[RP] Grand concours de poésie à l'auberge du Canot Percé !

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Un peu partout dans la grande ville, se murmure une rumeur taquine.
Le Canot Percé appelle à son bar, les talents et les arts.
Chanteurs, poètes, danseurs, jongleurs, dompteurs!
Rassemblez-vous prestement pour faire valoir vos dons!
Que les dieux vous guident sur les ailes du vent, vos voiles vers le port gonflant.
L'aubergiste travaillait d'arrache-pied avec tous les membres du personnel. Amusés, même quelques dockers aidèrent à l'installation de table sur le port. Les prostituées, intriguées et ravies du monde et de la clientèle fraîche qu'allaient rapporter l'évènement, prirent place dans les coins lumineux et mirent bien en valeur leurs formes.

L'évervescence avait duré deux jours durant. La cuisine allait bon train pour nourrir tous les bénévoles. Regardant sa caisse descendre, le propriétaire des lieux croisait les doigts et les orteils pour que l'idée de sa femme s'avère payante.

Les convives commençaient à arriver. Mais rien ne laissait présager de la soirée à venir alors qu'à peine poitron-minet s'installait.

Les dockers qui se reposaient en regardant d'un oeil lubrique les péripatéticiennes accoudées à la balustrade sentirent le sol trembler par a-coups réguliers, lourds, et sonores. Changeant la destination de leurs regards, ils virent, ébahis, apparaître une immense forme encapuchonnée.

En fait ce n'était pas tout à fait un capuchon mais plutôt une grossière couverture crasseuse. Une grosse main verte et poilue en sorti, et pointa du doigt le pauvre elfe qui passait par là. L'autre grosse main verte et poilue se dégagea de la cape et montra un panier remplis de pommes bien rouges mais un peu trop mures. Le bras libre désigna l'elfe, puis le panier de pommes, et ensuite un rire gras et caverneux éclata, subjuguant l'assistance bouche-bée.

La forme salua ... et quitta la placette sur laquelle l'activité s'était soudain arrêtée.

L'elfe déglutit en ne quittant pas du regard la créature : c'était le poème du troll ...
Assise dans son coin, un peu à l'écart, la jeune femme assista à la scène fort surprise. C'est pour le moins exceptionnelle de voir un troll oser fréquenter une auberge. Par précaution, elle avait poser sa main sur la garde de son épée bâtarde.

Le départ du monstre la soulagea mais elle attendait avec impatience l'arrivée des meilleurs barde de la ville.
"Te laisse pas impressionner mon frère !" s'exclama un autre Elfe au crâne rasé et aux yeux durs,

"J'ai rencontré un Troll, il marchait dans la forêt
Il traînait derrière lui un Elfe tout empaqueté

Ha qu'il est fort Ha qu'il est beau
Ha qu'il est grand l'abruti Troll du Chaos

Je lui dit abruti, que vas-tu faire de ct'homme
Il répond j'vais l'bouffer, farci avec des pommes

Ha qu'il est fort Ha qu'il est beau
Ha qu'il est grand l'abruti Troll du Chaos

Mais il fut bien surpris, il fallait voir sa tête
Quand l'Elf' se libéra et mit le Troll en miettes

Ha qu'il est fort Ha qu'il est beau
Mais qu'il est inconscient, Troll du Chaos

D'avoir cru pouvoir vaincre un Fils d'Aërenal !
N'attaquez jamais d'Elfe cela serait fatal..."


.
Un nain portant fièrement la barbe armé d'une chope s'avança, il se devait d'élever le niveau de ce concours de chants avec une chant bien approprié

Elle a vraiment d'une bière naine
L'air avenant, l'éclat et la douceur
joyeux nains elle nous affriande
Et le nain troue en elle une soeur

A plein verre nos bons amis
En la buvant il faut chanter la bière
A plein verre nos bons amis
Il faut chanter la bière du pays

Voyez là-bas la kermesse en délire
Les pots sont pleins jouez ménestrelle
Quels jeux bruyant et quels éclats de rire
Ce sont encore les nains

Aux souverains portant encore tout haut leurs plaintes
Elfes jaloux des droits de la cité
Nos francs aïeux , tout en vidant leur pinte
Fondaient les arts avec la liberté

Quand leurs tribuns à l'attitude altière
Faisaeint sonner le tocsin des beffrois
Tous ces fumeurs, tous ces buveurs de bières
Savaient combattre et mourir pour leurs droits

Nains chantons à ce refrain à boire
Peintres, Guerriers qui nous illustrent tous
Nains couchés dans leurs linceul de gloire
Vont s'éveiller pour redire avec nous

Salut à toi bière limpide et blonde
Je tiens mon verre et le bonheur en main
Ah j'en voudrais verser à tout le monde
Pour le bonheur de tout les nains

Et bien sur le chant se termina par un rot fier et puissant.
L'ambiance d'un seul coup se fit soulagée grâce à cette éloge à la boisson.

Il n'y eu pas de grands vivats mais s'en suivirent quelques chansons paillardes accompagnant l'obscurité complice d'autres petites activités plus discrètes. Les convives se mirent à boire, les commerçants et autres habitants de la ville se joignirent à la fête.

L'aubergiste, ravi, fit tinter sa bourse lorsqu'il croisa son épouse. Cette dernière, petite femme replète à la poitrine plus que généreuse, se dirigeait vers l'orateur Nain, un petit tonnelet de quelques litres serré contre elle. Il fallait remercier ce brillant personnage rapidement, même s'il ne devait pas être désigné par le public comme gagnant.

L'Elfe visé par le troll ainsi que le poète à la langue rapide et acérée s'installèrent à une table discrète près du bord de la digue. Il y avait d'autres silhouettes à leurs cotés, toutes fluettes. Quelques étuis plus ou moins importants déposés sur leur table et à leurs pieds. Ils sirotaient doucement et presque langoureusement quelques fines flutes de verre.

Les quelques Hobbits se joignirent aux Nains engaillardis. Ils se mirent à danser sur les tables, encourageant l'assemblée à boire, chanter (brailler?) avec eux.

Les marins s'en donnaient à coeur joie, et les femmes de joie en profitèrent allègrement pour les faire profiter de leurs charmes et de leurs talents de danseuses.

"Soient remerciés les dieux nains et les joies hobbites!" Le propriétaire des lieux espérait de tout son saoul qu'il n'y aurait plus de monstre pour présenter un récital ...
Un jeune homme se redressa de son siège en souriant, levant son verre à la cantonade, et, s'étant assuré que le silence se faisait au moins dans un périmètre de quelques pas autour de lui, s'éclaircit la gorge. "Hmm, bon, allez, à l'improvisade, dit-il en écartant une boucle de cheveux noirs qui lui était tombé sur l'oeil. Vive l'opportunisme, foi d'Anca !" Il prit un air inspiré (inspiré par sa poésie autant que par les deux digestifs qu'il venait de boire) et se lança.

"C’est au Canot Percé, juché sur son perchoir,
Que les aventuriers avides de détente
Viennent se vautrer sur des chaises branlantes
Et se faire mousser en comptant leurs histoires !

C’est au Canot Percé, au cœur de Cap-Tempête,
Que l’on vient s’abreuver d’hectolitres de gnôle,
S’égosiller de rire aux farces les plus drôles,
Et jeter dans la mer les nains un peu pompettes !

C’est au Canot Percé, haut perché sur ses planches
Qu’on vient s’encanailler aux bras des jolies filles
Que des nains avinés, avec les yeux qui brillent,
Regardent en bavant quand elles jouent des hanches

Et au Canot Percé, si l’on vient aujourd’hui,
On croisera un elfe en compagnie d’un troll,
Un aubergiste riche, un nain sevré d’alcool,
Et un jeune poète… en quête de son prix !"

Il se rassit en renversant un peu de son verre, et le vida d'un trait. "Tavernier, mon ami, encore la même chose ! Les discours donnent soif, en vers tout comme en prose !".
Assise au milieu d'un groupe d'hommes, un dame, qui a tout de l'ancienne aventurière, se leva d'un coup en fixant le dernier orateur et cria d'une voix bien assurée "Une autre mon ami, une ami". Et vida son chope cul avant de se rasseoir aussi vite qu'elle ne s'était levée.
du fond de la salle, des applaudissements et des bravos se font entendre. Alors que tous regardent d'où viennent ses curieux bruits, un homme sort d'un coin obscur avec encore un bout de crêpe à la main...

- Tant de poésie... je ne peux malheureusement concourir vraiment, n'étant que de passage et pour combien de temps ? Mais ce jeu m'amuse et puis je suis un peu barde...
une grande chasseresse dans un lieu inconnu
attrapait des plumes de pigeon à main nue
Pour s'en faire des colliers et coiffures merveilleuses
Entre quelques habitués d'un bar de raleuses
Avec quelques superhéros aux pouvoirs incensés
qui peuvent clore, avertir et avoir des images attachées...

Mais qui était cette chasseresse, chasseuse, chassante ?

L'homme fit un geste et un bruit de pétard éclata au bar. Tout le monde se retourna d'un coup... Ce n'était rien. Mais le curieux personnage avait déja disparu. Vers d'autres bars...
A cause du bruit sourd de la détonation, l'aubergiste courut vers le fond de la salle. Comme rien ne brulait, il se dirigea vers sa serveuse, l'invectiva avec aggressivité avant de lui donner pour consigne d'être très gentille avec les clients.

Hélas, puisqu'il récita à l'intérieur, la plupart des invités (sur la placette devant l'auberge) n'ont pas pu entendre cette récitation étrange ... et néanmoins dirigée.

Une jeune femme aux cheveux auburn avait laissé vagabonder son ouïe dans le coin approprié. Vaguement distraite, elle entendit le poème mais n'en tint pas compte. Ses cheveux étaient maintenus d'un couvre-chef orné de plumes d'oiseaux de ramages différents et riches. Assise au sol dans l'embrasure de la porte, elle surveillait les mouettes gourmandes qui se régalaient de quelques morceaux de victuailles tombés des tables. Il lui manquait de la mouette ...
Réveilla en sursaut, le nain englouti une des nombreuses bières qui étaient devant lui.

"Hélà toi, cria-t-il vers là où il pensait que le bruit venait, laisse les chanter, et laisse les nains boirent leurs bière sinon ça ira mal pour toi".

Voyant qu'il n'y avait personne, il continua "tu fais bien de craindre ma hache".

Sur ce, il se rassit, englouti un nouvelle bière et se rendormi.
Un vieil homme entra dans l'auberge. Un chapeau à large bord occultait une partie de ses traits, seuls une barbe blanche soigneusement taillée se dévoilait à la lumière. Ses vêtements, d'un gris impersonnel était mouillés par la pluie et décolorés par le soleil. Cela avait été une longue route depuis le théâtre. Il s'en voulait un peu d'avoir quitté son chez soit, mais les artistes qu'il avait entendu ici l'avait convaincu qu'il ne s'était pas trompé.

Il traîna ses vieux os jusqu'à une table libre près de la cheminée et commanda un repas chaud. Attendant que ce dernier arrive, il ôta sa cape et son chapeau pour dévoiler un vieil homme aux cheveux courts emmêlés, tout juste plus maigre que la moyenne, et au sourire quelque peu fatigué. Mais en attendant que son repas arrive, il décida d'offrir sa participation aux résidents, et commença à déclamer d'une voix lourde de mélancolie:


Les hirondelles s’envolent dans le matin
Dissipant les dernières brumes du sommeil
A leur passage volent les draps de satin
Laissant là un corps mort nu au soleil.

Les gais pinsons, dès les premières lueurs
Attaque les lieux encore trop enfumés
Ils percent, transpercent au marteau-piqueur
La raison de ceux qui ont trop humé.

Le cadavre doucement rejoint les vivants
Marchant sur les cendres d’une petite morte
Que dispersent allégrement les vents,
Un souvenir se perd quand la bise l’emporte.

Le ciel se peuple de ces rêves fanés
Qui ont fleuri le temps d’une courte soirée
Laissant contemplé au mort toute l’année
Leurs inéluctables reflets moirés.
Chacun s'était tu pour écouter cette triste mélopée. Quelques poivrots éclatèrent en sanglots, quelques dames écrasèrent noblement une larme. La récompense ne fut pas de bruyants applaudissement mais un silence respectueux.

Les musiciens se regardèrent quelques instants en chiens de faillance avant de reprendre une musique au rythme entraînant, sous la pression de l'aubergiste : la mélancolie n'aide pas à la consommation !

Il cherchait des yeux le prochain artiste qui pourrait remettre une ambiance plus festive malgré que son coeur de commerçant ait été également atteint des mots sombres et si beaux du vieux poète.
Le vieil homme n'était pas venu dans le but de semer la tristesse, mais si sa plume se faisait amer, il n'en était pas toujours conscient. Il se plaisait ici, cela lui rappelait les grands jours du Théâtre des Illusions. Mais désormais, peu de personnes remontait encore si loin dans le nord, les routes s'étaient faites dangereuses. Mais il espérait bien convaincre quelques artistes de remonter avec lui.
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