La lumière tombant sur son visage, Khains ouvre les yeux pour apercevoir qu’il se trouve en forêt. Rapidement, il se rend compte que ce qu’il à en face de lui n’est pas naturel, les feuilles sont déformées, les troncs cyclopéens.
Comprenant qu’il est perdu, Khains décide de marcher :
-« J’arriverai bien quelque part un jour ! »
Ne ressentant la fatigue, Khains marcha pendant presque deux jours, lorsque, arrivant à la frondaison de la forêt, sous ses yeux ébahis, une monstrueuse cité se dessina au loin.
Façonnée à même dans le granit par des mains gigantesques, la cité formée d’un unique bloc semblait vide. Malgré cela Khains se mit à nouveau en route, bien décidé à rentrer à la taverne, espérant trouver une quelconque aide en cet endroit d'un autre temps.
-« Y vont encore picoler sans moi je le sens. »
Voilà une journée déjà qu’il marche et la cité ne semble pas se rapprocher pour autant, à ce moment Khains comprend la réalité du terme cyclopéen.
Après une semaine de marche, notre héros arrive au pied de la construction, dont chaque parcelle est recouverte de hiéroglyphes blasphématoires qui firent même frissonner notre mort-vivant, l’horreur suintant de ces murs. Entrant doucement par la porte aux dimensions extraordinaires, surmontée d’un butoir immense, représentant une tête immonde de pieuvre désorganisée, Khains sentit cliqueter ses os mus par un réflexe de son ancienne humanité.
Du premier coup d’½il, Khains vit que la ville était déserte depuis bien longtemps, des squelettes reposant partout à même la rue, un cataclysme ayant du détruire cette civilisation il y a bien des siècles.
Avançant parmi les méandres des ruelles à la conception relevant plus du labyrinthe pour rats que d'autre chose, Khains finit par déboucher sur la grande place.
Enfin, toute personne pouvant décrire cela juste comme une « grande place » relève d’un don en l’art de l’euphémisme.
Devant Khains, s’étale une esplanade dont les contours disparaissent avec l’horizon, le tout entouré de murs si hauts que l’on croirait qu’ils touchent le ciel, tous garnis de hiéroglyphes anciens dont la vue seule entraînerait un désespoir chez tout être vivant qui soit.
Notre mort-vivant ressent malgré tout quelque chose, les horreurs dépeintes étant tellement morbides.
Au milieu de ceci est planté un édifice colossal, monstrueux aménagement de rouages et de câbles, une horloge dont la taille défi l’imagination, encadrée de chaque côté par deux statues titanesques, représentant des démons à l’aspect hideux, mais dont le visage est caché, ce qui s’y cache derrière ne peut être vu sans perdre la raison.
-« Où suis-je tombé ? Quelle est cette civilisation au désir si profanatoire ? » se demanda Khains, approchant doucement du bâtiment dédié à la déraison.
C’est alors que les statues se mirent à bouger, tendant leurs mains vers Khains dans le geste équivoque de vouloir l’attraper. Ainsi pour la deuxième fois de sa non vie, Khains eut peur.
Pour la première fois depuis son arrivée il tenta d’utiliser son Don, mais malheureusement aucun de ses sorts ne partaient, ses serviteurs ne répondaient pas à son appel.
Alors il courut, de la course maligne du mort-vivant, sans interruption.
Finalement il s’arrêta lorsqu’il ne ressentit plus l’aura blasphématoire de la cité sur son dos.
Reprenant ses esprits, il commença à errer parmi les étendues impies des bois environnants.
Alors que la nuit tombait, un résonnement commença à se faire entendre, puis la clarté du jour ayant disparu, le résonnement se mua en musique.
Khains, piqué de curiosité, s’approcha du lieu d’où naissait l’air entraînant.
C’était une clairière, fort banale, mais c’est le spectacle qui s’ouvrit à Khains qui l’étonna :
Autour d’un feu gigantesque, une nuée de diablotins faisait la ronde et dansait la gigue au son d’innombrables fluttes et djambé.
C’est à ce moment qu’une toux se fit entendre derrière lui, un diablotin l’avait trouvé dans une posture mettant notre héros peut en valeur, penché en avant appuyé sur un arbre.
-« Et bien maître que nous vaut cette position ? » demanda le diablotin hilare.
-« T’occupe ! Quel est donc cet endroit ? Vous vous réunissez souvent ici ? »
-« C’est chez nous, quand vous autres maîtres nous renvoyez, c’est ici qu’on arrive et on s’amuse jusqu’à ce que vous nous rappeliez. »
-« …Hum et comment je rentre chez moi ? »
-« Je ne sais pas allons demander à l’Historien ! »
-« Qui est-ce ? Et sais-tu pourquoi j’ai perdu mes pouvoirs ? »
-«Nous sommes dans un autre plan ici, rien ne vous rattache à votre source de pouvoir. L’Historien… tu verras » dit le diablotin dans un sourire fugace.
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