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Acte8
Ambrine la Bottine, une Télamon chez les McKeen
Le doux parfum des plaines de Camelot la Belle voguaient au grès des vents d’automne, libérant ici et la de rares senteurs de chardon fraîchement coupés. Ambrine aimait ces odeurs, elles lui rappelaient son enfance, et c’était bien l’un des rares souvenirs heureux de sa jeunesse.
Assise au l’orée du bois de Lethanis, la jeune maîtresse d’armes profitait d’un des rares moments de plénitude qui s’offrait a elle. A l’horizon, aucun souci, aucune préoccupation je venais torturer son esprit. Elle regardait les cavaliers passer, et aimait a essayer de distinguer les classes sociales de tous ces voyageurs. Il y avait par exemple cet homme, bien assis sur sa monture, armes de guildes toutes affichées, armure irréprochable, une monture tout à son image, fière et racée. « En voila un qui doit mener la belle vie, peut être même est ce un noble ou autre sommité.. » se disait Ambrine. Il y avait aussi eut cet homme courbé, non pas par son age, mais par son sac. La mine bien plus fatiguée, les vêtements un peu sués, et salis par la terre. Celui-ci n’avait pour unique monture qu’un cheval qui aurait a lui seul pu contaminer toute la population des Marais d’Avalon, tant la mine fatiguée et les sabots usés du destrier annonçaient que la maladie l’emporterait bientôt… « Sûrement un paysan, ce brave homme… ».
Puis, il y avait eut cette femme toute de noir vêtue, un long sabre courbé, aussi sombre que les habits de la dame, derrière le dos. Sa monture ne galopait pas, elle allait au pas, donnant à la scène une connotation de danger latent. Au lieu de passer son chemin, cette femme stoppa net sa route à la hauteur d’Ambrine, son regard fixait le talon de la rescapée du Clan McKeen.
Des qu’elle s’en aperçu, Ambrine remit précipitamment ses bottines de cuir, bottines qu’elle n’enlevaient jamais en public, de peur que la population aperçoive la fameuse marque de Midgard, ce marteau incrusté dans sa peau depuis qu’elle s’était réveillée en plein Snowdonia.
On la surnommait d’ailleurs en Albion Ambrine la Bottine, en référence à cette manie que beaucoup associaient a de la coquetterie. Mais de coquetterie, ce n’en était pas, loin de la….
Toujours est il que cette femme, sombre et inquiétante, se tenait droite devant Ambrine, et sans mot dire, elle leva les bras au ciel. A ce moment précis, la guerrière du Clan McKeen sentit ses os se raidir, et elle se retrouva soudainement paralysée. Devant ses yeux horrifiés, elle vit ses bottines disparaître, comme si elles avaient fondues sous l’effet d’une chaleur indolore. La marque de Midgard rougeoyait, c’était comme ci ce fameux marteau était en train de battre le fer tout juste sorti de la forge brûlante. La mystérieuse femme qui se tenait devant elle pris alors le temps de caresser la marque maudite, et se releva tout en prononçant ces mots :
« Je t’ai enfin retrouvée, mon enfant… Il était écrit que ce serait à l’orée du Bois des Sorciers que je verrais de nouveau le fruit de mon travail. Ho oui, ma fille, je t’ai cherchée longtemps, mais tu ne dois pas t’en souvenir. Souvenir de ce jour ou je t’ai enlevée des bras de la mort, ce jour la même ou tu as faillit dans ta tache. Mais une mère pardonne toujours à son enfant, et aujourd’hui, je suis heureuse de te redonner une nouvelle chance. »
La sombre femme retira a cet instant sa lourde armure, et la déposa, ainsi que son sabre, aux pieds d’Ambrine. Cette dernière avait senti que le sortilège de paralysie dont elle était victime cessait peu a peu, et elle pouvait a présent bouger le bras gauche. La maîtresse d’arme, malgré la peur, fit preuve d’une vivacité étonnante, et gifla avec violence son interlocutrice. La mystérieuse femme tomba sur le sol, et Ambrine senti a ce moment que tous ses membres répondaient présent. Instinctivement, elle attrapa le sabre sombre et le plaça sous la gorge de l’inconnue. Cette dernière, immobile, réussit a articuler ces quelques paroles :
« Ambrine, ma fille… je t’ai donné vie, ou plutôt je te l’ai redonnée, et cette fois-ci, tu te dois d’accomplir ta tache. Le pardon ne viens jamais deux fois, souviens t’en. Cependant, je sais bien que tu n’es pas encore prête, c’est pourquoi je t’ai donnée cette armure et cette arme. Tu vas prendre mon cheval, tu vas galoper en direction du sud, encore plus bas que Cornouailles. Tu y trouveras le peuple des Télamons. Quand ils verront ton arme, ton armure, ils sauront t’accueillir et t’entraîner pour faire de toi celle que tu dois être. Prend ton temps, entraînes toi un an si il le faut, mais cette fois-ci, tu DOIS réussir, tu dois aller jusqu'à Camelot, et tu dois…. le tuer…
C’est le seul moyen afin que nos armées puissent pénétrer en Albion, et raser ce royaume qui ne t’a apporté que souffrances et désillusions. Privés de leur commandant, les forces d’Albion n’opposeront aucune résistance, tu le sais bien, tu les a vus au combat… Tu as vu leurs faiblesses, leur manque d’organisation, tu as ressenti chez eux l’absence d’un Chef qui pourraient les mener à la victoire. Ce n’est donc pas le moment de baisser les bras ! Va, trace ta route vers le grand sud, et quand tu refouleras le sol de Camelot, tu ne manqueras pas dans ta mission… »
Ambrine avait écouté tout cela sans mot dire. Elle n’avait pas saisi la moitié de ce qu’elle avait écouté, mais le ton menaçant et impératif ne lui avait pas plus du tout. D’un coup d’épée, elle trancha dans la longueur le bras de la femme. Un long filet sang coula alors.
C’est alors que se produisit l’incroyable : La plaie se referma doucement, et cette femme, sans armure a présent, entame une lente mutation. Ambrine était paralysée par la peur de ce corps qui enflait doucement. La plaie était a présent entièrement cicatrisée, et a la place de la femme, se tenait a présent un troll…
Cette image se figea dans l’esprit d’Ambrine. Elle se rappelait a présent ! Ce troll, ou plutôt cette troll, c’était celle de Snowdonia !!!
Cette même créature qui avait été tuée par les deux Avalonniens ! Comment était ce possible ?! Seule la puissante magie midgardienne de Bogdar pouvait engendrer de telles réanimations…
La créature se releva et commença à courir. Ni une ni deux, Ambrine se mit à sa poursuite, et lui asséna un coup de tranchant à la jambe. La encore, la plaie se referma rapidement, et la troll courut le plus vite possible malgré sa corpulence. Ambrine du s’y résoudre… Elle lança le sabre en direction de la bête. Le jet fut précis, et transperça le torse de l’imposante masse, qui s’effondra au sol. Cette fois-ci, la plaie resta ouverte, la créature ayant rendue l’âme.
A ce moment précis, un bruit se fit entendre derrière la Maîtresse d’arme du Clan McKeen. Elle se retourna rapidement, et n’eut le temps que d’apercevoir un petit monticule d’ossements… Sans prendre le temps de se demander d’où cela provenait, Ambrine courut vers l’armure, l’en empara, et s’enfuit dans le bois de Lethanis.
Sans un temps d’hésitation, elle revêtis l’armure, et fila vers le sud. Son comportement échappait à toute logique, elle-même ne sachant pas tout a fait ce qu’elle entreprenait. Cependant, une force intérieure lui disait de rejoindre le Clan des Télamons, et d’accomplir ce que le troll lui avait confié…
Ainsi, Camelot allait recevoir la visite de la femme d’armes, une visite sanglante, qui changerait l’équilibre précaire de la lutte contre l’envahisseur du Nord….
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