit à peu près plat (roupiller sur un terrain en pente est tout à fait désagréable, en général tu finis ta nuit au point le plus bas, et c'est rarement le meilleur ... ça me rappelle le jour où je me suis endormi sur la berge inclinée d'une adorable petite rivière, mais bon, passons, le souvenir est peu glorieux).
  • D'un cours d'eau à proximité pour choper la poiscaille qui te fera le repas du soir. Enfin, du jour.
  • D'une décharge pas trop loin, histoire de pouvoir entre deux siestes aller récupérer de quoi bricoler.
  • De quelques arbres, pour s'abriter des grosses chaleurs (enfin les grosses chaleurs, ce sera pour plus tard, là ça caille grave !!) et ramasser les branches, qui traînent. Ah, et les zozios aussi, c'est important les zozios, ça faisait des jours que j'en avais pas entendu, ça me manquait.
Voilà,
Je suis vraiment pas difficile ...

Dernière modification par Enkki ; 26/11/2011 à 17h45.
ORION
Il m’a fallu quelques jours d’errance avant de tomber sur un coin que me plaise suffisamment pour que j’envisage de m’y installer provisoirement. J’ai tout de suite été séduit par la silhouette altière de cet éperon rocheux dominant la vallée. Je me suis dit intérieurement qu’en élevant son camp, quelque part on élevait également son âme. Comprenne qui pourra, le premier qui rigole, je lui en colle une.

Et puis cet endroit me parait avoir un bon potentiel de défense … Agencé sur deux étages, il est presque entièrement entouré de falaises que j’espère pouvoir rendre le moins accessibles possibles. Un torrent complète la défense naturelle de ce petit plateau : je me demande si je pourrai plus tard en détourner une partie du cours pour renforcer la protection du lieu.

L’endroit a un seul défaut, c’est que non seulement il n’y a déjà pas beaucoup d’arbres (vu que les forêts sont en général plus haut dans la montagne), mais en plus les quelques arbres du coin ont presque tous été abattus pour rien, le bois restant à pourrir par terre. C’est pas grave, il reste les souches, et ça devrait commencer à repousser au printemps.

Orion4.jpg


Pour l’instant, je me suis contenté de tirer quelques troncs, et de les placer symboliquement autour de ce qui sera … euhh … de ce qui sera sûrement quelque chose un jour.

Et j’ai planté là mon totem, avec toute l’immémoriale arrogance de ceux qui croient que la terre peut leur appartenir.

Quand j’ai montré mon bivouac à Zoltan, un pote qui chasse dans le coin de temps en temps, il a souri …

- « Un vrai petit Montségur, ton camp … »
- « Un quoi ? » lui ai-je demandé ?
- « Montségur. C’était un camp retranché construit par la tribu des Parfaits, sur un éperon un peu comme le tien. Il a fallu des mois à l’ennemi pour le capturer, et on dit que les membres de la tribu ont préféré se jeter du haut des falaises plutôt que de se rendre. Des fous, quoi. »

L’idée me plaisait bien, mais j’avais déjà baptisé mon camp « ORION », et ça aurait été lui manquer de respect que de changer son nom comme ça, sans prévenir. Mais dans mon cœur je me suis dit « Orion, tu seras mon petit montségur à moi, si tu es d’accord.. ».
Un rapace est passé à ce moment en poussant un cri bizarre, et j’ai pris ça pour un présage favorable : je n’aurai pas à me jeter du haut de la falaise.
Enfin, j’espère.

Dernière modification par Enkki ; 26/11/2011 à 20h42.
DE L’ART DE LA FORESTATION (et de ses conséquences)
J’ai peut-être une piste pour me renflouer en bois … Mon pote Zoltan, il m’a expliqué que certains réfugiés avaient appris à replanter des arbres à partir de simples graines récoltées au pied des arbres en bonne santé. Il m’a emmené faire un tour dans la montagne, et m’a appris à reconnaître les différentes sortes de graines. Au passage, il m’a montré également comment récolter la sève des arbres en faisant de fines entailles dans les troncs, pas trop grosses sinon l’arbre il va pas aimer.

Seed2.jpg

Apparemment l’Art de la Forestation (comme dit Zoltan en rigolant) n’a pas l’air très compliqué, vu que de plus en plus de réfugiés s’y mettent. Mais du coup ils se sont rendus compte de quelque chose de très bizarre. J’ai en effet entendu dire à plusieurs reprises qu’au bout d’un certain temps, il devenait quasi impossible de planter de nouveaux arbres dans une zone donnée, comme si la terre elle connaissait ses limites et savait qu’il fallait pas exagérer.
Il y a même un fou qui a essayé de définir la limite en question : il a trouvé qu’à partir de 500 arbres environ, une zone commençait à empêcher toute nouvelle pousse !


Bon, dit comme ça, ça a l’air de rien. Mais imaginez que vous vouliez planter des arbres sur le terrain de votre tribu, et que ce ne soit pas possible parce que la zone est déjà saturée en arbres. Pas besoin de vous faire un dessin, je suis sûr que vous avez eu la même idée que moi : qu’est-ce que ça donnerait d’aller couper et déraciner les arbres des voisins, histoire de relâcher un peu la pression ?

J’aime pas trop cette idée, parce que ça veut dire que les plus forts vont bientôt vouloir réclamer d’avoir tous les arbres qu’ils veulent, et alors c’est bien sûr les plus faibles qui vont morfler. Hmm, va sérieusement falloir que je réfléchisse à ça ..

Dernière modification par Enkki ; 04/12/2011 à 16h20.
IMPERMANENCE
Un vide.
Un manque.
Une absence …


Le huitième jour, j’ai planté ma semence dans la terre féconde, afin que là où il n’y avait rien il y ait quelque chose.

La période était favorable. Miracle de la vie, il est apparu, fragile et incertain.
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Il faut nommer les choses et les êtres pour qu’ils soient pleinement, alors je l’ai baptisé selon l’ancienne coutume ainsi qu'il doit être fait.
- « Désormais, Saül sera ton nom … » ai-je dit, d’un ton un tout petit peu trop solennel. Mais bon, ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion d’exercer ses prérogatives démiurgiques...

Les débuts furent épuisants, comme il se doit (tous ceux qui ont connu cette expérience vous le confirmeront probablement).
C’est qu’il n’était pas question de laisser le petit Saül seul, surtout la nuit. Les bestioles qui traînaient dans le coin, toujours prêtes à abuser d’une jeune pousse tendre, étaient une menace permanente qu’il ne fallait pas ignorer. Alors je l’ai veillé sans relâche, jour après jour, nuit après nuit, lui assurant toute la bienveillante protection dont une jeune vie à besoin pour survivre aux dangers de Tahoe. Je l’ai réchauffé quand les nuits étaient trop fraîches, je l’ai abreuvé quand le soleil de midi se faisait trop ardent. Et toujours je lui parlais, dans l’espoir qu’il reconnaîtrait ma voix et peut-être (pourquoi pas ?) devinerait derrière mes mots maladroits toute l’affection sincère que je lui portais.

Mes efforts n’étaient pas vains, je m’en rendais bien compte. Chaque fois que je posais ma main sur son tronc, je sentais comme un frémissement le parcourir, signe indéniable de l’étroite complicité qui nous unissait.
Sal2.jpg

Et c’est ainsi que, les jours passant, le petit Saül est devenu moins petit …

Progressivement cependant, il m’a bien fallu me rendre à l’évidence : les choses n’étaient plus maintenant tout à fait comme aux premiers jours.
Je continuais à lui parler, bien sûr, mais j’avais l’impression qu’il ne m’écoutait plus, muré dans une sorte de solitude dont je ne parvenais pas à l’extraire. Il n’avait plus besoin d’être protégé désormais, sa taille respectable le mettait à l’abri des prédateurs en tout genre. C’est lui désormais qui tolérait ma présence dans son ombre au plus chaud de la journée, maigre consolation corrompue par la hautaine indifférence qui accompagnait cette aumône.

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J’ai tenté de le raisonner. Je crois même bien l’avoir supplié à une ou deux reprises, imbécile que j’étais. Je me suis emporté aussi, plus souvent que je n’aurais dû, sans autre effet que de rendre les choses plus irréversibles. Aux mots cruels que je lui envoyais tels des projectiles, il me répondait par un silence qui me blessait au plus profond plus sûrement que ne l’aurait fait n’importe quelle arme.

Alors, je vous le demande : qu’auriez-vous fait à ma place ?

N’êtes-vous pas d’accord pour reconnaître que cela ne pouvait pas durer ? Que cela ne pouvait plus durer ?

De toute façon, je m’en fiche de ce que vous pouvez penser.


Sal4.jpg

Un vide. Un manque. Une absence.

Pourquoi ?...

Dernière modification par Enkki ; 17/12/2011 à 12h42.
J’AIME BEAUCOUP LES HAMSTERS

Imaginez une fosse aux parois si abruptes que tout être vivant y tombant aurait le plus grand mal à en sortir ... Oui,un "piège", on peut appeler cela comme ça.

C'est donc dans un piège de ce type que j'ai déposé de quoi attirer - en tout cas je l'espérais - la convoitise des créatures trop naïves :
- un peu de verdure avec quelques noisettes
- une tête de poisson pas très fraîche
- un billet de 10 dollars (sait-on jamais)

Il ne me restait plus qu'à attendre, tout en passant de temps en temps voir si l'appât avait joué son rôle.

Et c'est ainsi qu'un matin j'ai fini par trouver dans mon trou une paire d'adorables hamsters, des "ridgebacks", vous savez, ceux qui ont une petite crête sur le dos.

Hamster5.jpg



Rendu là, je dois faire un aparté ..

Quand vous vous baladez autour du Lac, vous tombez sans arrêt sur des paniers ou des coffres en osier abandonnés ou simplement posés là pour que leur propriétaire puisse y stocker ses trouvailles du moment. La plupart du temps, ces paniers sont protégés par un système de fermeture sophistiqué inviolable pour qui n'en maîtrise pas le mécanisme. Mais de temps en temps, vous avez la chance d'en trouver un dont la fermeture est défectueuse, voire inexistante. C'est ainsi que j'avais eu l'agréable surprise de "trouver" près d'un camp un stock d'armes en relativement bon état : plein de haches et de coutelas n'attendant que d'être adoptés par un réfugié généreux, moi en l’occurrence. Un coup d’œil à gauche et à droite, personne en vue, et hop, direct dans mon sac, il ne fallait pas laisser ces armes tomber en de mauvaises mains. Je veux dire par là, toutes mains autres que les miennes.

Tout cela pour dire que j'étais équipé d'une belle et bonne lame parfaitement adaptée à sa fonction, à savoir taillader le premier des hamsters jusqu'à ce que mort s'ensuive.

J'ai ensuite proprement dépecé la peau de la bestiole, évidé ses boyaux, coupé la tête, et mis le reste (c'est à dire pas grand chose, c'est tout petit un hamster) à rôtir à la braise, histoire de me changer de la truite.

J'aime beaucoup les hamsters, grillés et servis avec des baies sauvages.


Quant à la tête, je l'ai plantée à l'entrée du camp sur un bâton effilé, juste à côté de celles récoltées durant mes précédentes chasses.

Il y avait là un bon échantillon de ces petits animaux relativement inoffensifs dont je constitue mon ordinaire : un écureuil à longue-queue, un minou-minou redevenu sauvage, un rat bien gras (miam !), un poulet des bruyères, un gros machin à plaques ressemblant à un lézard et deux ou trois autres bestioles dont j'ignore toujours le nom.

Chasse1.jpg


Des chasseurs plus expérimentés m'ont affirmé que de planter les têtes comme ça, ça a pour effet de s'attirer les bonnes grâces des Esprits de la Brume ... ou de les faire fuir, je sais plus très bien.

Bon, j'avoue ignorer si c'est vraiment efficace, mais de deux choses l'une :
- ou bien c'est totalement inutile et dans ce cas on ne risque rien à tenter le coup (à part l'odeur, c'est que ça schlingue au bout d'un moment, ces têtes coupées)
- ou bien ça sert à quelque chose, et alors je serais bien crétin de m'en priver
Voilà, c'est comme une sorte de pari : pas grand chose à perdre, et tout à gagner.

Appelez-ça le "Pari d'Enkki", si vous voulez.

Quand même, pour les animaux plus gros j'attendrai un peu : chuis courageux, mais pas téméraire, hein .. J'ai bien vu dans la montagne quelques cervidés et même un ours noir, mais de trèèès loin, vu que j'ai fait demi-tour vite fait, tellement j'ai eu les chocottes quand j'ai maté leur taille.


Mais bon, c'est pas le tout, j'ai encore un deuxième hamster qui m'attend.

Dernière modification par Enkki ; 27/12/2011 à 18h44.
Je dois absolument vous présenter mes plus plates excuses pour ma conduite indigne. C’est un fait, je me suis laissé emporter par une regrettable émotion qui m’a amené dans un moment d’égarement à m’exclamer :
- « Bon sang, mais c’est quoi cette abomination ?.. »
Je regrette sincèrement cette attitude peu rationnelle, et promet de faire des efforts pour revenir sur le terrain factuel dont je n’aurais jamais m’écarter.
Voici donc, en témoignage de cette résolution, une petite
ETUDE DU COMPORTEMENT DU HAMSTER DANS SON HABITAT NATUREL

Le hamster est habituellement de petite taille, disons la longueur d’une main. Mon sujet d’expérience est (était, plutôt) sensiblement plus gros, ce qui est déjà une source d’étonnement. On peut au premier abord mettre cela sur le compte d’une nourriture saine, mais nous reviendrons sur ce point.

Cris et chuchotements du hamster
La première chose que l’on remarque chez le Hamster à Crête (nom vulgaire du modèle dit « Ridgeback ») c’est sa capacité à émettre des sons variés. Mon étude a permis d’identifier au moins trois sortes de cris parfaitement reconnaissables :

  • Le cri normal du hamster est construit autour de trois notes brèves enchaînées, la première étant légèrement plus aigüe que les deux suivantes. On dit alors que le hamster couine. Ce couinement traduit probablement une sensation de bien-être, à moins qu’il ne fasse partie du rite nuptial d’appel du partenaire, vu la vitesse à laquelle ils se reproduisent.
Soulignons au passage l’importance d’une bonne écoute pour tout chasseur débutant qui se respecte : l’ouïe permet souvent de détecter la présence d’une bestiole avant qu’on ne puisse la voir. Dans certains cas (je pense au grognement de l’ours mâle), cela peut vous sauver la vie.
  • Le deuxième cri du hamster très reconnaissable est le petit cri de douleur qu’il pousse lorsque vous le frappez avec une arme. J’ai reproduit l’expérience des dizaines et des dizaines de fois avec une lame suffisamment émoussée pour que l’expérience puisse se prolonger le temps nécessaire, avec toujours ce même cri de douleur à l’arrivée (je ne sais pas si dans ce cas on parle encore de « couinage ». Peut-être quelqu’un saura-t-il me renseigner ?)

  • Le troisième cri est une sorte de trille répétée émise lorsque le hamster détecte un danger, et qu’il veut soit exprimer sa légitime indignation, soit avertir ses congénères. On notera au passage la position caractéristique du hamster dans ce cas : campé sur ses pattes arrière, dans une position défensive pouvant très rapidement se transformer en position d’attaque. A moins qu’il ne soit en train de manger (il mange aussi sur ses pattes arrière).
Pour en avoir le cœur net, tournez dans ce cas autour de lui. S’il reste face à vous, c’est qu’il n’est PAS en train de manger, et qu’il vous prépare un sale tour.
Hamster13.jpg

Croissance
Ce croquis ne donne pas une bonne idée de la taille du hamster.
Croyez-le ou pas (et vous auriez drôlement intérêt à le croire), la taille de mon hamster captif n’a cessé de croître jusqu’à ce qu’elle atteigne environ 70 centimètres.
Oui, c’est énorme.
A cette taille-là, ce n’est plus une crête qu’il a sur le dos, notre hamster, c’est une véritable carapace, beaucoup plus difficile à percer.

Pour en avoir discuté avec mes voisins, il semble que cette taille excessive soit un effet secondaire d’une immersion prolongée de la bestiole dans le Grand Vert, toute proche de l’endroit de la capture. L’opinion généralement admise est que cette brume provoque des mutations assez impressionnantes chez les êtres vivants (remarquez que je n’ai pas dit « chez les animaux » …) : gigantisme, renforcement de la force physique, développement de l’agressivité.

Agressivité
Le hamster mutant (appelons-le ainsi, donc) est fondamentalement agressif.
Même encore tout petit, il va attaquer l’humain en poussant des petits cris perçants exprimant clairement un courage et une ardeur qui ne peuvent que forcer notre admiration (ah oui, j’avais oublié de citer ce 4ème cri si typique du hamster).
On notera également que leur masse imposante ne les empêche pas d’avoir une agilité certaine, vous vous en aperceverez (trop tard) lorsque cette créature aura bondi pour essayer d’atteindre vos parties du corps les plus sensibles.
Hamster3.jpg


Intelligence
Contrairement à une réputation peu flatteuse (ne dit-on pas d’une personne peu favorisée qu’elle est « con comme un hamster » ?), cet animal est capable dans certains cas de venir spontanément soutenir un congénère attaqué.
Par ailleurs, outre son mauvais caractère, le hamster a également pour qualité d'être rancunier.
Il a en effet une excellente mémoire à court terme : faites-lui du mal, allez-vous-en et revenez un peu plus tard, il n’aura certes pas oublié qui vous êtes et vous préparera en conséquence un accueil tout à fait spécial.

(à suivre : "Nos amies les Truites". Ou pas.)

Dernière modification par Enkki ; 08/01/2012 à 17h14.
NON MAIS OUI
Il est encore tôt, à peine 3 mains.
Confortablement adossé à la roche, je contemple avec un certain plaisir ce qu’est devenu ce plateau aride et désolé où j’avais posé mon sac lors de mon arrivée.
De mes différentes explorations, j’ai ramené un assortiment des espèces d’arbres les plus robustes que l’on peut trouver autour du Lac. Celles-ci se sont particulièrement bien acclimatées au terrain, de sorte que ma terre est maintenant entourée d’une sorte de cocon protecteur à l’intérieur duquel je peux évoluer en relative sécurité.

La vision de cet endroit pacifié suscite en moi une émotion esthétique puissante, et l’envie soudaine me prend de vouloir composer un quatrain pour garder une trace de cette émotion fugitive :

- « C'est un trou de verdure où chante une rivière … »
Chiotte, c’est trop nul.
Et puis de toute façon je n’arrive pas à trouver une suite qui rime avec « rivière ». J’essaye bien d’enchaîner un ou deux trucs se finissant en « hamster », mais ça sonne faux.
Tant pis, laisse tomber.

Orion6.jpg

J’ai parlé d’un « cocon protecteur ».
C’est vrai que ce rideau de feuillages est en partie là pour me dissimuler aux regards des voyageurs.
Et pourtant …
Quand on regarde attentivement, on peut cependant distinguer la silhouette d’un modeste appentis fait à partir de quatre poteaux et d’un toit d’herbe tressée. Je l’utilise pour mettre à l’abri des intempéries mes biens les plus fragiles ou les plus précieux.
Devais-je pour autant le rendre aussi visible, alors qu’il aurait suffi d’un ou deux arbres supplémentaires pour le camoufler comme le reste ?
Sans doute y-a-t-il là quelque désir inconscient de ma part, une sorte de « lapsus » architectural. Je veux être caché, mais en même temps je veux être trouvé !
Bah, oui, c’est vrai, les choses ne sont pas toujours simples : en vertu de quelle autorité abusive une question ne devrait-elle avoir qu’une seule réponse ?
La vie est pleine de ces contradictions apparentes qui en fait n’en sont pas. La parole dit « non, impossible », mais le regard dit « oh, oui », accompagné d’un gros soupir mental.

Faut faire avec.



Dernière modification par Enkki ; 08/01/2012 à 17h40.
LA PORTE
Vous avez remarqué ?
La première chose que fait un humain en débarquant quelque part, c'est de marquer son terrain. De mettre des limites, une frontière. Là c'est chez moi, je suis bien à l'abri, et venez pas m'embêter. En y réfléchissant bien, d'ailleurs, c'est pas tellement différent de la bestiole pissant allègrement à la frontière de son territoire histoire d'avertir ses congénères que, halte-là, prière d'aller voir ailleurs si elle y est.

Justement, des murs, j'en ai vu pas mal dans le coin.
Des petits, des hauts.
Des en terre, en brique, en rondins ...

Pour ma part, j'ai opté pour la version bas de gamme, la petite barrière toute simple qui protège tout en n'empêchant pas de voir les alentours. "Esthétique et fonctionnelle, la barrière Enkki saura embellir votre camp". Mouais, admettons.
C'est vrai que les premiers essais n'étaient pas franchement jolis jolis, des trucs bringuebalants qui tenaient debout on ne sait pas trop comment et en tout cas pas très longtemps. Mais, bon, la technique venant, mes assemblages commencent à ressembler à quelque chose, et en tout cas réussissent à empêcher les bestioles de passer, ce qui n'est pas un luxe quand la bestiole en question est un cerf mutant 3 fois plus gros que moi. Au moins.

Et ailleurs, là où il n'y a pas de barrières ?
Ah,ah .. là est la ruse ! C'est que sur un côté du camp, il y a la falaise à pic, sur l'autre une berge de rivière escarpée empêchant de grimper, sur la troisième enfin un fossé creusé avec amour et tendresse au fond duquel j'envisage de planter quelques pieux acérés histoire de taquiner le visiteur imprévu.

Camp6.jpg

Voilà, impossible de rentrer dans le camp, donc.
Sauf par elle.
La porte.
Objet de toute ma fierté, méticuleusement assemblé à partir de matériaux de première qualité, ce portail vient conclure tout le dispositif. Non seulement cette porte permet d'entrer, mais en plus elle permet également de ne PAS entrer, car, oui, .. elle FERME !!

Mon pote Zoltan ne s'y est pas trompé, quand il est venu jeter un coup d'oeil à mes dernières installations. Au moment où il franchissait le portail pour rentrer dans le camp, il a marqué en temps d'arrêt, incliné le buste respectueusement, et prononcé quelque chose qui ressemblait à
- "Ouss .."
Remarquant mon air étonné, il m'a dit que je comprendrais plus tard.
- "S'enfermer est la marque d'une personne civilisée" a-t-il ajouté ensuite en visitant le camp, mais là je ne savais pas s'il était sérieux ou non.
Bon, mon camp n'est pas si grand que ça, et on a eu assez vite fait d'en faire le tour, faut être franc. Alors on a décidé d'aller chasser un peu, histoire de bouger.

En sortant, pris d'une inspiration subite, je me suis incliné et j'ai répété "Ouss" comme j'avais vu et entendu Zoltan le faire un peu plus tôt.
- "Ahhh, le Salut à l'Univers !! Voilà qui n'est pas banal. Tu n'aurais pas un peu les Lieux plus grands que le ventre, par hasard ?" a-t-il dit en rigolant.
Puis, reprenant son sérieux :
- "C'est bien, continue comme ça Petit-Ecureuil, tu es sur la bonne Voie"

Ce jour là, la chasse a été bonne.

Dernière modification par Enkki ; 25/01/2012 à 23h34.
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